- il y a 4 jours
Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour d'Agathe Lambert et Renaud Dély.
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00:00Bonjour à tous, bienvenue dans les informés, c'est parti pour une demi-heure de décryptage de l'actualité.
00:05Bonjour Renaud Delé.
00:06Bonjour Agathe.
00:07Deux questions à la une ce matin.
00:09Que peut faire la France pour libérer Christophe Gleiz, détenu depuis juin en Algérie ?
00:14Et puis que cherche Edouard Philippe ? Veut-il faire tomber le gouvernement ?
00:18Pour nous éclairer ce matin, nos informés théoriquement, mais pour l'instant, il est seul.
00:23C'est Adrien Brachet, journaliste politique au point. Bonjour Adrien.
00:26Bonjour Agathe.
00:27Myriam Inkawa de France Info TV nous rejoindra dans un instant.
00:32Mais Adrien Brachet a plein de choses à nous raconter.
00:37Renaud aussi.
00:38Et Renaud aussi, évidemment. Renaud le premier des informés.
00:41On commence d'ailleurs, Renaud, avec Christophe Gleiz, condamné en Algérie.
00:45La France peut-elle peser pour le faire libérer ?
00:48Ce journaliste français, Christophe Gleiz, qui rappelons-le, a donc été condamné hier à 7 ans de prison par la cour d'appel de Tizi Ouzou.
00:54La même peine qu'en première instance pour un prétendu délit d'apologie du terrorisme.
00:59Il faut rappeler qu'il s'était rendu en Algérie pour un article portant sur un club de foot, la jeunesse sportive de Kabylie.
01:05Et son tort aux yeux des autorités algériennes est d'avoir rencontré l'un des responsables de ce club,
01:10qui est par ailleurs responsable d'un mouvement que le pouvoir algérien considère comme une organisation terroriste.
01:15Mais il s'agit donc d'un journaliste qui faisait ce reportage, journaliste qui travaille en particulier pour la revue SoFoot.
01:20Christophe Gleiz, hier à la barre, a d'ailleurs fait preuve d'humilité.
01:23Il a demandé pardon pour ses erreurs journalistiques, malgré ses bonnes intentions, mais rien n'y a fait.
01:28Le voilà donc condamné de nouveau à 7 ans de prison.
01:32Ce matin, chez nos confrères de France Inter, son frère, Maxime Gleiz, a fait preuve de sa stupéfaction.
01:40Il se dit abasourdi et il en appelle au monde du football.
01:42Maintenant là, c'est un cri de désespoir, un cri d'appel et il n'y a plus qu'un contre-pouvoir, que ce soit le foot.
01:49Et j'espère que le foot pourra sauver mon frère.
01:51Donc j'en appelle à tous les clubs de France, tous les clubs d'Algérie, tous les clubs du monde, peu importe, à soutenir cette cause.
01:58Et peut-être que le foot libérera mon frère.
02:00Alors le foot peut-être et puis la diplomatie française, surtout après la libération de l'écrivain franco-algérien Boalem Sansad il y a trois semaines.
02:07Comment le gouvernement français peut-il faire pression sur le pouvoir algérien ?
02:11Comment la diplomatie française peut-elle intervenir pour essayer d'obtenir la libération de Christophe Gleiz ?
02:15Par ailleurs, l'avocat de Christophe Gleiz, Emmanuel Daoud, ce matin, qui a dénoncé une part d'injustice sur l'antenne de France Info,
02:21a évoqué la possibilité en même temps, parallèlement, de se pourvoir en cassation d'une part et puis de déposer un recours en grâce.
02:28Que peut faire la France dans cette affaire Adrien Brachet ?
02:32Boalem Sansad a été libéré, mais Christophe Gleiz, condamné une fois de plus en appel ?
02:37Oui, ça montre bien que la question des relations franco-algériennes et de la crise avec l'Algérie est loin d'être terminée.
02:44Il y avait eu pourtant quelques signaux positifs vis-à-vis de Christophe Gleiz.
02:47Déjà la libération de Boalem Sansal, mais aussi le fait que sa famille, ses parents, sa compagne avaient pu lui rendre visite.
02:55Son avocat a pu plaider en français.
02:58Donc il y avait eu quelques signaux positifs qui faisaient que ses proches espéraient une issue de ce procès plus favorable.
03:04Ce n'est pas le cas, ce n'est certainement pas la fin de l'histoire.
03:07En effet, la diplomatie française a d'ores et déjà annoncé son intention de peser.
03:11Mais ce qui est très compliqué, c'est qu'on est face à un régime autoritaire qui est une sorte de véritable boîte noire,
03:18qui est traversé par des luttes d'influence, par des luttes de pouvoir, qui n'est pas toujours facile à décrypter,
03:24qui a tendance forcément à utiliser auprès de son opinion publique, le régime algérien, les tensions avec la France, à les instrumentaliser.
03:32Donc il y a toute une série de facteurs qui rend extrêmement complexe ce dossier.
03:36C'est le fait aussi que cette crise dont on parle avec l'Algérie, elle n'est pas conjoncturelle, elle n'est pas nouvelle.
03:42Elle remonte à, il y a déjà plusieurs années, il y a une série de facteurs qui sont en jeu.
03:45Bon, il y a la question du Sahara occidental, bien sûr, avec Emmanuel Macron qui a reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
03:54Mais il y a les questions migratoires aussi, les questions sécuritaires, il y a la question de la mémoire aussi.
03:59En fait, les questions mémorielles n'ont jamais vraiment été soldées entre la France et l'Algérie.
04:03Donc il y a une telle avalanche de problématiques et de tensions entre la France et l'Algérie,
04:08qu'y compris pour ce dossier-là, il faut regarder tout ce contexte et c'est sûr que c'est extrêmement compliqué.
04:15C'est-à-dire que Christophe Glez, il est en train de payer pour des conflits sur la mémoire entre la France et l'Algérie ?
04:23C'est ça la stratégie de l'Algérie, c'est de faire payer la France en retenant des journalistes ?
04:28Oui, il est d'abord victime du pouvoir algérien et c'est ce qu'on appelait, lui aussi, comme l'appellation,
04:34l'étiquette avait été apposée au cas de Boilem Sansal, une sorte d'otage d'État du régime algérien.
04:40Donc ensuite, le régime algérien utilise ses rapports, son hostilité avec le pouvoir français,
04:47d'un point de vue politique, à des fins de politique intérieure aussi,
04:50que ce soit sur les questions mémorielles, sur la question migratoire, pour expliquer évidemment que lui défend la nation algérienne face à l'ancien pays colonisateur.
05:00Donc cet habillage idéologique, on le connaît, et il ne date pas d'hier, le problème auquel se heurte aujourd'hui la France,
05:10c'est que, comme le disait très bien Dorian Brachet, ce pouvoir est un peu illisible, vu de l'extérieur, avec des influences diverses,
05:17mais que surtout, il ne veut pas perdre la face, en tout cas, il ne peut pas s'amender.
05:22La justice algérienne ne peut pas se corriger, en quelque sorte, à la face du monde,
05:27et donc c'est vrai qu'on a la même peine, la même parodie de justice en appel qu'en première instance.
05:33Donc on sait très bien.
05:34Alors après, ce qui peut être, entre guillemets, ce qui peut ouvrir un espoir,
05:39c'est que derrière cette façade, c'est-à-dire cette mise en scène d'une justice qui ne se corrige pas, qui est infaillible, etc.
05:46Ce qu'on avait vu aussi à l'encontre de Boilem Sansal, le plus important doit se dérouler derrière, en coulisses,
05:53c'est-à-dire là, la négociation diplomatique avec un certain nombre d'armes dont dispose la France aussi,
05:57de ce point de vue-là, pour obtenir la libération de Christophe Glees.
06:02Il faut bien comprendre que ce spectacle de la justice algérienne, fort heureusement, ne clôt pas le dossier,
06:09et que la France a des moyens de pression.
06:10Et puis on a vu que la méthode de Laurent Nunez, qui revendique lui-même, d'ailleurs, sa différence avec Bruno Retailleau,
06:15peut-être, on le verra, un peu plus efficace, soulignons d'ailleurs que Laurent Nunez doit se rendre prochainement en Algérie,
06:22et qu'il y a encore quelques jours, il répondait à des médias en disant que lui, justement,
06:26avait une méthode un peu différente que Bruno Retailleau, il revendiquait même sa différence,
06:30que lui connaissait beaucoup mieux les relations entre la France et l'Algérie, et ça aussi, en fait, c'est un outil.
06:34C'est-à-dire que, je pense que plus Laurent Nunez critique et gratine, tacle un peu son prédécesseur,
06:40plus le régime algérien peut être sensible, justement, aux efforts qu'il va déployer pour essayer d'obtenir la libération de Christophe Glees.
06:47Ça va Myriam Ancawa, vous nous avez rejoint ?
06:48Oui, tout de suite, je m'excuse.
06:49Ben non, bonjour, bienvenue.
06:50Le trafic, comme on dit.
06:52C'est ça. Vous pensez que ça tient à ça, Laurent Nunez, qui tacle un peu Bruno Retailleau,
06:58pour envoyer des signaux positifs au régime algérien ?
07:01En tout cas, ce qui interroge, c'est que Boalem Sansal était contraint dans sa parole.
07:10On l'a bien tous entendu, tous compris.
07:13Pendant les 15 jours qui ont suivi sa libération, il n'a presque pas parlé, il a fallu attendre 10 jours,
07:17et ça n'a pas suffi.
07:19Il l'a même avoué, il a dit « je ne peux pas tout dire ».
07:22Donc, ça veut dire que, quand on essaye la diplomatie, ça ne marche pas toujours.
07:29Ce qui est certain, c'est que la mobilisation va maintenant commencer.
07:34La famille de Christophe Gleize avait choisi une stratégie de la discrétion, de la prudence.
07:40Il y a même eu, lors de ce procès, des excuses qui peuvent être discutables,
07:46qui ont été présentées par Christophe Gleize lui-même.
07:49Maintenant, place à la mobilisation.
07:51Et d'ailleurs, Reporters sans frontières, qui est connu pour plutôt faire du bruit, du tapage,
07:55et qui avait choisi cette stratégie de la discrétion, a décidé d'appeler à la mobilisation,
08:00à la mobilisation des sportifs.
08:03Pourquoi pas, et ça c'est à la famille de le décider du comité de soutien de Boilem-Sonsal,
08:07qui a des réseaux d'organisation.
08:10En tout cas, la mobilisation maintenant, c'est la deuxième phase.
08:13Je ne sais pas si ça veut dire que c'est la ligne de Bruno Retailleau, ce n'est pas sûr,
08:16mais c'est la deuxième phase parce que, force est de constater que la première n'a pas abouti.
08:20Alors, je suis entièrement d'accord avec Renaud Dely, la justice algérienne ne peut pas se dédire.
08:25La stratégie judiciaire de faire appel était aussi questionnable.
08:30Ces avocats l'ont décidé, comme l'avait fait d'ailleurs Boilem-Sonsal,
08:33mais il y avait des discussions à l'époque.
08:35Il ne faut pas forcément faire appel pour précipiter, ou en tout cas accélérer un processus de grâce,
08:41parce que c'est la grâce présidentielle qui permettra la libération de Christophe Gleize.
08:45C'est le problème qui peut se poser sur la cassation d'ailleurs.
08:46C'est-à-dire que l'avocat de Christophe Gleize ce matin, Emmanuel Daoud,
08:49a évoqué les deux possibilités, la possibilité peut-être de mener les deux procédures en parallèle.
08:55D'une part, déposer un recours en cassation, d'autre part, une demande de grâce.
09:00Peut-être que le recours en cassation pourra lui aussi, encore une fois, prolonger la procédure,
09:03alors qu'aujourd'hui, il y a d'un côté la mobilisation, comme vient de le dire très bien M. Mankawa à l'instant,
09:08et puis de l'autre côté, la demande de grâce présidentielle.
09:11Est-ce que ça va quand même un peu mieux avec l'Algérie ?
09:14Adrien, on sait qu'il y avait le sujet de laisser passer consulaire.
09:18L'Algérie ne voulait pas récupérer ses ressortissants expulsés.
09:22Est-ce que ça avance en coulisses ?
09:23Ce sont toujours des sujets qui sont en jachère.
09:26C'est des sujets tellement sensibles et tellement immenses.
09:29On l'a dit qu'en fait, cette crise, elle n'est pas conjoncturelle.
09:32C'est-à-dire que malheureusement, la crise n'est pas réglée seulement par la libération de Boile M. Tonsal.
09:36C'est une extrêmement bonne nouvelle qui a été, je pense, un soulagement pour tout le monde.
09:41Mais la crise perdure et les sujets de tension perdurent.
09:45Et vous avez évoqué la question des laissés-passés consulaires, c'est vrai.
09:50Il y a la question qui a été mise dans le débat public
09:53et qui sera probablement un débat de la prochaine présidentielle
09:55sur la question des accords migratoires de 68.
09:58Donc il y a toute une série de sujets qui restent en jachère.
10:02Et la question, et Renaud en a parlé, et j'insiste,
10:06la question de la mémoire et notamment la façon aussi
10:11dont le régime algérien utilise ces questions mémorielles
10:15auprès de son opinion publique.
10:17On a un millefeuille de problématiques
10:20qui fait qu'on n'est certainement pas dans une situation conjoncturelle
10:24qui se règle du jour au lendemain.
10:26Il y a des périodes de réchauffement, des périodes de durcissement.
10:30Mais les problématiques qui se croisent, qui s'entrecroisent,
10:34qui sont des problématiques culturelles, sécuritaires, économiques,
10:37elles sont profondes et elles sont encore là.
10:40Merci. Dans un instant, on va parler de la stratégie d'Edouard Philippe.
10:45À quoi joue-t-il sur le budget ?
10:47Mais tout de suite, il est 9h17 et c'est l'Info en une minute avec Maureen Sunia.
10:51Des plantes plus résistantes aux changements climatiques,
10:55les députés européens et les États membres
10:56viennent de sceller un accord pour développer les NGT,
11:00les plantes issues de nouvelles techniques génomiques.
11:03Elles sont qualifiées de nouveaux OGM par leurs détracteurs.
11:06Cet accord doit maintenant être approuvé une dernière fois
11:08par les États membres et le Parlement européen
11:11pour entrer en vigueur.
11:12Le maire d'Alès appelle à renforcer le pouvoir de la police municipale
11:16pour lutter contre la consommation de protoxyde d'azote.
11:19Trois jeunes hommes de 14, 15 et 19 ans sont morts
11:22lors d'un accident de voiture dans sa commune.
11:24Plusieurs bouteilles de protoxyde d'azote ont été retrouvées dans le véhicule
11:28mais on ne sait pas encore s'ils en avaient consommé.
11:30L'armée israélienne dit avoir formellement identifié
11:32la dépouille d'un otage thaïlandais détenu à Gaza.
11:35Ce corps a été remis hier.
11:37Il ne reste désormais plus qu'un seul corps dans la bande de Gaza,
11:40celui d'un otage israélien.
11:41Cette restitution se fait dans le cadre du cessez-le-feu.
11:45Elles sont rondes, plates et très dangereuses
11:47pour les plus petits qui les ingèrent.
11:49La marque de piles Duracell lance une campagne de prévention
11:52contre les risques d'ingestion des piles boutons.
11:55Les accidents sont nombreux pendant les fêtes de fin d'année.
11:57La marque va commercialiser des piles au goût très amère
12:00pour éviter ces accidents.
12:11Les informés avec Miriam Ancawa,
12:16présentatrice de Tout est politique,
12:18les vendredis, samedi, dimanche, 18h-20h
12:20sur France Info TV
12:21et Adrien Brachet, journaliste politique au point.
12:24On passe à notre deuxième débat.
12:26Renaud, Edouard Philippe va-t-il plomber le budget de la Sécu,
12:29voire davantage ?
12:30Il a en tout cas indiqué que son groupe,
12:32les 34 députés du groupe Horizon,
12:34ne voteront pas le projet de loi de financement
12:36de la Sécurité sociale en l'État.
12:38Le vote est prévu mardi prochain.
12:39Dans son viseur, officiellement, deux mesures.
12:44La suspension de la réforme des retraites, d'une part,
12:46et puis d'autre part, la hausse de la CSG
12:48sur les revenus du capital.
12:49Deux concessions majeures faites par Sébastien Lecornu
12:51aux socialistes.
12:52Pour l'heure, Edouard Philippe laisse planer encore le suspense
12:55entre un vote contre et une abstention
12:57des députés du groupe Horizon.
12:58Mais dans les deux cas,
12:59sans les voix des députés Horizon,
13:02Sébastien Lecornu aura le plus grand mal
13:04à obtenir une majorité pour approuver le PLFSS.
13:07Et pour autant, il l'a répété hier à l'Assemblée nationale,
13:11pas question d'engager la responsabilité de son gouvernement,
13:14pas question de recourir à l'article 49.3.
13:16Je le redis, il n'y aura pas d'utilisation du 49.3 de la Constitution
13:22et d'engagement de la responsabilité du gouvernement.
13:24Ça veut donc dire que vous avez la responsabilité finale
13:28de cette copie.
13:29Le gouvernement est toujours à la disposition
13:31de l'ensemble des groupes pour arriver à trouver un compromis.
13:35Ça veut dire qu'il faut en avoir envie.
13:37Ça veut dire aussi qu'il faut s'en donner les moyens
13:38sur le terrain technique.
13:40– Alors, la discussion va continuer jusqu'à mardi.
13:44Reste que le Premier ministre, on le voit,
13:45en appel à la responsabilité des parlementaires
13:47et au premier chef, celle d'Edouard Philippe,
13:50qui se veut d'ailleurs garant de sérieux budgétaires.
13:52Ce matin encore, d'ailleurs, le président du Sénat,
13:54Gérard Larcher, évoque la perspective d'un 49.3
13:57auquel ne veut pas se résoudre Sébastien Lecornu.
14:00Alors, pourquoi Edouard Philippe adopte-t-il
14:01cette position maximaliste ?
14:03Pourquoi ces troupes refusent-elles à ce stade
14:06de voter le projet de loi de budget de la Sécu ?
14:08Et puis, qui vise en fait l'ancien Premier ministre ?
14:10Est-ce qu'il vise son ami Sébastien Lecornu
14:13au risque de le faire trébucher ?
14:16Ou est-ce qu'il cherche à régler un peu plus encore ses comptes
14:19avec celui qui n'est pas, mais alors, pas du tout,
14:22son ami, le chef de l'État Emmanuel Macron ?
14:24– C'est quoi le sujet d'Edouard Philippe, l'amir à Mankawa ?
14:27Pourquoi il fait ça ?
14:28– Ça, il n'y a que lui qui sait, profondément.
14:31En tout cas, ça vient perturber le jeu, complètement.
14:33Il y a plusieurs couches dans la tête d'Edouard Philippe.
14:36D'abord, il y a les municipales, il ne faut pas négliger ça.
14:39Au Havre, il est menacé par le Rassemblement national,
14:43le communiste aussi, Jean-Pierre Lecoq,
14:46il pourrait y avoir une triangulaire,
14:48donc il faut qu'il rassure sa base électorale.
14:50Et sans une réassurance d'être réélu au Havre,
14:53il n'y a pas de présidentielle possible.
14:56Donc ça, c'est la première étape.
14:57Ensuite, il y a un esprit de revanche, il le dit très bien.
15:00D'ailleurs, c'était à votre micro, je crois, Xavier Bertrand.
15:03Alors, il y a une bataille de récits maintenant.
15:05Xavier Bertrand disait, il faut qu'Edouard Philippe
15:06arrête de régler ses comptes avec Emmanuel Macron.
15:08Il y a cette espèce de course en avant d'Edouard Philippe
15:11qui veut absolument montrer qu'il ne doit rien à Emmanuel Macron,
15:16qu'il est dans cette rupture.
15:17Pour l'instant, ça ne lui réussit absolument pas,
15:20puisqu'il dégringole littéralement dans les enquêtes d'opinion
15:24et même dans les intentions de vote.
15:26C'est ce qu'il regarde évidemment avec le plus d'attention,
15:28même si on est très loin de l'échéance.
15:29Et puis, il y a la volonté aussi, parce qu'on entre dans le money time.
15:33Donc, quand il dit, je ne voterai pas ce texte,
15:36soit je m'abstiens, soit je vote contre,
15:38je suis sûre qu'il ne votera pas contre.
15:39Ça, ce serait véritablement plus qu'une bombe politique.
15:44Ça voudrait dire au fond qu'il y a Naïma Moutchou.
15:47Il faut quand même comprendre, il y a Naïma Moutchou qui est horizon,
15:50qui est ministre des Outre-mer dans ce gouvernement.
15:52C'est ça qui bluffe un peu.
15:54Ça n'a pas de sens.
15:55Votez contre, non.
15:56La question, c'est l'abstention.
15:57Et ça redéploie les calculettes.
15:59Alors là, vraiment, je mets au défi quiconque
16:01de réussir à comprendre quoi que ce soit.
16:02Parce que déjà, il faut l'abstention des écologistes.
16:05Ils ne vont pas s'abstenir.
16:07C'est raté d'entrée de jeu.
16:09Une grande partie d'entre eux vont voter contre.
16:12Et il faudrait dans ces cas-là que les socialistes votent pour.
16:15C'est quand même leur demander beaucoup.
16:17Même si, effectivement, et c'est la troisième raison pour laquelle il hausse le ton,
16:23attention, ça n'est pas un budget socialiste.
16:25Et c'est vrai que les concessions aux socialistes, elles sont importantes.
16:27La réforme des retraites, c'en est une.
16:29Et pour la financer, la hausse de la fiscalité, CSG, patrimoine, CSG sur le capital.
16:35Et donc là, vous avez une vraie bataille de récits.
16:38C'est intéressant de voir à quel point un Laurent Wauquiez ou un Xavier Bertrand
16:41commencent à dire que eux ne sont pas les agents du bordel,
16:44pour le dire rapidement, pardonnez-moi de l'expression.
16:45Et eux, malgré, évidemment, leur ADN anti-impôt,
16:51vont essayer d'aller au compromis.
16:53Et ça, c'est fondamental.
16:55Celui qui passera pour celui qui a renversé ce budget,
16:59alors qu'il fait partie, quoi qu'on en dise, d'une plateforme de majorité,
17:04comme on l'appelle désormais, à mon avis, dans l'opinion, on le paiera.
17:08Adrien Brachet, peut-être qu'Edouard Philippe aussi, il est un peu fébrile,
17:11justement parce qu'il baisse dans les sondages.
17:13Il essaye de s'illustrer, de s'imposer avec des idées pas forcément judicieuses
17:19aux yeux de ses camarades de droite ?
17:21Oui, alors je dirais que la fébrilité n'est jamais une très bonne conseillère en politique.
17:25Bon, pour le mettre à son crédit, il est vrai que depuis qu'il s'est lancé dans l'aventure présidentielle,
17:31il a toujours fait de la question de la maîtrise des déficits, de la rigueur budgétaire,
17:34une part de son ADN politique.
17:36Donc il monte sur ce sujet-là, d'une certaine manière, ça reste cohérent avec le reste de son positionnement politique.
17:43Maintenant qu'il aille jusqu'en effet à menacer de voter contre, voire l'abstention,
17:48qui pose aussi une série de problèmes, bien évidemment que ça s'inscrit dans la course présidentielle,
17:55dans ce besoin qu'il ressent permanent de distinction vis-à-vis d'Emmanuel Macron,
18:00qui a connu son acmé avec son appel à une présidentielle anticipée,
18:05mais qui en fait...
18:07Et c'est depuis qu'il baisse dans les sondages.
18:08Et il baisse depuis dans les sondages, mais en fait ça fait de longs mois qu'il essaye de jouer cette stratégie de distinction.
18:14Déjà en 2024, lorsqu'il avait annoncé sa candidature à la présidentielle dans Le Point, justement,
18:20il appelait à des changements systémiques, majeurs,
18:23il essayait de prendre le contre-pied d'Emmanuel Macron.
18:26La difficulté pour lui, c'est que vous avez beau jouer la distinction, jouer le changement,
18:32quand vous avez été le premier ministre d'Emmanuel Macron,
18:35il est très difficile, aux yeux de l'opinion publique qui, en 2027, va peut-être avoir des envies de changement,
18:41il est très difficile d'incarner ce changement.
18:43Donc c'est vrai que pour lui, c'est vraiment une importante difficulté.
18:48Et je dirais qu'il y a une deuxième difficulté pour Edouard Philippe,
18:51c'est que dans la course à la présidentielle, on voit bien qu'il essaye d'avoir deux électorats.
18:58C'est-à-dire qu'il essaie à la fois de conserver avec lui l'électorat des LR,
19:03et d'éviter que cet électorat-là soit absorbé par Bruno Retailleau, par Laurent Wauquiez,
19:08mais on sent qu'à la fois, il veut conserver l'électorat centriste d'Emmanuel Macron,
19:12qui est plus libéral économiquement, plus libéral culturellement.
19:15Sauf que c'est difficile, dans un moment de polarisation politique,
19:20d'arriver à concilier ces deux électorats.
19:22Donc il a une série d'embûches sur son chemin, Edouard Philippe.
19:26Et l'électorat de droite que vous évoquez, le problème auquel sort Edouard Philippe,
19:28c'est qu'il a plein d'aspirations qui peuvent être parfois contradictoires,
19:32en tout cas entrées en contradiction.
19:33L'électorat de droite en question, il n'aime pas Emmanuel Macron,
19:35comme d'ailleurs, selon les sondages, une grande majorité des Français,
19:37au vu de l'impopularité record du chef de l'État,
19:39mais en même temps, il veut de l'ordre, il ne veut pas du désordre, il ne veut pas du chaos.
19:43Et donc Edouard Philippe, le problème, c'est que l'attitude qu'il prend,
19:45la stratégie qu'il prend, peut en faire, et c'est en tout cas l'accusation
19:47que portent à son endroit les macronistes, un agent du chaos.
19:51S'il fait échouer le PLFSS, derrière probablement le projet de loi de finances,
19:56la question d'une dissolution ressurgira rapidement,
19:58celle de la démission du gouvernement Lecornu aussi.
20:01Donc on voit qu'Edouard Philippe, il cherche à prendre date,
20:03c'est-à-dire à montrer qu'il est radicalement différent d'Emmanuel Macron.
20:08Il pense que c'est le seul moyen pour lui d'avoir une chance de l'emporter en 2027,
20:11quitte à brûler ses vaisseaux aujourd'hui, c'est-à-dire de montrer
20:14« oui, oui, mais moi je suis cohérent, etc. »
20:17Mais il y a plein d'incohérences dans cette stratégie.
20:19Par exemple, et j'en finis avec ça, son appel à une présidentielle anticipée
20:23qui a contribué largement à faire chuter sa côte du peuple.
20:26Évidemment, puisque ses soutiens macronistes l'ont lâché,
20:28il n'a rien gagné dans l'opposition, qui se souvient qu'il a été premier ministre d'Emmanuel Macron.
20:32Mais lui-même, Edouard Philippe n'a absolument pas intérêt à une présidentielle anticipée.
20:35C'est ça qui est incompréhensible.
20:36Parce qu'il a tout pour la provoquer.
20:37Celui qui aurait intérêt à la rigueur, c'est Jordan Bardella,
20:41c'est-à-dire une campagne la plus courte possible pour essayer de surfer sur sa popularité actuelle
20:44et ne pas révéler un certain nombre de failles.
20:46Edouard Philippe, il a au contraire besoin exactement de continuer ce qu'il fait,
20:49c'est-à-dire un tour de France dans la durée pour installer sa candidature, son projet.
20:53Et visiblement, même ses choix tactiques peuvent nuire à sa propre stratégie.
20:57Je vous en prie, Adrien Brachet, à la une du point cette semaine.
21:02Alors, le point de la semaine prochaine, nous sommes jeudi.
21:08Nous sommes déjà jeudi.
21:11Alors, la semaine dernière, on a cité sur les femmes afghanes.
21:14Et cette semaine, oui, exactement, c'est le grand classement, le grand classement des hôpitaux.
21:23Mais je voulais aussi vous parler du coming out conservateur de Yannick Jadot,
21:27de mes collègues Nathalie Chouk et Ismaël Boulk-El-Coutreau,
21:31qui reviennent sur le nouveau parcours de Yannick Jadot.
21:34Procurez-vous le nouveau point.
21:35Merci beaucoup Myriam Akawa de France Info TV.
21:37Merci à vous.
21:38Merci à vous.
21:38Merci à vous.
21:39Et les informés sont de retour ce soir à 20h avec Victor Maté.
21:44Merci à vous.
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