Skip to playerSkip to main content
  • 9 hours ago

Category

🗞
News
Transcript
00:00Musique
00:00Saïba Arslan est influenceuse à Lahore, la deuxième ville du pays.
00:14Depuis 8 ans, la jeune femme de 28 ans partage ses vidéos de maquillage, de mode et de chant qu'elle tourne dans son salon de beauté.
00:22Elle a 33 000 abonnés sur TikTok.
00:24Les réseaux sociaux sont très populaires dans le pays où plus d'un quart des 240 millions de Pakistanais utilisent ces plateformes.
00:34Mais dans cette société conservatrice et patriarcale, 40% des femmes disent avoir subi du harcèlement en ligne.
00:42Beaucoup pensent que les femmes sur les réseaux sociaux sont vulgaires, voire des prostituées, ou qu'elles ont une mauvaise nature.
00:49Certains vont sur leur profil, les traquent, se postent devant leur maison, font du chantage, diffusent leurs images ou créent de faux comptes.
00:58De nombreuses filles ont fermé leur compte ou cessé de l'utiliser parce qu'elles ont peur.
01:04Saïba prend de nombreuses précautions.
01:07Elle enregistre la plupart de ses vidéos chez elle.
01:10Au Pakistan, les lieux publics sont largement dominés par les hommes.
01:14Quand elle tourne à l'extérieur, elle choisit des endroits peu fréquentés, comme ce parc de son quartier.
01:22Je vais seulement dans des endroits où il n'y a pas beaucoup de monde, pour qu'on ne me juge pas.
01:26Les gens font des commentaires désobligeants et se moquent de toi si tu tournes une vidéo en public.
01:31Certaines personnes vont même jusqu'à te traquer et te suivre jusqu'à chez toi.
01:35Ils pensent que les influenceuses sont des filles faciles.
01:38Et si on les rejette, ils commencent à nous harceler.
01:40En juin dernier, Sana Yousaf, 17 ans et près d'un million d'abonnés sur TikTok, a été assassinée par l'un d'eux.
01:50L'homme dont elle avait repoussé les avances s'est introduit chez elle et l'a abattue.
01:54Son père est encore sous le choc.
01:58Ici se trouve le lit de Sana.
02:02On peut encore voir des taches de sang.
02:04Là, il y a la trace d'un impact de balle, ici un autre, et là, également.
02:14Le Pakistan compte plus de 50 millions d'utilisateurs TikTok.
02:18C'est le septième plus grand marché au monde pour l'application.
02:22De nombreuses femmes, comme Sana, y ont trouvé des revenus grâce à la promotion de marques,
02:26dans un pays où au moins d'un quart des femmes participent à l'économie formelle.
02:30Elle nous demandait toujours la permission avant de publier quoi que ce soit sur les réseaux sociaux
02:38pour ne pas poster quelque chose qui pourrait lui causer des problèmes.
02:44Le Pakistan a une longue histoire de violence contre les influenceuses,
02:49mais je ne m'attendais pas à ce que cela nous arrive.
02:53Le meurtre de Sana Youssef a choqué le pays.
02:59Son procès est très suivi.
03:01Aujourd'hui, le suspect, 22 ans, est convoqué au tribunal
03:04où six témoins sont entendus par le juge.
03:07Il encourt la peine capitale.
03:09Mais au Pakistan, le taux de condamnation des violences de genre est dramatiquement bas,
03:14moins de 2,5%.
03:16En 2016, le frère de Kandil Baluch, une des premières stars pakistanaises des réseaux sociaux,
03:23avait avoué le meurtre de sa sœur, mais il avait été acquitté en utilisant une faille juridique.
03:29Si l'accusé est condamné dans cette affaire, ce sera une victoire pour la société
03:36et à l'avenir, plus personne n'osera commettre ce genre de violences.
03:42Je ne cherche pas seulement à rendre justice à ma fille, car elle n'est plus là,
03:46mais à protéger toutes les filles qui utilisent les réseaux sociaux.
03:52Dans ce parc de la capitale, de nombreux influenceurs tournent leurs vidéos.
03:57Farhan, 26 ans, est venu rencontrer un autre créateur pour son prochain contenu.
04:02Il compte plus de 100 000 abonnés sur Instagram.
04:04Moins de 30% des utilisateurs des réseaux sociaux au Pakistan sont des femmes.
04:09Beaucoup, comme Farhan, désapprouvent la présence des femmes en ligne.
04:14La femme est très vulnérable.
04:18Elle peut être facilement influencée si on la laisse faire n'importe quoi.
04:23Elle est malléable.
04:25Pour éviter qu'elle emprunte une mauvaise voie,
04:28le mieux serait simplement de l'empêcher d'utiliser les réseaux
04:34ou de créer du contenu.
04:37C'est avant tout pour la protéger.
04:40La loi pakistanaise contre le cyberharcèlement prévoit des peines sévères,
04:44mais elle est peu appliquée.
04:46Dans cette école de Lahore,
04:47Nighat Dat est venu sensibiliser les lycéens aux violences numériques,
04:51en particulier celles visant les femmes.
04:53Cette avocate est défenseuse des droits numériques,
04:56mais en garde,
04:57les agressions en ligne peuvent se transformer en violences dans la vie réelle.
05:01Avez-vous déjà entendu parler du terme TFGBV ?
05:05Cela désigne toute forme de violence qui se produit en ligne
05:08grâce ou par le biais de la technologie.
05:11On appelle ça la violence de genre,
05:13facilité par la technologie.
05:14Par exemple, si quelqu'un crée un deepfake de moi sans que je sache qui en est à l'origine,
05:22c'est aussi une forme de violence.
05:24Cela peut causer beaucoup de souffrance.
05:25Et il y a malheureusement de nombreux cas au Pakistan
05:27de femmes qui se sont suicidées à cause de ça.
05:30Nous avons été témoins de nombreux cas
05:34où des femmes ont été tuées par leur famille
05:35après que celle-ci a découvert qu'elles avaient une photo
05:38ou une vidéo publiée en ligne.
05:41Ce n'est pas toujours une image intime qui peut mettre en danger les femmes.
05:43Cela peut être n'importe quel contenu susceptible de porter atteinte à l'honneur
05:47ou au prétendu honneur de la famille ou de la société en général.
05:54En 2024, la Commission des droits humains du Pakistan
05:57a enregistré près de 600 crimes liés à des prétendues questions d'honneur.
06:01Pour les militantes féministes,
06:03ces assassinats révèlent une volonté systémique
06:05de punir celles qui revendiquent leur place dans l'espace public,
06:09réel ou numérique.
Be the first to comment
Add your comment

Recommended