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  • 4 hours ago
Transcript
00:00Bonjour, je m'appelle Kayron. Je pourrais vous parler de mes parents, de ma famille,
00:19mais j'en ai parlé dans Notre-Orient. Je pourrais vous parler de là où je viens,
00:24la banlieue parisienne, mais j'en ai parlé dans Mauvaise Herbe. Je pourrais vous parler de ma
00:28pièce de théâtre, Albaï Sadaf, mais je vais vous laisser la surprise. Alors je vais vous dire
00:33simplement qu'entre ce qu'on pense ĂŞtre et ce qu'on est, il y a un monde souvent, et je ne veux pas
00:39prendre le risque de donner une image qui ne serait pas la mienne, donc j'espère que l'émission va vous plaire.
00:46Un groupe mythique. Dans le groupe, il y a un Milton Pot, il y a le Togolais, il y a le Guiné,
00:58il y a le Nigérien, donc c'est un Milton Pot qui représente toute l'Afrique, quoi.
01:0250 ans durant, eh bien, 50 ans, ça se fête. On a déjà fêté à Dakar, on a fêté à l'Olympia.
01:12Cette salle mythique, c'était l'apothéose.
01:16Au sommaire, cette semaine, on va se laisser envoûter par la musique inimitable de l'orchestra Baobab, l'un des groupes les plus célèbres d'Afrique de l'Ouest.
01:35Dans notre coup de cœur, on va pousser les portes d'une galerie de céramique dans le marais, mais tout de suite, je vous propose de retrouver
01:40Kayron, l'humoriste, acteur, réalisateur, est en ce moment sur les planches de l'Apollo Théâtre dans un spectacle d'improvisation totale.
01:48Bon, c'est ici que vous jouez tous les soirs dans un...
02:07Pas lĂ , mais...
02:08Non, c'est ici que vous jouez tous les samedis soirs dans un...
02:11Sans l'envie trop, là, c'est catastrophique. Mais c'est dans ce théâtre, effectivement.
02:14Tous les théâtres dans lesquels je joue doivent correspondre à mon concept.
02:18Pouvoir allumer la salle pour que moi, je sois bien allumé sur scène, qui est une synergie avec le public.
02:23J'aime pas trop les balcons.
02:24Ce qui te plaît aussi à l'Apollo Théâtre, c'est le rapport scène-public ?
02:28Alors, dans mon spectacle, évidemment, et aussi sur Al Baïsadaf, parce qu'en réalité, la salle...
02:33C'est pas la même salle pour mon spectacle et pour ma pièce de théâtre, mais sur la pièce,
02:37le public est quand même très proche des comédiens, mais on a investi dans des micros.
02:42Parce que je voulais qu'ils puissent avoir un jeu vraiment cinéma, un jeu sincère et pas avoir à gueuler.
02:47Mais non, tu me dis que tu n'es pas, mais en réalité, tu es !
02:50Je voulais pas, sans caricaturer le théâtre, mais je voulais pas qu'ils dénaturent leur jeu.
02:54Donc, il y a des scènes très sensibles, très dans l'émotion, où il y a des vraies larmes,
02:59il y a des vrais moments de beauté, de poésie.
03:01Moi, ça me tenait à cœur que tout le public puisse avoir l'impression d'être avec eux en immersion.
03:06Bon, allez, tu vas tout nous raconter ?
03:08Avec plaisir.
03:09En détail.
03:10Kayron, vous avez deux spectacles Ă  l'affiche ici.
03:18On débute par le premier, c'est un spectacle d'improvisation totale qui s'appelle Dragon.
03:23Est-ce que vous aviez besoin de vous mettre en danger tous les soirs,
03:26d'avoir le vertige à chaque fois que vous montez sur scène ?
03:28Avant de faire ce concept-là, j'avais un spectacle comme tous les humoristes vraiment écrits,
03:32avec des petites parties oĂą je m'autorisais Ă  improviser.
03:35Et j'ai commencé à prendre plus de plaisir en improvisant avec le public,
03:38en créant des situations avec eux, qu'en récitant mes textes.
03:41Je suis quelqu'un qui s'ennuie très vite, je me lasse assez vite.
03:43Donc, au bout d'un moment, je me suis dit que je voulais articuler mon spectacle autour de l'impro.
03:47Vous avez dit « Improvisation totale », c'est pas vrai, je veux pas mentir au public.
03:51Il y a une trame.
03:52Et puis, j'ai aussi plein de blocs qui existent, que je fais dans un désordre.
03:55Parfois, je fais ce sketch-lĂ , parfois, je le fais pas.
03:58Mais je suis le premier fan de ce qui va se passer dans la soirée.
04:05Les gens voient une mise en danger, moi, je vois un plaisir égoïste.
04:07Elle doit sûrement dormir, elle est pâtissière.
04:10Donc, elle dort Ă  20h.
04:13Pendant 5 ans, t'étais avec la pâtissière !
04:17D'accord !
04:19Ça, c'est terminé.
04:22T'en avais marre de te coucher Ă  19h30 ?
04:24Je comprends.
04:26Chérie, ce soir, on prolonge !
04:28Regarde le JT !
04:30Vous êtes né à Téhéran, vous êtes arrivé en France à l'âge de deux ans,
04:34avec vos parents qui ont fui le régime iranien.
04:36Cet héritage à la fois politique et familial,
04:39de quelle manière il a influencé votre parcours d'artiste ?
04:42Il est présent vraiment tout le temps.
04:44Il y a une phrase que je dis souvent, c'est que toute la vie est une question de principe ou d'intérêt.
04:48L'humain a tendance à choisir ses intérêts.
04:52Et le fait d'avoir ce vécu-là, d'avoir les parents que j'ai, de savoir qu'eux, pour leurs principes,
04:58mon père a été jusqu'à...
05:00Il a fait huit années de prison, il a été torturé pour ses principes,
05:04alors qu'au moment mĂŞme oĂą il le torturait en prison, il lui proposait un poste de ministre,
05:08qu'il refusait.
05:10Moi, je ne peux pas me permettre de choisir des choses par intérêt.
05:13Vous êtes humoriste, acteur, réalisateur aussi.
05:16Vous avez réalisé deux films.
05:18Le premier s'intitule « Nous trois ou rien », c'est un hommage à vos parents.
05:21Avec le recul, qu'est-ce qui a changé ce film pour vous ?
05:25Familialement, c'est une étape incroyable parce que quand j'ai fait ce film,
05:29j'ai dû passer une année complète à aller dans leur intimité.
05:33On s'est beaucoup vus, on a beaucoup parlé.
05:35J'ai appris des choses, même sur des questions que je ne leur avais jamais posées.
05:38J'ai dû apprendre des choses pour la véracité du film et j'ai revu et redécouvert leur histoire.
05:45Ça nous a beaucoup rapprochés.
05:46Ce qui est intéressant avec « Nous trois ou rien », c'est qu'ils traitent de plein de thématiques en réalité.
05:50Ils traitent de l'immigration, mais ils traitent aussi de la famille.
05:53C'est une histoire de courage, ça parle de dictature, ça parle de femmes fortes,
05:56ça parle de banlieues parisiennes, ça parle de rêves à atteindre, ça parle de plein de choses.
06:01Et du coup, plein de gens s'y reconnaissent et je reçois vraiment des témoignages aujourd'hui encore bouleversants.
06:06« C'est pas un jeu, ils battent, ils vont le tuer. Mais qu'est-ce qu'il veut ? »
06:10« Ce qui vous fait le plus peur. »
06:12« Un racquin ? »
06:13« Une démocratie. »
06:14« Et c'est là que j'ai rencontré Férichetée. »
06:16« Elle est parfaite. »
06:18« Je vais l'épouser. »
06:19« Alors, comme ça, tu vas épouser ma fille ? »
06:22« C'est quoi cet accent ? T'essayes de lui faire peur ? »
06:25« Non, ça va, j'essaie de juste... »
06:28Alors, récemment, vous avez ajouté une autre corde à votre arc.
06:32Vous avez écrit et mis en scène une pièce de théâtre qui est jouée ici en ce moment.
06:36Le mec qui s'intitule « Alba et Sadaf », c'est l'histoire vraie de deux femmes.
06:40Une au Salvador, l'autre en Iran, qui se battent toutes les deux pour la liberté, pour la justice.
06:44Pourquoi est-ce que c'était si important pour vous de raconter ce parcours croisé de femmes qui refusent l'oppression ? »
06:50Je note toutes les histoires vraies qui me parlent dans mon téléphone.
06:53Je vous le montre.
06:54C'est une blague.
06:55Ça va prendre deux heures.
06:56J'ai plein d'histoires vraies.
06:58Et puis, je les laisse mijoter dans ma tĂŞte.
07:00Et puis, un jour, je me dis « Ah, celle-là, j'ai envie de la traiter.
07:03Je vais en faire un sketch. »
07:04Mais toute seule, cette histoire n'a pas assez de consistance.
07:07« Ouais, mais j'ai celle-là et celle-là que je peux lier dedans.
07:09Je vais écrire un truc sur ça. »
07:11Et je fais ça comme ça.
07:12Et donc, ces histoires-là, moi, j'ai trouvé folle parce que les postulats de départ,
07:17les femmes en Iran n'ont pas le droit d'aller au stade de foot.
07:19C'est stupide.
07:21Et les femmes au Salvador et dans plein d'autres pays n'ont pas le droit d'avorter.
07:25C'est cruel.
07:26Et donc, je me suis dit qu'il y avait un truc Ă  faire.
07:29Et je suis partie de ce postulat-lĂ .
07:31Donc, ces deux femmes ne sont pas des militantes qui luttent.
07:33Ce sont des femmes normales.
07:35Et j'aime bien un peu cette histoire de raconter une petite histoire dans une grande histoire.
07:39Je m'appelle Alba.
07:43Je m'appelle Sadaf.
07:46Chez moi, l'avortement est interdit.
07:48Et les femmes qui y recourent risquent des peines.
07:50Pouvant aller jusqu'Ă  50 ans de prison.
07:52Chez moi, les femmes n'ont pas le droit d'aller au stade.
07:54Pour les préserver de l'ambiance masculine.
07:56Soi-disant dangereuse pour leur pureté.
07:58Deux femmes.
07:59Deux continents.
08:00Deux continents.
08:01Deux histoires vraies.
08:03On part à présent à la rencontre d'un groupe dont le nom résonne déjà comme un symbole d'immortalité.
08:27L'orchestra Baobab.
08:28Né à Dakar dans l'effervescence des années 70, cette joyeuse bande de musiciens a su traverser les modes, les deuils, les renaissances, sans jamais perdre son identité.
08:40Votre musique, c'est un métissage rare afro-cubain, jazz, wolof, serrer.
09:00C'est un son qui est très, très difficile à définir.
09:03Comment est-ce que vous l'avez construit ?
09:05C'est parce que, à l'époque, on jouait de la variété.
09:10On imitait les morceaux cubains, les morceaux congolais, le highlife.
09:17Il fallait créer notre propre style de musique.
09:21Vous venez de fĂŞter vos 50 ans d'existence.
09:24Évidemment, vous avez évolué en traversant cinq décennies.
09:27Quelles ont été les étapes peut-être les plus marquantes ?
09:31L'histoire de Baobab, c'est toute une histoire de 70 Ă  nos jours.
09:38Et à un moment donné, il y a nos fils qui viennent et qui sont en train de prendre la relève.
09:44Ça, c'est toute une histoire.
09:54Moi, je suis très touchée par toutes ces différences d'âge au sein du groupe.
09:57Comment se transmet l'esprit Baobab de génération en génération ?
10:02C'est des jeunes qui aiment jouer la musique du Baobab parce que le Baobab, c'est un esprit.
10:07Cet esprit-là, alors, si ça te prend, eh bien, tu es obligé d'incarner la musique du Baobab.
10:27Tu avais envie de rejoindre le groupe. Qu'est-ce qui t'a motivé le plus à rejoindre ce groupe ?
10:37J'aimais beaucoup cette musique.
10:39C'est une musique que mes parents ont jouée toute mon enfance.
10:44Et la rumba congolaise, ça, c'est ma culture parce que c'est le berceau de la musique africaine, la rumba congolaise.
10:50Vous avez connu des moments de deuil.
10:52Vous avez connu aussi des renaissances spectaculaires.
10:54Je pense notamment au début des années 2000.
10:56Vous avez été aidé par Yusundur, par le producteur Nick Gold.
11:02Ça a été une résurrection.
11:04Est-ce que vous pouvez m'en parler de ce moment-lĂ  ?
11:06Eh bien, il faut tout d'abord rendre hommage à tous nos aînés qui sont partis.
11:16Et vraiment, nous leur...
11:21Je ne sais pas comment le dire encore.
11:24Oui. Vous êtes émus ?
11:26Nous leur rendons hommage.
11:27Eux, ils ont su créer la musique.
11:29Ils ont tout fait pour accéder sur le plan international.
11:43Vous êtes en train de préparer un nouvel album.
11:45Ă€ quoi doit-on s'attendre ?
11:46On doit s'attendre Ă  du lourd.
11:47Du lourd ?
11:48Parce que l'orchestra Baobab, c'est de génération en génération.
11:51Et c'est du travail sur du travail.
11:53Aujourd'hui, on remarque de jour en jour que le grand public s'intéresse plus à la musique de l'orchestra Baobab.
12:01Donc, il y a la nouvelle génération qui a porté sa pierre à l'édifice.
12:05Mais tout en gardant l'originalité de la musique de l'orchestra Baobab.
12:09Dans notre coup de cœur, on traverse à la tombée de la nuit le pont Louis-Philippe dans le Marais pour aller découvrir une galerie consacrée à la céramique.
12:25Et vous allez le voir, la galerie grée est un territoire intime, un lieu de vie, de rencontre, de création.
12:43Bonjour Alban !
12:45Bonjour Valérie !
13:17J'ai eu l'envie de montrer des œuvres que je ne voyais pas dans les galeries, dans les musées à l'époque.
13:23Alors, vous avez eu beaucoup de temps avant d'oser exposer vos propres créations. Qu'est-ce qui vous a décidé ?
13:29Il y a eu quand même des demandes qui étaient de plus en plus récurrentes de la part des gens qui voyaient mon travail en coulisses
13:35et qui ne comprenaient pas bien qu'avec un lieu d'exposition, je ne donne pas à voir aussi cette partie-là de moi-même et de mon goût pour la céramique.
13:43Le dicton de la galerie, c'est à mes rêves la lenteur nécessaire.
13:46Parce que c'est vrai que c'est un endroit où j'ai eu aussi besoin de cette respiration dans un monde où tout s'accélère et de prendre mon temps.
13:59Justement, cette première exposition de vos œuvres, elle s'intitule « À nos rêves, la lenteur nécessaire ».
14:07Qu'est-ce qu'elle raconte de vous cette exposition ?
14:09Finalement, ce qui me tient à cœur, et je le vois bien quand je suis entourée de mon travail, c'est d'abord quelque chose qui est assez figuratif, mais qui est sur l'émotion.
14:17Elle raconte toutes des étapes de vie, elle raconte tout un petit peu quelque chose de moi.
14:22Je me suis même rendu compte qu'il y en avait qui étaient quasiment qualifiés d'autoportrait par les spectateurs extérieurs.
14:28Et finalement, c'est vrai que parfois j'arrive à me reconnaître aussi un peu dans certaines pièces, mais c'est jamais un objectif pour autant.
14:34Quand on parle de céramique, de quoi on parle exactement ? Parce que je suis sûre que plein de gens ne savent pas.
14:39Au départ, il y a un bloc de terre. Qu'est-ce qui se passe ensuite ?
14:41Alors, dans le cas particulier de mon travail, la céramique, ça va être de la terre argileuse, sur laquelle je vais procéder par modelage, puis en évident ou en grattant, en sculptant, en gravant.
14:51Ensuite, c'est un matériau qui va être cuit à très haute température.
14:57Ça nous donne un support sur lequel je peux travailler la couleur avec des terres teintées, puis des émaux.
15:03Merci beaucoup, Alban. On va se quitter au milieu de vos œuvres et on se retrouve très vite pour de nouvelles aventures du Paris des Arts.
15:10Sous-titrage Société Radio-Canada
15:24C'est parti.
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