00:00Oui, pour un certain nombre de députés, les députés socialistes, mais aussi les députés du Rassemblement National,
00:04qui devraient voter comme d'un seul homme cette suspension, c'est le grand jour, plus de deux ans qui l'attendent.
00:09Et là, pour la première fois, les parlementaires de Rassemblement National vont se prononcer en séance publique,
00:14il y avait eu le vote en commission déjà, mais en séance publique, sur la suspension de ce dispositif de la réforme des retraites
00:19qui prévoyait notamment, surtout, la mesure du report de l'âge de départ, qui était le totem tabou symbolique que la gauche voulait évidemment abolir.
00:28Ce vote aura lieu à l'occasion de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale,
00:32après un engagement de Sébastien Lecornu auprès du Parti Socialiste.
00:36Et au fond, on se dit quelque part que c'est la moisson de la dissolution qu'on va récolter tout à l'heure.
00:41C'est-à-dire qu'en dissolvant l'Assemblée Nationale et ensuite en organisant principalement des élections législatives
00:46qui avaient essentiellement pour but de voter contre lui, Emmanuel Macron a provoqué l'installation d'une majorité à l'Assemblée Nationale,
00:54hostile à sa réforme des retraites et donc disposée à en abolir les effets les plus importants.
00:59C'est ce qui va probablement se passer à partir du vote de tout à l'heure
01:02et puis ensuite dans les semaines qui suivront sur l'examen du budget.
01:06Et la gauche va crier victoire.
01:07Les socialistes, en tout cas, ça on peut leur faire confiance, vont se réjouir bruyamment.
01:11Ils vont clamer partout que c'est grâce à eux et que c'est bien la preuve qu'une position plutôt conciliante
01:16avec l'exécutif mais ferme sur quelques principes ou quelques mesures phares.
01:20Et bien c'est ce qui fait avancer la gauche, contrairement, diront-ils, à l'opposition des Insoumis
01:25qui, puisqu'ils sont opposés à tout par principe, n'obtiennent aucune concession de la part du gouvernement.
01:29Mais du coup, les écologistes, les communistes qui s'étaient abstenus lors du vote en commission
01:35ne vont pas forcément marcher dans la combine.
01:37Et les Insoumis s'étaient même opposés à l'époque en commission.
01:40Le député de la France Insoumise, Adrien Clouet, avait expliqué
01:44« Nous ne rentrerons pas dans les magouilles des socialistes avec les macronistes
01:47pour maintenir cette réforme des retraites, puisque nous avons une majorité à l'Assemblée nationale pour l'abroger ».
01:51Ce que l'on voit, c'est qu'il y aura donc à gauche toujours une concurrence
01:55sur à qui obtiendra le plus, à qui proposera le plus.
01:58Ça va continuer de peser à la hausse sur la dépense publique.
02:00Et même les socialistes, une fois qu'ils auront obtenu cette suspension des effets de la réforme des retraites,
02:04sans doute continueront à demander plus, notamment en matière d'imposition et de taxes.
02:08C'est une suspension qui va nous coûter très cher ?
02:10Ça oui, vous avez lu comme moi Patrick Martin, le patron des patrons, président du MEDEF dans le Figaro,
02:15qui expliquait déjà que la réforme borne, ce qu'on savait, ne suffisait pas, dit-il, à assurer l'équilibre des retraites.
02:21Et aujourd'hui, poursuit Patrick Martin, délibérément se prédispose donc à encore creuser le déficit des retraites
02:26de 15 milliards d'euros à l'horizon 2035.
02:29Il explique que c'est une hérésie, je le cite, une hérésie sur deux plans.
02:32D'abord, évidemment les finances publiques, mais sur le plan économique, nous dit Patrick Martin,
02:35on va dégrader le taux d'emploi, le vrai problème au fond.
02:38Et ça, on peut lui faire confiance parce que lui, il le voit, c'est que nous ne produisons pas assez.
02:42Le seul vrai problème économique en France qui pèse sur toute la dépense publique par ailleurs
02:46et sur toutes les recettes de l'État, c'est ça, c'est l'absence de production.
02:50Le fait que le PIB, on voit qu'il va augmenter très, très légèrement d'ici la fin de l'année,
02:54mais n'est pas suffisamment, si vous voulez, dans une perspective de croissance
02:57pour permettre ensuite de rendre la dépense publique soutenable.
02:59Et par ailleurs, Patrick Martin nous dit, même au plan social, c'est une hérésie
03:03parce que si c'est effectivement un effort supplémentaire que l'on va demander aux Français,
03:07il va peser sur qui ? Sur les contribuables et donc, in fine, sur une grande partie des Français.
03:12Donc pour toutes ces raisons, il y aurait évidemment toute la rationalité,
03:15toute la logique qui voudrait qu'à minima, on se contente de cette réforme
03:18qui, encore une fois, n'allait pas suffisamment loin.
03:20Malheureusement, ça fait longtemps que la raison a déserté les rangs de l'hémicycle.
Écris le tout premier commentaire