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  • 04/12/2023
Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, est l'invitée de Sonia Devillers. Peut-on toujours envisager d'accueillir sereinement un événement comme les JO 2024 après l'attaque terroriste qui a fait un mort ce week-end à Paris ? Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-lundi-04-decembre-2023-7710366

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Transcription
00:00 Sonia De Villeher, votre invitée ce matin est ministre des sports et des Jeux Olympiques
00:04 et Paralympiques de France.
00:06 Au surlendemain d'une attaque au cours de laquelle a été tué un touriste allemand
00:09 et blessé deux autres promeneurs.
00:11 Samedi soir, le terrorisme a frappé en plein périmètre sécurisé des Jeux Olympiques
00:15 sur les quais de Seine, là où se déroulera la cérémonie d'ouverture et tout près
00:19 du Champ de Mars où auront lieu plusieurs épreuves.
00:22 Bonjour Amélie Oudea Castellar.
00:25 Cette attaque vient raviver les pires craintes, le retour de la menace à Paris alors que
00:31 des millions de personnes s'apprêtent à être accueillies dans la capitale.
00:34 Êtes-vous inquiète Madame la ministre ?
00:36 Écoutez, la menace terroriste et notamment la menace islamiste radicale, elle existe,
00:45 elle est là, elle n'est pas nouvelle et elle n'est ni spécifique à la France,
00:50 ni spécifique aux Jeux.
00:52 Et puis elle est surtout suivie de très près, à la fois par l'ensemble des forces
00:57 du ministère de l'Intérieur et même autour du président de la République comme on l'a
01:01 fait très récemment en Conseil de Défense.
01:03 Donc on est aujourd'hui lucide sur cette menace et nous mettons tout en ordre pour
01:09 la réduire au maximum avec un état de vigilance le plus absolu.
01:12 Alors, cette menace n'est pas spécifique, vous avez raison, ni à la France ni aux
01:17 Jeux Olympiques.
01:18 Mais Frédéric Péchenard, ancien directeur général de la police nationale et vice-président
01:22 de la région Île-de-France, l'a fait remarquer et dans le Figaro et à France Info.
01:27 Ce qui est spécifique là, c'est que la France va accueillir les Jeux Olympiques,
01:29 ça veut dire des millions de visiteurs qui vont traverser Paris et une cérémonie d'ouverture
01:35 sur les quais de Seine avec des centaines de milliers de personnes à contrôler et
01:38 des milliers d'appartements à contrôler.
01:40 Oui, mais il y a aussi des dispositifs de sécurité qui vont être très rehaussés
01:47 pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques.
01:49 Typiquement, l'endroit où s'est passé cet attentat horrible correspond à un périmètre
01:55 CILT, Sécurité Intérieure et Loi Terrorisme, dans lequel on a la possibilité d'avoir
02:02 des contrôles extrêmement poussés, des fouilles, des contrôles d'identité.
02:06 Donc ce sont des périmètres qui sont hautement sécurisés.
02:09 Donc, on a sur la cérémonie d'ouverture incontestablement un défi sécuritaire tout
02:15 particulier extrêmement élevé, on le sait depuis le premier jour.
02:19 C'est incorporé dans notre préparation qui est sous la houlette du ministre de l'Intérieur
02:23 du préfet de police de Paris d'une minutie extrême.
02:27 Nous avons toute une série de moyens qui sont prévus jusqu'à des démineurs, des
02:32 équipes cynophiles pour la lutte anti-drone, la lutte anti-terroriste.
02:35 Nous sommes équipés sur tout cela et il y a aussi tout le dispositif autour des périmètres
02:41 de sécurité que le préfet de police a évoqué, notamment ce périmètre SILT, mais aussi
02:46 des périmètres dits rouge et bleu qui vont permettre de sécuriser en profondeur la zone,
02:51 en même temps qu'on s'est doté dans la loi olympique de mai dernier d'outils nouveaux
02:55 en matière de vidéosurveillance, en matière de criblage.
02:57 Donc, on a la capacité à sécuriser cet événement.
03:01 Cela ne veut pas dire qu'on n'est pas extrêmement attentif jour après jour à l'évolution
03:06 de la menace et qu'on n'a pas la capacité à avoir un certain nombre de variables d'ajustement.
03:10 Est-ce que vous avez un plan B ? C'est la question qui monte depuis plusieurs jours.
03:14 Est-ce que vous vous réservez la possibilité d'étudier un plan B pour cette cérémonie
03:19 d'ouverture qui traversera la Seine ?
03:21 On n'a pas un plan B, on a un plan A dans lequel il y a plusieurs plans bis, je dirais.
03:29 C'est-à-dire qu'on a un certain nombre de variables d'ajustement.
03:32 C'est le cas sur l'artistique qui ne sera finalisé qu'au printemps avec des capacités
03:37 à moduler, à réduire certains pans de cette programmation artistique.
03:43 On a également en matière de jauge, là aussi, des variables d'ajustement.
03:47 La jauge sera arrêtée au printemps, on peut la moduler.
03:50 On a une variable d'ajustement liée au nombre de points de festivité qui seront
03:54 autorisés autour de la zone et dans Paris.
03:58 Et puis, on a sur la gestion des périmètres de sécurité, là aussi, la possibilité
04:04 de moduler des choses.
04:05 Il y a un périmètre silt, le préfet de police a dit qu'il serait ouvert plusieurs
04:10 jours avant.
04:11 Il peut moduler combien de jours avant.
04:13 C'est un périmètre silt qui va inclure l'ensemble des immeubles, c'est très
04:17 important de le souligner.
04:18 Et le jour J, ces périmètres silt rouge et bleu seront ajustés avec, là aussi, la
04:24 capacité de moduler les choses.
04:26 Donc vous voyez qu'on a un certain nombre de logiques.
04:27 Donc dans le plan bis, il n'y a pas de plan qui permettrait de délocaliser cette
04:34 cérémonie d'ouverture.
04:35 Ce n'est pas l'hypothèse sur laquelle on travaille.
04:39 Paris sera-t-il en état d'urgence ?
04:42 Non, Paris ne sera pas en état d'urgence.
04:46 Le dispositif sur les périmètres de sécurité et de circulation qui a été décrit par
04:51 le préfet de police, c'est un dispositif qui est nécessaire, qui repose sur une base
04:56 parfaitement légale et qui est proportionnée.
04:59 Ça n'a rien à voir avec l'état d'urgence où on reste à domicile, avec des contraintes
05:03 pénales, où c'est appliqué à l'ensemble du pays.
05:05 Là, c'est zoné.
05:07 C'est un dispositif, je le rappelle, qui n'implique un QR code que pour la circulation
05:13 motorisée dans les seuls périmètres rouges.
05:15 Donc il faut garder raison sur tout ça.
05:19 Amnon Gris, Oudéa Castera, question sur les transports.
05:23 Passe d'armes avec Anne Hidalgo, maire de Paris.
05:25 Celle-ci déclare chez Quotidien que les transports parisiens ne seraient pas prêts à temps.
05:29 Vous avez répondu sur RTL, s'il faut, on livrera les jeux sans ailes.
05:34 Moi, je vous pose la question, pour les JO de Paris, est-ce qu'on peut faire sans la
05:38 maire de Paris ?
05:39 Non, moi j'ai toujours dit qu'on était plus fort avec une ville de Paris engagée
05:43 et à la tâche, etc.
05:45 On travaille très bien avec les équipes de la ville de Paris.
05:49 Et je soulignais simplement par cette remarque-là qu'il ne faut pas jouer contre son camp.
05:55 Si certains malheureusement le font, il faut être plus fort que ça.
05:59 Mais aujourd'hui, le sujet c'est de travailler en équipe, que chacun puisse apporter toute
06:05 son expérience, son expertise à l'équation et qu'on ait une formidable complémentarité
06:10 des rôles et des responsabilités de chacun.
06:12 Sur le sujet des transports, on sera prêt.
06:16 On a un travail très important à mener pour finaliser les infrastructures, pour boucler
06:23 les derniers éléments des plans de transports, mais pour le reste, il n'y a pas d'alerte.
06:28 Et on a surtout des grands patrons dans nos opérateurs de transports, toute une série
06:33 d'équipes par milliers qui sont mobilisées pour être prêts le jour J.
06:36 Amélie Oudéa Castera, peut-être une bonne nouvelle, il en faut quand même.
06:40 La France semble très bien partie pour organiser les Jeux Olympiques d'hiver de 2030.
06:45 Vous vous réjouissez de ce probable doublé pour la France ?
06:50 Oui, je pense que c'est une formidable nouvelle pour le sport français.
06:53 C'est une formidable nouvelle aussi pour nous pousser à penser l'avenir de la montagne,
06:57 la durabilité des sports d'hiver, leur mise en accessibilité.
07:01 C'est toute la question quand même.
07:02 Et c'est aussi une nouvelle importante pour le rayonnement de la France.
07:04 Alors c'est toute la question quand même, la durabilité de la montagne.
07:07 C'est-à-dire qu'organiser des Jeux Olympiques d'hiver, pile au moment, en plein réchauffement
07:11 climatique, pile au moment où la montagne cherche à sortir de la dépendance aux sports
07:16 d'hiver, est-ce qu'il n'y a pas là quelque chose de contradictoire ?
07:19 Non, elle cherche à sortir de la dépendance aux sports d'hiver, oui, dans une logique
07:23 de diversification touristique qu'on a d'ailleurs encouragée avec le plan Mountain de 2021,
07:28 etc.
07:29 Mais ça ne veut pas dire se priver des sports d'hiver.
07:31 Au contraire, les sports d'hiver, on doit repenser leur avenir.
07:34 Aujourd'hui, on est face à un changement climatique extraordinairement pressant.
07:40 On est là aussi lucide sur ce plan-là.
07:43 Ce n'est pas les Jeux qui vont les aggraver.
07:46 Les Jeux peuvent nous aider à innover et à penser, bâtir aussi des coalitions européennes,
07:51 internationales, pour mieux traiter ces enjeux à l'avenir.
07:54 Madame la ministre, samedi soir, autre drame en France, autre homicide avant le match
08:02 FC Nantes au GC Nice.
08:04 A Nantes, les supporters de Nice étaient transportés par des chauffeurs VTC.
08:09 Ils ont été pris à partie par des ultra-Nantais.
08:11 La séquence a été d'une violence absolument effarante apparemment.
08:15 300 hommes qui a boulé une horde.
08:17 C'est finalement l'un d'entre eux, un Nantais, qui sera poignardé à mort.
08:21 Est-ce que vous en tirez comme conséquence ?
08:22 Je vais vous répondre avec à la fois prudence et sincérité.
08:29 Prudence parce qu'il faut maintenant que le procureur établisse les faits jusqu'au
08:34 bout et qu'on comprenne exactement ce qui s'est passé.
08:36 Je vais vous répondre avec sincérité, avec même inquiétude.
08:40 Je pense qu'on ne peut pas continuer comme ça dans le foot.
08:43 J'ai échangé longuement avec Vincent Labrune, le patron de la Ligue de foot, hier.
08:46 Il partage mon désarroi.
08:47 En même temps, il faut être lucide là aussi sur le fait que ce n'est pas spécifique
08:54 à la France.
08:55 On a vu il y a dix jours ce qui s'est passé à Francfort par exemple avec 50 policiers
08:59 qui ont été blessés.
09:00 Mais c'est tout le week-end.
09:03 Mais ce n'est juste pas possible de continuer comme ça.
09:06 Donc il faut une initiative globale, une réponse globale et à situation radicale,
09:13 mesures radicales.
09:14 Comme quoi par exemple, cesser d'acheminer des supporters du camp adverse dans la ville
09:19 où a lieu le match ?
09:20 Oui, je pense que là, oui.
09:21 Je pense que quand le match, en tout cas quand il présente un risque, oui je pense qu'il
09:26 faut là pour l'instant s'arrêter sur les déplacements de supporters.
09:30 Je pense que c'est incontournable d'avoir un temps de retour à une situation de moindre
09:35 violence.
09:36 Ce n'est juste pas possible qu'on ait des forces de l'ordre qui soient à ce point
09:38 sursollicitées, des biens détruits, des bus caillassés, des personnes blessées, maintenant
09:42 un mort.
09:43 Basta ! Ça suffit !
09:45 Ça suffit !
09:46 Donc on va prendre l'initiative avec le ministre de l'Intérieur, avec le garde
09:52 des Sceaux, avec la Ligue de foot professionnelle, avec la fédération, avec l'ensemble des
09:57 clubs.
09:58 Il faut une réponse globale et extraordinairement déterminée.
10:01 Merci Amélie Oudek et merci à vous.

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