- il y a 23 heures
Il est la seule personnalité de gauche capable de devancer Jean-Luc Mélenchon face au RN d'après les derniers sondages sur la Présidentielle de 2027. Raphaël Glucksmann, député européen et coprésident de Place publique, est l'invité de RTL Matin.
Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Thomas Sotto du 05 décembre 2025.
Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Thomas Sotto du 05 décembre 2025.
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00:00Il est 7h42.
00:01Thomas Soto, RTL Matin.
00:04Il est député européen et co-président de place publique Raphaël Glucksmann,
00:06et donc l'invité d'RTL Matin. Bonjour et bienvenue sur RTL.
00:09Bonjour Thomas Soto.
00:10La vie politique est décidément bien cruelle.
00:11Il y a quelques jours encore, vous étiez la star montante de la gauche anti-Mélenchon.
00:15Un débat raté sur LCI plus tard, vous faites la une de l'hebdomadaire Marianne avec ce titre
00:19« Faut-il débrancher Glucksmann ? »
00:21Qu'est-ce que vous avez dit quand vous avez découvert cette une ?
00:25Je me suis dit que vraiment tout ça n'était pas au niveau
00:28et je me suis aussi dit que personne ne débranchera Glucksmann,
00:32personne ne me débranchera de la lutte que j'ai lancée,
00:36une lutte qui vise à éviter que la France bascule dans le camp d'Orban, de Poutine, de Trump
00:43en élisant un président du Rassemblement National, une lutte contre l'extrême droite.
00:46Vous savez, il y en a beaucoup, alors chez mes adversaires politiques,
00:49mais aussi certainement dans ma famille politique,
00:52qui passent leur temps à taper sur moi.
00:55Moi je passe mon temps à lutter contre l'extrême droite et je ne me trompe pas.
00:58Mais personne ne me débranchera de cette quête d'une France qui renoue avec sa grandeur,
01:07qui renoue avec son esprit de liberté et de conquête,
01:09qui fait face à ses responsabilités historiques et qui retrouve un destin.
01:13On est dans un moment de bascule et il faut que chacun soit à la hauteur de ce moment.
01:20Et moi je ne me débrancherai pas, personne ne me débranchera.
01:23Vous ne cochez pas les codes habituels de la politique, Raphaël Luceman,
01:26c'est peut-être ça ce qui dérange, à force d'être obstinément différent.
01:30On s'interroge, et aussi vos amis politiques, sur votre motivation profonde.
01:33Est-ce que vous avez envie d'exercer le pouvoir ou simplement de peser sur les débats ?
01:39Moi ce que je veux, c'est que la France renoue avec sa grandeur et je ne m'épargnerai à rien.
01:45Comme ça il y a plein de gens qui veulent que la France renoue avec sa grandeur et qui ne seront pas candidats à la présidentielle.
01:48Vous savez, on ne sait pas encore qui sera candidat à la présidentielle.
01:54Mais ce qui est certain, c'est que nous n'avons pas le droit de rater le rendez-vous avec 2027.
01:58Moi ce que je veux, c'est que mon espace politique, la social-démocratie et l'écologie,
02:02soient la digue qui empêche la bascule.
02:04Parce qu'on n'a pas le droit de basculer aujourd'hui, pas en ce moment, pas alors qu'il y a la guerre en Europe.
02:10De basculer vers le camp de Trump et de Poutine, c'est ça qui nous pend au nez.
02:14Et vous savez, moi je ne me résoudrai jamais à ce que la France fasse cela.
02:17Parce que nous sommes une nation qui a un destin immense.
02:21Et ce destin, c'est de défendre la liberté, c'est d'être une voix à part dans la scène mondiale.
02:27Et cela, nous ne pouvons pas le perdre.
02:28Pour être entendu par les Français, il faut aller les voir, il faut aller les toucher,
02:31il faut aller tâter le cul des vaches, comme disait Jacques Chirac.
02:34Vous aimez ça, aller au contact ?
02:35Mais moi, je passe aujourd'hui mon temps à faire cela.
02:38Et vous savez, ce qui me choque, ce qui me perturbe, ce qui m'ébranle,
02:43et ce qui m'obsède, ce n'est pas les phrases des uns et des autres dans la presse,
02:47le plus souvent d'ailleurs de manière anonyme et en off.
02:50Moi, ce qui m'ébranle, c'est quand un policier dans les Yvelines
02:53me dit qu'il a interdit à ses enfants de dire qu'il était policier à l'école
02:58pour éviter qu'ils subissent des brimades.
03:00C'est quand un agriculteur en Ardèche me confie
03:03qu'il a fait jurer à son enfant
03:05de ne pas reprendre l'exploitation familiale
03:08pour ne pas vivre sa vie de fatigue et de misère.
03:11Moi, c'est ça qui me choque. C'est l'état de notre école.
03:14C'est l'état de notre hôpital.
03:16C'est le fait qu'on ait un immense déclassement.
03:19Mais, vous savez, notre pays est une série de cocottes minutes aujourd'hui.
03:24Toutes prêtes à imploser.
03:26Et il y a la nécessité de prendre la mesure de cela.
03:30Et c'est ça qui m'habite, moi.
03:31C'est ce que me racontent les Françaises et les Français
03:33sur l'état de leur pays,
03:35sur leur tristesse aussi face à ce qui est devenu la France.
03:38Et rien, rien ne compte plus que cela, à mes yeux.
03:42Bon, mais pour tout ça, il faudra être élu,
03:44que ce soit vous, quelqu'un d'autre, de votre famille ou d'une autre famille,
03:46en 2027.
03:47On va être très concret, très précis.
03:48Est-ce que vous êtes prêt, le cas échéant,
03:49à participer à une primaire de la gauche non-mélenchoniste ?
03:52C'est-à-dire, en gros, des écologistes socialistes.
03:54Oui ou non ?
03:54Non.
03:55Ça, c'est non.
03:55Fermement, définitivement.
03:56Mais c'est non, définitivement.
03:57Je l'ai dit 50 000 fois.
03:59Déjà, pour une raison simple,
04:00c'est que le périmètre de cette primaire n'est pas du tout clair.
04:03Quand vous consultez les gens qui sont pour,
04:05ils vous expliquent que, oui, pourquoi pas Jean-Luc Mélenchon ?
04:07Moi, je vous le dis très simplement.
04:08Je ne suis pas un menteur.
04:09Je ne suis pas un politique comme les autres.
04:10Je ne signe pas un bout de papier pour ensuite trahir.
04:12Donc, si vous acceptez que Jean-Luc Mélenchon participe à une primaire,
04:15ça veut dire que vous acceptez que vous pouvez vous ranger derrière.
04:16Vous n'avez pas eu une primaire sans Mélenchon.
04:17Et derrière, ensuite, ce qu'il faut,
04:20ce n'est pas que la gauche démocrate, sans Jean-Luc Mélenchon,
04:23se parle à elle-même constamment.
04:25C'est ça qu'elle fait tout le temps.
04:27Et donc quoi ?
04:27Vous n'êtes ni de gauche ni de droite ?
04:30C'est le nouveau Macron, Glucksmann ?
04:32Moi, je vous parle depuis la gauche, mais je vais vous dire.
04:34Jordan Bardella, donc à l'automne,
04:36Jordan Bardella fera campagne et parlera aux Français.
04:38Jean-Luc Mélenchon fera campagne et parlera aux Français.
04:40Et nous, qu'est-ce qu'on fera ?
04:41S'il y a cette primaire, on se parlera entre nous.
04:43Ce n'est pas la bonne solution.
04:45Moi, ce que je veux, c'est que nous soyons,
04:48non pas premiers à gauche,
04:50mais que nous soyons au second tour
04:52pour lutter contre l'extrême droite
04:54et que nous puissions exercer les responsabilités,
04:57gagner les élections et prendre le pouvoir.
04:59Prendre le pouvoir pour redresser la France
05:00et changer la vie des Français.
05:01C'est ça qui compte.
05:02Pour les municipales, c'est dans 100 jours,
05:04comme nous le rappellent ce matin,
05:05la montagne ou encore le télégramme.
05:06Faudra-t-il un front républicain ?
05:09Oui ou non ?
05:09Face au RN ?
05:10Oui.
05:10Quand il y aura un deuxième tour face au RN,
05:12oui, il faudra un front républicain.
05:13C'est quoi les frontières de votre front républicain ?
05:15C'est RN et LFI ou c'est strictement RN ?
05:18La menace, c'est la prise du pouvoir par l'extrême droite.
05:20Moi, j'ai toujours été extrêmement clair
05:22depuis deux ans, je le répète, tous les jours.
05:25Il n'y aura pas d'accord avec la France insoumise.
05:29Les filles, vous voterez LFI ?
05:30Déjà, il n'y aura pas de deuxième tour.
05:31Si, il y a des municipales, il y aura des...
05:33De toute façon, je voterai contre le RN.
05:35Mais si c'est la droite qui est face au RN,
05:38je voterai pour la droite.
05:39Donc, en fait, moi, je voterai contre l'extrême droite
05:42tout le temps.
05:43Tout le temps, c'est aussi simple que ça.
05:44Si c'est la droite qui est contre LFI ?
05:46Je ne sais pas où.
05:48Bah, si.
05:49Dites-moi, dites-moi.
05:50Il y a 30 000 communes.
05:52Ce qui est certain, c'est que moi,
05:53je ne ferai pas d'accord avec LFI.
05:54Je peux le répéter 50 000 fois
05:56pour que ce soit clair pour tout le monde.
05:57Bon, la préoccupation du quotidien des Français,
06:00c'est le pouvoir d'achat.
06:01À quelques semaines des fêtes de Noël de fin d'année,
06:03comment redonner du pouvoir d'achat aux Français ?
06:04C'est quoi la méthode Glucksmann ?
06:06C'est les salaires.
06:07En France, les salaires sont trop bas.
06:09On a fait le choix, en France,
06:11de surtaxer le travail
06:13et de moins taxer le capital,
06:15les retraites, l'héritage.
06:16Eh bien, c'était une erreur fondamentale.
06:19Il faut, à nouveau, qu'en France,
06:21on puisse vivre dignement de son travail.
06:23Donc, l'enjeu numéro un,
06:25quel que soit le camp qui gagne les élections,
06:27c'est de faire en sorte que les salaires augmentent.
06:30Donc, moins de charges sur les salaires
06:31et peut-être plus d'impôts pour compenser de l'autre côté ?
06:33Et des accords de branches
06:34qui permettront d'augmenter les salaires
06:37en échange de cette baisse.
06:38Plus d'impôts d'un côté pour ceux qui peuvent,
06:40pour des plus fortunés,
06:41et moins de charges sur les salaires ?
06:43Oui, et pas simplement pour ceux qui peuvent.
06:45Déjà, en commençant par ceux qui peuvent,
06:46mais ensuite, en posant les questions de, par exemple,
06:49les retraites.
06:51Et il faudra une réforme des retraites,
06:53soyons très clairs.
06:54Mais, ce que je veux dire là,
06:56c'est que l'enjeu numéro un,
06:57ce qui fait la faiblesse de notre démocratie aujourd'hui
06:59et de toutes les démocraties occidentales,
07:01ce qui explique la montée du populisme,
07:03c'est le fait que la grande promesse
07:05qui avait assuré le progrès dans nos démocraties
07:07n'est plus tenue.
07:09C'était la promesse d'améliorer ses conditions de vie par le travail.
07:11Ça doit être ça, notre obsession.
07:13Vous évoquez le mot « retraite ».
07:14Aujourd'hui, il va y avoir un vote important
07:15sur le volet « recettes » du budget de la Sécu.
07:18Si le budget de la Sécu n'est pas voté,
07:19il n'y a pas de suspension de la réforme des retraites.
07:21Sur le budget de la Sécu, sur le PLF,
07:23le droit de finances, qu'est-ce que vous dites ?
07:24Il faut un budget coûte que coûte,
07:26même s'il ne nous plaît pas,
07:27mais il faut un budget.
07:28C'est votre ligne, ça ou pas ?
07:29Sur le PLFSS, c'est-à-dire sur la Sécu,
07:32il y a un compromis qui s'exquise.
07:34Et moi, vous savez,
07:35je sais que c'est un gros mot en France, le compromis,
07:38mais je suis pour que ce compromis fonctionne.
07:41Et je salue d'ailleurs
07:42ce que font les députés socialistes et places publiques
07:45qui entrent dans cette logique de compromis
07:47pour essayer de faire en sorte
07:48que les dépenses de santé ne soient pas la variable d'ajustement.
07:51Il faut voter ce PLFSS.
07:52Et donc, il faut le voter.
07:53Et le PLF fera le voter aussi ?
07:55Si, d'accord.
07:55Alors là, franchement, c'est bien trop tôt.
07:56On est déjà dans une situation complètement instable
07:59à cause de beaucoup de jeux de postures
08:02des uns et des autres sur le PLFSS.
08:04Mais il y a un chemin.
08:05Et je pense qu'en fait,
08:06la France doit apprendre à faire des compromis.
08:09Vous savez, moi, le soir du 7 juillet 2024,
08:12quand il y a eu le résultat des élections législatives,
08:14je me suis fait tomber dessus par tout le monde
08:16parce que j'ai dit une chose simple.
08:17Personne n'a la majorité.
08:18Personne n'a la majorité.
08:19Donc, il va falloir faire des compromis.
08:21Et dans n'importe quel autre pays européen,
08:24il y aurait eu, depuis longtemps,
08:27des compromis établis.
08:28Et en France, on n'arrive pas à le faire.
08:30Donc, j'en viens, moi, parfois,
08:31à me dire que les Français ont raison
08:33quand ils pensent que leur classe politique
08:34est le principal problème de leur nation.
08:37Je voudrais qu'on se dise quelques mots
08:38du service militaire.
08:39Est-ce qu'on est au bord de faire la guerre
08:41en France et en Europe ?
08:42La voie du Nord titre.
08:43En Europe, le grand retour du service militaire.
08:45Vous êtes favorable, vous,
08:46à ce qu'a annoncé Emmanuel Macron.
08:47Mais est-ce qu'il ne faut pas le rendre obligatoire,
08:49ce nouveau service militaire ?
08:50Déjà, il faut prendre la mesure
08:52de la gravité de la situation.
08:54Vous savez, quand vous avez l'ensemble
08:54des services de sécurité européens
08:56qui vous disent qu'une guerre arrive
08:57sur le sol de l'Union Européenne,
09:00potentiellement dans les années qui viennent.
09:01Il faut les prendre au sérieux.
09:03Donc, oui, il y a un vrai risque de guerre.
09:05Oui, il y a un risque de guerre.
09:07Oui, il y a un risque que Vladimir Poutine
09:08envahisse un pays membre
09:09de l'Union Européenne et de l'OTAN.
09:11Et donc, ça, il faut le dire
09:12et il faut en prendre conscience.
09:14Il ne faut pas mettre la tête dans le sable.
09:15Il y en a marre du bal des autruches.
09:17Donc, tout ce qui permet
09:19de renforcer la défense de la France,
09:21je prends.
09:22Donc, oui au service militaire.
09:23Oui, au service militaire.
09:24Obligatoire ou pas ?
09:25Oui, au service militaire volontaire,
09:26proposé par Emmanuel Macron.
09:28Mais ce n'est pas assez.
09:30Parce que nos ennemis exploitent
09:31d'abord une chose.
09:33Une chose.
09:34La faiblesse de notre cohésion nationale.
09:36Et donc, ce qu'il faut,
09:37c'est un service civique
09:38obligatoire et universel
09:40pour que chaque jeune Français
09:42puisse donner de son temps
09:43et de son énergie
09:44à la nation entière.
09:46Si les Russes attaquent,
09:47ce n'est pas le service civil
09:47qui va nous défendre.
09:48Vous savez comment les Russes attaquent ?
09:50Ce n'est pas simplement des tanks
09:51dans les rues de Strasbourg.
09:53Ce n'est pas ça la menace immédiate.
09:55La menace immédiate,
09:56c'est les attaques qu'on appelle hybrides.
09:59C'est-à-dire la tentative
09:59de déstabilisation de notre nation.
10:01Ils identifient les failles
10:02de notre pays.
10:03Et ensuite, ils mettent du sel dessus.
10:05Et ils tentent de le déstabiliser.
10:06C'est ce qu'ils font.
10:07Là, il y a un rapport
10:07des services secrets
10:08qui vient de sortir
10:09qui montre à quel point
10:10ils instrumentalisent
10:11le conflit à Gaza,
10:13la guerre à Gaza,
10:14pour monter les Juifs
10:15contre les musulmans
10:15dans notre pays.
10:16Et donc, ce qu'il faut,
10:17c'est qu'on refasse nation.
10:18Donc la guerre n'est pas seulement
10:19une question de militaire aujourd'hui,
10:20ce que vous dites.
10:20Non, c'est une question citoyenne.
10:22Et c'est la cohésion d'une nation
10:23qui permet sa résistance.
10:24Vous savez,
10:25quand un jeune qui naît à Trappes
10:26dans les Yvelines
10:27et un jeune qui naît
10:28dans le 7ème arrondissement de Paris
10:29et un jeune qui naît à Montgobert
10:30dans l'Aisne
10:30ne se croise jamais
10:31dans leur existence,
10:32vous ne faites pas nation.
10:33Et bien moi, mon obsession,
10:34mon obsession,
10:37c'est que nous fassions nation à nouveau.
10:39C'est qu'on fabrique à nouveau
10:41des citoyens dans notre pays.
10:42C'est qu'on reprenne
10:43le métier à tisser
10:44de la France, Thomas Soto.
10:45Merci beaucoup, Raphaël Glucksmann,
10:46d'être venu ce matin.
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