Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • il y a 2 jours
Dans son édito du 30/08/2025, Jules Torres revient sur les méthodes politiques de La France Insoumise. 

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Oui, le mois d'août aura été un test grandeur nature pour la France insoumise.
00:03On allume la mèche, on souffle et on regarde si l'incendie prend LFI,
00:07s'y est exercé comme on joue avec des allumettes, une provocation par jour,
00:11un mot qui choc, une polémique qui en chasse une autre.
00:13La politique n'est plus un débat, mais cet été, c'était une mise en scène,
00:16une dramaturgie conçue pour saturer l'espace public et maintenir le pays sous tension.
00:21Les exemples ne manquent pas.
00:23Jean-Luc Mélenchon lui-même promet la prison au préfet.
00:26Son fidèle Antoine Léoman propose d'attraper par les cheveux les plus riches.
00:30Le même se réclame de Robespierre et ose comparer les émeutes de 2023.
00:34Trois morts, un milliard de dégâts, des écoles brûlées et des milliers de familles traumatisées.
00:39A je cite, la suite glorieuse de l'histoire de France.
00:42Pendant ce temps, LFI refuse l'accès de leurs universités d'été à des journalistes jugés indésirables.
00:48Et le député LFI Ali Youwara, lui, accuse la police je-ciste de tuer par racisme et par nostalgie coloniale.
00:56Sans évidemment parler des outrances antisémites tout au long du mois d'août qu'on a eu l'occasion de débriefer.
01:01Voilà le vrai bilan de l'été des insoumis.
01:04La mécanique est simple.
01:05Ériger des ennemis totémiques, la préfecture, la police, les médias, les sionistes pour ne pas dire les juifs,
01:10pour cimenter une base militante par la colère.
01:14Chaque jour doit offrir sa dose de violence, son pic de tension, sa petite apocalypse et son extrait viral.
01:20Dans ce théâtre permanent, l'adversaire n'est plus un contradecteur, il devient une cible.
01:24Est-ce qu'on n'est pas justement en train de passer d'un discours qui était jusque-là simplement radical, j'ai envie de dire,
01:29à une véritable banalisation de la violence dans le discours et dans l'espace public ?
01:32C'est bien le problème parce que ce n'est plus seulement de la tension, en effet, c'est de la violence qui s'installe dans le discours politique.
01:38C'est d'ailleurs un mode d'emploi.
01:39Les mots ne cherchent plus à convaincre, ils violentent.
01:42La police est accusée d'être raciste par essence.
01:44Les riches sont réduits à des cheveux qu'on pourrait arracher.
01:47Quand on déshumanise l'adversaire, on ouvre la voie à toutes les dérives, l'humiliation, l'intimidation ou les menaces d'emprisonnement.
01:55Les effets sont visibles, des préfets et des agents publics qui sont pris pour cible,
01:58des journalistes qui sont écartés des événements ou découragés de les suivre car ils ont peur d'être violentés,
02:04des Français juifs qui, face au slogan et face aux haines et aux outrances,
02:07revivent l'angoisse d'être désignés comme des boucs émissaires comme au siècle dernier.
02:11La politique devient donc une machine à fabriquer des incidents, une insulte se transforme en argument,
02:16une provocation fait office de démonstration, on ne cherche plus à débattre mais à cogner.
02:22Cette logique galvanise un noyau militant, on l'a bien vu lors des universités d'été de la France insoumise,
02:27mais elle isole le reste du pays.
02:28On ne construit pas une majorité avec la peur et la haine, surtout en les ciblant.
02:33Et à force de jouer avec cette grammaire de la violence, on habitue la France à un débat public
02:37où l'affrontement est la règle et l'intimidation une arme politique.
02:40En fin de compte, cette stratégie qu'antonne Jean-Luc Mélenchon au rôle de chef de clan plutôt qu'à celui d'homme d'État ?
02:47C'est en tout cas ma certitude dont gagne la bataille du buzz.
02:50C'est très intéressant sur les réseaux sociaux, ça fait des likes, nos vidéos YouTube sont diffusées.
02:55En revanche, on perd la guerre de la cohésion, de la cohésion sociale dans le pays.
02:59Et voilà le vrai paradoxe, car la stratégie mélenchonienne, elle soude les convaincus,
03:04mais ferme la porte à tous les autres, les classes moyennes, les électeurs de gauche modérés,
03:07les indécis s'éloignent. Le cercle des ralliables se réduit à mesure que la haine de Jean-Luc Mélenchon et de ses amis monte.
03:15Deux effets mécaniques se produisent.
03:16D'abord, le Rassemblement national se renforce.
03:18Chaque outrance de la France insoumise justifie son discours, vous savez, en miroir,
03:23nourri par son récit d'ordre et donc de protection.
03:26Et ensuite, le bloc central se ressoude avec une posture défensible.
03:29Bon, on n'aime pas François Bayrou, peu importe, puisqu'on craint le chaos.
03:33Autrement dit, Jean-Luc Mélenchon radicalise son socle, mais offre des munitions à ses adversaires.
03:38Mais le plus grave, en réalité, il n'est pas là, il n'est même pas tant politique.
03:42Le plus grave, c'est que cette logique abîme le pays lui-même.
03:45On ne peut pas souffler sans cesse sur les braises et prétendre ensuite s'étonner qu'il y ait un incendie.
03:49On ne joue pas, par exemple, avec la destitution du président,
03:52comme on ne plaisante pas en menaçant de mettre tous les préfets qui vous sont hostiles en prison.
03:58La démocratie française est assez fragilisée comme ça.
04:01Elle n'a pas besoin d'apprentis pires au mal.
04:04Elle a besoin seulement d'apaisement et d'un petit peu d'ordre.

Recommandations