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00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h, 21h, Stéphanie Demureux.
00:04Europe 1 Soir Week-end, j'accueille mes débatteurs de la première heure.
00:08Antonin André, chef du service politique du JDD. Bonsoir Antonin.
00:10Bonsoir Stéphanie.
00:11Eliott Maman, chroniqueur politique. Bonsoir Eliott.
00:14Bonsoir.
00:15Mon invité, Benoît Perrin, économiste et directeur de Contribuables Associés.
00:20Bonsoir Benoît Perrin.
00:22Bonsoir Stéphanie, bonsoir à tous.
00:23J'aime bien vous avoir parce que vous êtes le seul économiste à bien expliquer aux auditeurs d'Europe 1,
00:29finalement ce qu'ils vont payer à la fin parce qu'on paye toujours à la fin finalement.
00:35On va parler de ce feuilleton du budget qui se poursuit à l'Assemblée nationale.
00:38Après avoir adopté vendredi la partie recette du budget de la Sécurité sociale,
00:43les députés ont réintroduit la suspension de l'emblématique réforme des retraites.
00:49Prochaine étape, ce sera mardi, le vote sur l'ensemble du texte à l'issue incertaine.
00:54En tout cas, s'il était adopté, on aimerait bien quand même comprendre ce qui va se passer
00:58parce que je pense que tout le monde en a un petit peu marre de commenter cette séquence budgétaire
01:02et on se demande toujours quelles vont être les conséquences concrètes sur notre quotidien.
01:10Donc, suspension de la réforme des retraites,
01:13ce n'est pas encore totalement acté puisqu'il y aura un vote mardi, on le disait,
01:15mais ça concerne combien de Français déjà, Benoît Perrin ?
01:21650 000 comme le dit l'EPS ou 350 000 comme l'avait dit en octobre Sébastien Lecornu ?
01:26C'est un peu plus de 300 000 effectivement.
01:28Là, il faut bien comprendre quand même que l'accord, effectivement,
01:30donc il y a eu un vote à l'Assemblée sur la partie recette de la Sécurité sociale
01:34et ce qu'il faut bien comprendre, c'est à quel prix ?
01:36C'est-à-dire que sur le principe, on peut se dire, c'est bien, il y a enfin un accord.
01:39Mais il faut bien comprendre que ça a un prix qui était cher,
01:42c'est-à-dire des augmentations d'impôts.
01:45Augmentation d'impôts, il y en a deux, c'est finalement assez simple.
01:47C'est la hausse de SSG, donc de 1,4 point sur les produits financiers et les dividendes.
01:52J'insiste sur la partie dividende parce qu'on peut se dire de loin,
01:55en fait, ça ne concerne pas grand monde.
01:56Le capital, quoi.
01:57Et en fait, il faut comprendre qu'il y a beaucoup de petits patrons
02:00qui se versent des salaires très bas pendant toute l'année.
02:03Et à la fin de l'année, s'ils ont justement un bénéfice qui est un peu important,
02:07ils se versent des dividendes.
02:08Donc eux, ils vont être directement impactés par cette hausse de SSG.
02:11Et puis, deuxième impôt sur lequel les députés se sont mis d'accord,
02:15c'est la taxe sur les mutuelles.
02:18Donc ça veut dire quoi ?
02:18C'est-à-dire que très concrètement,
02:20les mutuelles vont très probablement répercuter cette nouvelle taxe
02:24sur évidemment les cotisations des uns des autres.
02:26Le patron de Générali que j'avais interviewé,
02:29d'ailleurs pour les pages économiques du JDD que dirige Antonin André,
02:33m'avait clairement dit que le jour où ce sera augmenté,
02:36c'est l'assuré qui payera.
02:38En fait, c'est toujours la même histoire.
02:39Quand on pense spontanément à des augmentations d'impôts sur les entreprises,
02:44on se dit en fait, ça ne nous concerne pas.
02:45Mais il faut toujours comprendre, c'est toujours le consommateur qui paye.
02:47Puisque les structures veulent garder exactement,
02:49veulent garder leur marge.
02:51Et donc du coup, elles répercutent le prix.
02:52Donc voilà, c'est un accord du coup.
02:54Nouveaux impôts.
02:56Renoncement, vous l'avez dit, de la réforme des retraites,
02:59qui est quand même une catastrophe absolue.
03:01Parce qu'il faut bien comprendre que s'il y a des augmentations d'impôts,
03:03c'est aussi en partie pour justement financer l'argent
03:06que va coûter précisément cette suspension de la réforme des retraites
03:10qui va coûter à peu près 3 milliards.
03:12Donc vous voyez, c'est une espèce de vaste communicant
03:15tout en comprenant quand même que ça ne va régler aucun problème.
03:173 milliards à quelle échéance ?
03:19Alors échéance 2027.
03:21En attendant, c'est 300-400 millions.
03:23Exactement.
03:23Les chiffres ne sont jamais précis.
03:25Il y a toujours des sources différentes.
03:27C'est exactement ça.
03:28Donc sans régler aucun problème,
03:30parce qu'il faut quand même rappeler que le déficit de la sécurité sociale,
03:32c'est aux alentours de 20 milliards.
03:34Mais il aurait été sauf erreur de ma part de 30 milliards
03:37s'il n'y avait pas eu d'accord sur l'Opel FSS.
03:39Donc c'est pour ça que c'est d'ailleurs un argument
03:40que Sébastien Lecornu a utilisé pour essayer de convaincre les récalcitrants.
03:44Tout à fait.
03:44Alors vrai ou faux ?
03:45Non, tout à fait vrai.
03:46Ce que dit Antonin, c'est vrai,
03:47mais est-ce qu'il y a du bluff de la part de Sébastien Lecornu ?
03:51Non, je ne pense pas qu'il y ait de bluff.
03:53Effectivement, on limite les déficits,
03:54mais il faut bien comprendre qu'on ne règle aucun problème encore une fois.
03:57On aura des déficits d'à peu près 20 milliards.
03:59Il faut quand même se souvenir que la dette de la sécurité sociale,
04:02c'est à peu près 8% des fameux 3200 milliards.
04:05Donc on est aux alentours d'à peu près 250 milliards.
04:08Vous voyez, il y a un gros déficit, il y a une énorme dette.
04:10Et en fait, on ne fait que mettre la poussière sous le tapis
04:13parce qu'on ne résout absolument aucun problème.
04:14Je pense que c'était l'occasion de faire comprendre, je crois,
04:18et d'avoir ces débats-là, de se dire attention,
04:19on a aujourd'hui un système de protection sociale
04:21qui est en grande partie qui repose sur le travail.
04:23À partir du moment où vous avez une société qui vieillit,
04:26par définition, vous allez avoir de plus en plus d'inactifs
04:29et de moins en moins d'actifs.
04:30Donc on va avoir de gros problèmes pour financer
04:33cette fameuse protection sociale.
04:35Et je trouve que c'était l'occasion d'avoir un débat de fonds
04:37sur les retraites, l'assurance maladie.
04:40On y retourne au débat, puisque le conclave,
04:43on ne l'appelle plus comme ça,
04:44mais le conclave a recommencé pour la énième fois.
04:46Mais c'est vrai aussi, Benoît Perrin,
04:49que les Français n'en voulaient pas de cette réforme des retraites
04:52dans la grande majorité.
04:53Alors c'est un peu comme pour les impôts,
04:55c'est-à-dire qu'on est toujours pour l'augmentation des impôts des autres,
04:58et jamais nous.
04:59Là, sur la réforme des retraites, c'est vrai que,
05:01alors quoique les sondages sont quand même en train d'évoluer,
05:03mais initialement, vous avez raison,
05:05mais en même temps, c'est toujours difficile de demander aux gens
05:07de travailler deux ans de plus.
05:09C'est, je crois, la guerre du bonbon contre le brocoli.
05:13C'est-à-dire que les gens qui proposent des bonbons,
05:14ils sont toujours plus populaires que ceux qui proposent des régimes au brocoli.
05:17Mais au final, c'est bon pour la santé.
05:19Mais le brocoli fait maigrir.
05:21Les réformes de retraite, historiquement, sont toujours impopulaires,
05:24puisqu'on demande aux gens davantage d'efforts.
05:26Ce qui est inédit là, c'est que c'est la première fois
05:28qu'un gouvernement revient sur une réforme des retraites
05:30qui a été votée.
05:31Et ça, ça crée un précédent qui était assez préoccupant,
05:33parce qu'en l'occurrence, pour impopulaire qu'elle soit,
05:37ces réformes des retraites, jamais aucun gouvernement ne revient en arrière.
05:40C'est ça qui est inquiétant, et le mauvais signal envoyé notamment au marché,
05:43c'est qu'on revient en arrière sur une retraite
05:45qui, d'une certaine façon, avait été quand même digérée.
05:47C'est vrai, et en plus, dans le quinquennat d'Emmanuel Macron,
05:50il n'y a pas beaucoup de réformes structurelles,
05:52et encore moins de réformes structurelles d'économie.
05:54Et là, c'était une réforme d'économie et de bon sens,
05:56puisqu'il faut rappeler qu'encore une fois,
05:58tous les pays occidentaux font la même chose,
06:01parce qu'ils sont tous confrontés au même problème de vieillissement.
06:03– Alors certains vous disent, bon, on est d'accord sur la nécessité d'une réforme des retraites,
06:08mais c'était un texte qui était mal écrit.
06:11Est-ce qu'on peut concéder ce point ?
06:13– Mal écrit, oui et non, puisque de toute façon,
06:16le sujet de crispation portait sur l'âge,
06:19et ça, vous pouvez le réécrire comme vous voulez,
06:21il y aura toujours cette mécanique de l'âge que l'on repousse.
06:23– Est-ce qu'on est obligé de parler de l'âge, finalement ?
06:25– Non, on pourrait choisir d'autres systèmes de réforme,
06:27c'est ce qui avait été fait dans la première tentative de réforme du souhait d'Orphilippe,
06:30qui a été ajournée par le Covid, qui était une réforme par points.
06:34– Ce que vous voulez faire Emmanuel Macron dès le départ.
06:37– Absolument, mais probablement, et pour embrayer sur ce que vous dites,
06:42que le sujet du financement de la protection sociale,
06:46qui repose trop sur le travail,
06:48et peut-être que l'on pourrait trouver d'autres ressources,
06:50la TVA par exemple, ou bien le système de retraite,
06:53ces sujets-là, doivent faire l'objet de la campagne présidentielle qui s'avance.
06:56Et c'est là qu'il faut absolument que les différents partis politiques
07:01se positionnent de façon extrêmement claire sur leur choix, sur la retraite.
07:06Est-ce qu'on s'en tient à l'âge, ou est-ce qu'on s'en tient à la durée de cotisation
07:09et d'une retraite un peu la carte ?
07:11Quelle dose de capitalisation dans le système de retraite ?
07:13– Mais Antoine André et Emmanuel Macron étaient clairs quand même,
07:16au moins il était clair, on peut lui laisser ce point quand même pendant sa campagne.
07:20– On voit que le sujet aujourd'hui est devenu un sujet structurant
07:22de la vie politique française, parce qu'au-delà même du problème des retraites,
07:25c'est un problème de financement de notre modèle social.
07:27Mais ça, dans une assemblée comme elle est aujourd'hui,
07:30c'est évidemment impossible de poser ces sujets-là.
07:32Mais il faut impérativement que la prochaine campagne présidentielle
07:35les traite et les règle, parce qu'on a perdu énormément de temps.
07:38– Benoît Perrin, Antoine André a prononcé le mot de capitalisation,
07:41alors ça c'était un grand tabou chez les responsables politiques français,
07:47ça l'est de moins en moins ?
07:48– Ben ça l'est de moins en moins, pour des raisons de démographie,
07:51c'est-à-dire qu'en fait on comprend bien que quand vous avez un système
07:54qui a été bâti pour 5 actifs pour un retraité,
07:57aujourd'hui on est un peu plus d'un actif, un actif et quelques pour un retraité,
08:02on sait que ça ne peut pas tenir.
08:03Donc on est obligé de trouver d'autres solutions.
08:04– Vous pouvez rappeler à nos auditeurs ce qu'est la capitalisation ?
08:06– Alors la capitalisation, c'est un système qui permet à chacun en fait
08:09de mettre de l'argent de côté, de le placer sur les marchés financiers,
08:12et au moment de sa retraite, d'en toucher soit le capital, soit les dividendes.
08:15Donc en gros on comptise en quelque sorte pour soi,
08:18et ça me semble être un système absolument incontournable,
08:21encore une fois parce qu'avec un système par répartition
08:24qui est basé effectivement sur l'argent des actifs
08:27qui va vraiment le jour où ils touchent leur salaire,
08:31le lendemain l'argent va dans la poche d'un retraité.
08:33Il faut bien comprendre que c'est aussi simple que ça.
08:35Donc dans des systèmes effectivement où la démographie ne joue pas
08:38en faveur de ce fameux système,
08:39on est obligé effectivement non seulement de continuer
08:43à reporter l'âge de départ à la retraite puisqu'on sait très bien
08:45qu'on va devoir aller jusqu'à 67 ans.
08:48Et le deuxième outil, vous en avez parlé, c'est la capitalisation
08:50parce qu'il faut que chacun cotise pour soi-même
08:53parce qu'encore une fois sinon le système ne fonctionne pas.
08:54– Et puis ça finance l'innovation dans plein de pays
08:56comme les Etats-Unis, même la Chine,
08:58ça c'est vrai qu'on peut peut-être qu'on l'explique mal aux Français.
09:01– Alors c'est très vrai, ça finance l'économie,
09:03l'économie pour le coup réelle comme on dit,
09:06c'est de l'argent effectivement qui est injecté dans des entreprises
09:09qui en ont besoin pour développer leurs activités,
09:11pour investir, pour embaucher ou que sais-je.
09:13Donc c'est un levier en plus de stimulation de l'économie.
09:16On voit bien que l'économie française est en panne depuis très longtemps,
09:19ça fait je crois à peu près 15 ans qu'on n'a pas dépassé
09:21les 2% de croissance, imaginez quand même.
09:23Et je crois que la responsabilité de nos responsables politiques,
09:25ça devrait être justement de se concentrer sur quels sont les freins
09:29au développement de l'économie française.
09:32Et plutôt que de se tourner vers l'avenir,
09:35de se dire en fait comment faire pour stimuler cette économie,
09:37malheureusement on a des responsables politiques
09:39qui reviennent sur les quelques économies qui ont été faites
09:41et surtout qui continuent à maintenir un système
09:44de verrouillage total de notre économie,
09:47alors que nos voisins et le monde entier,
09:48malheureusement pour nous en quelque sorte,
09:50est justement sur une dynamique extrêmement stimulante.
09:52C'est sûr qu'il y a longtemps qu'ils ne sont plus dans ces débats.
09:54Eliott Maman ?
09:55Oui, j'ai une question extrêmement simplette,
09:57mais simplement on se dit que la capitalisation pourrait être...
10:00Ce n'est jamais simplé.
10:01Non, mais en l'occurrence vraiment,
10:03parce que la capitalisation pourrait être une méthode,
10:05une solution par rapport aux problèmes auxquels on fait face,
10:08mais est-ce que véritablement introduire la capitalisation
10:12est compatible avec notre modèle tellement dispendieux
10:14de sécurité sociale ?
10:15C'est-à-dire, est-ce que véritablement on peut introduire
10:18la capitalisation, un méthode par capitalisation
10:20dans notre système de sécurité sociale tel qu'il existe à l'heure actuelle,
10:23ou est-ce qu'en réalité il s'agirait plutôt
10:25d'appliquer une réforme très structurante
10:29de la sécurité sociale pour la libéraliser,
10:32mais c'est-à-dire ne plus véritablement passer exclusivement par l'État,
10:35comme l'induit de fait un système par répartition,
10:37et avoir un système beaucoup plus déconcentré.
10:41Mais dès lors, est-ce que véritablement c'est compatible
10:43avec l'organisation de la France et les volontés des Français ?
10:46Je crois que c'est plus psychologique qu'organique.
10:48C'est-à-dire qu'il ne s'agit pas d'ailleurs de mettre à bas
10:50le système par répartition.
10:51Personne ne dit qu'on va supprimer la répartition
10:53et on va le remplacer par la capitalisation.
10:55L'idée, c'est simplement, en quelque sorte,
10:58c'est d'avoir une espèce de mix entre 70% de répartition,
11:0030% de capitalisation,
11:04parce qu'on ne peut pas tout mettre effectivement sur le marché,
11:06pour le coup c'est entre guillemets trop risqué.
11:09Donc il ne s'agit pas de tout casser,
11:10il s'agit juste de dire, voilà, on a la répartition,
11:12et en plus on va se créer une autre jambe
11:14pour justement maintenir notre système viable.
11:17Par parenthèse, une partie de la retraite des fonctionnaires
11:19est déjà une retraite par capitalisation.
11:21Donc en réalité ça existe déjà,
11:22et les plus récalcitrants au système sont ceux qui en bénéficient.
11:25Et oui, et c'était, vous savez,
11:26j'avais lu ça, une mesure prenait par Jean Jaurès quand même,
11:30le socialiste Jean Jaurès à l'origine des temps.
11:33C'est très vrai, et on peut parler aussi des pharmaciens.
11:35Les pharmaciens font 50% répartition,
11:3750% capitalisation,
11:39le Sénat c'est pareil, vous voyez.
11:40Et puis même les salariés,
11:42on le fait tous plus ou moins quand on est salarié,
11:45les PER,
11:46quand on a la chance d'être obligatoire.
11:49C'est pas obligatoire.
11:49Chez les fonctionnaires, il y a une part de leur retraite
11:51qui est de toute façon capitalisée.
11:53Mais justement, l'épargne,
11:55dans les entreprises comme ça,
11:58ça c'est une solution aussi,
12:00qui est une piste intéressante de Noir Perrin ?
12:02C'est évidemment,
12:03effectivement, il faut s'en inspirer.
12:05Mais effectivement, dans les entreprises,
12:07ou pas d'ailleurs,
12:08parce que n'importe quel Français peut souscrire un PER,
12:10c'est évidemment une solution à développer.
12:13parce qu'encore une fois,
12:14on n'a pas le choix,
12:15il faut effectivement se dire que,
12:17malheureusement,
12:18encore une fois,
12:18il faut vraiment revenir au sujet central
12:19qui me semble être la démographie.
12:21Compte tenu de la démographie qui est la nôtre,
12:23compte tenu de l'hiver démographique
12:24dans lequel on est rentré,
12:25on va devoir réfléchir à d'autres modes de financement.
12:28Ça peut être effectivement la TVA sociale,
12:30ça peut être une partie de capitalisation,
12:32enfin bref,
12:33il faut simplement se dire,
12:34voilà,
12:34on a des masses qui sont en jeu,
12:36qui sont considérables.
12:37Il faut quand même rappeler que le budget
12:38de la Sécurité sociale,
12:39c'est plus important que le budget de l'État.
12:41C'est évidemment plus important que le budget
12:42des collectivités locales.
12:43Donc là,
12:44on parle vraiment de milliards,
12:45c'est énorme.
12:46Il y a une autre piste
12:46qui a été envisagée notamment par,
12:49je pense à Michel-Édouard Leclerc,
12:50il se trouve qu'on a fait son interview
12:51dans le GDD de demain,
12:53passionnante d'ailleurs,
12:54sur les conditions économiques
12:55dans lesquelles vivent les Français.
12:57Et lui préconisait aussi
12:59de faire cotiser les machines et les robots
13:01qui remplacent en partie le travail humain.
13:04C'est-à-dire que dans les supermarchés aujourd'hui,
13:05les caisses automatiques,
13:06on pourrait leur imposer une taxe,
13:08puisqu'elles remplacent quand même des salariés.
13:09Attendez,
13:09c'est-à-dire que c'est les entreprises de l'IA
13:13qui vont payer, c'est ça ?
13:14Non, les entreprises.
13:15Leclerc,
13:16qui remplace ses caissières
13:17par des caisses automatiques,
13:18pourrait cotiser
13:19à due proportion,
13:21comme si c'était des salariés normaux,
13:23sauf qu'ils ne versent pas de salaire,
13:24mais ils cotisent
13:26une part de cotisation sociale
13:27pour abonder les comptes sociaux.
13:29Je dis ça parce qu'on parle souvent
13:31du risque de la destruction d'emploi
13:32par l'intelligence artificielle.
13:33On peut considérer qu'à partir du moment
13:36où ça se substitue à une activité humaine,
13:38on fasse cotiser cette activité
13:40aux comptes sociaux.
13:42Benoît Perrin, intéressant.
13:42Je trouve que c'est une très bonne idée.
13:44C'est une excellente idée.
13:45De toute façon,
13:46encore une fois,
13:46il va falloir qu'on trouve un système
13:47pour financer notre système
13:49et que cet argent
13:51ne vienne pas
13:51exclusivement du travail.
13:52Donc,
13:53toutes les sources
13:53sont les bienvenues.
13:54Ce qui est quand même incroyable,
13:55c'est qu'on en est encore là
13:57dans ce débat.
13:58Alors que,
13:58bon,
13:59les voisins européens avancent,
14:01les autres pays,
14:02bon,
14:02on est quand même,
14:03notre économie est mise à mal.
14:05On n'est plus très compétitif
14:07quand même en France
14:07et on est toujours sur ce débat
14:09de retraite
14:10alors que les voisins
14:12travaillent beaucoup plus.
14:13Alors oui,
14:14on a un enjeu évidemment de production,
14:16on a un enjeu de productivité en France.
14:18Pour aller vite,
14:19on a un problème de croissance.
14:20Il faut absolument
14:21qu'on travaille plus.
14:22Il faut qu'on soit surtout
14:23plus nombreux à travailler
14:24parce que,
14:24vous savez qu'on a
14:25ce fameux taux d'emploi
14:26qui permet de voir
14:27le nombre de personnes
14:28qui travaillent,
14:28qui sont en âge de travailler
14:29et qui sont véritablement en emploi.
14:31Par rapport à l'Allemagne,
14:32les chiffres sont différents.
14:33On est à peu près à 69%
14:34quand l'Allemagne
14:35est à 77% de taux d'emploi.
14:37Et vous voyez,
14:37si on a un trou dans la raquette,
14:38notamment dans les cotisations sociales,
14:40c'est aussi parce que,
14:41malheureusement,
14:42on n'a pas assez de jeunes qui travaillent,
14:43on n'a pas assez de seniors qui travaillent
14:45et le meilleur levier,
14:46justement,
14:47pour qu'on ait davantage
14:47de seniors en emploi,
14:48c'est précisément
14:49de reporter l'âge
14:51de départ à la retraite.
14:53Et puis,
14:53pour les jeunes,
14:54il faut bien comprendre
14:55que l'apprentissage
14:55est vraiment très important.
14:57Vous lisez dans mes pensées,
14:58c'est rigolo.
14:59Au moins,
14:59ils ont lâché les apprentis
15:01dans ce budget
15:02de la sécurité sociale.
15:03Une des bonnes nouvelles,
15:04c'est effectivement...
15:07Ça aurait pu rapporter
15:08320 millions d'euros,
15:09mais quand même,
15:10c'est important
15:11de sensualiser l'apprentissage.
15:13Ça aurait été
15:13vraiment dommageable.
15:15Exactement.
15:16C'est ce qu'on vient de dire,
15:17c'est-à-dire qu'on n'a malheureusement
15:18pas assez de jeunes en emploi,
15:19pour mettre les jeunes
15:20dans l'emploi.
15:21Il y a évidemment
15:21deux éléments importants.
15:23Le premier,
15:23c'est l'orientation.
15:24Il y a un énorme travail
15:25sur l'orientation des jeunes
15:26pour ne pas qu'ils s'enferrent
15:27dans des filières
15:28qui n'ont pas
15:29de débouchés professionnels.
15:29Je leur rends le pas
15:30plus difficile.
15:31Ils ont enfin compris, peut-être.
15:32J'espère.
15:33Et deux,
15:33effectivement,
15:34développer l'apprentissage.
15:35Et là,
15:35effectivement,
15:36le gouvernement envisageait
15:38d'augmenter
15:40les cotisations salariales
15:42sur les salaires
15:43que touchent les apprentis,
15:44ce qui aurait du coup
15:45réduit
15:46ce qu'ils auraient dans la poche.
15:47Et heureusement,
15:49l'Assemblée est revenue
15:50sur ce sujet-là.
15:51Donc, a priori,
15:52les apprentis continueront
15:53à toucher le salaire
15:54qu'ils touchaient encore aujourd'hui.
15:57Elliot Mamann,
15:57vous qui êtes le cadet
15:58de ce studio,
15:59qu'est-ce que vous en pensez ?
16:00En effet,
16:01c'est extrêmement important
16:02parce qu'un des mâles
16:03de la France
16:04est peut-être l'État
16:04très dispendieux
16:05de notre sécurité sociale.
16:06Mais en outre,
16:07nous produisons
16:08beaucoup trop d'élites,
16:09également des jeunes
16:10qui sont surdiplômés.
16:11Ça, c'est un autre mâle
16:13typiquement français.
16:14Et tabou.
16:14Absolument.
16:15Peter Turchin le décrit très bien
16:16dans son dernier ouvrage
16:17où on se retrouve après
16:18avec une élite intellectuelle
16:20qui est totalement désoeuvrée
16:21précisément parce que
16:22la surproduction de diplômes
16:23qui n'ont plus aucune signification
16:25ne se rattache
16:26à aucune réalité professionnelle.
16:28Ensuite,
16:29et donc, en effet,
16:29c'est extrêmement important
16:30que la France puisse trouver
16:31des moyens,
16:32quitte à ce que ce soit
16:33au prix de certaines dépenses,
16:35des moyens pour avoir
16:36d'autres types de formations
16:37qui ne soient pas
16:38uniquement universitaires
16:39et qui permettent
16:39d'avoir une insertion
16:40professionnelle
16:41et professionnalisante
16:42à des métiers
16:43beaucoup plus techniques
16:44qu'à ces immédiates.
16:45Merci, merci Benoît Perrin
16:48d'être passé par le studio
16:49d'Europe 1
16:50de nous avoir décrypté
16:51ce budget
16:52qui n'est pas encore voté
16:53parce que ça sera mardi
16:54et ce n'est pas encore gagné.
16:55D'ailleurs,
16:56on le dira certainement
16:57Antonin André
16:58mais le plus dur
16:59reste à faire.
17:00C'est Éric Coquerel
17:01qui disait ça
17:02et il n'a peut-être pas tort.
17:03On se retrouve
17:03dans quelques instants
17:04avec le point sur l'actualité
17:05de Maëlle Laurent
17:06et la suite de nos débats.
17:07Sous-titrage Société Radio-Canada
17:08Sous-titrage Société Radio-Canada
17:09Sous-titrage Société Radio-Canada
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