«La coupe est pleine» : le PDG de Corsair fulmine contre le niveau des taxes aériennes en France

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00:00Europe 1 Soir, 19h-21h, Pierre de Villeneuve.

00:05Pascal Delisaguerre est avec nous, bonsoir.

00:07Bonsoir.

00:07Vous êtes le PDG de Corsair, vous êtes notre invité d'Europe 1 Soir.

00:11Corsair c'est la compagnie aérienne qui transporte 1,5 million de personnes tous les ans.

00:14Pourquoi ? Vous allez nous dire pourquoi vous êtes là Pascal, parce qu'il y a des bonnes nouvelles chez Corsair.

00:18Alors il y a d'excellentes nouvelles, ce sont nos résultats financiers pour l'exercice qu'on a clôturé à fin septembre

00:23et qui se traduisent par des résultats significativement positifs,

00:27donc un résultat net de 15,2 millions d'euros, un résultat à l'exploitation de 26,4 millions.

00:33Donc très forte amélioration par rapport à l'exercice précédent.

00:36Et puis ça avec un chiffre d'affaires, malgré une activité en réduction de 6%

00:40qui a réussi à progresser à 712 millions d'euros.

00:43Donc voilà, une très bonne année.

00:44Et quelles sont les perspectives aujourd'hui ?

00:46Alors les perspectives 25-26, nous sommes optimistes, le trafic reste très robuste,

00:52on a très bons engagements de vente, on a une bonne visibilité.

00:54Vous savez, on a commencé notre exercice au 1er octobre 2025,

00:58on a une très bonne visibilité jusqu'à fin mars,

01:01et donc on est optimistes.

01:02Alors bien sûr, des incertitudes, le contexte géopolitique,

01:06les incertitudes politiques en France qui pourraient évidemment...

01:09Ça aussi, ça joue.

01:10Ça peut jouer.

01:11Et ce genre de débat qu'on vient d'avoir avec le ministre par exemple,

01:14c'est des choses qui interviennent,

01:16les gens s'inquiètent, les gens...

01:18Alors les gens s'inquiètent, mais pour l'instant, ce que nous constatons,

01:21c'est que les Français ont fait remonter dans la priorité de consommation le voyage.

01:26Vous savez, plus l'environnement est anxiogène,

01:29plus vous avez envie de vous ébatter, de vous échapper, de décompresser.

01:33Alors on a un comportement assez court-termiste,

01:36on a beaucoup d'engagement, enfin de prise de commande de dernière minute,

01:40les gens se décident assez tard,

01:42mais je vais vous dire, ils ont envie de se changer les idées.

01:44– Et donc du coup, vous êtes là pour apporter de l'offre.

01:50Il y a bien sûr le secteur aérien, on en a parlé,

01:52il est un peu en crise,

01:55il y a des, comment dirais-je, des sondages récents

01:57qui disent qu'une majorité des Français

02:00continuent à se déplacer en voiture,

02:01mais le secteur aérien, l'avion quand même en France,

02:04c'est important, il est là malgré le carbon bashing,

02:08malgré tout ça.

02:09– Malgré le carbon bashing, je peux vous dire

02:11que l'usage de l'aérien se démocratise,

02:13il se rajeunit, il se féminise.

02:16Il faut savoir qu'aujourd'hui, vous avez un Français sur trois

02:19qui prend régulièrement l'avion,

02:20deux Français sur trois l'ont pris,

02:22plus d'un passager sur deux est une femme,

02:26et la catégorie d'âge qui est la plus nombreuse

02:29à bord de nos avions, ce sont les jeunes de moins de 35 ans,

02:32qui représentent 46% de nos passagers,

02:35alors qu'ils ne représentent que 24%

02:37dans leur tranche d'âge parmi la population.

02:42Donc voilà, et si vous prenez tout le trafic

02:46dans un avion de 100 passagers, de 100 sièges,

02:50vous n'avez que 14 qui représentent les catégories aisées,

02:5353 ce sont les catégories moyennes,

02:57et 33 ce sont les catégories modestes.

02:59– Ça veut dire que le transport aérien,

03:01ce n'est pas cher, en fait, parce que c'est vrai

03:03que parfois même, on se retrouve sur un trajet en train

03:06qui va être plus cher que le trajet en avion,

03:08c'est un peu le monde à l'envers.

03:09– On ne va pas se le reprocher, si vous voulez,

03:10mais c'est-à-dire que nous faisons de gros efforts de productivité,

03:14on a des techniques de yield, etc.

03:16– La technique de yield, je ne suis pas sûr que tout le monde connaisse.

03:19– Alors oui, c'est faire varier les tarifs

03:22en fonction de l'offre et de la demande, etc.

03:24– Oui, on dit souvent, il faut prendre son billet d'avion

03:27à 23h le mardi, c'est vrai ça ou pas ?

03:29– Oui, vous pouvez, oui, ça peut arriver, absolument.

03:33Non, mais je crois que l'avion reste très attractif,

03:36l'avion séduit. Alors, bien sûr, sur le trafic domestique,

03:41vous avez la concurrence du train,

03:43la politique responsabilité sociétale et environnementale

03:46des entreprises, le télétravail, la visioconférence.

03:50Donc le trafic est en forte baisse,

03:52sur tout le trafic de Paris à la province,

03:54mais sinon, quand vous allez vers l'outre-mer,

03:56destination lointaine, ou des liaisons interrégionales,

03:59vous êtes obligé de passer par l'avion.

04:00– On est obligé, d'ailleurs l'outre-mer,

04:02c'est un de vos produits phares.

04:03– Ah oui, c'est un de nos produits phares, vous savez,

04:05on fait 75% de notre chiffre d'affaires

04:08sur l'océan Indien, dont La Réunion,

04:10Émayotte et les Antilles.

04:12Nous sommes présents depuis plus de 35 ans,

04:14on dessert Fort-de-France, Pointe-à-Pitre

04:16et Sainte-de-Line-La Réunion,

04:17avec au minimum un vol par jour direct

04:20toute l'année, voire deux vols par jour

04:22en période de pointe.

04:23On est très implanté, on a créé des bases d'emploi

04:26de personnel navigant aux Antilles,

04:28à La Réunion, on a recruté

04:29des jeunes qui étaient à Pôle Emploi,

04:31on leur donne un cursus professionnel,

04:33et puis je crois qu'on s'implique beaucoup

04:35dans l'activité socio-économique,

04:39sportive, culturelle des Antilles.

04:42– De quel sens ?

04:43– Vous savez, on a été, par exemple,

04:45on a sponsorisé la Transat Café-Lor,

04:47nous serons le partenaire aérien

04:49de la destination Route du Rhum,

04:51destination Guadeloupe,

04:52que vous avez suivi tous les jours

04:55et que nous avons suivi en partenariat avec vous,

04:57absolument.

04:58La Route du Rhum, c'est une très très belle course,

05:01c'est une très grosse opération pour nous,

05:02récemment, on était sur le Grand Raid,

05:05la Diagonale des Fous, à La Réunion,

05:07on fait le tour cycliste de la Guadeloupe,

05:08enfin on est très implanté, si vous voulez,

05:10dans tout le tissu socio-économique

05:13des territoires d'Outre-mer.

05:14– Et quel est votre avis sur la politique

05:16de taxation du gouvernement français

05:17sur le secteur aérien,

05:18et en particulier, évidemment,

05:20on en parle tous les jours,

05:21on n'a pas eu le temps d'en parler

05:22avec Marc Ferracci,

05:22parce qu'il y a une grosse polémique

05:23sur le labellisation de l'information,

05:26mais à travers le prochain budget de l'État ?

05:28– Alors écoutez,

05:29un, dans le budget,

05:31je pense que le gouvernement a compris

05:33qu'il ne fallait pas accroître

05:35le niveau de taxation de l'aérien,

05:37je vous rappelle que la France

05:38est le pays sur les 27 États européens

05:41qui taxent le plus son secteur aérien.

05:43On est à égalité avec l'Allemagne,

05:45mais il se trouve que le gouvernement allemand

05:46a décidé de revenir

05:47sur les hausses de taxation

05:49faites par la coalition précédente.

05:50Bon, la Suède,

05:52pays de Mme Greta Thunberg,

05:53a supprimé toutes les taxations

05:55du secteur aérien

05:56juste avant l'été.

05:57Voilà, ne lui en déplaisent, absolument.

06:00Bon, et malheureusement, nous,

06:01on a encore une ponction

06:02sur nos coûts supplémentaires en 2025

06:04d'un milliard 300 millions.

06:06Donc je dirais que là,

06:08la coupe est pleine.

06:09On en constate les impacts négatifs,

06:12c'est-à-dire que le marché français,

06:13si vous voulez, décroche

06:14par rapport à tous les autres marchés européens

06:16en matière d'offres,

06:18on décroche en matière de trafic,

06:19et vous avez vu toutes les annonces

06:21de compagnies,

06:22notamment low-cost,

06:23comme Radian Air, EasyJet,

06:24qui se désengagent

06:25des aéroports de province,

06:27nous prévoyons au départ

06:30des aéroports de province,

06:31le trafic global en 2026,

06:351 300 000 passagers en moins

06:36à cause de transferts d'offres

06:38qui sont repositionnés

06:40sur d'autres marchés

06:41où l'on taxe moins.

06:42Donc ça, c'est un réel problème

06:44pour notre compétitivité,

06:46c'est une distorsion de concurrence.

06:47C'est aujourd'hui facile

06:48de diriger Corsair

06:50en France,

06:51dans la situation actuelle ?

06:53Vous parliez des taxes,

06:54bien sûr.

06:54Je vais vous dire,

06:55ça n'a jamais été facile,

06:57mais je sais qu'il faut rester stoïque,

06:58il faut être résilient,

07:01résistant,

07:02je crois qu'on est dans une très belle dynamique,

07:04on a une flotte totalement renouvelée,

07:06composée d'avions de dernière génération,

07:08on a un très bon produit,

07:09on développe l'expérience.

07:09D'ailleurs, parce qu'on parlait du carbone,

07:10c'est des avions qui consomment

07:11de moins en moins ?

07:11Alors, des avions qui consomment moins,

07:13qui émettent moins,

07:1425% de CO2 en moins,

07:1660% de nuisances sonores en moins,

07:19on a la flotte la plus moderne

07:20du marché français,

07:22une des flottes les plus jeunes

07:22dans le monde,

07:23et on est dans une stratégie

07:25de montée en gamme,

07:26d'offres plus premium,

07:27on développe les services,

07:28la qualité du produit,

07:30l'expérience client,

07:31comme on appelle ça.

07:32C'est une expérience client,

07:33et c'est une stratégie qui paye,

07:34puisqu'on a mesure

07:35l'impact positif dans les résultats.

07:37Merci beaucoup,

07:38Pascal Deizagui,

07:39RPDG de Corsair,

07:40d'avoir été avec.

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