Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 2 jours
Pascal De Izaguirre, PDG de Corsair et président de la FNAM, était l'invité d'Erwan Morice dans Good Morning Business, ce jeudi 4 décembre. Ils sont revenus sur le problème logiciel et le défaut de qualité industrielle d'Airbus, causés par la hausse des taxes et des coûts d'exploitation ainsi que par la forte concurrence, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00Bonjour Pascal de Isaguirre. Bonjour. Vous êtes l'invité du grand entretien de BFM Business RMC Live aujourd'hui,
00:06PDG de Corsair, président de la FNAM, Fédération Nationale de l'Aviation et de ses métiers.
00:12La compagnie Corsair que vous dirigez a publié ses résultats annuels cette semaine, c'était lundi.
00:17On va y venir dans un instant, mais d'abord un mot de votre industrie puisque vous représentez le secteur.
00:22C'est à ce titre que vous venez aussi ce matin. Depuis la semaine dernière, on en parle sur notre antenne,
00:28Airbus enchaîne les mauvaises nouvelles sur son A320. Un problème logiciel d'abord.
00:33On parlait de 6000 avions touchés. Finalement, ça s'est largement réduit.
00:36Il y a eu plus de peur que de mal. Ça a quand même suscité beaucoup d'inquiétudes.
00:41Le problème a été résolu assez rapidement. Maintenant, on a un problème de structure signalé sur plus de 600 appareils.
00:48Ça ressemble quand même à une série noire, pas dans une autre mesure que ce qui s'est passé chez Boeing.
00:53Mais comment est-ce que vous avez l'impression que tout ça est géré ?
00:56Alors, écoutez, moi, je voudrais féliciter Airbus d'abord pour leur politique de transparence.
01:02Parce que ce qui est la priorité absolue pour une compagnie aérienne, c'est la sécurité des vols.
01:07Donc franchement, on préfère que ces problèmes soient communiqués, annoncés, traités par anticipation,
01:13plutôt que d'avoir à gérer les problèmes après.
01:15Alors, effectivement, ça risque de se traduire par des retards de livraison d'avions, une diminution des cadences de livraison.
01:21Mais vous savez, on a déjà un problème avec toute la chaîne logistique du transport aérien.
01:26Effectivement, moi-même, j'ai pâti, puisque vous savez que j'ai renouvelé complètement la flotte.
01:31Aucun de mes avions n'a été livré à temps.
01:33Mais franchement, il faut saluer la culture de transparence par rapport à l'autre constructeur
01:39qui a attendu de crash aérien pour réagir.
01:41Bon, là, a priori, ça ne met pas forcément en jeu la sécurité.
01:45Mais voilà, Airbus a pris la bonne décision.
01:48Pour un patron de compagnie aérienne, c'est plutôt rassurant de voir que le constructeur auprès du qui il s'approvisionne
01:53prend ce type de mesure.
01:55À ce stade, est-ce qu'on peut évaluer dans quelle mesure ce problème pèse sur les compagnies ?
02:00Ou c'est trop tôt pour le dire ?
02:01C'est encore trop tôt pour le dire.
02:03Alors, il est certain que ça se traduira par des retards de livraison.
02:05Mais vous savez, le carnet d'Airbus est pléthorique, bien entendu.
02:09Les cadences de livraison sont extrêmement ambitieuses.
02:12Et donc, c'est déjà très difficile à tenir.
02:14Donc, aujourd'hui, qu'est-ce qui se passe pour l'ensemble des compagnies aériennes ?
02:17Elles savent ça.
02:18Donc, elles prorogent l'avis de leurs avions d'occasion.
02:21Parce qu'effectivement, il y a un problème réel sur le marché.
02:25Moi, quand j'ai commandé les Airbus A330 Néo en 2020-2021,
02:29je les ai eus immédiatement.
02:30Vous en avez neuf ?
02:31J'en ai neuf.
02:31Si je voulais le faire aujourd'hui, il faudra attendre 2031-2032.
02:34Pascal de Isaguirre, encore un mot sur le secteur.
02:38On vous entend beaucoup dire que le transport aérien va mal
02:42et que les pouvoirs publics ne réagissent pas.
02:45Il y a un problème d'écoute.
02:49Alors, l'écoute s'améliore parce que je pense que nos arguments ont fini
02:53par Père Collet.
02:55Mais si vous voulez, là, c'est très simple.
02:57L'industrie européenne, elle subit des distorsions de concurrence.
03:00Et c'est encore plus vrai sur le marché français.
03:03Accumulation de réglementation.
03:04On a des juxtapositions de réglementation nationale,
03:07de réglementation européenne.
03:08et des contraintes économiques, environnementales que nous approuvons.
03:14C'est-à-dire, nous sommes très engagés dans la décarbonation.
03:17Le problème, il faut nous aider à financer cette décarbonation
03:21qui nécessite des investissements considérables.
03:23Et le problème de la taxation.
03:24Je voudrais quand même redire que la France est le pays en Europe
03:27qui taxe le plus le secteur aérien.
03:29C'était le cas avec l'Allemagne.
03:30Le gouvernement au pouvoir a récemment annoncé
03:33qu'il revenait sur les hausses de taxes.
03:35Il y a un problème de coût en France.
03:38Il y a un problème de coût sur l'aérien.
03:39On a un problème de coût.
03:40Or, vous savez que comme nous sommes une industrie totalement libéralisée,
03:44la concurrence est absolue.
03:45On se trouve en concurrence avec des compagnies
03:48qui n'ont pas le système social, fiscal, réglementaire que nous subissons.
03:53Vous parliez à l'instant de la question environnementale.
03:56Nous étions avec notre correspondant à Washington tout à l'heure,
03:58Antoine Lard, qui suivait de près la réunion de Donald Trump à la Maison-Blanche.
04:03Le président américain qui recevait les grands patrons de l'industrie automobile
04:07pour leur dire « Je tire un trait sur toutes les mesures de Joe Biden
04:10sur les émissions de CO2, etc. »
04:13Tous les patrons ont applaudi.
04:15Vous êtes, vous aussi, concerné par la législation, bien sûr,
04:18le secteur aérien,
04:20tiraillé entre votre responsabilité de faire mieux
04:23et de préserver la planète et l'avenir de l'humanité,
04:27et en même temps, l'économie dont on parle.
04:29– Oui, alors effectivement, nous, on ne remet pas en cause
04:33notre objectif de décarbonation.
04:34Vous savez, il y a un règlement européen
04:37qui nous impose un certain nombre d'objectifs,
04:39on ne remet pas ça en cause.
04:40Ce que nous demandons, c'est une aide des pouvoirs publics
04:43pour nous aider à financer cette décarbonation.
04:46On a par exemple des mécanismes d'incitation fiscale
04:48pour favoriser et accélérer la modernisation des flottes,
04:51et le sujet du carburant durable.
04:53Vous savez que c'est notre premier levier de décarbonation.
04:55Or, que se passe-t-il ?
04:56Un, on ne trouve pas les quantités,
04:58donc on nous impose des quotas.
04:59On a commencé par mettre la charrue avant les bœufs.
05:02Et deuxièmement, aujourd'hui, le carburant durable,
05:05il est 4 à 5 fois plus cher que le pétrole que nous utilisons.
05:08Ça pose un problème.
05:09Ce que nous demandons aux autorités européennes
05:12et aux autorités nationales, c'est de prendre ça en compte
05:14et de nous aider à financer cette décarbonation
05:17que nous ne remettons pas en cause.
05:19– Et alors, qu'est-ce qui va se passer en 2026 ?
05:21– Alors, qu'est-ce qui va se passer ?
05:22– Alors, écoutez, déjà, un, je crois que le gouvernement
05:27nous a entendus et a compris que la coupe est pleine
05:30un petit peu en matière de taxation.
05:32– Mais le gouvernement, mais les parlementaires.
05:33– Alors, les parlementaires, c'est autre chose.
05:35Donc, on suit de très près la discussion à la parlementaire
05:38pour voir ce qu'il en sortira.
05:39Mais vous savez, tant qu'on n'est pas arrivés,
05:40tant qu'on n'est pas arrivés au bout de cette discussion,
05:43je ne peux pas vous dire quels sont les amendements.
05:45Si tant est qu'on arrive au bout,
05:46je ne peux pas vous dire quels amendements
05:48nous aurions à subir éventuellement.
05:50Donc, on est très vigilants.
05:50– Vous pensez, Pascal Delisaguirre,
05:52que l'apogée du secteur aéronautique est derrière nous,
05:58qu'il est appelé à décroître à l'avenir en France ?
06:00– Alors, absolument pas.
06:01Alors, si on parle du trafic,
06:03effectivement, sur le marché français,
06:04vous avez raison.
06:05La concurrence du train,
06:07la politique responsabilité sociétale
06:09et environnementale des entreprises,
06:11la visioconférence, le télétravail,
06:13je vais vous dire, si on prend le trafic
06:15sur les lignes radiales entre Paris et la province,
06:17en 2024, celui-ci est revenu au niveau de 1984.
06:21Donc, les choses sont claires.
06:23En revanche, vous n'avez pas d'alternative à l'avion
06:25pour le long courrier,
06:26si vous êtes ultramarin
06:28ou pour les transversales sur le marché français.
06:31Et le trafic ne cesse de croître.
06:34– C'est là que Corsair a quelque chose à faire,
06:37finalement, vous bénéficiez de ces changements-là,
06:39où on fait moins de petits trajets,
06:42parce qu'il y a le train,
06:43il y a la réglementation.
06:43– Vous avez raison.
06:44– En revanche, il y a des choses à faire
06:46quand on est une compagnie comme la vôtre.
06:48D'ailleurs, vous publiez en début de semaine
06:50vos résultats annuels.
06:52Corsair qui enregistre des bénéfices
06:53pour la deuxième année de suite,
06:55c'est le résultat d'une stratégie
06:56opérée depuis plusieurs années
06:58qui consiste à voir.
06:58– Oui, alors la stratégie de transformation,
07:00on l'a débutée en 2020-2021.
07:03D'abord, elle renouvelle le mandat flotte.
07:05Alors, c'est un pari assez risqué,
07:06parce qu'en pleine crise du Covid,
07:08certains, au contraire, ont appuyé
07:10sur la pédale de frein des investissements,
07:12ont tout stoppé.
07:13Et moi, j'ai décidé, au contraire,
07:15de nous lancer dans la modernisation accélérée
07:18qui était menée à un paix de trois ans.
07:20Et je vais vous dire,
07:21compte tenu de tout ce qu'on dit
07:22sur la chaîne logistique,
07:23je suis très heureux, d'ailleurs,
07:24que ce soit derrière nous.
07:25Donc, on a aujourd'hui la flotte
07:26la plus jeune du marché français,
07:28une des flottes les plus jeunes dans le monde,
07:30très performante économiquement,
07:32qui consomme moins de carburant,
07:33qu'un produit dernier cri
07:35et un produit parfaitement homogène.
07:37C'est-à-dire que,
07:38contrairement à certains de nos concurrents,
07:40vous n'avez pas à vous interroger
07:41sur le type d'avion ou la version de la cabine.
07:43Donc, évidemment, c'est très attractif.
07:45Ça s'est accompagné par une montée en gamme,
07:48une stratégie de premiumisation de l'offre.
07:50Donc, on investit beaucoup
07:51dans la qualité du produit,
07:53dans l'expérience servicielle.
07:55Tout ça est très positif,
07:56mais vous attendez toujours,
07:58dans le même temps,
07:58que Bruxelles valide
07:59le plan de redressement de Corsair.
08:01Ça traîne,
08:02vous n'avez pas de date
08:03et c'est pourtant un petit peu là
08:05que se joue aussi l'avenir de la compagnie.
08:07Oui, alors vous avez vu
08:08que ça ne m'empêche pas d'avancer
08:10et d'aller de l'avant.
08:12Non, je suis très confiant.
08:13Bon, il faut savoir
08:13que le processus à Bruxelles,
08:16c'est très long,
08:17c'est formel.
08:18J'en ai pris mon parti,
08:19je fais preuve de patience,
08:21mais je pense qu'on est proche
08:22de la ligne d'arrivée.
08:24Qui va donner quoi ?
08:26Qui va donner une approbation
08:27du plan de restructuration
08:29présenté par l'État
08:30et qui nous permettra
08:32après de réenvisager l'avenir
08:35et de nous réinscrire
08:36dans une stratégie de croissance.
08:38Ça porte ses fruits,
08:39c'est une stratégie
08:40qui gagne pour l'instant,
08:41on va creuser notre sillon.
08:42Avec un prochain plan déjà
08:44dans les cartons,
08:45des investissements
08:46pour trouver de la croissance ?
08:49Bien sûr, vous savez,
08:50il faut toujours aller de l'avant,
08:51donc effectivement,
08:52l'objectif à terme,
08:53ça sera bien sûr
08:54d'accroître la flotte.
08:57Combien d'appareils ?
08:57D'augmenter le ligne.
08:59On n'en est pas là,
08:59vous savez,
08:59on identifie d'abord
09:00les lignes
09:01et si ces lignes apparaissent
09:02profitables,
09:03on commande les avions.
09:04Voilà, on va le faire
09:04dans ce sens-là.
09:05Les lignes les profitables
09:06aujourd'hui ?
09:07Alors écoutez,
09:08nous, il se trouve
09:08que toutes les lignes
09:09marchent très bien.
09:10Les Antilles sont
09:11particulièrement dynamiques,
09:12l'île Maurice marche très bien
09:13et les lignes africaines.
09:14Mais on a des bons engagements
09:16de vente depuis le début
09:17de l'année
09:17et très robustes
09:19pour l'instant.
09:19Un dernier mot,
09:20puisque Air France
09:21quitte Orly,
09:22ça change quelque chose
09:23pour vous ?
09:24Oui, c'est très positif
09:25puisque ça veut dire
09:26que nous n'aurons plus
09:27la concurrence d'Air France
09:28qui n'aura plus de vol
09:29vers les Outre-mer
09:30au départ d'Orly.
09:32Orly est un aéroport
09:33qui est très facile d'accès
09:34et surtout avec la ligne 14,
09:36plus convivial,
09:37plus simple,
09:38plus proche du centre de Paris.
09:39Donc ça va nous profiter.
09:41Merci beaucoup
09:41d'avoir répondu
09:42à l'invitation
09:43de BFM Business
09:44RMC Live ce matin.
09:45Pascal de Isagir,
09:46PDG de Corsair
09:47et président de la FNAM,
09:49la Fédération Nationale
09:50de l'Aviation
09:50et de ses métiers.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations