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  • il y a 16 heures
Christophe Galfard reçoit le chamption d'apnée Guillaume Néry, le biophysicien Bill François et l'écologue Johann Mourier pour un combat requin contre méduse.

Retrouvez « Big Bang » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/big-bang

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Transcription
00:00C'est parti pour Big Bang ! Avec mes invités, nous allons assister aujourd'hui à un combat terrible.
00:20Aujourd'hui est un jour spécial, un jour événement, car oui, vous qui écoutez cette émission depuis la rentrée,
00:26vous l'avez probablement compris, dans Big Bang, notre but, c'est de vous faire voir le monde à travers les yeux de la science,
00:32de vous mettre, pendant quelques instants, dans la tête des chercheurs et des chercheuses
00:36qui, là, maintenant, jour après jour, année après année, tentent de décrypter le monde qui nous entoure.
00:42Pour moi, leur discipline, la science, est plus que magnifique.
00:45Non seulement elle nous permet d'explorer ce qui n'a jamais été vu, de raconter notre histoire, de créer de nouvelles technologies,
00:52mais elle est aussi un des liants fondamentaux dont nos sociétés ont besoin.
00:56Elle est un savoir, un savoir qui se transmet de génération en génération,
01:01un savoir qui ne pourrait pas exister si nos ancêtres ne l'avaient pas exploré avant nous.
01:06Le savoir scientifique est notre héritage commun, en tant qu'humanité,
01:10et il est important qu'il se propage avec honnêteté, avec joie, avec douceur.
01:15C'est ce que nous aimons faire toute l'équipe de Big Bang et moi.
01:17Mais voilà, notre époque n'est pas du tout à la douceur et à l'entraide, elle est plutôt au conflit.
01:24Et comme il est dit que l'intelligence est une mesure de la capacité à s'adapter,
01:28nous avons décidé de nous adapter au monde en organisant, dans les règles de l'art, une bataille, une bataille sanglante.
01:35Alors il va sans dire que nous attendons évidemment en retour, que le reste de l'année,
01:39ce soit le monde qui s'adapte à la douceur de Big Bang,
01:41mais nous sommes ici, nous sommes maintenant et l'heure est au conflit.
01:44Dans quelques instants, deux scientifiques se feront chacun le champion d'une espèce mal aimée du grand public
01:50et ils devront la défendre.
01:52Ils devront la défendre avec toute leur science, toute leur empathie et toute leur humanité,
01:57car avec mon invité mystère et vous, cher public, nous devrons ensuite les départager.
02:02Voici donc les deux espèces qui vont s'affronter, mesdames et messieurs.
02:06Il y a d'un côté les requins et de l'autre les méduses et l'enjeu est de taille,
02:17car à la fin de l'émission, nous voterons pour savoir lequel des requins et des méduses restera en vie,
02:23car nous éliminerons tous les perdants de la surface de la planète.
02:26Voici donc les deux scientifiques qui vont s'affronter.
02:30Alors moi je m'appelle Bill François, je suis biophysicien,
02:33je m'intéresse à comment la physique modèle les lois de la nature et du vivant
02:38et aujourd'hui je vais défendre la méduse.
02:41Bonjour, je suis Joanne Mourier, je suis enseignant-chercheur à l'université de Montpellier,
02:45rattaché au laboratoire Marbeck.
02:47Et moi j'étudie l'écologie, le comportement et la conservation des requins depuis 20 ans,
02:51et donc je vais défendre les requins.
02:53Et pour m'aider à vous départager avec le public, voici le juge qui sera à mes côtés.
02:58Je m'appelle Guillaume Nery, je suis plusieurs fois recorman du monde de plongée en apnée,
03:03je suis déjà descendu à moins de 126 mètres de profondeur, avec une seule inspiration,
03:08et je suis un amoureux des grandes profondeurs, des océans, des méduses et des requins.
03:14Donc je suis dans une position bien difficile.
03:16Vous allez être impartial en tout cas, c'est ce qu'il semblerait.
03:18Guillaume Nery, notre tâche ne va pas être simple.
03:21Joanne Mourier, Bill François, bon courage à vous, et bonjour à toutes et à tous.
03:26Nous sommes en direct avec le public du studio 621 de la Maison de la Radio,
03:30et c'est parti pour le combat Mediuse versus requin.
03:33France Inter.
03:38Big Bang.
03:40Christophe Galva.
03:42Bon, on va commencer peut-être par se mettre dans l'ambiance.
03:44Guillaume Nery, est-ce que vous pourriez nous raconter ce qu'il se passe lorsqu'on plonge dans les profondeurs de l'océan,
03:52et peut-être des rencontres que vous y avez faites ?
03:54Justement, pour rester dans la thématique de cette émission,
03:58je pourrais raconter deux plongées avec deux rencontres qui ont été assez marquantes.
04:05Alors les méduses, je les rencontre assez fréquemment, puisque je nage toute l'année en Méditerranée,
04:09était comme hiver, en maillot de bain très souvent, donc avec un regard particulièrement aiguisé
04:17pour être sûr de ne pas en rencontrer une de trop près.
04:20Mais j'ai le souvenir, c'était il y a une vingtaine d'années, lors d'un entraînement pour battre un record du monde.
04:28J'étais à quelques semaines de l'échéance, à l'époque je devais plonger à plus de 100 mètres,
04:32je ne sais plus exactement quel chiffre, et tout d'un coup une grosse dépression est arrivée
04:37et a ramené sur toute la côte autour de Nice, là où je m'entraînais, une infinité de méduses.
04:48Et je n'avais pas le choix, d'autre choix que de, malgré tout, aller dans l'eau et plonger,
04:54et trouver mon chemin au milieu de ce nuage de méduses.
04:57Donc, premier entraînement, je suis allé dans l'eau et on a décidé d'annuler,
05:01parce que c'était tout bonnement impossible, la mer était devenue gélatineuse.
05:04Et le lendemain, j'ai décidé d'y retourner, en faisant une espèce de...
05:10en ayant une... en essayant d'avoir une confiance dans ces méduses,
05:16et j'ai plongé les yeux fermés.
05:18Et par moment, j'ouvrais les yeux et j'avais l'impression d'être au milieu d'une constellation étoilée de méduses.
05:25Et ce jour-là, j'ai plongé à plus de 100 mètres, et pas une seule méduse ne m'a touché.
05:29Je ne sais pas par quel miracle j'ai réussi à slalomer entre tous ces individus.
05:33Mais j'en retiens une espèce de plongée un peu parfaite,
05:38avec un compagnonnage et une harmonie avec ces animaux.
05:44Et peut-être depuis ce moment-là, les méduses sont devenues amies.
05:48Et peut-être une petite anecdote avec un requin, pour qu'on ne soit à égalité dès le départ.
05:51Oui, les requins, j'ai une grande fascination pour les requins.
05:55Effectivement, les mal-aimés du monde sous-marin.
06:00J'ai tellement d'histoires avec les requins.
06:02Mais je dirais peut-être ma première rencontre avec le requin qui me fascine le plus,
06:07c'est le requin marteau, le grand requin marteau.
06:09En Polynésie, j'étais à l'eau avec ma fille, à l'époque elle avait 8 ans.
06:14Et on était à Tikeho, en Polynésie.
06:19On cherchait à nager avec des requins-tigres.
06:23Et les requins-tigres sont extrêmement impressionnants.
06:25Ce sont des requins qui sont responsables de quelques attaques.
06:28Donc on n'était pas tranquille.
06:31Et là, soudain, un requin marteau est arrivé.
06:34Et finalement, il a volé le spectacle.
06:37Je suis resté subjugué parce qu'il est passé pendant 2-3 minutes.
06:41Et son comportement, son agilité dans l'eau, sa taille, sa prestance,
06:48c'est vraiment un grand prédateur à laisser une trace indélébile.
06:52Et j'en garde un souvenir assez marqué.
06:57Johan Mouriez, est-ce que vous pourriez nous définir ce qu'est un requin ?
07:00Un requin, tout d'abord, c'est un poisson.
07:03Un poisson un peu particulier parce qu'il est constitué d'un cartilage.
07:06De cartilage et non d'os, comme les arêtes de poissons.
07:11Il est dépourvu de vessie natatoire.
07:14Donc il va avoir tendance à couler s'il s'arrête de nager.
07:17Et c'est un poisson assez ancien.
07:21Qui est apparu à peu près il y a 400 millions d'années.
07:25Donc c'est une marque aussi de l'évolution.
07:27Il s'est très bien adapté à son milieu.
07:30Quand vous dites cartilage et non pas os, ça veut dire que ça se plie ?
07:33En gros, ça permet plus de mouvements ?
07:35C'est quoi la différence ?
07:36C'est plus flexible, c'est plus léger aussi.
07:39Donc ça lui permet de s'adapter.
07:41Il va compenser en fait sa perte de flottabilité.
07:44Donc il va avoir tendance à couler.
07:46Mais il va compenser ça avec un squelette plus léger.
07:49Et aussi du coup un foie plus important.
07:52Qui va lui permettre un peu de flotter un peu plus.
07:54Si on voit un aileron quelque part à un moment et peu, est-ce qu'on se dit immédiatement que c'est un requin ?
07:58Comment est-ce qu'on reconnaît qu'on a un requin face à nous ?
08:02Alors tous les requins ne viennent pas forcément aux surfaces.
08:04Donc on ne va pas forcément voir leurs ailerons.
08:07Mais c'est une démarche.
08:09Donc c'est constitué du coup de deux grandes nageoires pectorales en général.
08:14Qui vont représenter à peu près ses bras.
08:16Et puis une nageoire du coup dorsale qui peut être caractéristique.
08:19Alors certains n'ont pas de nageoire dorsale non plus.
08:22Donc ce n'est pas forcément un critère absolu.
08:26Et une grande nageoire aussi caudale avec des ondulations en fait lorsqu'il va nager.
08:30Donc c'est assez majestueux en général quand il nage.
08:32Ça c'est la nageoire qui est derrière c'est ça ?
08:34La nageoire caudale voilà c'est la queue entre guillemets.
08:37Bill François, est-ce que vous pourriez nous définir aussi ce qu'est une méduse du coup ?
08:41Alors une méduse, c'est du corail techniquement.
08:44C'est-à-dire, ça peut nous faire déjà un peu plus aimer la méduse comme on aime bien le corail.
08:48Vous commencez déjà.
08:50C'est non seulement le même embranchement mais c'est même très souvent le même animal.
08:55C'est-à-dire que le polype corallien qui vit fixé comme ça à une colonie corallienne
09:00va être une phase de la vie de la méduse.
09:03Et à un moment donné il va pouvoir pour certaines espèces en sortir de cette phase fixée et nager en plein eau.
09:09Ou à l'inverse une méduse qui va nager en plein eau va pouvoir se fixer et devenir un polype corallien.
09:14Alors il y a aussi des méduses qui restent en plein eau toute leur vie.
09:17Le corail en revanche a une phase de méduse au début de sa vie à chaque fois.
09:22Parce que lorsqu'il va naître c'est en plein eau.
09:24La fécondation s'effectue en plein eau.
09:26Et donc c'est deux animaux qui ne sont que les deux faces d'une même pièce, d'une même médaille.
09:32Et on les regroupe dans l'embranchement de ce qu'on appelle les cnidères.
09:36Ça vient d'Aristote, ça le nom est un peu moins sympa.
09:39Ça veut dire qui pique.
09:40Cnidère ça veut dire qui pique, qui est urtiquant.
09:43On a longtemps d'ailleurs appelé les méduses des orties de mer.
09:46Pour la même raison, assez évidente.
09:49Il y a que Pline qui les appelait des poumons marins.
09:51Ce qui est un peu plus poétique.
09:53Mais en fait ça n'a pas de poumons les méduses.
09:54Ça n'a ni poumons, ni cerveau.
09:59Ça n'a quasiment aucun organe.
10:00C'est à 95% constitué d'eau.
10:05Est-ce que leur nom est mérité ?
10:08A savoir est-ce que toutes les méduses piquent ?
10:10Alors toutes les méduses ne piquent pas.
10:11Non, rassurez-vous, la plupart ne piquent pas.
10:14En tout cas, c'est plutôt qu'on n'est pas allergique à leur piqûre.
10:17Et d'ailleurs pour certaines, ça dépend des individus.
10:19Par exemple, les grosses méduses qu'on surnomme les œufs au plat.
10:22C'est des grosses méduses un peu marrons où il y a des petits ronds bleus en dessous.
10:26On les voit souvent en Méditerranée.
10:27Elles sont très belles.
10:28Pour la plupart des gens, les méduses, eux, au plat ne piquent pas.
10:31On peut jouer avec sans problème, mais on peut aussi être allergique.
10:34Ça peut arriver.
10:34Donc ça dépend des gens.
10:36Et lorsqu'on se fait piquer par une méduse,
10:38c'est quoi ce qui pique dans une méduse ?
10:41Alors ce qui pique dans une méduse,
10:43c'est au niveau des filaments,
10:44ce qu'on appelle les tentacules,
10:46qui possèdent des petits harpons,
10:49ce qu'on appelle des nématocystes.
10:51Donc c'est des petites cellules avec un petit cil
10:53qui va chimiquement détecter des substances qu'il y a sur notre peau
10:56ou sur celle des poissons
10:58ou sur la carapace des crustacés, etc.
11:00Et quand elles détectent un certain nombre de substances,
11:02ça lance un petit harpon
11:03qui lance du venin, tout simplement.
11:06Il y en a plusieurs millions par tentacule.
11:09Donc il suffit qu'on en touche une pour se faire piquer.
11:12Et une fois que le venin, disons, est en nous,
11:16une fois que ces harpons ont été lancés,
11:18est-ce que, moi j'ai entendu dire mille fois sur la plage
11:22lorsque je vois des enfants ou des adultes se faire piquer,
11:24qu'il y a quelques techniques de base
11:25pour enlever ce poison ?
11:29Alors je vais le dire, par exemple,
11:30faire pipi dessus ou mettre du vinaigre.
11:33Est-ce que ce genre de choses marche ?
11:35Non. Ou plus précisément, le pipi, non.
11:39Le vinaigre, oui.
11:41Peut-être que si vous avez bu beaucoup de vinaigre,
11:42le pipi pourra fonctionner, mais je ne suis pas sûr.
11:45Non, en fait, le vinaigre, la chaleur,
11:48neutralise effectivement le venin.
11:50Les antihistaminiques neutralisent la réaction allergique.
11:53Donc ça peut être aussi une solution.
11:55Des crèmes antidouleurs également.
11:57Par contre, uriner, frotter, mettre de l'alcool,
12:00de l'eau douce, de la mousse à raser,
12:01ou que sais-je, sur la piqûre de médus,
12:03ça n'est pas une bonne idée.
12:04Déjà parce que ça va...
12:07Il reste souvent des tentacules un peu
12:09et puis des nématocystes qui n'ont pas encore été activés.
12:12Ça va avoir tendance à les activer,
12:13donc ça va nous piquer encore plus.
12:15À la limite, il vaut mieux retirer les tentacules,
12:18si on les voit, avec des gants,
12:19pour ne pas se piquer les doigts,
12:20ou avec une carte de crédit
12:21pour un objet comme ça en plastique.
12:24De n'importe quelle banque.
12:25Oui, ça fonctionne.
12:26C'est compatible avec toutes les banques.
12:28Je ne sais pas si elles prennent l'American Express.
12:30Mais voilà.
12:32Ce qu'il faut retenir,
12:32c'est qu'il n'y a pas de danger
12:33pour les méduses présentes sur nos côtes.
12:35Par contre, certaines personnes très allergiques
12:37peuvent développer une réaction allergique
12:38et à ce moment-là, il faut vite aller aux urgences.
12:40Ou il faut aller aussi aux urgences
12:41si ça pique au niveau des yeux.
12:43Oui, parce que là, ça peut être dangereux.
12:45On a une petite idée du nombre de morts par an sur Terre.
12:50Moi, j'avais regardé un petit peu.
12:52Il y a combien de morts sur Terre par an à cause des méduses ?
12:54Une cinquantaine, c'est dix fois plus que pour les requins.
12:58Alors, en plus,
13:00moi, j'ai vu un chiffre un petit peu plus élevé.
13:03Donc, vous essayez déjà d'arnaquer les gens.
13:07J'avais vu une centaine de morts
13:08ou une centaine de morts pour les méduses.
13:12Est-ce qu'ils étaient tous vraiment morts ?
13:13Oui, peut-être pas.
13:14Je veux bien vous l'accorder.
13:17Joanne Mourier,
13:18les attaques de requins
13:19qui font peur à absolument tout le monde,
13:22est-ce qu'elles sont fréquentes ?
13:24En effet, elles ne sont pas si fréquentes que ça
13:26parce qu'on ressense à peu près, on va dire,
13:28une dizaine de morts par an dans le monde entier.
13:31Donc, il faut voir que c'est quand même très faible.
13:34Et en général, une centaine d'incidents, on va dire,
13:36dans le monde,
13:37donc de morsures qui ne vont pas être mortelles.
13:40Alors, on essaye, nous, scientifiques,
13:41de changer un peu la mentalité,
13:42c'est-à-dire de pousser à changer le terme d'attaque,
13:45parce qu'en fait, le requin ne va pas forcément y aller,
13:48on va dire, de son vouloir.
13:51Donc, c'est souvent un incident, une interaction
13:53ou une morsure.
13:55On va plutôt essayer de changer un peu les mentalités
13:57pour justement améliorer notre rapport au requin.
14:00Vous avez déjà eu peur face à un requin, Guillaume Néry ?
14:05Alors, peur, je...
14:08Être vigilant, oui,
14:10parce que c'est pas un petit chiot qu'on caresse,
14:15on est dans le monde sauvage,
14:16et je pense qu'il est extrêmement important de rappeler
14:18que dans le monde sauvage,
14:20quel que soit l'animal que l'on rencontre,
14:22il faut garder une vigilance.
14:25Certains requins,
14:26je me méfie de certains requins plus que d'autres.
14:29Je dirais que celui qui est le plus...
14:34J'allais employer un mauvais adjectif,
14:35j'allais dire sournois,
14:36sous-entendu qu'il y aurait une arrière-pensée de ce requin,
14:40mais disons qu'il y a des stratégies d'approche
14:43dont il faut se méfier.
14:45Je dirais que c'est le requin Longimanus
14:47qui est...
14:49Qu'on trouve où ?
14:50Qu'on trouve un peu partout dans l'océan.
14:52C'est un requin pélagique qui vit en pleine eau,
14:55et qui dit pélagique,
14:56finalement, il va y avoir très peu d'opportunités
14:58pour trouver la nourriture en pleine mer.
15:00Et donc s'il croise d'il, il ne va pas.
15:03Il a cette réputation d'ailleurs d'être le...
15:05Quand il y a un crash d'avion, par exemple, au large,
15:07c'est celui qui va aller se nourrir des cadavres.
15:09Donc forcément, dans l'inconscient collectif,
15:11ça laisse une empreinte.
15:13Mais c'est vrai que c'est un requin...
15:15C'est le premier rencontre que j'ai rencontré d'ailleurs
15:16en Égypte, en 2005.
15:18Ils font quelle taille, ces requins-là ?
15:22Ils ne sont pas très grands,
15:24mais par contre, la particularité,
15:26c'est qu'ils ont les nageoires pectorales
15:29qui sont immenses.
15:30Donc c'est un peu la représentation,
15:32le dessin.
15:33Si on demande à un enfant de dessiner un beau requin,
15:36c'est lui qu'on dessine.
15:37Et il est très gracieux,
15:39mais par contre, c'est vrai qu'il se débrouille toujours
15:41quand on le regarde et qu'on le cherche dans le bleu
15:43pour arriver dans le dos,
15:45et si possible dans l'axe du soleil,
15:46pour qu'il soit le moins visible possible.
15:50Ce n'est pas très bon pour vous, ça,
15:51Johan Mouriez.
15:53Mais peut-être que vous pouvez nous raconter,
15:55vous, une plongée que vous avez faite
15:57avec plein de requins partout.
15:59Alors moi, ça va être un souvenir assez mémorable.
16:03Je vais revenir d'ailleurs sur le grand camarteau
16:05évoqué par Guillaume au début de l'émission.
16:08On était en plongée en train d'étudier
16:11la chasse des requins gris.
16:12Donc là, il faut s'imaginer dans une passe en pleine nuit,
16:15des centaines de requins gris
16:17qui sont le long du fond
16:19et qui chassent en fait tous les petits poissons.
16:22Et donc, nous, on était un peu au milieu de tout ça.
16:24Donc déjà, on fait un peu attention
16:25parce que ça chasse un peu dans tous les sens.
16:27Vous étiez dans quel coin du monde ?
16:28Donc là, c'était en Polynésie,
16:29dans la passe de Fakarava.
16:30Et on s'est aperçu en fait à un moment donné
16:33que beaucoup de requins se sont mis à partir d'un coup,
16:37à fuir.
16:38Et là, on a vu arriver un grand requin-marteau
16:40qui venait venir chasser finalement d'autres requins
16:44qui étaient les requins gris.
16:46Donc là, le requin gris qui est un prédateur
16:47passe pour proie.
16:49Et quand on voit un requin gris qui est un peu près notre taille,
16:52on se dit que finalement, dans cette situation-là,
16:55on se retrouve un peu comme la proie aussi.
16:57Est-ce que c'est le seul requin, le requin-marteau,
16:59qui se nourrit de ses congénères ?
17:02Ou est-ce qu'il y a d'autres espèces de requins qui mangent ?
17:04Il y a plusieurs espèces.
17:05Alors, pas mal d'espèces vont pouvoir aussi
17:07chasser des petits requins, donc des jeunes.
17:11Et autrement, on va avoir d'autres espèces
17:13comme le requin-tigre, le requin-bouledogue
17:16qui sont connus aussi pour aller attaquer d'autres congénères.
17:21Est-ce que le requin blanc qui est dans l'imaginaire collectif
17:24est le plus dangereux des requins ?
17:25Il fait partie des, on va dire, des trois espèces
17:28les plus impliquées dans les morsures,
17:30donc qui sont avec le requin-tigre et le requin-bouledogue.
17:33Mais c'est dans certaines zones du monde,
17:35donc c'est assez localisé.
17:37Mais oui, en effet, il fait partie des espèces
17:40qui sont les plus impliquées.
17:41Eh bien, écoutez, c'est bien d'avoir fait cette petite introduction,
17:44car après la musique que nous allons écouter,
17:47nous allons avoir vos plaidoiries à l'un et à l'autre
17:50pour les requins et pour les méduses.
17:54Nous allons donc écouter, pour l'instant,
17:57je retrouve le nom de la chanson.
17:59Voilà, c'est Kraken, un monstre des mers
18:02par Florence and the Machine.
18:03Sous-titrage Société Radio-Canada
32:44Est-ce que ça veut dire aussi, quelque part, que si la surpêche est, disons, stoppée, il y aura amplement suffisamment à manger pour les espèces qui sont là et pour proliférer à nouveau et rétablir un nouvel équilibre ?
32:58Tout dépend si on passe un point de non-retour ou pas. Avec la surpêche, c'est comme ça que ça se passe. Les chaînes alimentaires de l'océan, elles sont très compliquées. Il y a des dizaines d'échelons.
33:07En fait, nous sur Terre, c'est le producteur primaire, la plante, qui est mangée par un herbivore, qui est éventuellement mangée par un carnivore, et ça s'arrête là. C'est trois échelons.
33:15Tandis que dans la mer, c'est des dizaines et des dizaines d'échelons, plein de petites larves qui en mangent d'autres, qui se font manger par des trucs un peu plus gros.
33:21Puis ensuite, quand elles deviennent adultes, elles deviennent le prédateur d'un truc qui était leur prédateur avant, etc. Donc il y a 10 ou 12 échelons à chaque fois.
33:27Puis si on en enlève un, ça peut tout bouleverser. Et on le voit, par exemple, la pêcherie des morues à Terre-Neuve, qui s'est effondrée dans les années 90,
33:34elle n'est toujours pas revenue et elle ne reviendra probablement jamais parce qu'on est passé sur un nouvel équilibre et on a dépassé un point de non-retour.
33:42À l'inverse, le thon rouge, qui a été sauvé in extremis par la chute de Kadhafi et donc un arrêt momentané du braconnage qui était effectué par les navires français sur le thon rouge,
33:54il est revenu en grande quantité alors qu'il était aussi au bord de l'extinction.
33:58Donc ça dépend des espèces et malheureusement, on a déjà abîmé énormément de populations de poissons au-delà d'un point de non-retour,
34:05mais on en a aussi énormément qui restent à sauver.
34:08Guillaume Nery ?
34:08Oui, j'ai une question pour Bill parce que face à la prolifération d'une espèce, la solution, ça pourrait être de trouver une utilité pour l'humain.
34:16Alors j'ai bien compris que la méduse, c'est 98-99% d'eau, je ne sais plus le chiffre exact.
34:22Mais est-ce que le reste de matière, est-ce que quelqu'un a déjà pensé à une utilisation, que ce soit pour la consommation,
34:32il y a des grands chefs qui utilisent des produits assez incongrues, est-ce que c'est possible, envisageable ou pas du tout ?
34:40Oui, il y a des pistes, c'est envisageable. Après l'océan c'est très grand et autant faire disparaître une espèce, on sait faire,
34:46autant quand on veut vraiment faire disparaître une, c'est beaucoup plus difficile.
34:49C'est souvent, malheureusement, c'est pas toujours comme on veut, mais c'est vrai qu'il y a eu des usages,
34:55même le fait que ça contienne de l'eau, les anciens utilisaient les méduses pour hydrater les vignes en charente,
35:00un peu comme ces blocs de gélatine qu'on utilise quand on part en week-end pour pas avoir à arroser les plantes, c'était le même principe.
35:06Et ça a marché ?
35:07Ah bah ça marchait à l'époque.
35:08Est-ce que c'est ça qui a donné le vin pétillant ?
35:10Non, je ne pense pas.
35:12Ou le vin nature, la typique sur la boucle.
35:14Ça pourrait être le genre d'idée de start-up de l'économie bleue, comme ils disent.
35:19Enfin bon, on sait bien que toute start-up comme ça qui vise à faire de la croissance n'est pas une solution à long terme pour quoi que ce soit.
35:26Mais c'est vrai qu'on pourrait trouver des solutions.
35:28En tout cas, il y a plein d'usages à la méduse.
35:30Il y a plein de pays où on en mange, évidemment, et on pourrait le faire ici.
35:34Il y a aussi le collagène qui est proche de celui des embryons, qui a des tas d'applications médicales pour les victimes de brûlures, par exemple.
35:41Puis on pourra sûrement en trouver plein d'autres choses à faire avec des méduses, je suis sûr.
35:45Alors juste avant d'écouter la musique et de passer aux questions du public, j'ai juste une dernière petite question pour vous, Joanne Mourier.
35:52Est-ce qu'un requin mignon, ça existe ?
35:54Drôle de question.
35:56Oui, j'ai dit qu'il y avait plus de 500 espèces de requins.
35:58Donc certaines ont bien sûr la forme globale du requin avec des dents acérées et tout.
36:04Mais on va voir des espèces, d'ailleurs, certaines que vous connaissez certainement ici.
36:08La roussette, c'est un petit requin qui va faire un peu moins d'un mètre, en tout cas, qui est plutôt mignon.
36:13On va le voir dans les aquariums.
36:15Vous avez le requin bambou, le requin de Port Jackson, le requin nourrice, des requins qui sont assez mignons, assez dociles.
36:23Le requin baleine aussi.
36:24Le requin baleine, il est beaucoup plus imposant.
36:26Imposant, mais en effet, il va manger surtout du plancton.
36:29Et voilà, donc c'est des espèces qui sont plutôt dociles.
36:32On mettra quelques images sur les réseaux sociaux après cette émission.
36:37Et nous allons écouter Mobilis Immobilé, qui est un petit peu le mojo du Capitaine Nemo dans son Nautilus,
36:45c'est-à-dire ce qui bouge dans ce qui bouge.
36:56Quand les vérités sont trop lasses Pour douter du temps qui passe
37:07D'autres ont déjà pris leur place Alors elles s'effacent
37:14Quand les vérités sont banales Elles s'étalent dans le journal
37:23Il vaut mieux tourner la page Partir en voyage
37:30J'irai voir tôt ou tard Si les sirènes existent
37:36Sur le dos des baleines Je suivrai leur piste
37:42Car nul ne résiste Au charme doux De leur chant d'amour
37:50Mobilis Immobilé
38:17Immobilé
38:18Immobilé
38:19Immobilé
38:20Immobilé
38:21Immobilé
38:24Immobilé
38:25Immobilé
38:27Immobilé
38:30Ah ah ah ah ah
38:34J'irai de l'avant Contre le vent
38:39Quand les vérités sont fatales Qu'elles n'ont plus de bonnes étoiles
39:00On les voit lever le voile Tout leur est égal
39:07Quand les vérités aux mains sales Se construisent des cathédrales
39:17Il vaut mieux fuir à la neige Partir en voyage
39:23J'irai voir tôt ou tard Si les sirènes existent
39:30Sur le dos des baleines Je suivrai leur piste
39:37Car nul ne résiste Au charme doux De ce dernier rendez-vous
39:44J'irai voir tôt ou tard Si les sirènes insistent
39:51Sous les flots qui m'entraînent Je suivrai leur piste
39:58Car nul ne résiste Au charme doux De leur chant d'amour
40:05Au vis
40:07Au vis
40:11Immobilé
40:13Au vis
40:16Immobilé
40:18Au vis
40:22Immobilé
40:24Au vis
40:29Au vis
40:33Immobilé
40:35Au vis
40:38Chiré de l'amour
40:41Contre le vent
40:44Même si le sirènes
40:47N'existe pas
40:52C'était « mobilis immobilé » de l'affaire Louis Strio
40:55et nous sommes toujours en direct et en compagnie de mes trois invités
40:58L'apthéiste Guillaume Néry, l'écologue Johan Mourier et le biophysicien Bill François
41:03et bien sûr le public du studio 621 qui s'apprête à poser ses questions
41:08France Inter
41:12Christophe Gelfard
41:15Big Bang
41:17Alors nous avons une première question, nous vous écoutons
41:21Bonjour, je suis Catherine, j'aimerais savoir dans le cadre du combat qui se joue ici aujourd'hui, si les méduses peuvent piquer les requins et si les requins peuvent manger des méduses ?
41:34Alors qui veut répondre en premier ? Johan Mourier peut-être ?
41:37Alors est-ce que les méduses peuvent piquer les requins ? Certainement, mais je ne suis pas certain en fait que les requins le ressentent.
41:43Je pense qu'ils sont plutôt protégés par leurs denticules cutanées et après je sais que certains requins vont pouvoir manger des méduses.
41:51Est-ce qu'ils ont des écailles les requins ?
41:53En fait c'est une transformation des dents, c'est des petites dents qui recouvrent toute la peau du requin.
42:00Vous êtes fichus pour la compétition là, si vous dites qu'ils ont des dents absolument partout sur leur peau.
42:07Mais qu'on utilise d'ailleurs dans l'aéronautique pour les propriétés hydrodynamiques.
42:12Donc on a des revêtements qui sont inspirés en tout cas des denticules de requins.
42:18Bill François ?
42:20Effectivement la méduse elle perd sur ce match là, elle se fait manger par les requins mais je ne pense pas qu'elle puisse vraiment se venger.
42:27Nous avons une deuxième question de Céleste.
42:29Qu'est-ce qu'on doit faire quand on est face à un requin ?
42:33Alors bonne question, ça dépend déjà dans quelles circonstances mais on va dire en plongée ou en apnée.
42:39Je pense que la meilleure chose c'est déjà de l'observer, d'observer son comportement, de sortir un peu de sa zone en fait, de garder une zone de confort c'est-à-dire une distance avec lui.
42:49Et puis en cas d'agressivité c'est de s'éloigner et de sortir de l'eau quand on pleut.
42:55Moi je dirais de l'expérience, un truc extrêmement important c'est de garder son calme.
43:02C'est ça en effet.
43:03C'est de respirer très calmement, d'essayer de ne pas s'emballer, de ne pas avoir le comportement de la fuite.
43:10Parce que le requin je pense qu'est très sensible, c'est un prédateur, il voit quelqu'un qui fuit, il se dit tiens il a quelque chose à se reprocher celui-là.
43:16Donc j'ai l'impression que les requins sont assez sensibles à ce...
43:22Oui puis ils ne sont pas vraiment téméraires en fait, ils vont rester quand même à distance en général et vous observer mais rester assez éloignés.
43:29En tout cas quand on est en plongée ou en apnée et donc si en effet on reste calme en général on arrive à éviter l'interaction négative.
43:37Nous avons une troisième question de Lou.
43:39Si les méduses n'ont pas d'organes, comment font-elles pour vivre ?
43:43Elles ont des organes quand même, elles n'ont juste pas les mêmes que les nôtres, ils sont beaucoup plus simples.
43:47Il y a un système qui leur permet de digérer leur nourriture.
43:50Elles ont l'équivalent des muscles mais qui fonctionnent uniquement de manière hydraulique dans l'eau.
43:54Donc elles arrivent à vivre et après il y a aussi des choses qu'elles arrivent à faire différemment de nous et sans avoir les organes qui chez nous nous servent à ça.
44:02Par exemple le sommeil, on sait que les méduses elles dorment, en particulier ça a été étudié chez la méduse Cassiopée, une méduse qui vit à l'envers.
44:09C'est très très mignon à voir, elle est à l'envers.
44:12Et en fait elle dort, c'est à dire qu'elle a des phases comme ça indispensables à sa vie où régulièrement tous les jours, enfin toutes les nuits, elle doit se reposer.
44:20Et on peut la réveiller mais elle est plus dure à réveiller qu'à activer quand elle est active.
44:25C'est vraiment comme du sommeil, ça a l'air d'être lié aux mêmes hormones que nous d'ailleurs, la mélatonine etc.
44:30Mais on sait pas vraiment comment ça marche parce qu'elle n'a pas de cerveau et que pour nous le sommeil c'est avant tout le cerveau.
44:36Est-ce que les requins dorment aussi, Joanne Mourier ?
44:39Alors ils dorment pas vraiment en fait, ils vont avoir des phases un peu inactives.
44:42Certains et la plupart des requins vont couler, donc certains vont être capables de ventiler par eux-mêmes.
44:49Et certains requins en fait, certaines espèces sont connus pour en fait s'asphyxier si elles ne nagent pas continuellement.
44:57Et on a pu montrer par nos travaux notamment qu'ils étaient capables d'utiliser les courants ascendants par la topographie pour en fait surfer sur les vagues ascendantes et s'oxygéner sans avoir besoin de nager.
45:12Planer un peu dans les vagues comme le font les rapaces sur les montagnes.
45:16Nous avons une question de Philippe.
45:18Bonjour, je voudrais savoir si on a compris les phénomènes d'attaque de requins à la Réunion et puis un éventuel lien avec la responsabilité de l'homme dans la participation des écosystèmes.
45:30Alors c'est une question très compliquée parce qu'en effet c'est multifactoriel, donc on n'a pas réussi pour l'instant en tout cas à comprendre quelle était réellement la cause à tout ça.
45:40Il faut voir en effet que c'est très peu d'attaques par an, ce qui fait que les statistiques à faire sur les causes sont très difficiles à mettre en avant.
45:49Il y a certainement des pratiques humaines qui ont été un peu d'ailleurs certainement étouffées dans cette affaire.
45:58Par contre nos travaux sur le...
46:02On a pu marquer des requins en fait, des requins bulldogs notamment sur l'île de la Réunion.
46:07Et on s'aperçoit que leurs mouvements expliquent en tout cas les situations de risque.
46:12Donc entre guillemets, là où ont eu lieu les incidents et à quelle période ont eu lieu les incidents, ça s'explique en fait, on peut le prédire via leur déplacement.
46:20Donc éliminer les requins, en fait finalement on va étouffer la chose alors qu'on pourrait les équiper d'émetteurs et avoir un système d'alerte quand les individus viennent trop près des plages par exemple.
46:31Nous avons une question d'Agathe.
46:33Oui, bonjour. Si à la fin de ce gombat, l'émidus gagne et on élimine tous les requins de la terre, quelles seraient les conséquences pour nous de cette disparition ?
46:41Alors les requins, il faut voir...
46:43De nombreuses espèces de requins, parce que tous les requins ne sont pas en haut de la chaîne alimentaire, mais de nombreuses espèces sont en haut de la chaîne alimentaire.
46:49Donc ils vont réguler, ils vont avoir plusieurs rôles, ils vont réguler les maillons qui vont être en dessous d'eux dans la chaîne.
46:55Ils vont aussi avoir... Ils ont un effet assez important en fait, indirect à la prédation, qui va être la peur.
47:02Ils vont infliger la peur à leurs proies, ce qui va modifier leur comportement et va participer à l'évolution des proies.
47:10Donc c'est un jeu de prédateurs-proies. Si on enlève les prédateurs, en fait, on va modifier ceci.
47:14Par exemple, par ce jeu de peur, en fait, participer à la séquestration du carbone. Alors comment ?
47:22C'est parce qu'en fait, en faisant peur aux herbivores, ils vont permettre de protéger certaines zones d'herbiers notamment, qui vont participer à la séquestration du carbone.
47:34Et c'est un peu plus complexe parce qu'en effet, comme on l'a dit tout à l'heure, les chaînes alimentaires sont complexes.
47:38Donc il y a ce qu'on appelle une redondance trophique et fonctionnelle.
47:41Ce qui fait que si on enlève une espèce, il y aura certainement une autre espèce qui va prendre sa place.
47:45Donc c'est un peu difficile à répondre sur le long terme.
47:48Mais en tout cas, il y aura certainement des effets en tout cas pervers.
47:52Nous avons une question de Gérard.
47:55Oui, je me demandais en quoi le bio-physicien, plutôt l'aspect physicien, pourquoi il s'intéressait plus particulièrement aux méduses ?
48:03Alors les méduses, déjà, petite parenthèse, elles servent beaucoup, notamment à la physique.
48:08C'est le deuxième prix Nobel, je disais, le premier qui a été obtenu grâce aux méduses, c'est l'étude des allergies.
48:13Le deuxième, c'est celle de la GFP, la protéine fluorescente verte, qui est une protéine présente chez certaines méduses comme Aichorea victoria.
48:22Donc c'est des méduses fluorescentes.
48:23Donc elles reçoivent de la lumière du soleil et puis elles la rémettent sous d'autres couleurs, d'autres longueurs d'onde.
48:29Et en fait, cette protéine fluorescente, on a su la séquencer, savoir de quoi elle est constituée et les gènes qui permettent de la coder.
48:38Et grâce à ça, on arrive à en faire un marqueur pour les microscopes qui permet de suivre des molécules uniques.
48:44Donc vous avez une petite protéine dans votre corps qui va en toucher une autre et puis elles vont se coller.
48:48Et ça va faire une réaction chimique indispensable à votre vie.
48:51En mettant cette petite bille fluorescente, ça permet de le suivre.
48:55C'est un peu le microscope du 21e siècle.
48:57C'est hyper important.
48:58Mais sinon, les méduses, elles ont plein de propriétés physiques absolument incroyables qu'on peut étudier,
49:04que ce soit leur nage, l'hydrodynamique de leur nage qui est absolument fascinante,
49:08que ce soit même la façon dont ces petits harpons vont se déployer dans les nématocystes.
49:14Enfin, c'est un animal absolument passionnant.
49:16Mais c'est pas le seul, il y en a plein.
49:17Les requins aussi, ils sont.
49:19Oh, c'est beau de dire ça à la fin du combat.
49:22Avant de passer au vote, je vous propose d'écouter un petit son mystère.
49:26Alors, on va vous le passer dans le studio.
49:29Normalement, aucun de vous trois ne l'a déjà entendu.
49:31Pas que je sache.
49:32On va voir si vous arrivez à reconnaître ce que c'est.
49:35Vous avez le droit de dire ce que vous voulez.
49:37Il n'y a aucun réel enjeu là-dessus, mais c'est un son qui est amusant.
49:40Écoutez-le.
49:41Est-ce que ça vous fait penser à quelque chose ?
49:53Guillaume qui claque des dents en descendant à 100 mètres de fond ?
49:56Eh ben, vous rigolez, Johan Mouriez, mais on n'est pas très loin du tout.
50:01C'est pas mal comme devinette.
50:04Mais ce n'est pas vous Guillaume, je vous rassure.
50:07Je me demandais si ce n'était pas les cliquetis des cachalots.
50:11Alors, non.
50:13Une fois que je vais vous dire ce que c'est, vous allez l'entendre complètement différemment
50:17comme Elodie Royer avec qui nous avons préparé cette émission
50:20et qui l'entendant à les poils qui se hérissent.
50:23Il s'agit, nous allons avoir la réponse que nous a donnée Éric Parmentier
50:30qui est professeur à l'Université de Liège et spécialiste des poissons.
50:34Le son que vous venez d'entendre a été enregistré dans des aquariums en Nouvelle-Zélande.
50:40Ce sont des petits requins d'1m50 et le son a été produit lorsque ces requins ont été tenus en main.
50:48Ces requins-là, parce que ce n'est pas le cas pour tous les requins, ont des dents qui sont assez particulières.
50:53Les mâchoires supérieures et inférieures sont garnies de dents en forme de pavés.
50:58Donc, ce ne sont pas les grosses belles dents pointues que l'on a l'habitude de croiser chez les requins.
51:02Ce sont plutôt des dents qui sont faites pour écraser des coquilles de mollusques ou des carapaces de crustacés.
51:09Quand on a des poissons qui sont tenus en main, on peut considérer qu'il y a plusieurs types de comportements.
51:14Ça peut être simplement un comportement de type aposématique.
51:17Aposématique, ça veut dire, en gros, essaye de venir, essaye de se rapprocher si tu veux, mais ça atterrisque les périls.
51:22C'est un peu ce que fait le serpent à sonnette quand il fait du son.
51:25C'est juste pour vous prévenir que vous allez franchir une limite au-delà de laquelle l'animal, pour se défendre, va attaquer.
51:31On considère que pour d'autres poissons, le fait de faire des sons lorsqu'ils sont tenus en main, c'est l'équivalent de sons de stress ou de sons d'alarme qui pourraient servir à prévenir les autres qu'il y a un danger.
51:43Ce que l'on essaye de faire d'une manière générale, lorsque l'on a obtenu des sons des poissons tenus en main, c'est d'essayer de retrouver ces sons lorsqu'ils se baladent simplement dans la nature.
51:53Il faut encore pouvoir discerner les sons des requins, des sons émis d'une manière générale dans la mer, donc c'est autrement plus compliqué.
52:00Alors vu que dans moins d'une minute, nous allons voter entre méduses et requins, je vous fais réécouter ce son.
52:06Maintenant que vous savez que c'est un grincement dedans, il est un peu plus désagréable la deuxième fois, une fois qu'on sait ce que c'est.
52:14Il est venu le temps du vote. Guillaume Nery, vous avez 10 secondes pour me dire pour qui vous votez. Vous gardez les méduses ou les requins.
52:23Je suis fasciné par la poésie des méduses, mais si les méduses gagnent, c'est les humains qui perdent, donc je vais dire les requins.
52:30Et le public, alors qui est pour les méduses ? C'est timide. Qui est pour les requins ? C'est un petit peu mieux, donc moi je vais vous dire pour qui je voterais.
52:44C'est assez facile. Les méduses font une centaine de morts par an, je crois, sur Terre. Les requins un peu moins de 10.
52:51Tandis que les noix de coco tuent 150 personnes par an en tombant sur les plages, donc je propose qu'on élimine les noix de coco de notre planète.
53:00Nous arrivons à la fin de notre émission. C'était Big Bang. Merci à toutes et à tous d'avoir participé à ce premier combat. Nous en ferons d'autres.
53:09Merci à Eric Parmentier pour votre intervention. Merci beaucoup Guillaume Nery. Merci Joanne Mourier. Votre livre « 40 défauts sur les requins » est disponible aux éditions Kouaé.
53:20Et à Bill François, merci. Vos livres à vous « Les génies des mers » est disponible, par exemple, dans la collection « Champs sciences » et « Aux douces » est disponible aux éditions Tana Editions.
53:29Merci encore au public du studio 621 de la Maison de la Radio. Cette émission a été réalisée par Antoine Larcher à la programmation musicale.
53:41Nous avons Jean-Baptiste Odiber, à la technique Thilaï Ravu, à la vidéo Thomas Allard et à la préparation et à la programmation.
53:49Cette personne qui adore les requins qui grince des dents, Elodie Royer.
53:53La semaine prochaine, je vous donne rendez-vous pour plusieurs émissions. Une première qui sera enregistrée lundi avec Alexandre Astier autour des trous noirs.
54:01Et deux autres, samedi prochain, une en direct, une enregistrée au Grand Palais.
54:05On y parlera de la beauté des mathématiques le matin et des ovnis l'après-midi.
54:11Rendez-vous dès maintenant sur le site de la Maison de la Radio et de la Musique pour réserver vos places.
54:16Merci.
54:17Merci.
54:18Merci.
54:19Merci.
54:20Merci.
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