QR codes pendant les JO : le retour des pass ?

Sud Radio

30/11/2023

Avec Fabrice Epelboin, enseignant, entrepreneur et spécialiste de l'influence et de la surveillance sur les réseaux sociaux.

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00:00 Terre de France.fr, le premier site d'articles français et patriotes présente...

00:04 [Musique]

00:06 Ici Sud Radio.

00:08 [Musique]

00:10 Les Français parlent au français.

00:12 [Musique]

00:13 Les carottes sont cuites.

00:15 [Musique]

00:16 Les carottes sont cuites.

00:18 Sud Radio Bercov dans tous ses états.

00:20 [Musique]

00:21 Ah ça nous manquait, ça nous manquait, les passes.

00:23 Oui, oui, vous savez ce passe là, on a besoin d'aller pour aller n'importe où, d'aller au restaurant, d'aller au cinéma,

00:28 d'aller même faire ses achats, de prendre le train, etc.

00:33 Montrer le passe c'est formidable, de QR code, voyez.

00:36 C'est bien la maison de passe, pourquoi ?

00:38 Eh bien écoutez, on y revient, on y revient.

00:41 En tout cas, c'est ce qu'on entend, Laurent Nunez, le préfet de police, nous a dit,

00:46 eh bien on revient pour évidemment les Jeux Olympiques de 2024, vous savez, juillet-août.

00:52 Eh bien voilà, on a besoin effectivement, imaginez avec la sécurité, etc.

00:57 des millions de gens qui seront là, voilà, vérification d'identité, QR code, etc.

01:02 Et donc Laurent Nunez a dévoilé au Paris et aujourd'hui en France,

01:07 les différents périmètres qui seront déployés aux abords des sites olympiques et pendant la cérémonie d'ouverture.

01:12 Alors bon, très bien, QR code, alors c'est le retour du QR code.

01:17 Mais Fabrice Eppelouin, vous dites que c'est pas tout à fait ça, parce que le système

01:22 existait beaucoup mieux que le QR code, en tout cas plus perfectionné,

01:27 vous êtes enseignant entrepreneur, spécialiste de l'influence sur les réseaux sociaux.

01:31 - Et de la surveillance. - Et de la surveillance, bien sûr.

01:34 Alors, au fond, on dit que le QR code revient.

01:37 Alors, première question, est-ce que c'est le retour du pass ?

01:41 Est-ce qu'on va se dire "oui d'accord, c'est très bien pour les Jeux Olympiques,

01:44 mais allez, on peut aller plus loin et plus s'y affiniter" ?

01:48 Ou vous dites "mais attendez, il y a quelque chose qui existe depuis 2015" ?

01:52 - Il y a une chose beaucoup plus large, qui est le contrôle de l'occupation du territoire

01:56 par la population, et qu'on retrouve à une multitude de façons.

01:59 Tout le monde l'a découvert avec le pass sanitaire, qui est effectivement exigé d'utiliser

02:03 cette technologie du QR code pour rentrer au restaurant ou aller faire du shopping.

02:07 Mais très concrètement, si vous prenez un billet à la SNCF et que vous allez à la

02:11 gare de Lyon à deux pas d'ici, très concrètement, vous allez avoir besoin de montrer un QR code

02:15 pour accéder au quai.

02:17 C'est aussi un contrôle d'accès du territoire en fonction d'autorisation.

02:20 Vous êtes autorisé à accéder au quai parce que vous avez acheté un billet.

02:23 Demain aux Jeux Olympiques, vous serez autorisé à aller en Seine-Saint-Denis...

02:27 - Mais vous voulez tout le QR code, le billet, etc.

02:30 - Le QR code, c'est un faux problème.

02:31 Le QR code, c'est une vieille technologie qui a trouvé son heure de gloire avec le

02:35 pass sanitaire, mais qui est totalement obsolète et qui sera remplacée très rapidement,

02:38 une fois qu'elle sera légalisée, par de la visio-surveillance avec de la reconnaissance faciale.

02:44 - Mais elle existe déjà.

02:45 - Elle existe déjà, elle est déjà installée, mais légalement, ce n'est pas tout à fait au point.

02:48 Mais l'enquête de Disclose qui a été publiée il y a deux semaines montre qu'elle existe,

02:53 elle est installée en France depuis 2015.

02:55 - Ça fait huit ans.

02:56 - Ça fait huit ans, c'est en place dans de multiples territoires.

02:58 - Généralisée sur le territoire ou pas ?

03:00 - Non, une centaine de villes, assez importantes, Marseille typiquement.

03:02 - D'accord. Paris ?

03:04 - Pas encore, mais ça va être généralisé absolument partout d'ici quelques années.

03:08 C'est une question de temps et de moyens, ça coûte très cher, mais c'est effectivement

03:12 quelque chose, une technologie qui permettra demain, par exemple, de décréter qu'André

03:16 Berkhoff n'a pas le droit de mettre les pieds dans le 16e arrondissement.

03:19 Et à partir du moment où vous franchirez cette frontière virtuelle, vous serez identifié

03:23 par des caméras de visite.

03:25 - Il faut une loi pour dire qu'André Berkhoff ou Fabrice Belmoine n'ont pas le droit.

03:28 - Oui, pour faire ça, il faut une loi.

03:30 Mais pour installer cette technologie, non.

03:31 Le premier fait, elle est toujours totalement illégale, elle a quand même été installée.

03:36 La surveillance de masse d'Internet a été illégale jusqu'en 2017 où elle a été légalisée.

03:41 En pratique, elle est installée depuis 2009, c'est une investigation de Mediapart pour

03:45 ceux qui s'intéressent.

03:46 Donc on est de toute façon dans un domaine où l'état de droit n'a plus lieu depuis

03:50 au moins 2009.

03:51 Donc ce n'est même pas un problème avec Macron.

03:52 - Vous voulez dire qu'on installe sans qu'il y ait une loi qui l'ait autorisée ou un décret,

03:57 on installe des instruments de surveillance depuis des années ?

04:00 - J'irais plus loin que des instruments de surveillance, c'est des technologies de contrôle

04:04 social.

04:05 C'est beaucoup plus large que ça.

04:06 - C'est-à-dire ? Entrons un peu dans le vif du sujet, c'est intéressant.

04:10 Par exemple, quand vous dites contrôle social, contrôle des populations.

04:14 Pratiquement, dans le quotidien, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que je vais quelque

04:18 part, on sera là où je vais, comment je... etc.

04:21 - On sera là où vous allez, on en gardera une trace de façon à pouvoir le recouper

04:26 par la suite, on saura identifier des comportements.

04:29 Typiquement, ce logiciel de vidéosurveillance à reconnaissance faciale qui a été découvert,

04:34 mis à jour par l'enquête de Disclose, est capable de repérer des attitudes qui laissent

04:39 croire que vous avez affaire à des voleurs dans un magasin.

04:42 C'est l'un de ses usages.

04:43 Si vous remontez l'épistémologie de ce type de technologie, vous allez retrouver le projet

04:48 INDEC, un vieux projet européen qui entre-temps s'est transformé, qui date du tout début

04:53 des années 2000, et qui lui avait pour ambition d'identifier des comportements de pré-meute,

04:58 de façon à faire concrètement de la police prédictive, et de pouvoir intercepter un mouvement

05:04 qui pourrait donner lieu à une émeute avant même qu'elle ait lieu.

05:06 C'est la même technologie que celle qui permet de repérer des voleurs dans un supermarché.

05:10 C'est juste de l'algorithmie qui identifie un comportement anormal et qui le rapporte

05:14 à un autre.

05:15 - Mais alors Fabrice, c'est pas le bon moment de vous dire "mais écoutez, c'est très bien

05:17 si on peut repérer des voleurs, ou des casseurs, ou des tabasseurs avant qu'ils n'agissent,

05:22 ou en tout cas, qu'ils sont prêts à agir".

05:23 C'est pas une mauvaise chose.

05:25 Vous serez dans un magasin avec femme et enfant et quelqu'un est là pour vous dérober quelque

05:29 chose et vous casser la tête.

05:31 - Absolument.

05:32 Non mais ça a certainement des très bons côtés, ça a aussi des très mauvais côtés.

05:35 - Lesquels ?

05:36 - Bah typiquement, si un jour vous voulez vous révolter contre un régime autoritaire,

05:41 ça sera détecté à l'avance, votre intention de révolte et ça sera typiquement vous arrêter

05:46 avant même que vous rejoignez la manifestation.

05:48 - Vous voulez dire que les gilets jaunes, avec ce contrôle, on les arrête avant ?

05:51 - Tout à fait.

05:52 - C'est ça ?

05:53 - Tout à fait.

05:54 D'ailleurs, on aurait pu.

05:55 C'était vraiment une question de volonté politique et d'usage de cette technologie.

05:58 Vous savez bien que les gamins qui ont fait une descente à Crépole ont été arrêtés

06:03 dans les trois jours de façon propre, nette et sans bavure.

06:06 Que les nazions qui sont venus manifester au lendemain ont été arrêtés dès leur

06:11 arrivée dans l'avenir.

06:12 - Avant même.

06:13 - Avant même leur arrivée dans la ville.

06:14 - Parce que les policiers les ont empêchés d'arriver.

06:17 - Donc on a bien vu à cette occasion, de ces deux événements, à quel point la surveillance

06:23 était étroite en France et très efficace.

06:25 Très très efficace.

06:26 Il n'y a pas eu...

06:27 Ces petits nazions, en dehors de se ridiculiser, n'ont pas eu l'occasion de faire quoi que

06:32 ce soit tellement ils étaient sous surveillance.

06:34 - Oui, sauf que les racailles de Crépole qui sont arrivées pour tuer, ils en ont eu

06:39 tout le temps.

06:40 - C'est un problème d'égalité devant la justice, mais là on s'éloigne du sujet.

06:45 La surveillance a clairement montré son ultra-efficacité, aussi bien pour arrêter

06:51 les assassins en un claquement de doigts que pour arrêter...

06:55 - Et ça c'est la reconnaissance au faciès ?

06:57 - C'est une multitude de choses.

06:59 - C'est une multitude de technologies qui sont installées au bas mot depuis 2009, dans

07:05 la plus parfaite illégalité, mais encore une fois on a quitté l'état de droit dans

07:09 ce domaine-là, et qui permettent d'avoir un contrôle très étroit de la société,

07:13 de tout l'épanchement de la société.

07:14 Après, selon le régime politique, ce n'est pas utilisé de la même façon.

07:17 Vous avez ces technologies dans tout un tas d'autres pays qui les utilisent de tout un

07:21 tas d'autres façons différentes.

07:22 - C'est clair, ne parlons pas de la Chine, qui est un modèle à la matière.

07:25 - Non, la Chine est très éloignée de notre modèle.

07:27 - La Chine est un leurre.

07:29 Si vous voulez voir vers quoi on va essayer de tendre, c'est plutôt les fameuses villes

07:35 intelligentes...

07:36 - Ah, les villes à 15 minutes là ?

07:38 - Non, non, non, c'est pas ça.

07:39 C'est vraiment la ville intelligente hyper connectée, qui a un temps été à la mode

07:44 dans les milieutèques, dont vous allez pouvoir voir des exemples typiquement aux Émirats

07:48 Arabes Unis, ou en Arabie Saoudite, là où il y a effectivement zéro criminalité, parce

07:52 que le moindre fait et geste de quiconque sur ce territoire est parfaitement observé,

07:57 et la moindre erreur donne lieu immédiatement à une sanction sans pitié.

08:00 Aujourd'hui, le problème, c'est pas la capacité à surveiller le moindre fait et geste, c'est

08:04 la sanction sans pitié.

08:05 - Oui, on réagit ou pas ? Mais alors, ce que je ne comprends pas, Madame Plouin, une

08:09 question vraiment de...

08:11 Je dirais de huron, mais pourquoi on n'applique pas à cela ? Pourquoi on n'a pas légalisé

08:16 cela ? Par exemple pour les Jeux Olympiques, ça aurait été une formidable occasion.

08:20 - On a essayé de la légaliser, et puis ça s'est mal passé, l'amendement qui était

08:23 censé légaliser a été rejeté, mais théoriquement, on aurait dû avoir un cadre légal pour ces

08:29 technologies-là, et du coup, ça aurait rendu l'investigation de Disclose, qui révèle

08:33 que ces technologies sont en usage depuis 2015, beaucoup moins croustillante.

08:36 Là, on a eu effectivement un raté législatif, le gouvernement en place n'a pas fait son

08:44 boulot proprement, ils n'ont pas réussi à faire passer cet amendement, il faut dire

08:48 que c'est pas évident qu'on est dans une majorité minoritaire, et puis, ben voilà,

08:53 c'est pas un drame, le gouvernement qui n'est pas dans les clous d'un point de vue légal,

08:57 il y a des sanctions.

08:58 - Non, c'est pas un drame, mais ça peut effectivement avoir des conséquences que

09:01 vous dites, arrêter les criminels c'est bien.

09:04 - La seule conséquence, c'est l'opportunité que ça donne à des gens comme vos auditeurs,

09:08 et à des gens comme moi, de susciter une prise de conscience.

09:12 Ces technologies sont là, la loi ne sert à rien, qu'elle soit légale ou pas, elle

09:16 soit installée, et on est en train de mettre en place toute une architecture technique

09:19 qui va permettre un contrôle social.

09:21 - Et juste Fabrice Ebelboin, si ça sert, parce que vous pouvez avoir une levée de

09:24 bouclier, qu'elle soit citoyenne ou législative ou autre, contre effectivement une mise en

09:31 place de suspens généralisée.

09:33 - Non, vous l'avez la levée de bouclier, toujours avec les mêmes, la quadrature du

09:36 net qui sont là depuis les premiers temps, qui ont fait comme d'habitude un énorme dossier,

09:41 qui ont comme d'habitude déposé les plaintes qu'il fallait, et qui comme d'habitude, malheureusement,

09:45 ne servent à rien, et c'est terrifiant, parce qu'ils ont vraiment fait du bon boulot.

09:48 Mais la quadrature du net s'oppose à ce genre de technologies depuis que la quadrature du

09:53 net existe, ça malheureusement sent le moindre effet, on a installé l'assurance de masse

09:59 d'internet en 2009.

10:00 - Mais s'il y avait une vraie opposition politique, ça pourrait peut-être jouer quand même.

10:04 Il n'y a pas que la quadrature du net dans la vie.

10:06 - Il n'y a aucune opposition politique, il y a des fantoches qui font semblant, mais il

10:11 n'y a aucune opposition politique.

10:13 - Écoutez, ça promet, Big Brother is watching you, et puis où c'est nous qui allons suivre

10:19 Big Brother ?

10:20 - Mais c'est important de souligner que Big Brother est déjà là, ça n'est pas une dystopie,

10:24 attention, ce que des gens comme moi pouvaient dire il y a encore 10 ou 15 ans, mais aujourd'hui,

10:28 on y est, on est dedans, on est dedans depuis 8 ans, au moins, depuis 15 ans pour certaines

10:34 autres technologies, donc maintenant l'objectif, ça n'est pas d'éviter que Big Brother soit

10:38 là, on y est.

10:40 - Et alors quoi, on va lui dresser des fleurs et on va le mettre à table ? Je veux dire,

10:46 vous vous dites, il n'y a pas de retour en arrière ?

10:48 - Il n'y a aucun retour en arrière possible.

10:49 Par contre, il y a des questions à poser à nos politiques de "quelles sont vos intentions

10:54 avec cette technologie-là ?"

10:55 Et si vos politiques vous répondent "non, non, mais on va les interdire", c'est qu'ils

10:59 se foutent de votre gueule.

11:00 - Écoutez, en tout cas, c'est dit, c'est clairement dit, c'est votre opinion, et vous

11:04 avancez ça, mais c'est très clairement dit.

11:06 Merci Fabrice et Bellevois.

11:07 - Merci.

11:08 - Merci à vous deux, merci à Fabrice et Bellevois d'avoir été avec nous.

11:09 Je rappelle que vous êtes enseignants entrepreneurs spécialistes de l'influence sur les réseaux

11:12 sociaux et de la surveillance.

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