00:00Toujours avec Joseph Massescaron et avec Victor Hérault, Victor Hérault journaliste à Valeurs Actuelles,
00:05vendredi le Conseil constitutionnel a rendu une décision importante dont bizarrement très peu de médias se sont fait l'écho,
00:11décision qui intime à tout tribunal correctionnel l'obligation de discuter à l'audience du bien fondé de l'exécution provisoire
00:19si cette dernière venait à être prononcée.
00:22Voilà ce que dit le Conseil constitutionnel,
00:25il faut un débat contradictoire au cours duquel la personne prévenue peut présenter ses moyens de défense et faire valoir sa situation.
00:33C'est une décision du Conseil constitutionnel, si on compte bien, qui intervient un mois et demi après le jugement de Nicolas Sarkozy.
00:41Si il était intervenu un mois avant, comme disait ma grand-mère,
00:44comme dirait monsieur de la Palisse,
00:48Nicolas Sarkozy n'aurait pas été en prison.
00:50Il n'y a pas de mesure rétroactive, bien évidemment, mais là, de facto.
00:55Alors, moi ce qui m'étonne, j'ai pas fait autant de droits que Victor Hérault,
01:01mais ce qui m'étonne, c'est que c'est une chose qu'on apprend la première année de droit,
01:08c'est-à-dire un, le principe contradictoire, et deux, la proportionnalité de la décision.
01:13Mais c'est vraiment des deux piliers, et c'est ce que rappelle le Conseil constitutionnel.
01:18Donc, devoir rappeler à des juges, pardonnez-moi, ces deux éléments, je trouve quand même que c'est assez inquiétant.
01:23Victor Hérault ?
01:24La décision du Conseil constitutionnel est parfaitement logique,
01:28elle intervient effectivement trop tard.
01:29nombreux ont quand même soulevé cette interrogation autour, et je ne vais pas sur le fond de l'affaire,
01:35Nicolas Sarkozy est-il coupable ou pas, ça c'est son juge de le décider.
01:37L'exécution provisoire dans cette affaire-là a été complètement dévoyée, comme dans l'affaire de Marine Le Pen,
01:42c'est-à-dire qu'il n'y a pas de risque de récidive, il n'y a pas de crime suffisamment abominable pour qu'on se dise,
01:47il faut absolument écarter Nicolas Sarkozy du reste de la société, parce que sinon ça va mal finir pour les Français.
01:51Donc c'était au départ, dès le départ, il est bien que le Conseil constitutionnel rappelle que ça doit être la règle désormais
01:57de vérifier que tout cela est proportionné et débattu, mais il s'aurait dû, même avant, même avant...
02:03Ce que je veux dire c'est qu'on n'aurait même pas dû attendre la décision du Conseil constitutionnel
02:08pour comprendre que ça n'était pas proportionné et justifié dans cette affaire-là.
02:12Ce dont est accusé Nicolas Sarkozy et ce dont est accusé Mme Le Pen ne constituent pas des faits
02:19qui rentrent dans la case de la nécessité de la mise à l'écart de la société et de la mise sous écrou rapide.
02:25Il n'y a pas de constitution de récidive ou de dangerosité suprême.
02:30D'accord, mais maintenant ce qu'il faut dire c'est que ça ne change rien en ceci pour le futur judiciaire de Marine Le Pen.
02:37Puisqu'il peut très bien y avoir, rappelons aux personnes qui nous écoutent,
02:40il peut très bien y avoir dans ce cadre, en effet, un débat contradictoire
02:44et à l'issue de ce débat contradictoire, on peut très bien trouver que la peine qui sera prononcée
02:49sera proportionnelle à la décision de justice.
02:51Donc ça ne change rien.
02:53Et ces éléments ne peuvent pas ne pas être troublants.
02:58Parce qu'encore une fois, ces deux points, ce sont les points que l'on apprend tout de suite.
03:04Dès qu'on entre en première année de droit, c'est-à-dire le principe du débat contradictoire
03:09et la proportionnalité de la peine.
03:10C'est surprenant d'avoir à rappeler ça à des juges.
03:13Enfin, nous voilà, et j'imagine, avec cette décision qui tombe,
03:18qui, encore une fois, a fait très très peu de bruit.
03:20C'est l'opinion qui sort l'article vendredi.
03:23Le Figaro en parle ce matin.
03:25Nous, Europe, CNews,
03:28Bon, les autres, je n'ai pas entendu.
03:31C'est assez étonnant.
03:33Alors qu'on a, nous-mêmes ici, à Europe 1, mais aussi sur les antennes de CNews,
03:40on nous a reproché d'oser critiquer le tribunal qui avait rendu un changement conforme à la loi,
03:47mais qui n'avait pas respecté justement ce principe du contradictoire.
03:50Bon, voilà, maintenant c'est le Conseil constitutionnel qui le dit,
03:53au travers d'un jugement qui ne concerne pas du tout Nicolas Sarkozy.
03:56Ça concerne l'histoire d'un élu condamné pour favoritisme à basse terre,
04:02qui montre que ces critiques étaient bien fondées.
04:06Tout ce qui entoure l'emprisonnement de Nicolas Sarkozy,
04:14on pourrait également citer le fait que les avocats qui avaient été portés contre Gérard Darmanin,
04:22puisque Gérard Darmanin considérait que Gérard Darmanin n'avait pas le droit de voir et de visiter Nicolas Sarkozy,
04:30ils ont été totalement déboutés.
04:31Ça aussi, je veux dire, il n'y a pas eu de publicité sur ce point non plus.
04:35Voilà, donc ça fait quand même beaucoup.
04:38Ça fait vraiment...
04:39Et on aura parlé Nicolas Sarkozy, puisque c'est mercredi que sort son livre chez Fayard,
04:43le journal d'un prisonnier.
04:45Je voudrais qu'on écoute François-Xavier Bellamy sur l'affaire qu'on a évoquée tout à l'heure,
04:50la police tue, les députés européens LR dénoncent les slogans anti-police
04:55des soulèvements de la terre à Lyon lors de la fête des Lumières.
05:00Au-delà du caractère totalement immature de cet acte, il y a une provocation infiniment dangereuse,
05:08parce qu'en faisant cela, les militants des soulèvements de la terre mettent une cible dans le dos des policiers et des gendarmes.
05:16Dire que la police tue, pratiquer, alors que pendant des années, les mêmes militants sans doute étaient les premiers à dire qu'il faut refuser l'amalgame,
05:23pratiquer un amalgame aussi grossi, aussi lamentable, une accusation aussi absurde,
05:29c'est en fait mettre en danger la vie de ceux qui nous protègent tous les jours.
05:32C'est ça, c'est les cibles dans le dos, c'est ça qui est difficile.
05:34C'est en plus une méconnaissance totale de la réalité du terrain.
05:38Si vous voulez, le slogan tel que la police tue, c'est considérer que les policiers sont des êtres immortels
05:43qui se baladent au milieu des rues, et puis quand une rigue se démarre ou quand une fusillade s'entame,
05:48les policiers seraient sommés d'arrêter ces gens-là sans jamais avoir à agir dans l'urgence,
05:54à prendre des décisions très rapidement, à avoir en plus à calculer la proportionnalité de leur geste par rapport à celui d'en face,
06:00dans des situations de refus d'obtempérer, dans des situations où il peut y avoir un mort en bout de course.
06:05Ce sont des situations qui sont extrêmement difficiles à gérer, et le débat mériterait sur ces questions-là.
06:11On avait Alma Dufour en face de nous tout à l'heure, qui ne tenait pas des propos extrémistes,
06:14mais le débat peut exister, mais avec des nuances et des propos qui prennent en compte les réalités du terrain.
06:23J'ajoute qu'Alma Dufour était, à mon sens, assez gênée lorsque je lui demande
06:26« Mais la police tue, d'accord, disons cela, est-ce que l'immigration tue ? » est un slogan qui lui plairait.
06:30Cette généralisation abusive de tout un phénomène, de tout un corps, de tous les individus qui se cachent derrière le mot,
06:35là, ça ne lui plaît plus. L'immigration tue n'est pas un truc qu'elle accepte.
06:37Je vous signale que monsieur le ministre de l'Intérieur, Laurent Nunes, est beaucoup moins certain du lien entre la délinquance et l'immigration.
06:45Il l'a encore dit dernièrement. Joseph Massescaron.
06:49Cet élément, moi, me trouble beaucoup, parce que, pour avoir été un vieux journaliste politique,
06:56j'ai connu l'époque où, à gauche, mais toute la gauche, sauf l'extrême gauche,
07:02qu'il n'avait pas de représentation au Parlement, je précise,
07:06cette gauche-là, finalement, considérait que, globalement, l'armée, l'armée était un corps de droite.
07:14Voilà. Globalement, d'une manière triviale et caricaturale, mais, voilà, en l'essentialisant.
07:19En revanche, il considérait que la police était un corps avec qui elle pouvait dialoguer,
07:25et qui était, mais même avec... Elle avait une relation particulière,
07:28parce qu'il y a une relation particulière dans l'histoire de notre pays, entre la gauche et la police.
07:33Il faut le rappeler. La police, c'est le garant de l'État républicain.
07:37Voilà. Donc ça, c'est un élément important.
07:39Et aujourd'hui, avoir ce discours, c'est-à-dire considérer que, non seulement la police n'est pas le garant de l'État républicain,
07:46mais est dangereux pour l'État républicain,
07:49alors là, je ne vois pas, à part vouloir plaire à une certaine partie de l'électorat,
07:54je ne vois pas le but.
07:55Je voudrais qu'on termine cette émission par une citation de Thibaut de Montbriel,
07:59qui était l'invité de Sonia Mabrouk ce matin sur Europe 1 et sur CNews.
08:02L'avocat et président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure
08:05a mis en garde face à ce qui pourrait advenir un 7 octobre français.
08:11On écoute.
08:12Il peut y avoir des 7 octobre français,
08:14et on m'a dit, oui, mais il n'y a pas l'ampleur qu'il peut y avoir.
08:18Je rappelle quand même qu'en proportion,
08:19ce qui s'est passé le 7 octobre 2023 sur le territoire israélien,
08:23en proportion de population, ça aboutirait à 8 000 Français tués
08:26ou à 40 000 Américains en ratio de population.
08:28Donc je voudrais préciser, quand je dis qu'il peut y avoir
08:31un ou plusieurs actions de type 7 octobre en France,
08:34ce n'est pas en masse, c'est en mode opératoire.
08:37C'est-à-dire des actions qui conduisent à des violences
08:40qui échappent aux forces de sécurité intérieure,
08:43avec une zone qui deviendrait hors de contrôle pendant un petit moment,
08:46et des actions qui seraient commises contre les populations
08:49à l'intérieur des domiciles, etc.
08:52Inquiétant.
08:53J'espère qu'il a tort.
08:55J'espère que Thibaut de Montbrial a tort.
08:56Mais comme tous ceux qui sonnent l'alarme,
08:58on aimerait qu'ils aient tort.
09:00Moi je vais vous dire, je ne sais pas s'il a tort,
09:02mais s'il vient sur une antenne nationale comme Europe 1,
09:05et accessoirement sur CNews pour le dire,
09:07c'est qu'il a quand même quelques renseignements,
09:09et on sait que Thibaut de Montbrial est quand même très très bien renseigné,
09:12à la fois par les services,
09:13à la fois par certaines personnes de l'état-major,
09:16pour dire qu'il y a ça.
09:17Chaque personne qui a fait une révision, elle s'est vérifiée.
09:18Oui, contrairement à d'autres.
09:19Oui, contrairement à d'autres.
09:20Voilà, Joseph Massescaron.
09:21Et en fait, quand vous parlez,
09:24très franchement, parce que,
09:26pardon de faire une astuce personnelle,
09:28j'écris des polars,
09:30et évidemment je vois beaucoup de policiers également,
09:32qui en écrivent.
09:33Bien.
09:33Et j'ai beaucoup de dialogues avec eux.
09:36Beaucoup, beaucoup.
09:37Et à peu près partout en France.
09:39Et très franchement, la remontée
09:41qu'ils me font de la situation,
09:44de ce à quoi ils sont confrontés,
09:46nous sommes vraiment en dessous de la réalité.
09:49Et, pardon de le dire à cette antenne,
09:51mais beaucoup d'entre eux considèrent qu'il est trop tard.
09:53De ?
09:54Qu'il est trop tard pour pouvoir garder la main,
09:58pour pouvoir riposter,
09:59pour pouvoir être en mesure,
10:00parce qu'ils considèrent qu'ils n'ont pas les moyens,
10:04que ceux qu'ils ont en face ont toujours un coup en avance
10:07par rapport à eux.
10:08Aussi bien du point de vue de la technique
10:10que du point de vue de l'enracinement dans le pays.
10:13Victor Hérault, pour clore cet entretien ?
10:15Je peux vous dire, sans dire qui, ni comment, ni quoi,
10:18mais au sommet de l'État, on le pense également.
10:21Certains, en tous les cas,
10:22on peut tenir devant moi des propos similaires.
10:25On renonçait.
10:25Vous voulez dire qu'il y a une forme de renoncement ?
10:28Oui, certains m'ont dit,
10:30encore une fois, je ne peux pas dire qui, évidemment,
10:31mais certains m'ont dit,
10:33en fait, vous aviez raison.
10:35Vous, c'est qui ?
10:36Vous, c'était la droite.
10:37Oui, valeurs actuelles, la droite
10:38qu'on a considérée comme d'extrême droite
10:40qui fantasmaient des guerres civiles, etc.
10:42Tout simplement, puisqu'on parlait de Lyon,
10:43tout simplement, M. Gérard Collomb.
10:45Merci beaucoup.
10:46Tout simplement.
10:47Merci, Joseph Massescaron.
10:48Merci, mon cher Victor Hérault.
10:51Dans un instant, juste après le journal de 20h,
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