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00:00Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans cette édition d'Actuelle consacrée au monde du travail.
00:16Les filles réussissent mieux à l'école, les jeunes femmes représentent la majorité des effectifs dans les études supérieures
00:22et pourtant le monde du travail n'est pas le reflet de ses succès.
00:25En France par exemple, seules 4 femmes sont à la tête des entreprises du CAC 40.
00:31Alors le travail ne serait-il qu'un seul des ingrédients de la réussite professionnelle ?
00:35Manque-t-il certains atouts aux femmes ?
00:37L'entreprise obéirait-elle à un ensemble de règles obscures qui les écartent volontairement ou pas d'ailleurs du sommet ?
00:45On en parle avec mes invités.
00:47Élise Bordet, bonjour.
00:48Bonjour.
00:48Vous êtes chercheuse en immunologie de formation et cofondatrice avec Cautartrejet du Club de Pouvoir,
00:56un organisme qui fait en sorte de pousser les femmes à atteindre leurs objectifs et les postes les plus hauts.
01:01Merci pour votre présence.
01:03Lucille Quillet, bonjour.
01:04Vous êtes journaliste, coach professionnel, autrice du livre entre autres Les méritantes,
01:09comment le monde du travail trahit les femmes.
01:11C'est aux éditions Les Liens qui libèrent.
01:14Merci également pour votre présence.
01:16Lucille, vous avez travaillé pendant plus d'une décennie comme journaliste justement sur la place des femmes dans le monde du travail.
01:22Vous avez listé tout ce qui pouvait les aider à progresser.
01:24Ça va du réseautage au coaching.
01:26Vous l'avez mentionné dans votre livre.
01:28Et vous dites que malgré tout, ça ne suffit pas.
01:31Non, ça ne suffit pas.
01:32Et aujourd'hui, on parle beaucoup d'égalité professionnelle en se demandant comment les femmes peuvent s'adapter au monde du travail
01:37et quels efforts elles peuvent faire et comment est-ce qu'elles vont adopter des codes et comprendre les règles du jeu.
01:42Puisque comme vous l'avez dit, les femmes sont meilleures à l'école, mais en entreprise, là par contre, ça pêche.
01:48Elles gagnent moins.
01:48Elles sont moins des postes à responsabilité.
01:50Et on décrit beaucoup le syndrome de la bonne élève et de l'impostrice.
01:54Alors qu'en fait, évidemment qu'il y a des limites et que ça peut nourrir de l'autocensure.
01:59Mais quand on y pense, le syndrome de la bonne élève, c'est avoir une haute exigence professionnelle, être rigoureuse et bien faire son travail.
02:06Et le syndrome de l'impostrice, c'est aussi une capacité à se remettre en question, à douter de soi-même.
02:10C'est juste être humble.
02:11Donc si ça, ce n'est pas des bons comportements dans le monde du travail, qu'est-ce que c'est les bons comportements dans le monde du travail ?
02:18Et qu'aujourd'hui, on a un discours assez parfois culpabilisant sur les femmes en disant, il faut se répéter des mantras et tout ne dépend que de vous.
02:25Et il faut manifester votre ambition.
02:28Oui, mais en fait, quand les femmes osent, elles se prennent des murs aussi.
02:31Et on ne leur fait pas la place.
02:33Et il ne suffit pas juste d'oser et de faire du coaching.
02:36C'est aussi la responsabilité d'un système professionnel qui est pensé par et pour les hommes.
02:43Ça veut dire, Élise Bordet, que quand on dit aux femmes qu'il faut qu'elles soient plus ambitieuses, qu'elles demandent plus de promotion,
02:48qu'elles négocient tout simplement mieux leur salaire,
02:52finalement, c'est leur retourner la responsabilité sur elles, alors que ce n'est pas forcément ça le problème ?
02:58En partie, en fait.
03:00Effectivement, c'est retourner la responsabilité sur elles.
03:04Moi, je suis totalement d'accord avec ce qui a été dit.
03:07Dire aux femmes oser comme si elles n'avaient pas eu l'idée toutes seules, merci.
03:11En général, nous, on récupère des femmes de très haut niveau qui ont déjà 15 ans de carrière.
03:14Elles ont tout fait comme il fallait.
03:16Elles ont toutes les études qu'il faut.
03:17Elles se sont battues dans des environnements qui étaient très hostiles à la place des femmes.
03:22Donc, elles ont eu l'idée d'oser.
03:23Elles n'ont pas besoin qu'on leur dise.
03:25En fait, on a besoin d'avoir des changements majeurs de la vie politique et aussi des entreprises,
03:32que les politiques aident les entreprises à changer foncièrement la manière de fonctionner et de faire de la place pour les femmes.
03:40Ça, ça ne marche pas du tout.
03:41Et le club du pouvoir, alors, comment ça marche ?
03:43En quoi ça intervient pour pousser les femmes à prendre ces postes ?
03:46Alors, nous, comme on n'avait pas la main sur le politique, on s'est dit qu'on allait aider les femmes à leur niveau.
03:54Il y a une partie des freins qui sont effectivement le fait qu'on a été éduquées d'une certaine manière
03:58et que cette manière est totalement opposée au monde du travail.
04:01On nous a éduquées en nous disant, reste à ta place, ne fais pas de bruit, fais plaisir à tout le monde.
04:06En plus, on attend des femmes.
04:07Il y a des injonctions extérieures où on attend des femmes qu'elles donnent tout sans rien demander.
04:11Donc, c'est complètement opposé au monde du travail.
04:13Dès que vous faites quelque chose, il faudrait le dire à tout le monde et puis surtout se mettre en avant.
04:17Donc, en fait, nous, notre éducation, elle n'est pas adaptée à ce monde-là.
04:21Et aussi, personne ne nous a formés à la stratégie.
04:24Personne ne nous a formés aux alliances.
04:25On a tout internalisé que nos mères se sont débrouillées à tout faire sans jamais demander d'aide.
04:29Donc, on n'ose pas demander de l'aide.
04:31On est souvent décentrés de nous-mêmes parce que trop tournés vers les autres.
04:36Plus on a la vie personnelle à gérer, les enfants et tout ça.
04:38Donc, on a un moins bon ancrage et on prend des plus forts backlashs.
04:43Ça, il faut être très clair.
04:44Quand une femme demande une augmentation, moi, j'ai très souvent eu des femmes à qui on a dit
04:48« Vraiment, on est déçus de toi. On était une famille. »
04:52J'ai déjà entendu ça aussi plusieurs fois.
04:54Et en fait, on attend des femmes qu'elles donnent tout sans jamais rien demander.
04:57Et nous-mêmes, on l'a internalisé.
04:59Donc, nous, comment ça fonctionne ?
05:00Pendant un an, c'est à la fois un club d'affaires et un club de coaching.
05:04Pendant un an, on forme les femmes surtout à la stratégie pour soi et pour l'entreprise.
05:08En fait, aligner aussi la stratégie de l'entreprise à sa stratégie personnelle.
05:12Oser avoir de l'influence.
05:13Oser travailler sa visibilité, son image.
05:16Oser dire ses ambitions.
05:18Si quelqu'un vous rit au nez quand vous dites vos rêves, c'est plutôt une bonne chose.
05:21C'est que votre rêve est assez grand.
05:23Et c'est vraiment être incarné ce qu'on a envie de devenir.
05:26Et tant pis, ça va déplaire.
05:29Apprendre à déplaire.
05:30On dit tout le temps à nos clients qu'il faut apprendre à déplaire.
05:32De toute façon, vous faites A, ils aimeriez que vous fassiez B.
05:35Vous faites B, ils aimeriez que vous fassiez A.
05:37Et ils s'imaginent que peut-être C existe.
05:39Donc, en fait, dans la vraie vie, faites ce que vous avez envie.
05:42Les gens vont s'habituer.
05:43Oui, c'est le beurre, l'argent du beurre, le sourire de la cramière.
05:47Voilà.
05:48Mais il n'y a pas que ça.
05:48Parce qu'il y a beaucoup plus aussi dans le monde de l'entreprise et du réseautage.
05:52Par exemple, LinkedIn, le réseau social de mise en relation professionnelle,
05:55est au cœur d'une expérience menée par des femmes.
05:58Certaines utilisatrices ont modifié leur profil en se faisant passer pour des hommes.
06:02Et elles ont vu leur taux d'engagement exploser.
06:05La plateforme nie pourtant utiliser des algorithmes qui favorisent les profils masculins.
06:10Alors, Charlotte Lam et Nina Masson ont enquêté.
06:13Elles nous en disent plus.
06:14Sur le plus grand réseau professionnel en ligne au monde, un phénomène qui prend de l'ampleur.
06:23De plus en plus de femmes se livrent à une expérience simple en apparence.
06:26Modifier leur genre, leurs pronoms et même tout leur profil avec un langage jugé plus masculin.
06:34Pour certaines, le résultat est sans appel.
06:37Elles obtiennent plus de visibilité et un engagement qui explose.
06:41C'est le cas d'Alix Villemez, autrice et militante pour le climat.
06:47J'ai changé mon genre et j'ai posté.
06:54Le lendemain, mes vues ont augmenté de 724%.
06:58J'ai été un peu choquée.
07:02L'expérience a été lancée avec l'entrepreneur Cindy Gallop.
07:05On ne testait pas le genre en tant que tel, mais la visibilité pour voir qui peut dire quoi.
07:11Avec deux collègues masculins, on a publié un contenu identique en utilisant plusieurs mots qui seraient soi-disant bannis.
07:18Les femmes ont touché entre 0,6 et 8% de leurs abonnés.
07:23Les hommes, eux, ont atteint 51 et 143% d'engagement.
07:27Ça ne me ressemblait pas.
07:31Megan Cornish a été la première à se prêter au jeu.
07:34Cet employé du secteur de la tech a demandé à une intelligence artificielle de réécrire son profil dans un style perçu comme masculin.
07:41Elle a ensuite raconté son expérience.
07:43J'ai recyclé d'anciennes publications qui n'avaient pas très bien marché.
07:47Et je les ai modifiées dans ce style.
07:49Et chaque jour, je voyais leur portée augmenter.
07:51J'étais censée faire cette expérience pendant un mois, mais dès la fin de la semaine, je me suis dit « je suis trop en colère, il faut que je partage ça ».
07:57Et les témoignages se multiplient.
08:01Cet utilisateur a même vu son engagement s'effondrer en passant son nom de Daniel à Daniela.
08:07LinkedIn a assuré à France 24 ne pas utiliser le genre dans son algorithme.
08:12Mais pour certains experts, il s'agirait non pas d'une discrimination explicite, mais de mécanismes bien plus subtils.
08:22L'algorithme ne dit pas « réduit l'engagement des contenus féminins ».
08:27Il réagit plutôt à des sujets, un ton ou des carrières.
08:35Les initiateurs de l'expérience ont lancé une campagne pour réclamer à LinkedIn plus de transparence,
08:41avec un espoir que les femmes n'aient plus à changer leur voix pour être entendues.
08:46Le site qu'il y a, ça vous surprend ? Ça vous agace ?
08:50C'est révoltant.
08:52Et malheureusement, ce n'est pas surprenant.
08:53Parce qu'en fait, on voit qu'on a beau apprendre les codes, oser faire son autopromotion, se lever et dire ce qu'on veut,
09:01ça ne suffit pas.
09:02Parce qu'il y a une forme de mépris généralisé du féminin dans le monde du travail.
09:07Donc, pour des comportements similaires, que ce soit fait par une femme ou par un homme,
09:12vous n'allez pas forcément obtenir gain de compte si vous êtes une femme.
09:15Les réactions sont différentes.
09:17Une femme qui demande une augmentation, elle a moins de chances de l'obtenir qu'un homme.
09:20Une femme qui a un poste de responsabilité, son autorité va être beaucoup moins respectée
09:24et sa légitimité va être interrogée tout le temps.
09:27Quand on voit des femmes à des postes à responsabilité ou dans les comex ou les codires,
09:31on dit que c'est une femme quota, elle est là pour remplir un trou bout.
09:34Comme si elle n'était pas vraiment compétente.
09:36C'est vraiment questionné.
09:37Et après, ce mépris plus généralisé du féminin, ça va bien au-delà des doubles standards.
09:43Ça va aussi sur une forme de mépris, de sous-valorisation et de sous-rémunération
09:47des métiers majoritairement occupés par les femmes.
09:50Tout ce qu'on appelle les fonctions support.
09:53RH, communication, marketing, juridique, compétence,
09:57quanta dans les entreprises sont des secteurs où il y a majoritairement des femmes.
10:01Les métiers majoritairement féminins, du care et du soin, sont sous-valorisés,
10:08sont jugés peu productifs, alors que ça produit quand même une grande valeur pour la société.
10:12Et surtout, leur pénibilité est sous-estimée.
10:15Donc on voit qu'il y a un angle mort sur le genre dans le monde du travail
10:19et qu'en fait, quoi qu'on fasse, il y a une forme de mépris généralisé du féminin.
10:23Élise Bordet, à quel point vous diriez que cet angle mort sur le genre,
10:26il est lié notamment à la maternité, au fait qu'on se demande si une femme va tomber enceinte,
10:30si ce n'est pas elle qui va prendre les arrêts enfants malades, etc.
10:33Et donc, elle ne sera pas là et qu'elle ne peut donc pas être dans des postes de direction.
10:36Il y a un nombre de femmes qui se font mettre au placard, il faut le savoir.
10:40Moi, ma médecin généraliste, quand j'ai fondé le Club du Pouvoir,
10:43m'a dit « je vais vous envoyer toutes celles qui arrivent complètement détruites
10:46parce qu'elles sont retournées au travail et on leur a dit,
10:49elles ont des bacs plus 5, on leur a dit en bas à la compta,
10:52ils ont besoin de quelqu'un pour faire les photocopies. »
10:55Et c'était des femmes qui étaient au COMEX.
10:56Moi, je m'occupe de femmes qui sont au COMEX.
10:59Et ce que vous disiez tout à l'heure, c'est très clair.
11:01Moi, j'appelle ça les fonctions vues comme non régaliennes,
11:04c'est-à-dire les fonctions RH, RSE, juridiques.
11:07Tout ça, c'est des femmes.
11:08Et c'est super parce que comme on a un nombre de femmes à atteindre dans les COMEX,
11:12on leur donne les rôles qui ne permettent pas d'atteindre les derniers niveaux de pouvoir.
11:16Parce qu'il faut être dans le business pour atteindre les derniers niveaux de pouvoir.
11:19Oui, parce qu'aujourd'hui, il y a 14 des entreprises du CAC 40
11:23dans lesquelles aucune femme n'occupe actuellement de postes stratégiques générateurs de chiffre d'affaires.
11:29Tout à fait.
11:29En fait, le dernier tabou, c'est les femmes et le pouvoir.
11:33Ça, c'est un tabou ultime.
11:34Une femme qui dirige, qui prend les décisions stratégiques.
11:38Moi, j'étais directrice stratégie.
11:40Que ce soit une femme qui dirige et qui prenne des directions stratégiques,
11:44mais ça, c'est toucher au Graal.
11:46Ce n'est pas à elle de diriger normalement dans l'inconscient collectif.
11:49Parce que c'est une chose de siéger dans un COMEX et c'en est une autre d'être écoutée.
11:53C'en est vraiment une autre que votre parole pèse.
11:55Et vraiment, le fait d'être mère, moi, j'appelle ça le syndrome de la mère.
11:59C'est quand on devient mère, on est vu comme c'est bon, elle est finie.
12:02Et après, il y a aussi le côté mes mères.
12:06C'est-à-dire, vous avez 50 ans.
12:07Je suis désolée.
12:08Vous avez 50 ans.
12:09Là, on vous met sur le côté et on dit non, non, mais elle, elle est finie.
12:13Elle ne peut plus gérer le business.
12:14Elle est trop, elle est old school, elle est machin.
12:16On aime bien les jeunettes qui donnent tout et qui n'ont pas encore très bien compris le système
12:20et qui vont tout donner, faire 16 heures par jour, être là le week-end et tout.
12:24Ça, on n'a aucun problème.
12:25J'ai une femme un jour qui m'a raconté, elle avait 28 ans, elle me disait, je ne mets
12:30pas mon alliance au travail, sinon les partenaires font la tête.
12:34Je ne mets pas mon alliance.
12:36Donc, en fait, on ne veut pas des femmes qui dirigent, qui gèrent leur vie à côté.
12:41On ne veut pas de ça.
12:42C'est le dernier tabou, c'est les femmes et le pouvoir.
12:44Mais en fait, il n'y a jamais de bon âge pour les femmes au travail.
12:47C'est-à-dire que quand on est trop jeune, on va faire des enfants.
12:49Quand on a 30 ans, on va sans doute vraiment faire des enfants.
12:52Quand on vient d'avoir des enfants, ce n'est pas le bon moment et passer 45 ans, on est
12:55vu comme fatigué alors que l'âge pour un homme, c'est comme le bon vin.
13:00Vous êtes plus expert, vous avez plus de recul, plus de perspective.
13:05Alors qu'une femme qui va gagner de l'âge, on va dire, bon, elle est fatiguée, il faut
13:09qu'elle passe la main.
13:10Ce qui est quand même assez hypocrite parce qu'on n'a aucun mal à attendre des femmes
13:16seniors qu'elles gardent leurs petits-enfants.
13:18C'est quand même 23 millions d'heures de garde d'enfants gratuites effectuées par
13:23les grands-mères par semaine.
13:25Donc le monde du travail repose sur les femmes qui l'excluent aussi parce qu'on n'aurait
13:31pas autant de disponibilité.
13:34C'est ça aussi lié à la maternité.
13:36Qu'est-ce qui bloque ?
13:37C'est qu'en fait, c'est quoi les bons syndromes pour réussir ?
13:39Si être bon élève et être un postrice, c'est des mauvais syndromes.
13:42Moi, j'appelle le syndrome du piqué.
13:43Il faut être disponible.
13:44Il faut être très présent.
13:45Il faut faire des gros horaires.
13:46Il faut aller à l'after work, au séminaire, après, et répondre à toute heure de la
13:49journée et tout.
13:50Ça, quand on est mère, on n'a plus cette disponibilité parce qu'on a 72% des tâches
13:54parentales et domestiques sur les épaules.
13:57Ensuite, il faut ce que j'appelle le syndrome du champion, faire son autopromotion.
14:01Donc, avoir encore une fois du temps et de la disponibilité pour avoir le temps de
14:05faire des posts sur LinkedIn qui, visiblement, auront de toute façon moins de succès.
14:09Voilà, donc du temps et aussi de la confiance en soi.
14:13Il faut monter le courant.
14:13Voilà.
14:14Et de la confiance en soi et l'énergie.
14:16Et surtout, se dire, je vais me mettre en avant, je vais négocier mon salaire, je vais
14:20dire combien je mérite.
14:22Et ça, c'est plus compliqué pour les femmes parce que, comme vous le disiez précédemment,
14:26nous, on a été éduqués à attendre que ce soit les autres qui déterminent notre
14:30valeur et à attendre sagement.
14:32Donc, c'est beaucoup plus compliqué, ça, pour nous.
14:34Puis après, il y a aussi, moi, ce que j'appelle le syndrome du courtisan, c'est de plaire
14:37à son chef et de faire partie du petit club de pouvoir, de l'entre-soi.
14:42Et ça, c'est tout l'effet boys club.
14:43Et en fait, ces syndromes-là se nourrissent et se renforcent entre eux.
14:47C'est-à-dire qu'il faut avoir de l'assurance, il faut faire partie du club, il faut être
14:49très disponible.
14:50Et quand vous êtes une femme, déjà, c'est plus compliqué.
14:52Alors, une femme avec un enfant, et si en plus, tout le monde est a priori au courant,
14:57là, vous portez en fait un stigmate sur le front.
15:00Et ce qui est injuste, c'est que les femmes passent leur temps au travail à essayer
15:03de gommer ce stigmate et à surtout ne pas rappeler qu'elles sont différentes.
15:07Donc, on ne parle pas de la conciliation vie privée-vie pro, on ne parle pas de ses
15:11problèmes personnels, on ne montre pas blanche, on ne répond pas à toutes les réflexions
15:15sexistes et tout.
15:16Il faut être dans le contrôle de soi, dans la maîtrise de soi, sourire.
15:21Et en fait, moi, je trouve que ça dit quelque chose d'assez important, c'est qu'on a l'impression
15:26que ça ne fait pas longtemps que les femmes travaillent.
15:28Donc, en fait, on a toujours travaillé et que la vraie inégalité depuis des centaines
15:32d'années, c'est qu'on a toujours été invisibilisés et sous-payés.
15:36Mais parce qu'on est dans cette idée que les femmes débutent dans le monde du travail,
15:40on leur dit, prends ton carton d'invitation, dis merci, mais ne viens pas critiquer le
15:44buffet et la musique.
15:45Donc, tu es invitée à la fête.
15:47En Afghanistan, les femmes, elles n'ont pas le droit de machin.
15:50Donc, ça, c'est l'argument qu'on nous ressort à chaque fois.
15:52Donc, viens à la fête, mais ne critique pas derrière et ne viens pas réinterroger
15:56les règles du jeu.
15:57Et ça dit combien on a assimilé que le modèle de référence pour la bonne marge du travail,
16:02c'est un modèle masculin neutre.
16:05On doit être très disponible.
16:06On n'a pas de charge domestique et parentale à la maison.
16:09Et encore, on parle de l'enfance, mais il y a aussi l'aidance.
16:12La majorité des aidants sont des femmes.
16:14Et en fait, tout le reste de nos vies, là où ça bloque.
16:17Et donc, les femmes prennent constamment sur elles pour masquer la réalité de leur
16:21vécu.
16:22Je voudrais quand même qu'on finisse sur une note positive.
16:24Oui !
16:25Il y en a plein !
16:26Il y en a simplement plein et des solutions.
16:28Qu'est-ce que vous proposez l'une et l'autre ?
16:30Vous avez 15 secondes chacune.
16:33Alors, l'égat conditionnalité.
16:35Accorder des aides et financements publics et l'ouverture des marchés publics aux
16:39entreprises qui respectent la législation contre les discriminations hommes-femmes au travail.
16:44Plus de transparence des salaires, plus de flexibilité au travail.
16:47On a je ne sais pas combien d'études qui montrent que plus d'une meilleure conciliation,
16:51plus de diversité, plus d'égalité, c'est plus de performance.
16:53Donc, l'argument de la viabilité économique, voilà, on l'a.
16:58Ça va marcher.
17:00Plus de mode de garde d'enfants, un congé paternité allongé, revaloriser les métiers
17:06majoritaires en féminin, donc reviser les grilles de classification de façon non sexiste.
17:11Il y en aurait plein d'autres, mais je vais m'arrêter là.
17:12– Élise Bordet, vos solutions en 15 secondes.
17:14– Je suis d'accord.
17:15Je pense qu'il faut absolument que le politique arrête de faire semblant.
17:19Et les femmes n'en peuvent plus du double discours de « on veut des femmes au top ».
17:23Et puis dans la réalité, elles voient bien que ce n'est pas possible.
17:25Donc les politiques et les entreprises doivent vraiment s'impliquer.
17:28Et le politique doit mettre des amendes.
17:30Moi, je suis un peu moins sympa que vous.
17:31Le politique doit mettre des amendes pour les entreprises.
17:34Parce que ne me faites pas croire que Bercy n'est pas capable de contrôler qui paye de manière…
17:38Même nous, en tant que manager, on le voit.
17:40Donc non.
17:40Mettre des amendes à ceux qui ne respectent pas la loi, les sept lois sur l'égalité homme-femme.
17:44Ensuite, donner aux femmes toute la capacité à travailler à même niveau, si elles en ont envie.
17:50C'est-à-dire tout l'à-côté, c'est-à-dire les danses, qu'il y ait une meilleure capacité à faire ça.
17:56Les crèches, tout ça, il faut que ça soit correct.
17:58Et dans l'entreprise, donner vraiment aux femmes toutes les clés pour qu'elles réussissent.
18:03C'est nous ce qu'on a, c'est l'angle.
18:05On ne peut pas tous attaquer tous les angles, mais nous, c'est l'angle qu'on a choisi.
18:08C'est de dire, vous les femmes, on va vous donner toute la manière d'analyser stratégiquement votre environnement.
18:14Et on va surtout vous montrer que vous avez le droit d'être stratège.
18:18Vous avez le droit.
18:19Ils sont stratèges.
18:20Comme vous parliez du Balls Club, ils ont internalisé une vision du monde où ils se font des passes comme au foot.
18:26Et nous, on nous a internalisé une vision du monde où on est seul à se battre contre tout.
18:31On va dire sororité, mais aussi ambition.
18:34Et ça n'est pas un gros mot.
18:35Merci en tout cas à toutes les deux.
18:37Élise Bordet avec le Club de Pouvoir.
18:40Lucille Quillet avec les méritantes aux éditions Les Liens qui Libèrent.
18:43Et merci à vous de nous avoir suivis.
18:45Je vous dis à très bientôt sur France 24.
18:47Sous-titrage Société Radio-Canada
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