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00:00Diana Van Dium, bonjour.
00:01Bonjour.
00:02Pourquoi y a-t-il beaucoup de femmes battues qui ne portent pas plainte ?
00:06Alors, cette question est difficile à répondre, en même temps c'est facile parce qu'on sait qu'on est dans des sociétés patriarcales
00:12et que le pouvoir est centré autour de la domination des hommes qui détiennent le pouvoir.
00:17Et du coup, tout le processus en fait qui doit aboutir à ce que les femmes portent plainte ou qu'elles aient accès à la justice est très très difficile.
00:25Parce que déjà, socialement, c'est très compliqué pour une femme de dénoncer un mari violent, de dénoncer un époux qui est violent.
00:33Parce que tout simplement, dans l'inconscience populaire, il est même bien vu pour une femme qui supporte la violence qu'une femme qui dénonce.
00:40Et parce que nos familles, de manière générale, dans toutes les communautés, ce qui est la norme, c'est de pouvoir supporter l'insupportable.
00:47Parce qu'une femme qui va aller porter plainte contre son mari va être stigmatisée.
00:52Donc, elle sera victime de foi. Elle sera victime d'être violentée, mais elle sera aussi stigmatisée au sein de sa propre famille, même souvent.
00:58Et au sein de sa belle famille, de la communauté, de la société, d'avoir osé porter plainte contre son mari.
01:04Et bien sûr, la réponse aussi de l'État est là.
01:07C'est-à-dire que nos structures, que ce soit la police, que ce soit un peu partout, on est dans des structures où le poids social, il est là.
01:13Donc souvent, ce sont des plaintes qui ne sont pas prises au sérieux.
01:16Souvent, les femmes se découragent même avec les va-et-vient qu'il faut faire.
01:19C'est-à-dire qu'il faut aller chercher telle chose, il faut aller chercher telle réquisition, il faut aller à tel commissariat.
01:24Les femmes se découragent si elles ne sont pas accompagnées par les associations ou les organisations qui font la prise en charge.
01:30Et pour les femmes qui ont le courage de porter plainte, est-ce qu'il y a un barrage ensuite de la part des policiers qui n'enregistrent pas leur plainte ?
01:37Alors, le problème, c'est comment on accueille les femmes, comment on les écoute, comment on les met à l'aise pour qu'elles ne se sentent pas déjà avec un petit ou même un grand poids de culpabilisation.
01:47Parce qu'on sait qu'au niveau social, ce sera compliqué, elle sera stigmatisée, elle sera pointée du doigt pour avoir porté plainte contre un mali violent.
01:56Donc, que ce soit la police, que ce soit toutes les institutions, elles doivent être formées sur comment accueillir, comment prendre en charge les victimes de violences.
02:04C'est pour cela qu'on demande à chaque fois aux femmes, quand elles veulent porter plainte, qu'elles se fassent accompagnées par les organisations qui ont l'habitude de prendre en charge les femmes qui sont victimes de violences.
02:14Maintenant, au niveau judiciaire, sur l'accès à la justice, je prends l'exemple de la Mauritanie.
02:18Il y a énormément de plaintes contre les violences sexuelles, mais rares sont les plaintes qui aboutissent.
02:24Ça, c'est la première des choses. Mais l'autre chose aussi, et pas des moindres, une femme qui est victime de viol a une chance sur deux de se retrouver en prison si elle n'arrive pas à prouver qu'elle a été victime de viol.
02:34Et bien sûr, le problème, c'est que niveau juridique, on a tellement envie de juridique, on a un arsenal juridique qui ne définit même pas c'est quoi le viol.
02:41Il n'y a aucun article qui définit c'est quoi le viol en Mauritanie.
02:43Alors, vous parlez de la Mauritanie. Pour que les tribunaux puissent sanctionner les coupables, il faut que le code pénal de leur pays le permette.
02:50Est-ce qu'il y a des pays africains où le crime de harcèlement et de violence sexuelle est inscrit dans le code pénal ?
02:56Oui, il y a même des pays qui sont allés un peu plus loin, par exemple le Sénégal, où le viol a été criminalisé.
03:02Donc ça, c'est un très grand pas.
03:03Il y a des pays où le code pénal le reconnaît, comme il y a des pays où ils ont tout l'harcèlement juridique, toutes les conventions qu'il faut, toutes les lois qu'il faut.
03:10Le problème, c'est l'applicabilité. C'est d'avoir que les femmes sachent en fait quelles sont les démarches à faire pour avoir accès à la justice, qu'elles se fassent accompagner.
03:18Mais surtout, la question de l'impunité. Parce qu'il y a tellement des cas de violence où c'est souvent des maux lieux que les femmes ont l'impression qu'on peut aller sur des démarches juridiques pendant une année, deux ou même plus, sans pour autant avoir de la justice.
03:30Quels sont les pays où les lois existent et où elles sont appliquées ?
03:34Ce sera difficile de donner un exemple comme ça du pile au poil. Mais je sais que les lois d'un pays ou d'un autre, ça varie. Je ne dirais pas que tel pays est champion en application de la loi.
03:45Mais je sais que, par exemple, le fait qu'au niveau du Sénégal, le viol soit criminalisé, c'est déjà une très bonne évolution.
03:52On espère qu'au niveau de la sous-région, qu'on aura des lois aussi fortes que, par exemple, au niveau du Sénégal.
03:57Et ce que vous dites, Diana Bandium, c'est que le viol n'est toujours pas criminalisé dans votre pays, la Mauritanie ?
04:03Non. En Mauritanie, on n'a même pas de projet de loi sur les violences faites aux femmes.
04:07Et je disais qu'il n'y a aucun article qui définit c'est quoi le viol. Donc, criminalisé, encore moins.
04:12Diana Bandium, je vous remercie.
04:14Merci beaucoup.
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