00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h10, Patrick Roger.
00:05Il est 7h11, c'est à la une avec la crise agricole et beaucoup de blocages encore dans les Hautes-Pyrénées,
00:15le Gers, la Haute-Garonne, les Pyrénées-Atlantiques, c'est surtout dans le Sud-Ouest avec cette crise liée à la dermatose.
00:22Bien sûr, nous sommes avec Jérôme Bayle, éleveur en Haute-Garonne et des ultras de la 64 qui bloquent l'autoroute.
00:31Bonjour Jérôme Bayle.
00:33Bonjour.
00:34Merci d'être avec nous ce matin. Vous continuez donc, vous, la mobilisation ?
00:41Bien sûr. Nous, on a dit que tant qu'on n'avait pas des réponses claires et des actes rapides, on continuerait notre mobilisation.
00:50Mais je vois qu'il n'y a pas que nous, puisque je vois des appels de tous les jours à rejoindre le mouvement et à bloquer et à bloquer et se faire entendre.
00:59Oui. Alors, je le disais, vous voulez des réponses claires.
01:03Alors, la ministre de l'Agriculture, Annie Gennevard, doit venir cet après-midi du côté de Toulouse.
01:09Est-ce qu'il y a une rencontre d'ailleurs de prévue avec vous, Jérôme Bayle ?
01:13Alors, c'est un peu compliqué, oui. Elle vient cet après-midi, mais en premier lieu, il faut qu'elle rencontre surtout les éleveurs qui ont été impactés,
01:23les familles d'éleveurs qui ont été impactés, parce qu'il y a eu trois déjà, trois dépeuplements totaux, vraiment, sur l'ensemble des animaux.
01:33C'est ça, de l'exploitation. Aucun animal n'a été épargné. Donc, il faut qu'elle rencontre ces gens-là.
01:41Mais d'après mes premières infos, elle ne veut rencontrer que les personnes seules.
01:48Et moi, je sais que l'agriculteur de mon département m'a appelé hier pour que j'aille avec lui, parce qu'il est énervé, il est en colère,
01:57et qu'il stresse. Et voilà, ça peut mal se passer. Donc, voilà. Après, il y a une réunion de prévue, mais bon, une réunion qui va servir à quoi ?
02:08Je n'en sais rien, puisqu'il y a tous les présidents de chambre d'agriculture d'Occitanie, il y a le président de la chambre régionale.
02:14Il y a aussi tous les syndicats qui sont représentés, les syndicats départementaux, les syndicats régionaux,
02:20les syndicats de la Riège aussi, qui ont été impactés. Et ils avaient sûrement oublié dans cette liste les ultras de la 64,
02:30qui ont quand même remporté les élections de chambre avec 45% des voix. Donc, au début, on n'a pas été invités.
02:37Et quand on sait que nous, on n'est pas invités, alors qu'on représente presque un agriculteur sur deux dans le département,
02:43au vu de la démocratie, et qu'on invite à côté des partenaires sociaux et tout ça, ça me fait un peu doucement rire.
02:52Donc, peut-être qu'il y aura un boycott de cette réunion.
02:55– Bon, Jérôme Maille, qu'est-ce que vous souhaitez dans un premier temps ?
02:59Parce que, pour l'instant, la stratégie, c'est l'abattage des troupeaux contaminés et une vaccination ciblée.
03:07Est-ce que c'est vraiment le plus efficace ?
03:09C'est ce qui s'est passé, par exemple, du côté de la Savoie ?
03:12Parce qu'il y a eu plus de 110 foyers, 110 fermes qui ont été touchées depuis quelques mois.
03:18En Savoie, ça a plus ou moins bien marché, quand même, donc, cette stratégie.
03:23Est-ce que c'est ce qu'il faut suivre ou pas ?
03:25– Déjà, qu'est-ce qu'on veut, c'est des réponses.
03:28– Oui.
03:29– Mercredi dernier, on a fait une réunion avec Philippe Lacube,
03:33on a organisé un comité de crise agricole dans le département de l'Ariège.
03:38C'est qu'on a réuni tous les syndicats, les présidents de l'agriculture, le GDS,
03:43le groupe de défense sanitaire, pour essayer de faire une proposition à la ministre.
03:47Bloquer pour bloquer, ça ne sert à rien, il faut faire des propositions.
03:50Et la seule réponse qu'on a eue à notre proposition, ça a été de nous envoyer
03:55ces 100 ou 600 CRS dans la gueule.
03:57Donc ça, on n'a pas accepté.
03:58On a refait les propositions, j'ai rediscuté avec elles, j'ai discuté avec elles,
04:02parce qu'il faut qu'on avance.
04:04Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'aujourd'hui, on n'est plus dans la même saisonnalité
04:08que malheureusement dans les savoirs, et on n'est plus du tout dans le même système d'élevage.
04:14Ici, on est dans un système d'élevage à 95% à l'étendre, des vaches à viande.
04:20On ne les trie pas tous les jours, on n'est pas en contact avec eux en permanence.
04:24Les vaches ont des poils.
04:26Et aujourd'hui, c'est difficile de voir tous les nodules,
04:28mais c'est aussi difficile pour les éleveurs,
04:32parce que tous leurs animaux sont quasiment dans les bâtiments.
04:36Et en étant dans les bâtiments, ça fait un même lien épidémiologique,
04:39donc ça fait un même foyer, et pour vous dire, ça va faire une casse énorme.
04:44Pour prendre l'exemple du foyer de l'Ariège,
04:48je ne veux pas dénigrer les autres départements et dire que ce n'est pas grave pour eux,
04:53au contraire, c'est très grave tout ce qui arrive,
04:55mais on le voit sur 20 foyers qu'il y a eu dans les Pyrénées-Orientales, par exemple,
04:59il y a eu 497 animaux de prélevés.
05:03C'est déjà trop.
05:05Mais ce que je veux dire, c'est que dans l'Ariège, dans un seul foyer,
05:09comme tous les animaux étaient dans les bâtiments, puisque c'est l'hiver,
05:13un seul foyer, ça a été 210 animaux de dépepper.
05:18Et nous, on avait une suspicion d'un autre département
05:21qui s'est avéré négatif, excusez-moi,
05:28et heureusement parce qu'il y avait 617 animaux.
05:30Non, non, mais c'est vrai, il y a un contexte qui est un peu différent.
05:35Est-ce qu'il n'y a pas aussi une colère et un malaise beaucoup plus profond du monde agricole,
05:40Jérôme Bayle, à travers ce mouvement, au-delà de la dermatose ?
05:43Et je sais, par exemple, que cette semaine,
05:45il est envisagé la signature sur le Mercosur.
05:49Évidemment, ça, ça inquiète beaucoup.
05:50Sébastien Lecornu voudrait reporter cette signature.
05:54Qu'est-ce que vous demandez ce matin au Premier ministre ?
05:58Il demande à la voir, mais il faut qu'il se batte pour la voir.
06:03Et même l'annulation, comme tu l'as dit,
06:07la crise, elle va plus loin que la DNC.
06:11La DNC, aujourd'hui, c'est un combat pour les éleveurs,
06:14c'est un combat pour ces familles qui sont gravement touchées,
06:18mais ça va plus loin, nous, dans les revendications,
06:21et vous vous en rappelez, on m'a traité,
06:23tout le monde a crié en disant que je m'étais couché devant Gabriel Attal,
06:27que j'avais joué Petit Bras.
06:28Et bien cette année, nous, on a joué Gros Bras.
06:30On a mis d'autres revendications, bien plus larges que la DNC,
06:34parce que la DNC, aujourd'hui, pour y revenir,
06:36on parle du dépeuplement, qu'on est contre l'abattage,
06:41mais ce qu'on a oublié, c'est tout l'accompagnement financier
06:44des agriculteurs à côté des foyers
06:46qui vont avoir leurs animaux bloqués pendant 90 jours au minimum
06:49et qui ne vont pas pouvoir payer leurs factures et leurs fournisseurs.
06:55Donc, il y a ça, il y a la problématique du Mercosur, bien sûr,
06:58qui est une...
07:01Il faut reporter...
07:03Mais il y en a d'autres.
07:04Il y en a d'autres.
07:05Aujourd'hui, on voit, au moment où on parle de guerre alimentaire,
07:07de souveraineté alimentaire,
07:09qu'en Europe, on a le prix le plus bas,
07:12le prix au monde le plus bas sur le prix d'intervention.
07:19Donc, tout simplement, sur la céréale,
07:21on a un prix à 101 euros la tonne sur du blé tâtre,
07:24qui n'a pas été réévalué depuis 2001.
07:27En sachant qu'aux États-Unis, ça a plus de 250 euros.
07:30– Bon, on voit qu'il y a de multiples causes.
07:33Donc, vous demandez le report, en tout cas,
07:35de la signature du Mercosur.
07:36– Bon, mais l'annulation !
07:37– L'annulation, l'annulation, l'annulation sur le Mercosur.
07:43Juste, vous allez rester...
07:44Une dernière question, Jérôme Bayle.
07:46Vous restez mobilisés jusqu'à quand ?
07:47Certains disent que vous allez maintenir le blocage jusqu'à Noël.
07:51C'est ce que vous avez l'intention de faire ?
07:53– Alors, je ne sais pas si c'est un signe.
07:56Alors, je vais le prendre dans ce signe positif.
07:59Il y a des gens qui nous ont amené des sapins de Noël.
08:02Alors, soit, c'est parce que nous, chez nous,
08:04quand on dit que ça sent le sapin,
08:05ça ne sent vraiment pas bon pour nous.
08:07C'est qu'on s'approche de la tombe.
08:09J'espère que ça ne sera pas ça.
08:11Ou alors, c'est qu'on nous a amené des sapins
08:13parce que les gens veulent qu'on reste sur l'autoroute
08:15pour fêter Noël tous ensemble.
08:17Et peut-être que le jour de Noël,
08:19on aura une belle surprise
08:20qui sera une réponse à toutes nos revendications.
08:24Et entre nous, je vais garder la deuxième hypothèse.
08:27parce que malheureusement, il y a déjà trop d'agriculteurs
08:30qui ont rejoint le sapin
08:30et surtout trop de nos animaux.
08:32– Merci beaucoup, Jérôme Baille, d'avoir été avec nous.
08:35On va continuer de vous suivre.
08:37Et vous pouvez réagir, d'ailleurs, à ce qu'a dit Jérôme Baille,
08:40bien sûr, si vous êtes derrière lui,
08:42si vous estimez qu'il faut peut-être lever aussi les barrages.
08:45Il y en a certains qui sont peut-être favorables à ça.
08:47Vous n'hésitez pas, vous nous appelez 0826 300 300.
08:51Et tout à l'heure, après 7h30,
08:52nous serons avec un éleveur du côté de la Savoie
08:55qui nous racontera ce que lui, il a vécu.
08:57Merci, Jérôme Baille, d'avoir été avec nous ce matin
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