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00:00Générique
00:01...
00:02Avec plus de 35 millions d'exemplaires vendus chaque année,
00:24le manga est devenu un incontournable de nos librairies ici en France.
00:30Un univers à part avec ses codes, ses genres, ses héros, de Luffy à Naruto en passant par Sengoku.
00:36Aujourd'hui, on explore cette culture et sa version française avec Camille Broutin, autrice de Yon,
00:42et avec l'expo Manga, tout un art, à voir en ce moment au musée guillemets à Paris.
00:48Bienvenue à tous dans ce nouveau numéro 2 à l'affiche.
00:50Et bonjour donc Camille Broutin.
00:52Bonjour.
00:53J'ai rappelé ce chiffre de 35 millions d'exemplaires pour montrer un peu l'ampleur du phénomène,
00:59même si le secteur du manga connaît une petite baisse en 2025, mais le succès est assez incroyable.
01:05À votre avis, qu'est-ce qui fait qu'on aime tant les mangas ici en France ?
01:09Qu'est-ce que vous, peut-être, vous aimez tant dans le manga ?
01:11Je me pose beaucoup la question, moi aussi.
01:14C'est difficile de mettre les doigts dessus exactement.
01:16Mais personnellement, il y a une émotivité dans le manga que j'ai du mal à retrouver ailleurs.
01:21Pour moi, c'est ça.
01:23L'émotion qu'on sent à travers ces dessins.
01:26Vous êtes l'autrice du manga Yon.
01:29Les deux premiers tomes sont parus chez Dargo.
01:33Les voici.
01:34Le troisième doit sortir en mars 2026.
01:38Il y en aura quatre en tout.
01:40C'est l'histoire de Margot.
01:42Elle est élève dans un pensionnat pour filles.
01:45Et elle est plutôt solitaire jusqu'à ce qu'un phénomène paranormal vienne perturber la vie de l'école.
01:52Alors, vous ne pouvez pas tout nous révéler.
01:54Mais Camille, dites-nous un peu quel est ce phénomène et peut-être d'où vient cette histoire que vous nous racontez ?
02:01Cette histoire vient d'un jour où je me promenais près d'une école abandonnée
02:06et que j'ai imaginé des petites billes tombées du ciel.
02:10Voilà, donc ce phénomène, c'est ça.
02:11Ce sont des petites billes qui tombent du ciel et qui peuvent dévorer tout ce qui les entoure.
02:16C'est ça, oui.
02:17Donc, il y a une raison au phénomène et toute une réflexion derrière que je ne vais peut-être pas expliquer tout de suite.
02:25Donc, vous êtes inspirée aussi de votre propre parcours.
02:29Il y a de vous dans ces héroïnes qu'on découvre ?
02:33Oui, les héroïnes sont des parties de ma personnalité, chacune d'elles,
02:38que j'ai un peu étoffées pour en faire des personnages à part entière.
02:41Et puis, alors, on va s'arrêter sur ce titre.
02:44C'est vrai que spontanément, je ne sais pas pourquoi je pensais à un mot japonais,
02:48mais en fait, Yon veut dire un, c'est ça, en créole haïtien.
02:52Il y a un mélange des cultures, là.
02:54Oui, c'est ça.
02:54Alors, maman est haïtienne, donc j'ai voulu l'inclure.
02:58Et je voulais aussi que ça sonne un petit peu japonais, faire un mélange comme ça.
03:03Et puis, c'est un petit peu, enfin, oui, c'est le thème de l'histoire, finalement.
03:09Et j'ai voulu le mettre dans le titre, il ne faut pas l'oublier.
03:12Pourquoi le thème de l'histoire ? Le mot un, vous voulez dire ?
03:14Oui, c'est l'unité qui relie un petit peu toute l'histoire.
03:20Ça me permet de garder le cap.
03:23Dans votre histoire, il y a du harcèlement scolaire, il y a le confinement.
03:28Moi, ça m'a un peu replongée pendant cette pandémie de Covid-19 où on était enfermés,
03:34puisqu'elles doivent se retrancher dans l'école pour échapper à ces petites billes qui pourraient les dévorer.
03:41Il y a la peur de l'autre, la peur de la différence, de l'inconnu.
03:46Qu'est-ce que vous avez eu envie de raconter avec ce manga ?
03:49Tout ça, ce sont des répercussions du thème.
03:53de l'unité, de la connexion et de la déconnexion par rapport à soi-même et par rapport aux autres.
04:00Et finalement, le harcèlement scolaire, tout ça, ça découle de ces thèmes.
04:09Et de l'isolement qu'on ressent très fort dans Yone.
04:14On regarde tout de suite ce que ça donne en images.
04:23Camille Broutin, vous venez du monde de l'animation.
04:50Vous avez fait la prestigieuse école des Gobelins ici à Paris.
04:53Vous avez un diplôme de conceptrice et réalisatrice de films d'animation.
04:57Puis vous avez publié la BD Filunique illustrant le texte du duo de scénaristes Béka.
05:03Finalement, pourquoi est-ce que vous avez choisi de vous tourner vers le manga ?
05:07C'est surtout par nostalgie et par sentimentalité.
05:13Je voulais revenir à ce qui m'avait donné envie de dessiner quand j'étais petite.
05:16Avant les écoles d'art, avant les notes.
05:21Donc vous étiez une grande lectrice de manga et c'est ça qui vous a donné envie de devenir dessinatrice ?
05:25C'est ça, oui, exactement.
05:26En tout cas, certains, eux, vous, c'était dans les mangas.
05:30Mais quand vous étiez petite, d'autres, justement, veulent remonter aux origines du genre pour trouver l'inspiration.
05:38Le musée Guimet à Paris consacre ses trois étages à l'art du manga.
05:42Une exposition qui revient donc sur cette histoire assez méconnue
05:45et met en regard les œuvres de l'art japonais et le manga contemporain.
05:50Regardez ce reportage signé Yongchim.
05:53Luffy de One Piece, Astro Boy, ces héros emblématiques ont conquis la planète.
05:59Aujourd'hui, le musée Guimet leur rend hommage dans une exposition qui remonte aux origines du manga
06:05et de leurs figures emblématiques, comme le héros de Dragon Ball.
06:09Son Goku, le roi singe, en fait, c'est un classique chinois qui a été importé au Japon
06:16et qui est devenu un héros à part entière de la culture japonaise
06:20et qu'on retrouve dans les mangas, dans les bandes dessinées d'Akira Toriyama.
06:26Ce qui est intéressant, c'est que les Japonais ne considèrent pas les mangas comme un art.
06:31Pour eux, c'est septième, huitième art et neuvième art additionnés.
06:35Ici, l'histoire de la bande dessinée japonaise se révèle.
06:39L'exposition provient aux toutes premières images narratives.
06:42Déjà depuis plusieurs siècles, on raconte des histoires avec du texte et des images.
06:48Par exemple, ici, dans cette exposition, on présente des rouleaux dans lesquels il y a des dialogues dans l'image.
06:55Donc ça, c'est quelque chose qui rapproche les mangas, mais ce ne sont pas des bulles,
06:59ce sont juste des textes, des paroles qui sont calligraphiées directement au-dessus des personnages.
07:04Ces rouleaux illustrés, appelés Emaki, étaient le mode de narration principal dans le Japon ancien.
07:10Celui-ci, l'histoire de Kengaku, date de 1802.
07:14Des images qui semblent déjà annoncées le manga moderne pour le jeune mangaka français Victor Dermont.
07:20Je trouve ça super impressionnant, surtout le travail du trait.
07:24En fait, la ligne est tout le temps présent, j'ai l'impression, depuis toujours apparemment.
07:28C'est devenu un style esthétique qui est déjà grave dans la pop culture.
07:32Donc là, je vois que c'est vieux parce que le papier, il est bien jaune, mais le travail du mouvement et tout, je trouve ça dingue.
07:40Les yeux, ils se laissent guider tout seuls sur l'histoire.
07:43L'impression à grande échelle sur du papier recyclé a permis au manga de gagner en popularité.
07:50Le style graphique ne cesse d'évoluer et d'influencer des générations entières au-delà même des frontières du Japon.
07:57Un langage et des codes que les jeunes dessinateurs se réapproprient.
08:00Dans Diamond Little Boy, Victor Dermont a appliqué tout ce qu'il a appris au Japon en tant qu'assistant mangaka pour dessiner sa vie.
08:07Moi, je suis un mec de quartier qui dessine des mangas, qui raconte une histoire qui se passe dans un quartier en France, pas une histoire qui se passe au Japon.
08:17Ici, c'était de pouvoir faire un truc très, très, très français, mais sous le format le plus manga possible, c'est-à-dire en respectant les règles, les tailles de bulles.
08:26Au musée Guimet, ces héros de papier rappellent qu'ils ne sont pas seulement des images, mais une culture vivante en perpétuelle réinvention.
08:34Voilà, l'exposition « Manga, tout un art », c'est à voir jusqu'au 9 mars prochain au musée Guimet, ici à Paris.
08:44Camille, comme Victor Dermont, le mangaka qu'on entend dans le reportage, je crois que vous avez fait, vous aussi, un stage dans un studio d'animation à Tokyo.
08:54Oui, c'est ça.
08:54Qu'est-ce que ça vous a apporté ? Qu'est-ce que vous en avez retenu ?
08:58La façon de travailler, surtout, je pense. La dévotion au travail. Si le travail n'est pas fini à 3h du matin, de rester jusqu'à ce que ce soit fini. Donc, c'est quelque chose qui m'a plu.
09:11Oui, qui vous a impressionné aussi dans l'investissement de ces mangakas. D'ailleurs, ça vous prend combien de temps, par exemple ? Je sais que vous êtes en train de finir le troisième tome de Yon.
09:24Ça prend combien de temps de faire un manga comme celui-ci ?
09:28Ça dépend de beaucoup de choses. Ça dépend du temps qu'on a envie de passer sur les planches, du niveau de finition, du temps qu'on y passe par journée aussi.
09:38Donc, ça peut beaucoup varier. Puis aussi, quand on n'a plus beaucoup de temps, on commence à aller un petit peu plus vite.
09:45Mais je dirais pour un tome, confortablement, 6 mois, à peu près.
09:51Et vous écrivez d'abord l'histoire, puis les dessins. C'est les dessins qui guident votre récit ?
09:57Les dessins guidaient le récit avant qu'il soit écrit. Mais une fois que la grande partie de l'histoire est écrite, c'est plutôt l'écriture qui guide le dessin, pour moi.
10:09Et puis, alors, c'est un autre chiffre assez impressionnant à donner.
10:14C'est que la France est le deuxième pays le plus consommateur de mangas après le Japon, évidemment.
10:21Et il y a même ce terme qu'on dit « manfra », c'est-à-dire ces ouvrages d'auteurs et d'autrices français qui reprennent les codes graphiques du manga japonais,
10:33mais pour raconter des récits bien ancrés dans l'univers français. C'est ce que Victor Dermot racontait.
10:41Alors vous, Yon, ça pourrait se situer à plein d'endroits.
10:45Mais est-ce que finalement, vous vous nourrissez aussi de votre culture française, et peut-être du coup un peu haïtienne, pour réinventer le manga ?
10:54C'est une bonne question. Je pense que comme je l'ai basé sur des endroits où j'ai été, à l'école, il y a forcément la culture française qui en ressort.
11:05Les uniformes aussi, j'ai essayé de me baser sur des uniformes français. Après, je n'ai pas beaucoup réfléchi en termes d'influence culturelle dans l'histoire,
11:19mis à part forcément le graphisme.
11:21Il y a dû avoir un mélange un peu de tout.
11:24Merci en tout cas, Camille, d'être revenue sur le plateau de À l'Affiche.
11:28Yon, tome 1 et 2, est déjà disponible dans la collection Combo chez Dargo.
11:33Et puis le troisième tome est à venir pour mars 2026.
11:38Merci à vous de nous avoir suivis. N'oubliez pas de nous retrouver sur France24.com, ainsi que sur tous nos réseaux sociaux.
11:42On va se quitter avec la ressortie d'un classique du manga japonais,
11:47« Gen aux pieds nus » de Keiji Nakazawa, publié au Japon entre 1973 et 1985.
11:54C'est le tout premier manga à affronter la tragédie d'Hiroshima.
11:58Une dizaine de planches originales de ce manga sont d'ailleurs à admirer en ce moment au musée Guimet.
12:03Je vous laisse découvrir et vous dis à très vite.
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