00:00Oui, Donald Trump ne se contente plus de verrouiller la frontière américaine.
00:03Il dresse un diagnostic politique sur l'Occident en durcissant sa politique migratoire depuis des semaines, vous l'avez dit Anthony.
00:10Il met en mots ce que tant de pays européens et de dirigeants européens refusent encore d'admettre.
00:14L'immigration n'est plus un dossier technique ou humanitaire, c'est un enjeu de souveraineté, de sécurité et qu'on le veuille ou non, de civilisation.
00:22Donald Trump parle sans filtre, il dit tout haut ce que beaucoup de peuples européens pensent tout bas,
00:27que des flux migratoires incontrôlés fragilisent les États, fracturent les sociétés, attisent les tensions identitaires et religieuses
00:33et que l'impuissance politique n'est plus tenable.
00:36A Washington, c'est très simple, la doctrine tient en trois mots, contrôle, fermeté et dissuasion,
00:42mais à Bruxelles, on disserte encore sur des pactes migration, des mécanismes solidaires ou encore des répartitions de migrants,
00:49de continents donc et de réalité.
00:52Mais le plus saisissant, ce n'est pas la rudesse du propos trumpien, mais le silence embarrassé des Européens.
00:57On voit bien depuis des semaines que le simple fait de rappeler qu'un État a le droit et même le devoir de maîtriser ses frontières,
01:04relève désormais de la provocation.
01:07Donald Trump, lui, ne se lance pas d'avertissement, il tend à l'Europe le miroir de sa propre renonciation politique.
01:14Et ce qui choque justement aujourd'hui, ce n'est pas tant la politique de Donald Trump que le contraste avec l'impuissance européenne.
01:20Oui, le problème aujourd'hui, c'est que l'Europe n'est pas en manque de constats.
01:24Il existe les constats, il s'empile, il crie presque.
01:28Combien de rapports avons-nous en possession sur le désordre migratoire des dizaines et des dizaines ?
01:33Le problème, c'est que la peur et la peur de conclure est présente chez les dirigeants européens.
01:39Une peur d'assumer une ligne claire, une peur aussi des accusations émanant de la gauche et d'une partie des médias.
01:45Une peur aussi surtout de rompre avec des décennies de discours moralisateurs qui ont tenu lieu de politique.
01:51L'Europe sait, mais ne tranche jamais.
01:53Pendant que Trump parle de frontières, l'Europe parle de valeurs, de valeurs humanistes.
01:57Pendant qu'il agit, l'Europe temporise.
01:58Résultat, une politique migratoire éclatée, illisible et parfois contradictoire.
02:03Des États qui se resserrent en solo, dans la panique,
02:06et d'autres qui continuent à ouvrir les frontières au nom d'un humanisme théorique.
02:10On le voit par exemple en Espagne.
02:11Pendant que les classes populaires, partout en Europe, vivent les effets concrets de l'impuissance politique.
02:18Et pourtant, le réel s'impose.
02:19Il y a une montée de l'insécurité, il y a une pression sur les écoles et sur les hôpitaux.
02:23Il y a une ghettoïsation, il y a des tensions communautaires.
02:26Et partout en Europe, c'est la même lassitude, voire même la même inquiétude.
02:30Les élites, elles, complètement fidèles à leur mantra, répondent par des éléments de langage,
02:35comme si la réalité finirait par miracle, par se dissoudre.
02:38Eh bien, Donald Trump, lui, a décidé de faire l'inverse.
02:42Il arrête d'écouter les multiples colloques humanistes qu'il y a aux États-Unis ou en Europe.
02:49Mais lui, il décide.
02:50Alors oui, on peut contester sa méthode, on peut contester parfois son ton, parfois ses excès.
02:55Mais il rappelle une vérité que l'Europe s'interdit.
02:57Désormais, la politique, la vraie, elle consiste à trancher.
03:01Le reste, ce n'est que de l'intentation.
03:02Vous décrivez une Europe tétanisée.
03:04Concrètement, est-ce que cette incapacité à trancher n'est pas en train de nourrir exactement ce que les élites prétendent combattre ?
03:10Mais bien sûr, la question, ce n'est pas est-ce que Donald Trump a raison ou tort.
03:14La question, la vraie, elle est autrement plus brutale qu'attend l'Europe pour devenir adulte politiquement,
03:19pour sortir de l'ambiguïté confortable, pour admettre que l'accueil sans limite,
03:24elle n'est ni durable, ni juste, ni même humaine.
03:27On le voit par exemple à Porte-de-la-Chapelle où on accueille des migrants sans aucune once de dignité ou d'humanité.
03:33Est-ce que cela, on le continue ?
03:35Parce qu'à force d'éviter le débat, la France ou même l'Europe a laissé filer.
03:40À force de diaboliser toute optique de fermeté, l'Europe a fabriqué ce qu'elle prétend combattre.
03:45À force de nier les inquiétudes légitimes des peuples, elle a creusé un fossé béant.
03:50Avec les dirigeants, Donald Trump, lui, il prospère dans ce vide.
03:54Ce vide qui est laissé par les dirigeants européens.
03:56Il n'en est pas l'auteur, il en est le symptôme, le révélateur et même parfois l'accélérateur.
04:01On l'a vu cette semaine avec ses propos extrêmement forts sur l'immigration.
04:05On voit bien qu'aujourd'hui, il y a deux voies qui s'ouvrent désormais.
04:08On peut continuer de commenter, continuer de s'indigner, continuer de promettre.
04:12Ou alors, reprendre la main, contrôler les frontières, rendre les expulsions effectives,
04:16mettre fin à l'automaticité, par exemple des renouvellements des titres de séjour.
04:21C'est ce qui a été voté par le Parti Socialiste à l'Assemblée Nationale cette semaine.
04:25On peut aussi arrêter de conditionner les coopérations ou au contraire les muscler bien davantage.
04:31Tout ça, ce ne sont pas des outrances.
04:33Ce sont les fondations minimales d'un État qui se prend au sérieux.
04:36Donc Donald Trump, voilà, il adresse un avertissement.
04:39L'Europe peut housser les épaules, s'offusquer, détourner le regard.
04:42Mais à force de regarder ailleurs, elle risque de découvrir que la seule question n'est plus qu'à temps l'Europe.
04:48Mais plutôt, pourquoi n'a-t-elle rien fait tant qu'il en était encore temps ?
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