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  • 7 hours ago
Transcript
00:00Avec Christophe Dansette, bien sûr. Bonjour Christophe.
00:05Bonjour Damien.
00:05On parle de la FNAC ensemble parce que Bercy surveille de très près l'arrivée annoncée du géant chinois JD.com ou JD.com dans le capital de FNAC Darty.
00:14Le groupe chinois a déposé en fait un dossier au titre de contrôle des investissements étrangers. Vous allez tous nous expliquer.
00:20Alors ce qu'il faut comprendre pour que je vous explique bien, c'est que JD.com n'entre pas directement au capital de FNAC Darty.
00:27Tout part en réalité d'Allemagne où le groupe JD.com lance une OPA à 2 milliards d'euros sur C'Economy qui est propriétaire de Mediamarkt et Zaturn.
00:38Deux enseignes majeures de grands magasins vont y revenir en Allemagne. L'opération devrait être bouclée d'ici le début d'année prochaine.
00:45Mais C'Economy détient également 22% de FNAC Darty et donc si cette OPA elle va jusqu'au bout, JD.com deviendra automatiquement le deuxième actionnaire du distributeur français.
00:57Juste derrière un groupe qu'on voit ici, Visa Equity. C'est finalement un effet domino qui part de Chine, qui passe par l'Allemagne, qui arrive en France.
01:07Une opération qui ne nous concerne donc pas directement mais qui finit en plein cœur de la souveraineté culturelle française.
01:12Surtout que cet homme qui est derrière Visa Equity, le premier actionnaire, c'est Daniel Kretinsky qui est embarqué dans plusieurs opérations actuellement.
01:20Dans Casino où il souhaite d'ailleurs augmenter encore sa contribution. Dans Total Energy dont il vient d'acquérir 4% des parts pour 5 milliards d'euros.
01:29Et donc certains se demandent s'il n'aura pas besoin de cash pour boucler toutes ces opérations.
01:34Et donc s'il ne devrait pas à terme lâcher FNAC Darty, ce qui pourrait permettre à JD.com de monter encore un peu plus à ce capital.
01:41Le gouvernement surveille ça. Pourquoi un tel branle-bas de combat ?
01:43Parce que FNAC Darty, ce n'est pas n'importe quel distributeur en France.
01:46C'est un symbole. C'est le premier vendeur de livres dans l'Hexagone.
01:50C'est un acteur historique de la culture.
01:53Et puis dans un autre registre, Darty, c'est aussi un géant de l'électroménager, du SAV.
01:59On a donc un sujet de souveraineté culturelle d'abord, mais aussi de données, des données de consommateurs français dans la culture, dans la tech, dans les équipements de foyer.
02:09Et puis il y a le contexte.
02:10JD.com, c'est un mastodonte chinois Ă  150 milliards de dollars de chiffre d'affaires concurrent d'Alibaba,
02:16qui a une stratégie très claire d'accélérer en ce moment en Europe, et le tout dans une offensive plus générale des groupes chinois sur tout le continent européen.
02:27Qu'on parle de Chine, on en parle beaucoup en ce moment, de TEMU, de TikTok.
02:32Bercy ne veut pas laisser un tel géant entrer dans la gouvernance de la FNAC dans un groupe français, sans regarder en tout cas la chose au microscope.
02:41Et donc Bercy active la procédure de contrôle des investissements étrangers en France.
02:45De quoi s'agit-il ? Comment ça marche ?
02:47Alors c'est une procédure qui a été renforcée ces dernières années, après le Covid, pour avoir un meilleur contrôle des investissements étrangers,
02:54protéger les actifs les plus sensibles, notamment dans les domaines de la santé, de la défense, mais aussi de plus en plus dans la culture.
03:02Et depuis trois ans, plusieurs centaines de dossiers ont été examinés par le Trésor, près de 400 en 2024,
03:09dont la moitié environ se sont vues attribuer des conditions au rachat.
03:15Il y a quand mĂŞme eu seulement six refus formels depuis 2022.
03:19Donc la France n'interdit donc presque jamais, mais elle négocie dur.
03:24Et sur JD.com, eh bien Bercy avait demandé déjà il y a quelques mois un dossier complet.
03:29C'est l'ancien ministre de l'économie, Eric Lombard, qui l'avait fait.
03:32Et ce dossier, eh bien il a été déposé il y a quelques jours par JD.com.
03:36Le ministère a maintenant trois mois pour trancher.
03:38Alors vous disiez que ce dossier Fnachtartil se jouait en partie en Allemagne, en introduction.
03:43Qu'en est-il côté allemand ?
03:45L'émotion n'est pas tout à fait la même, parce qu'il y a eu certes des procédures de contrôle.
03:50Le Bundeskartellamt, qui est l'autorité de la concurrence en Allemagne, a déjà donné son fait vert.
03:55Le ministère de l'économie doit encore examiner ce deal, d'ailleurs tout comme la Commission européenne,
04:00sur des questions de concurrence.
04:01Mais l'émotion ne semble pas la même qu'en France,
04:03parce que pourtant on parle de groupes connus.
04:08Zaturn, Mediamarkt, ce sont les équivalents de boulangers, de Darty en Allemagne,
04:12mais en plus grand, 400 magasins dans tout le pays.
04:15Ils sont installés en Allemagne depuis les années 60
04:17et ils sont vendus avec l'ensemble des données clients,
04:21ce qui peut poser évidemment des questions.
04:23Surtout que l'Allemagne avait déjà connu un choc, c'était il y a un peu plus de 10 ans,
04:27lors du rachat des robots KUKA qu'on voit ici par le chinois Mehdi.
04:33Mais aujourd'hui, je dirais que la situation, elle n'est plus tout Ă  fait la mĂŞme.
04:36L'Allemagne, elle tente de se remettre d'une grave crise économique, industrielle,
04:41du vieillissement aussi de ses infrastructures.
04:43Et elle est plutôt intéressée par l'expérience d'un groupe chinois en matière logistique
04:49et puis de son savoir-faire numérique, sans compter que l'Allemagne cherche aussi
04:54à resserrer ses liens commerciaux avec Pékin,
04:56notamment pour soutenir les exportations de voitures.
05:00Bref, c'est la réelle politique à l'Allemagne, si je puis dire,
05:03lĂ  oĂą la France adopte plutĂ´t une posture un peu plus souverainiste.
05:08Merci beaucoup Christophe.
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