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00:00...sur Europe 1, 10h11h30 avec Thomas Hill et votre invité ce matin Thomas.
00:03Oui on va parler des papas ce matin parce que je reçois Alexandra Ternan, la co-autrice du documentaire Paternité,
00:10une métamorphose décryptée qui sera disponible le 29 novembre sur arte.tv.
00:14Alors évidemment le thème m'a interpellé en tant que père mais surtout parce que j'ai l'impression qu'il n'y a pas eu beaucoup de documentaires
00:21qui se sont intéressés comme ça à la paternité alors que c'est un rôle qui a considérablement évolué ces 50 dernières années.
00:27La plupart des hommes sont beaucoup plus impliqués dans le quotidien de leurs enfants aujourd'hui.
00:32C'est un changement et un changement qui s'est fait très rapidement Alexandra.
00:36Alors nous on a observé le temps que dédient les pères aux enfants qui a beaucoup évolué ces 50 dernières années
00:44mais je crois que même à l'échelle d'une génération on peut s'apercevoir de changements assez importants.
00:50Et en fait la science a voulu essayer de suivre ça depuis 20 ans, c'est une science assez nouvelle la science de la paternité.
00:57qui a une vingtaine d'années qui essaie de suivre et de comprendre biologiquement en fait ce changement et de l'accompagner en fait.
01:03Vous donnez un chiffre là-dessus sur le temps consacré aux enfants par les pères, ça a été multiplié par 4 en Occident depuis 50 ans.
01:11Absolument, depuis 1965.
01:14Alors est-ce que ça veut dire que vraiment il y a 50 ans les papas ne s'occupaient pas du tout de leurs enfants
01:18et aujourd'hui ils commencent à le faire ?
01:22Ou est-ce que vraiment il y a un équilibre qui se fait entre les hommes et les femmes aujourd'hui ?
01:26En tout cas en termes de temps c'est évident.
01:30Il y a aussi un autre chiffre qui est assez intéressant dont on n'a pas parlé,
01:33c'est la présence des pères dans les maternités.
01:36C'est-à-dire que je crois que dans les années 70 il n'y avait quasiment aucun père présent à l'accouchement de leur enfant.
01:43Et à partir de la fin des années 70 ça s'est fait et aujourd'hui on est quasiment à 90% des hommes qui assistent,
01:49en tout cas qui sont là pendant l'accouchement de leur enfant.
01:51Donc ça aussi ça nous dit quelque chose d'un changement assez massif.
01:55Et alors ce qu'on découvre dans ce doc est assez incroyable,
01:58notamment le fait, qui est mesuré scientifiquement,
02:01que les jeunes papas sont comme les jeunes mamans,
02:04transformés au moment de la naissance de leur enfant.
02:07Et il y a une transformation biologique qui se fait.
02:10Exactement.
02:11Alors nous on parle d'un potentiel paternel qui est exprimé
02:16parce qu'il y a un facteur qui est assez important dans cette histoire,
02:20c'est le contact prolongé avec l'enfant.
02:22C'est-à-dire que la mère vit des bouleversements hormonaux
02:26qui sont mesurables du fait de la grossesse et de l'accouchement.
02:30Le père peut en vivre des comparables
02:32dans la mesure où il est proche de son enfant,
02:35dans la mesure où il s'occupe, où il passe du temps avec l'enfant.
02:38Et c'est ça le facteur clé pour justement pouvoir vivre ces évolutions biologiques.
02:44C'est-à-dire que concrètement le taux de testostérone des pères
02:47va baisser au niveau de ceux des femmes allaitantes.
02:52En tout cas des pères qui s'occupent de l'enfant.
02:53Oui, ça c'est la citation du scientifique Lee Gettler
02:57qui a mesuré sa propre testostérone.
03:00Parce que lui, il l'étudie à une échelle globale,
03:02mais il l'a mesuré lui dans son expérience personnelle.
03:04Et il dit dans le documentaire,
03:06« Quand mon fils est né, mon taux de testostérone était aussi faible
03:10que celui d'une femme allaitante. »
03:12Mais moi je tiens à dire que même si ça paraît préoccupant
03:15du point de vue d'un homme,
03:17c'est une chute de testostérone qui est certes significative,
03:22mais elle n'est pas dramatique et elle n'est pas critique.
03:25C'est-à-dire qu'il ne s'agit pas...
03:26C'est ponctuel surtout.
03:27Voilà, elle est ponctuelle,
03:28elle est liée vraiment au fait de s'occuper d'un très jeune enfant
03:33qui est vraiment un bébé qui est absolument dépendant.
03:37Et elle remonte un petit peu plus tard,
03:39une fois que l'enfant grandit.
03:40Donc ce n'est pas un drame,
03:42c'est un accompagnement biologique parfaitement compréhensible.
03:46Et les chercheurs, ils ont même observé
03:47qu'avant de prendre son nouveau-né dans ses bras,
03:49le taux de cortisol, qu'on appelle aussi l'hormone du stress,
03:52elle va monter en flèche.
03:53Mais dès qu'on prend le bébé, son bébé, dans les bras,
03:57c'est l'ocytocine qui va grimper.
04:00Exactement, c'est-à-dire que le lien se fait.
04:01Et c'est aussi la raison pour laquelle
04:03les pères sont invités au pot-à-pot
04:06dès la naissance avec l'enfant,
04:07c'est que ce premier contact pot-à-pot,
04:11cette première rencontre physique,
04:14elle a un impact sur les hormones
04:16et elle peut même, probablement,
04:19d'une certaine façon,
04:20donner une impulsion dans le fait de s'en occuper plus tard.
04:23C'est très important ce qui se passe ce jour-là.
04:25C'est utile pour les enfants,
04:27mais c'est utile pour le père également.
04:28La rencontre doit se faire.
04:30Les deux doivent créer un lien
04:32qui va permettre au papa de s'occuper de son enfant
04:35avec joie, j'ai envie de dire,
04:37avec enthousiasme.
04:39Et d'ailleurs, on voit un peu plus loin dans votre doc
04:40que c'est pareil pour les grands-parents.
04:43Quand ils découvrent leurs petits-enfants,
04:45là aussi, il se passe des choses dans leur corps
04:47et il y a cette évolution qui se fait.
04:49Alors ça, c'est une hypothèse,
04:51mais qui est vraiment très intéressante.
04:54Et c'est vrai que c'est l'œuvre de Sarah Blaffer-Eurdy,
04:56qui est notre conseillère scientifique,
04:58mais qui est surtout une primatologue
05:00et une anthropologue de renom américaine
05:02qui a sorti un livre sur la paternité récemment
05:05et sur lequel on s'est librement inspiré
05:08pour le documentaire,
05:09c'est que l'humanité a évolué
05:12de manière à élever les enfants
05:13de manière coopérative.
05:15C'est-à-dire qu'aux côtés des mamans,
05:18d'autres adultes peuvent intervenir
05:20dans l'éducation des enfants,
05:22donc les papas,
05:24mais potentiellement les grands-parents,
05:25les oncles, les tantes.
05:27Et on peut espérer observer
05:30des changements hormonaux aussi
05:32chez les grands-parents
05:33lorsqu'ils s'occupent de leur enfant.
05:34En fait, dès qu'il y a un contact,
05:37on peut espérer voir ces changements également.
05:39Et alors ce documentaire,
05:40il casse pas mal d'idées reçues,
05:41Alexandra Ternan,
05:42par exemple sur le fait que
05:43les femmes connaîtraient mieux
05:45les pleurs de leurs bébés.
05:47On pense toujours ça.
05:47Et donc c'est une des raisons
05:49qui ferait qu'elles se lèvent plus la nuit
05:50que les pères.
05:51En fait, pas du tout.
05:52Très mauvaise excuse, messieurs.
05:54On est tout aussi capable
05:56que les femmes de reconnaître
05:57les pleurs de nos bébés.
05:58Ça, c'est mesuré scientifiquement.
05:59Tout à fait, c'est le travail
06:01de Nicolas Mathevon
06:02qui a cette perspective
06:05très intéressante
06:06d'étudier vraiment scientifiquement
06:09comment les papas, les mamans,
06:13les hommes et les femmes
06:14peuvent reconnaître
06:16les pleurs de leurs bébés
06:18ou des bébés étrangers.
06:19Donc il a mis au point
06:20un certain nombre d'expériences
06:21qui révèlent effectivement
06:23pas vraiment de différence
06:24entre les hommes et les femmes.
06:25mais le facteur à nouveau
06:27qui compte,
06:29c'est le contact,
06:31c'est l'expérience
06:32avec l'enfant.
06:33Ah oui, un père
06:34qui n'aurait pas du tout
06:35connu son enfant,
06:36évidemment, il ne reconnaît pas
06:37ses pleurs.
06:37Oui, oui, et c'est même
06:38dans l'expérience,
06:39il prévoit même
06:40entre guillemets
06:40d'entraîner des gens
06:42qui ne sont pas parents
06:43à écouter un bébé
06:44et il se rend compte
06:45qu'une fois qu'on est familiarisé
06:47avec un bébé,
06:47un pleur d'un bébé,
06:48on est capable de le reconnaître.
06:49Donc c'est une compétence
06:50qu'on peut développer
06:51au contact de l'enfant.
06:52Mais alors il y a quand même
06:53de vraies différences
06:54hommes-femmes néanmoins,
06:55il y a une expérience scientifique
06:56qui montre que les pères
06:57et les mères
06:58n'interagissent pas
06:59de la même manière
07:00avec leurs bébés.
07:01Ça j'ai trouvé ça intéressant
07:02et qu'ils les stimulent
07:03différemment.
07:04En fait, il y a une forme
07:05de répartition des rôles
07:06entre le père et la mère.
07:10Oui, ce que disent les recherches
07:11d'ailleurs de la grande prêtresse
07:13si j'ose dire,
07:14de la parentalité
07:14qui en Israël
07:15s'appelle Rouspelman,
07:16c'est qu'elle dit que
07:18dans chaque relation
07:19enfant-parent,
07:21enfin chaque relation
07:22par enfant est singulière,
07:24c'est-à-dire est unique.
07:26Mais ce qu'elle observe
07:26au bout de, on va dire,
07:28de décennies d'observations,
07:30je crois qu'elle en est
07:30à plus de 30 ans
07:31d'observer des interactions
07:32par enfant,
07:34c'est qu'elle décèle
07:34des tendances.
07:36C'est-à-dire que la mère
07:37va plutôt avoir tendance
07:38à être dans un contact
07:39émotionnel
07:40avec une verbalisation
07:43commune
07:44et les hommes vont plutôt
07:45avoir tendance
07:46à stimuler le bébé
07:47avec des jeux,
07:49avec des objets,
07:51les lancer en l'air.
07:53Ce cliché-là,
07:56quelque part,
07:57elle l'a observé.
07:59De fait,
08:01ces interactions
08:01n'ont pas les mêmes vertus
08:05dans le développement cognitif,
08:07dans le développement cérébral.
08:08Oui, en ça,
08:08on est complémentaires.
08:09On est complémentaires.
08:10Et alors le doc,
08:10il s'intéresse aussi aux animaux
08:12avec certaines espèces d'oiseaux,
08:13d'amphibiens,
08:14de primates,
08:15où ce sont les mâles
08:15qui s'occupent le plus des petits.
08:17Et alors il y a une comparaison
08:18que j'ai trouvée très intéressante,
08:19on va finir là-dessus,
08:20entre deux espèces différentes
08:21de primates,
08:22les douroukoulis
08:23et les singes hurleurs.
08:25Et alors chez les douroukoulis,
08:26les pères sont extraordinaires.
08:28Ils s'occupent énormément
08:28de leurs petits
08:29une fois l'allaitement terminé.
08:31Et bien les petits douroukoulis
08:33survivent à 90%,
08:35ce qui est exceptionnel.
08:36En revanche,
08:37chez les singes hurleurs,
08:38les mâles ne sont préoccupés
08:40que par une seule chose,
08:42leur harem,
08:43il n'y a que ça
08:44qui les intéresse,
08:45et bien le taux de survie
08:46des petits n'est que de 65%.
08:48Moralité un peu rapide,
08:50si vous voulez que vos enfants
08:51soient équilibrés,
08:52il faut s'en occuper
08:53plutôt que d'aller
08:54batifoler dans les hautes herbes.
08:56C'est un peu ça quand même.
08:58C'est ça, c'est-à-dire que là,
08:59le petit bénéficie
09:00de l'apport de ses deux parents,
09:03des deux parents
09:04qui veillent sur lui,
09:04donc ça fonctionne mieux.
09:06En tout cas, nous,
09:06c'est ce qu'on a observé.
09:08C'est ce que la nature nous apprend.
09:10C'est une bonne conclusion scientifique
09:11que vous venez de faire, Thomas.
09:12Et il est passionnant,
09:13ce documentaire,
09:14Paternité,
09:14une métamorphose décryptée,
09:16documentaire de Jacqueline Farmer,
09:18co-écrit avec Alexandre Aternan,
09:20c'est sur Arte.tv
09:21à partir du 29 novembre,
09:24et ce sera diffusé
09:25samedi soir,
09:2723h25,
09:29le samedi 6 décembre,
09:30sur Arte.
09:31Merci beaucoup d'être venu
09:32ce matin sur Europe 1.
09:33Merci beaucoup à vous.
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