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Transcription
00:00Et à 7h19 sur Europe 1, place à l'édito éco, Dimitri Pavlenko.
00:05Bonjour Olivier Babaud.
00:06Bonjour Dimitri, bonjour Anissa.
00:07Bonjour Olivier.
00:07Bonjour à tous.
00:08Alors ce matin Olivier, vous nous dites qu'il existe en France une préférence catastrophique pour la déqualification.
00:13Mon Dieu, quel gros mot, qu'est-ce que vous voulez nous dire ?
00:15Dimitri, en quelques mots, nous avons bâti un système de prélèvement qui protège massivement les bas salaires
00:20mais qui punit tout aussi massivement le travail qualifié.
00:23Résultat, frustration, exclusion et surtout fuite d'étalance.
00:26C'est l'un des angles morts du débat économique français.
00:29Alors même qu'il empoisonne notre croissance depuis des années,
00:32la France s'interroge régulièrement sur sa difficulté à attirer, retenir, faire revenir ses ingénieurs, ses chercheurs, ses développeurs.
00:38On parle d'écosystèmes, de taille d'entreprise, de capital risque.
00:41Mais très rarement, ce qui explique pourtant l'essentiel, notre architecture fiscale.
00:44Donc en clair, face au fisc, il ne fait pas bon être trop bien payé.
00:48Mais concrètement, en quoi notre fiscalité pénalise-t-elle les salariés qualifiés ?
00:51Alors une étude de l'Institut Rexécode l'illustre parfaitement.
00:54A partir de 5 fois le SMIC, la France figure dans la zone la plus taxée d'Europe.
00:59Et surtout, si l'on compare avec les Etats-Unis, l'écart est gigantesque.
01:02Dans certains cas, un ingénieur français de haut niveau paye plus de 150% de son revenu ajusté en prélèvement,
01:08quand son équivalent américain se situe 60 points plus bas, autour de 90% et même un peu plus bas.
01:13Autrement dit, à salaire brut égal, un talent gagne beaucoup plus outre-Atlantique,
01:17et coûte moins cher à son employeur.
01:19Dans une économie mondiale où les entreprises recrutent partout, le calcul est très vite fait.
01:22Pourtant, on nous rebat les oreilles des allégements massifs de charges sur les salaires.
01:26C'est 80 millions d'euros de recettes fiscales dont l'État se prive.
01:30Oui, mais précisément, c'est sur les bas salaires et c'est tout le problème.
01:33Les charges sont presque nulles au niveau du SMIC, grâce aux allégements Fillon,
01:36mais elles augmentent ces charges brutalement dès qu'on monte en qualification.
01:40Entre 2 et 3 SMIC, on a une croissance exponentielle de ces charges.
01:43Au-delà, on reste avec ce qu'on appelle un coin socio-fiscal très élevé.
01:46L'Allemagne fait exactement l'inverse.
01:49Charge élevée au SMIC, décroissante ensuite, et elle ne pénalise alors pas la montée en compétences.
01:54Alors, quel est l'impact économique d'un tel modèle, Olivier ?
01:56Il est massif. En subventionnant les emplois les moins qualifiés, en surtaxant les plus qualifiés,
02:00la France se prive de sa propre productivité.
02:03Elle réduit l'incitation à étudier, à innover, à prendre des responsabilités.
02:06Elle encourage mécaniquement la mobilité des talents vers le pays qui les paye mieux,
02:10les valorise mieux, les taxe moins.
02:12C'est l'une des raisons du décrochage productif avec les États-Unis.
02:14Eux soutiennent la compétence, nous, nous la décourageons.
02:17Donc si je vous comprends bien, pour réindustrialiser, relancer l'innovation en France,
02:21il faut d'abord repenser la fiscalité du travail qualifié ?
02:24Absolument, ce serait une bonne première phase.
02:27La France a construit un modèle social protecteur en bas, destructeur en haut.
02:30Ce modèle n'est plus compatible avec une économie de la connaissance.
02:33Si nous voulons garder nos ingénieurs, nos chercheurs, nos cadres spécialisés,
02:36on en a tiré d'autres.
02:37Il faudra reconfigurer la structure des prélèvements.
02:39Sinon, nous continuerons de financer les emplois les moins qualifiés
02:42avec la fuite de ceux qui tirent l'économie vers le haut.
02:45C'est le cœur du drame budgétaire que nous vivons aujourd'hui.
02:47Baisser les impôts des hauts salaires.
02:49Vous allez vous faire des copains chez les socialistes, Olivier Babaud.
02:51Ça vous prend aujourd'hui.
02:53Bonne journée.
02:54Bonne journée.
02:55Avec les nouveaux...
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