- il y a 6 heures
Cette semaine, Big Bang revient sur les prochaines découvertes dans le système solaire avec Bertrand Belin, la chercheuse Alice Le Gall et l'astrophysicien Patrick Michel.
Retrouvez « Big Bang » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/big-bang
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00:00...
00:00Imaginez-vous faire un bond dans le passé.
00:17Imaginez que vous êtes il y a environ 5 milliards d'années.
00:21Vous êtes dans l'espace, à l'intérieur d'un nuage de poussière
00:24dont la taille est si colossale qu'elle défile l'entendement.
00:27Près de vous, il y a une étoile, une étoile gigantesque elle aussi,
00:32bien que toute petite par rapport au nuage.
00:34Elle vous intrigue cette étoile, car elle est en train de grossir
00:37et soudain, elle explose, créant une onde de choc dans la poussière qui l'entoure.
00:43Vous suivez l'onde de choc du regard.
00:45Elle crée un vide autour de l'étoile disparue,
00:48sauf par endroits où vous la voyez buter contre de la matière,
00:52comme si la poussière, ici plus dense qu'ailleurs,
00:55arrivait parfois à former une sorte de bouclier.
00:59Vous vous approchez d'un de ces boucliers.
01:01Vous plongez même à l'intérieur et observez, étonné,
01:05ce que le choc vient d'enclencher.
01:07La matière qui était là, la poussière qui s'est pris le choc de l'explosion d'étoiles,
01:11est devenue plus dense encore.
01:13Et, à cause de la gravitation,
01:15elle est en train de s'effondrer sur elle-même en tournoyant.
01:19Assez rapidement, vous la voyez se séparer du reste du nuage
01:23pour former un disque de poussière chaude et lumineuse.
01:27Un disque dont le centre est en train de devenir une boule.
01:31Une boule qui, elle aussi, devient de plus en plus compacte,
01:35de plus en plus chaude, à cause de la gravitation toujours.
01:38Et soudain, elle se met à rayonner de mille lumières.
01:41Vous venez d'assister à la naissance d'une étoile,
01:44mais pas de n'importe laquelle.
01:46C'est le soleil, et il n'est pas tout seul.
01:48Bien qu'il soit constitué de 99,8% de la poussière du disque,
01:54les 0,2% de matière restante suffisent
01:57pour que d'autres objets se forment autour de lui.
02:01Certains sont même suffisamment gros pour devenir tout rond.
02:04Ce sont des planètes.
02:06D'autres sont plus petits, ils ressemblent à des patates.
02:08Ce sont des astéroïdes et des comètes.
02:10Aujourd'hui, le soleil et tous les objets qui lui tournent autour
02:13forment notre famille cosmique.
02:16Une famille que nous appelons le système solaire.
02:19Et c'est pour nous demander ce qu'il reste encore à y découvrir
02:21que voici mes trois invités.
02:24Bonjour, je suis Patrick Michel,
02:26je suis directeur de recherche au CNRS,
02:28à l'Observatoire de la Côte d'Azur, au laboratoire Lagrange.
02:31Et sur le thème d'aujourd'hui, j'ai trois casquettes.
02:34Je suis responsable scientifique de trois projets spatiaux.
02:37Un qui s'appelle ERA, de l'Agence Spatiale Européenne,
02:39qui participe au premier test de déviation d'astéroïdes avec la NASA,
02:43avec une autre mission qui s'appelle DART.
02:45Une autre mission qui s'appelle Ramsès,
02:47qui doit aller voir un astéroïque qui s'appelle Apophis,
02:48peut-être que nous en parlerons,
02:50et qui doit être encore approuvé par le conseil ministériel de l'ESA fin novembre.
02:54Et enfin, je suis aussi responsable scientifique d'un rover franco-allemand,
02:57donc développé par le CNES en France,
02:59qui doit se poser sur une petite lune de Mars appelée Phobos,
03:03dans le cadre d'une mission japonaise qui doit en ramener un échantillon sur Terre.
03:07Alors, quel est mon objet préféré dans le système solaire ?
03:10J'irais, c'est le système solaire lui-même, parce qu'il n'y en a pas d'autres,
03:13comme le nôtre en tous les cas, on n'en a pas découvert,
03:15donc c'est assez unique, il a une incroyable beauté et diversité.
03:18Et puis quand même, pour prendre un objet, pour être récent,
03:21c'est plutôt ce qui m'a surpris, un petit astéroïde qui s'appelle Dinkinesh.
03:24Bonjour, je suis Alice Le Gall, je suis enseignante chercheuse en planétologie au Latmos,
03:30à Sorbonne Université.
03:32Ma spécialité, c'est l'étude des surfaces et sous-sols planétaires par radar en particulier.
03:37Et mon objet préféré dans le système solaire, c'est Titan, la plus grande lune de Saturne,
03:42justement parce que sa surface n'est observable presque que par radar,
03:46et que je pense que je ne me suis jamais vraiment remise des premières images radar
03:49que j'ai vues de Titan, des images montrant des champs de dunes, des montagnes de glace,
03:54des lacs, des mers d'hydrocarbures.
03:57Donc tout ça à plus d'un milliard de kilomètres de la Terre et par moins 180 degrés.
04:01Donc des paysages qui défient l'imagination et qui sont un défi pour les scientifiques
04:06qui essayent de comprendre quels sont les processus qui les ont façonnés.
04:10Bonjour, je suis Bertrand Molin, ma spécialité c'est la guitare, la musique et le chant, je suis chanteur.
04:16J'écris quelques livres de fiction, je joue un petit peu au cinéma,
04:19je suis né en 70 dans le Morbihan, Morbihan en Bretagne, Bretagne-France, France-Europe,
04:24Europe-Terre, Terre-Système Solaire, c'est la justification de ma présence ici même.
04:29C'est parfait. Bertrand Molin, Alice Le Gall, Patrick Michel, bonjour et bonjour à toutes et à tous.
04:35J'ai mis un S à bonjour, c'est toujours beau.
04:37Nous sommes en public, en direct de la Maison de la Radio
04:40et nous allons chercher ensemble les mystères du système solaire.
04:44Alors quand on pense système solaire, évidemment la première des images qu'on a en tête, ce sont les planètes.
04:57Il y en a huit, on les connaît aujourd'hui, on en connaît huit.
05:00Il y en a quatre qui sont énormes, qui sont loin du Soleil
05:02et quatre qui sont beaucoup plus proches, dont la Terre fait partie.
05:05La Terre est la plus grande des quatre petites planètes qui sont autour du Soleil.
05:08Et il y en a deux qui sont autour de nous, qui sont Mars et Vénus.
05:12Elles ne sont pas trop loin, donc on peut peut-être les étudier plus facilement que les autres.
05:16Alice Le Gall, j'ai envie de vous demander, est-ce que, ne serait-ce que pour ces planètes-là,
05:20il y a des choses qu'on ne comprend pas ou est-ce que ce sont des planètes finalement qui sont, ça y est,
05:24on connaît leur histoire et on sait tout ce qu'elles ont à raconter ?
05:27Non, loin de là. Et c'est ce qui motive d'ailleurs la sélection de missions spatiales.
05:31On ne sait pas, ce qu'on sait, ce qu'on voit, c'est que nos voisines,
05:35donc Vénus un peu plus proche du Soleil et Mars un peu plus loin,
05:39ont suivi des trajectoires, en particulier climatiques, radicalement différentes de celles de la Terre.
05:44D'un côté, donc, on a Vénus qui est un enfer chaud.
05:48Il fait 470 degrés à la surface, la pression est écrasante, 90 fois la pression terrestre.
05:53On a des paysages volcaniques, des milliers de volcans, 85 000 volcans répertoriés à la surface de Vénus.
05:59Qui sont encore actifs ?
06:01Eh bien, c'est ce qu'on essaye de découvrir, mais les dernières missions,
06:05en fait, la dernière mission qui s'est intéressée à la surface de Vénus, c'était la mission Magellan.
06:09Et c'était il y a 30 ans, dans les années 90.
06:11Depuis, il n'y a pas eu de mission dédiée à la surface.
06:13Mais trois missions étaient sélectionnées pour y retourner
06:16et ont motivé la réanalyse des archives des missions Magellan,
06:20où on découvre en fait des indices de plus en plus irréfutables,
06:23effectivement, d'une activité contemporaine volcanique sur Vénus.
06:27Mais le meilleur reste à venir pour cette question-là.
06:30Et de l'autre côté, on a Mars, qui est un désert froid.
06:33Il fait moins 60 degrés en moyenne, avec une atmosphère très ténue.
06:38Et ce qu'on sait, c'est que sur Mars, ça c'est sûr,
06:41sur Vénus peut-être, il y a eu de l'eau liquide à un moment à la surface de ces planètes.
06:45Il y a 4 milliards d'années, peut-être que, en fait,
06:47la Terre, Vénus et Mars se ressemblaient, en tout cas avaient un climat humide, chaud,
06:53qui autorisait la présence d'eau liquide à leur surface.
06:55Et pour une raison, des raisons qu'on essaye de déterminer,
06:58eh bien, leurs trajectoires ont divergé.
07:01Et donc, on pourra en reparler, mais il y a plusieurs hypothèses.
07:05Du côté de Mars, il est clair que le fait que Mars soit presque deux fois plus petit que la Terre,
07:10ça a dû jouer un rôle.
07:11Ça a dû jouer un rôle dans l'extinction du volcanisme,
07:13qui aujourd'hui est mort ou moribond sur Mars.
07:17Et aussi, dans la perte de son atmosphère,
07:19il n'y avait pas la gravité suffisante pour la retenir.
07:23Pour faire face aux souffles qui viennent du Soleil.
07:25C'est ça, notamment balayés par le vent solaire qui érode les atmosphères,
07:30un peu moins celles de la Terre grâce aux champs magnétiques.
07:32Le fait d'avoir un champ magnétique sur Terre aussi nous protège de cette érosion
07:36et nous permet de maintenir, de retenir notre atmosphère.
07:38Alors Mars, on en voit un petit peu l'image de la surface.
07:42On a tous et toutes vu des photos ou des films qui représentent un petit peu ça.
07:47Il me semble que pour la surface de Vénus, il n'y a pas beaucoup d'images.
07:52Il y a les images de satellites russes d'une série qui s'appelle Vénéra des années 70
07:56qui ont réussi, je crois, au maximum à prendre quelques minutes,
08:00voire au plus, c'était quasiment une heure avant d'être complètement défoncés.
08:04Et du coup, on n'a pas grande idée de ce à quoi ressemble directement la surface de Vénus
08:09vue depuis la Terre, sauf si on utilise peut-être vos outils.
08:12Voilà, donc effectivement, il y a moins de 10 sondes
08:15qui ont réussi à prendre une image depuis la surface de Vénus.
08:19Et puis, elles ont survécu au maximum, je crois que le record, c'est deux heures.
08:23Les conditions sont vraiment infernales.
08:25Elles ont fondu, en fait, une fois en a...
08:26Oui, c'est surtout l'électronique qui est rapidement hors de service.
08:31En fait, il fait 470 degrés.
08:32Ce n'est pas suffisamment chaud pour faire fond du titane.
08:35Mais par contre, l'électronique, elle n'existe pas.
08:39Et ce qu'on voit, c'est des coulées de lave, solidifiées, fragmentées, craquelées.
08:45Mais effectivement, c'est très, très local.
08:47Toutes ces sondes, elles ont atterri dans des grandes plaines volcaniques.
08:5070% de la surface de Vénus, ce sont des plaines volcaniques.
08:53Mais on a quand même une carte entière de Vénus, grâce au radar de la sonde Magellan dont je parlais,
09:01qui a opéré dans les années 90, dans le cadre de cette mission américaine.
09:05Et qui nous permet de dire que 70% de la surface, c'est des plaines volcaniques.
09:10Il y a des volcans.
09:11Il y a des choses qui ressemblent à des rivières.
09:14Mais elles n'ont pas été sculptées par de l'eau liquide, mais par une lave très, très fluide.
09:18C'est assez impressionnant.
09:19Vraiment, on dirait le Nil ou l'Amazone.
09:21Mais non, c'est de la lave qui a sculpté ça.
09:24Et ce que nous apprennent aussi ces cartes, ces cartes de Vénus,
09:28dont la résolution est d'au mieux une centaine de mètres.
09:30Donc c'est pour ça que les prochaines missions ont pour ambition de faire beaucoup mieux,
09:35d'améliorer au moins d'un facteur 10 cette résolution.
09:38Ce qu'elles nous apprennent aussi, c'est que la surface de Vénus est très jeune.
09:41En fait, comment on sait l'âge géologique d'une surface ?
09:44On compte les cratères.
09:45On regarde les cratères, on regarde leur taille et leur distribution.
09:48Et en fait, sur Vénus, on n'en compte même pas 1000.
09:50Ça paraît beaucoup, mais en fait, c'est rien du tout.
09:52Sur Mars, il y en a des millions, alors que Mars est beaucoup plus petit que Vénus.
09:56Donc 1000, ce n'est pas beaucoup.
09:57Pareil, sur Terre, on en compte 200.
09:59Ça, ça veut dire qu'on a une surface qui est jeune,
10:01qui a été renouvelée par des processus, qui a fait peau neuve.
10:05Et ce qu'on voit aussi, c'est que ces cratères, ils sont présents un peu partout.
10:08Donc toute la surface est relativement jeune.
10:10Quand je dis jeune, c'est moins d'un milliard d'années.
10:12Donc au regard de l'âge du système solaire, qui est 4,5 milliards d'années, c'est jeune.
10:18Peut-être même c'est 500 millions d'années.
10:20Donc c'est très jeune.
10:21Donc qu'est-ce qui s'est passé ?
10:23En comparaison, la surface de la Terre, des océans au maximum, elle est de 400 millions d'années.
10:26Alors que les terres émergées, ça peut être un petit peu plus ancien.
10:29Ça peut être un petit peu plus vieux, mais sur Terre, parce que c'est un corps vivant,
10:33géologiquement vivant, avec la tectonique des plaques, le volcanisme.
10:35Il y a l'érosion aussi liée à l'atmosphère.
10:37On a quand même très très peu de terrains anciens.
10:40Ce qu'on appelle des cratons, c'est rare.
10:42Et on ne remonte pas au-delà de 3 milliards d'années.
10:45Les cratons sont les parties de notre planète, à nous,
10:47qui flottent en surface et qui restent là malgré la tectonique des plaques.
10:51Exactement.
10:51Bertrand Belin, j'ai une petite question pour vous.
10:53Si jamais je devais vous mettre dans une fusée,
10:55et que vous pouviez choisir d'aller soit sur Mars, soit sur Vénus, vous iriez où ?
10:59J'ai écouté attentivement, j'ai relevé les températures.
11:04J'ai choisi ma destination en fonction des températures,
11:07une moyenne de 60 degrés, moins 60 degrés.
11:09Moins 60, c'est pas mal.
11:11Je suis allé dans l'Ariège, dans la montagne cet été, il faisait déjà assez frais.
11:15J'irais sur Mars.
11:17Je pense qu'Alice ne ferait pas le même chose.
11:20Alice Le Gall, pardon.
11:21Sur Mars, c'est la moyenne, donc il peut faire beaucoup plus froid,
11:25mais surtout il n'y a pas de pression à la surface.
11:28Donc on implose assez rapidement.
11:31C'est une question qu'on me pose souvent.
11:32Moi je pense que sur Vénus, on finirait mort.
11:34Vous n'avez pas tout dit.
11:35Moi je veux bien imploser tant que je n'ai pas froid.
11:38Mais non, j'irais sur Mars, parce que c'est vrai que dans le champ de la littérature,
11:44de la fiction, c'est une planète qui a tout de suite endossé quand même pas mal de mythologie,
11:50qui a fait couler beaucoup d'encre quand même.
11:53Je veux dire, les habitants, les potentiels habitants du système solaire sont les martiens, n'est-ce pas ?
12:01C'est amusant parce que oui, Patrick Michel.
12:02Je crois qu'en réalité, il n'y a que sur Terre qu'on est bien.
12:05Oui, oui, bien sûr, mais je cite Mars parce que je voulais replacer Mars dans la culture humaine.
12:11Au moins du XXe siècle.
12:14Il y a quelque chose d'amusant, vous étiez en train de dire Alice Le Gall que la pression joue pour beaucoup
12:20parce qu'il n'y a pas de pression sur Mars, donc on implose et ce n'est pas génial non plus.
12:24On explose aussi.
12:25Bon, écoutez, vous m'avez dissuadé.
12:28Cela étant, j'avoue, j'irai ailleurs.
12:30Je vous donne une petite raison.
12:33La Bretagne, c'est pas mal, dit Patrick Michel.
12:34C'est une petite raison d'aller sur Vénus quand même, c'est que si on est dans l'espace, il fait très froid, il n'y a pas d'atmosphère, il n'y a rien.
12:41Au sol de Vénus, il fait 460 degrés et il y a une atmosphère de fou.
12:45Donc je n'exploserai pas, mais je brûlerai.
12:47Oui, mais il y a peut-être un endroit entre les deux, justement dans l'atmosphère où Alice Le Gall, il pourrait faire bon vivre.
12:54Les nuages de Vénus, à 50 km au-dessus de la surface, il fait effectivement des conditions tout à fait clémentes.
13:03C'est une température entre 0 et 20 degrés.
13:06Mais là, on n'est pas sur la surface, là.
13:07Ah ben non, il faudrait être dans une montgolfière, à 50 km.
13:12On ne peut pas tout avoir.
13:13Mais là, vous n'implosez pas et vous ne mourriez pas immédiatement.
13:15Par contre, s'il y a des gouttelettes d'acide sulfurique, ils peuvent être un petit peu...
13:19Mais vous savez que le corps humain en produit de l'acide sulfurique.
13:22Peut-être pas autant que Vénus.
13:24Un peu moins.
13:25Peut-être un petit peu moins.
13:26Patrick Michel, est-ce qu'il me semble que lorsqu'on regarde un petit peu la taille des planètes qui sont autour de nous,
13:35la Terre et Vénus font à peu près la même taille, Mars est un petit peu plus petite.
13:39Est-ce qu'on a des raisons pour lesquelles on a des différences de taille comme ça entre les planètes ?
13:43Alors, on a une explication, en tout cas.
13:47Et elle vient des premiers instants du système solaire quand les planètes se sont formées, en fait.
13:52En fait, au départ, comme vous l'avez dit, on a un disque protoplanétaire, donc du gaz et de la poussière.
13:57Et puis ces poussières rentrent en collision les unes avec les autres de façon lente, douce.
14:02Donc elles font grossir des corps de plus en plus gros.
14:06Et puis certains finissent en planète et d'autres finissent en petits corps comme les astéroïdes, etc.
14:11Et il se trouve qu'en fait, la première à se former, c'est Jupiter.
14:15Parce que Jupiter contient une grande partie de ce gaz protoplanétaire.
14:19Hydrogène, hélium.
14:20Et elle en a profité pour amasser tout ce qu'elle pouvait dès le départ.
14:23Voilà. Et en fait, il se trouve que quand on regarde les autres étoiles de type solaire,
14:27la durée de vie d'un disque de gaz, c'est au plus quelques millions d'années.
14:30Donc il faut arriver à former des planètes rapidement, en quelques millions d'années seulement.
14:36Et la façon de faire ça, une planète comme c'est de la matière, il faut qu'il y ait de la matière.
14:40Et là où on en a le plus, c'est loin du Soleil, là où l'eau se condense en glace.
14:45Parce qu'on a la roche et la glace.
14:46Et ça, ça se produit à la distance à peu près.
14:49Alors maintenant, c'est plutôt un peu avant Jupiter, mais à peu près à la distance de Jupiter au Soleil.
14:53Pour donner une idée peut-être de différence de taille,
14:55si la Terre faisait la taille d'un petit poids, Jupiter serait à peu près un melon.
15:00Oui, c'est ça. C'est 300 fois la masse de la Terre, Jupiter.
15:03Et le Soleil serait une grosse, grosse, grosse pastèche.
15:05C'est énorme quand on regarde les échelles.
15:07Mais c'est ça qui est magnifique quand même, quand on voit le système solaire.
15:10D'abord, la diversité des planètes, c'est...
15:12Même les planètes telluriques entre elles, comme l'a dit Alice, n'ont rien à voir les unes avec les autres.
15:16Telluriques sont les planètes rocheuses qui sont à côté du Soleil.
15:18Voilà, qui sont entre Mercure, Vénus, la Terre et Mars.
15:20Et puis, les planètes géantes elles-mêmes sont...
15:22Il n'y a qu'à regarder les images prises par la sonde Juno de la NASA, qui est autour de Jupiter.
15:28Elle envoie des images.
15:29Je me dis, on est vraiment des mauvais hommes et femmes d'affaires.
15:33Parce qu'on prendrait une photo, on la ferait signée par un artiste contemporain.
15:37On l'avent une fortune.
15:37Parce qu'on dirait du Van Gogh avec tous ces tourbillons.
15:40Parce qu'en fait, c'est du gaz.
15:41Il y a de l'ammonia, de l'hydrogène.
15:43Et puis, en plus, ça tourne à différentes vitesses en fonction de l'altitude.
15:46Donc, ça crée des tourbillons.
15:47C'est magnifique.
15:48C'est incroyable.
15:49Bref, donc en tout cas, Jupiter...
15:50On en mettra sur les réseaux sociaux.
15:51Voilà, donc Jupiter a dû se former la première.
15:55Et donc, loin du Soleil.
15:57Mais en fait, ce qu'on a compris, c'est que quand une planète se forme,
16:01alors qu'il y a du gaz, puisqu'elle est en train d'accumuler le gaz pour former la géante,
16:06eh bien, l'interaction qu'elle a avec le gaz peut la faire migrer.
16:10Ça la freine, entre guillemets, ça la fait aller vers l'étoile.
16:13Et ça, ça permet d'ailleurs d'expliquer qu'en 1995,
16:161995, quand Michel Maillor et Didier Queloz ont découvert la première exoplanète,
16:21donc une planète autour d'une autre étoile,
16:23ils ont découvert, en fait, un Jupiter, du genre Jupiter,
16:26mais très proche de l'étoile, à l'intérieur de la distance de Mercure à l'étoile.
16:30Quand on dit un Jupiter, c'est-à-dire qu'on parle d'une étoile gigante,
16:32d'une planète gigantesque qui serait très proche de l'étoile.
16:35Voilà, une géante.
16:36Alors donc, vous allez me dire, mais attendez, vous nous avez dit qu'il faut être loin de l'étoile pour les former,
16:39parce qu'il faut qu'elles se forment rapidement.
16:41Ben oui, mais en fait, le fait qu'en se formant, elle subit l'interaction avec le gaz, ça la fait migrer.
16:46Alors c'est marrant, parce qu'au départ, on pensait que les planètes du système solaire se forment là où elles sont,
16:50pas de problème.
16:51On découvre des exoplanètes proches de l'ère étoile,
16:54on réétudie le truc, on s'aperçoit que, ben non, en fait, elles ne devraient pas être là.
16:58Elles devraient avoir migré, parce que la migration est systématique.
17:01Et ce qui nous a sauvés, c'est que, ben, on avait Jupiter qui se formait,
17:04mais on en avait une autre derrière, Saturne.
17:06Saturne, qui était normale aussi.
17:08Exactement.
17:08Et donc, dans les simulations qui ont été faites,
17:11qui ont essayé de calculer ce qui se passait quand elles subissaient le gaz qui restait dans l'ispre protoplanétaire,
17:16on s'est aperçu que Jupiter, effectivement, va vers le Soleil,
17:19rejoint par Saturne, qui est plus légère, donc elle migre plus rapidement.
17:23Et à un moment donné, et ça se passe à la distance de Mars au Soleil,
17:26elle se trouve dans une configuration un peu technique,
17:28mais qui renverse la direction de la migration.
17:31Donc, en fait, on a été un peu sauvés par Saturne,
17:32parce que Jupiter, sinon, serait restée là.
17:35Et donc, elle a inversé la migration,
17:37ce qui fait que toute la matière qui était dans le système solaire interne,
17:41eh bien, a été poussée par Jupiter vers l'intérieur.
17:45Et comme une planète, pour grossir, il faut qu'elle se nourrisse de matière,
17:47à la distance de Mars, il n'y en avait plus assez.
17:50Et donc, en fait, Mars, elle a commencé à grossir,
17:52elle s'est formée en quelques millions d'années,
17:54jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien,
17:56parce que Jupiter avait envoyé toute la matière vers la région de Vénus et la Terre.
18:01Donc, elle a pris les restes, en fait, Mars, c'est ça ?
18:04Voilà, elle a pris les restes.
18:06Et ce faisant, eh bien, ça a aussi permis de mélanger
18:09de la matière faite, formée à très grande distance du Soleil,
18:13derrière Jupiter, qui a été embarquée avec Jupiter vers l'intérieur.
18:16Puis, quand ces deux planètes, Jupiter et Saturne, sont reparties,
18:20elles ont rapporté de la matière formée près du Soleil.
18:24Et tout ça a mélangé de la matière entre Mars et Jupiter.
18:28Et ça sera les astéroïdes qui ont donc une grande diversité,
18:31parce que, grâce à ce balai planétaire,
18:33cette danse qui s'est produite,
18:35eh bien, de la matière formée à basse température,
18:37riche en glace, en éléments volatiles,
18:39a été mélangée avec la matière riche en ce qu'on appelle éléments réfractaires,
18:42qui se condense à haute température,
18:44pour se parquer dans la ceinture des astéroïdes.
18:46Et nous allons parler d'un petit astéroïde
18:48qui va bientôt frôler la Terre
18:50et que vous allez étudier juste après une musique
18:53que nous allons écouter
18:54et qui va nous prouver à toutes et à tous
18:56que ce que nous entendons sur l'espace
18:57peut nous rendre heureux
18:59avec la béatitude de Bertrand Belin.
19:01Je me taille des costards
19:08Je me donne des noms d'oiseaux
19:12Sous l'empire de l'état vivant
19:19Moi-même sur le dos
19:22Un jour
19:27Je serai de nouveau
19:30À genoux
19:32J'aurai soif d'amour
19:37Mais ce soir
19:40Ce soir
19:47C'est la trêve
19:51Des confiseurs
19:53Je descends sur mon banc
19:57Gonfler les rangs
19:59De la béatitude
20:03Faire face au soleil
20:07Qui m'appelle
20:09Gentiment
20:11Ma petite abeille
20:13Mon gouffre de conscience
20:16J'aurai soif
20:18Butiner les fleurs
20:19Du mal
20:20Avaler le sabre
20:23Des couleurs
20:25J'ai eu des périodes
20:30Mais c'est la dernière chance
20:33Des dieux
20:33Un jour
20:39Je serai de nouveau
20:43À genoux
20:45J'aurai soif
20:49D'amour
20:50Mais ce soir
20:53Ce soir
21:00C'est la trêve
21:03Des confiseurs
21:06Je descends sur mon banc
21:10Gonfler les rangs
21:12De la béatitude
21:16Faire face au soleil
21:20Qui m'appelle
21:22Gentiment
21:23Ma petite abeille
21:26Mon gouffre de conscience
21:29De la béatitude
21:32De la béatitude
21:33De la béatitude
21:33De la béatitude
21:33Mouffre de sa
21:34De la béatitude
21:38J'aurai soif
21:38De la béatitude
22:10Ce soir, c'est la trêve des confiseurs
22:18Je descends sur mon banc, gonfler les rangs
22:25De la béatitude, faire face au soleil
22:33Qui m'appelle gentiment ma petite abeille
22:39Mon gouffre de conscience
22:42Nous sommes toujours en compagnie de mes trois invités
22:48Le chanteur Bertrand Belin, la planétologue Alice Le Gall
22:51Et l'astrophysicien Patrick Michel
22:52Et évidemment le public du studio 621
22:55Alors pendant que nous écoutions votre musique, Bertrand Belin, j'ai l'impression qu'une question vous a traversé la tête
23:07Oui, oui, moi je pose une question parce que j'ai vu que les scientifiques qui sont à mes côtés envoient des objets dans l'espace, des sondes, toutes sortes de choses
23:16Alors il faut être là par exemple le 10 octobre à 16h20, envoyer quelque chose pour que ça réussisse dans six mois ou dans un an et demi quelque part dans le cosmos
23:24C'est formidable, mais moi je suis né en 70 et je serai là quand Apophis va passer
23:31C'était la raison de ma naissance
23:33J'ai été lancé le 7 décembre 70 à 5h du matin
23:37De toute façon à pouvoir rencontrer Apophis qui va se présenter dans nos parages proches, je crois
23:41Il s'agit d'un astéroïde autour du 2029
23:45C'est ça
23:46Patrick Michel
23:47On va le voir ou pas ?
23:48Alors oui, ça c'est extraordinaire parce que normalement pour...
23:53Et c'est l'avantage du système solaire, c'est contrairement aux autres systèmes auxquels on ne pourra jamais accéder
23:57L'étoile la plus proche de nous est à plus de 4 années-lumière
24:00Donc la lumière met 4 ans pour venir, il faut des dizaines de milliers d'années avec notre technologie pour y aller
24:03Le système solaire on peut le visiter
24:05Et on a des sondes qui vont très loin et ça prend du temps
24:09Mais de temps en temps, on a la chance qu'au lieu de devoir aller, voire très loin
24:13Un objet vient vers nous
24:14C'est la moindre des choses
24:15Il faut bien qu'il nous rende un petit peu la moindre de notre pièce
24:19Alors tant qu'il ne nous tombe pas dessus
24:20Et en l'occurrence, Apophis fait entre 300 et 400 mètres de diamètre
24:24Donc deux fois la taille d'un stade de foot quand même
24:26Et il va passer à 32 000 km de la Terre
24:29Quand je vais vous dire la date, vous allez me dire
24:31Non, non, mais il n'y a aucun risque
24:32D'abord peut-être 32 000 km, c'est vraiment pas loin
24:35C'est pas loin, c'est un dixième de la distance de la Terre à la Lune
24:37C'est à l'intérieur de l'orbite des satellites géosynchrones
24:40Les géostationnaires que l'on envoie
24:41Et il viendra vers nous le vendredi 13 avril 2029
24:47Alors on a tout faux parce qu'on essaie de dire
24:49Il n'y a aucun risque, on le sait, mais sûr de sûr
24:51Mais vendredi 13 et Apophis, dieu du chaos, on a un peu de mal
24:55Mais en fait, ça va être un spectacle extraordinaire
24:59Parce qu'il sera suffisamment lumineux
25:01Alors ces magnitudes un peu plus de 3 pour les astronomes amateurs
25:04On pourra voir sa lumière à l'œil nu depuis l'Europe
25:08Peut-être Paris, mais il y a souvent des nuages
25:10Il faut venir plutôt à Nice en avril
25:11On va voir sa lumière en plein jour ?
25:13Non, non, ça sera la nuit, bien sûr
25:14La nuit du vendredi 13 avril
25:17Oui, mais alors là, c'est justement le problème
25:18C'est que les astéroïdes, ils sont tout petits
25:20Et ils ne font que réfléchir à la lumière du soleil
25:22Ils n'émettent pas leur propre lumière
25:24Donc c'est pour ça qu'aller les voir est irremplaçable
25:27Parce que depuis la Terre, on a quelques informations
25:30Qui permettent de faire de la statistique globale
25:31Mais si on va voir les détails, qu'est-ce qu'il y a à la surface
25:34Qu'est-ce que c'est des graviers, est-ce que c'est de la roche dure
25:35Tout ce qui nous intéresse aussi bien scientifiquement que pour se protéger
25:39Il faut aller les voir
25:40Et là, on a un avantage
25:41C'est que lui, il vient vers nous
25:43Oui, mais est-ce que tous les humains de la planète, des deux hémisphères pourront le voir ?
25:47Alors oui, mais sur une zone qui va de l'Europe à l'Afrique
25:50Par exemple, on ne verra pas du Japon
25:52Bon, il faut prévoir des navettes
25:54Il faut prévoir des navettes, des transports
25:55Mais ça va être un spectacle extraordinaire
25:57Et donc, avec l'Agence spatiale européenne
25:58On est en train de travailler sur une mission qui s'appelle Ramsès
26:00Qui doit aller voir Apophis à ce moment-là
26:03Et alors, pour le public
26:04Moi, je tiens beaucoup à ça
26:06Partager tout ce qu'on fait
26:07L'idée, c'est que pendant que vous reverrez la lumière à l'œil nu
26:10On vous envoie des images prises depuis l'astéroïde
26:12Donc, pour ceux qui étaient là
26:14Quand Neil Armstrong a atterrivé sur la Lune
26:17Nous n'y étions pas, on est nés la même année
26:19Eh bien, il voyait à la télé
26:20L'astronaute et la Lune
26:22Enfin, ça reste dans la mémoire collective
26:23Bertrand Boland, lève la main
26:24Parce qu'il a plein de questions
26:25Dernière chose
26:26Le truc super intéressant
26:28C'est qu'en fait, il va passer tellement près
26:30Que les forces de marée terrestre
26:32Vont peut-être modifier ses propriétés
26:34Tant que ça ne nous décoiffe pas
26:35Il va sentir l'attraction croissante de la Terre
26:39Quand il s'approche
26:40Et puis, quand il va repartir
26:42Donc, toute cette différence de gravité
26:44Et de part et d'autre de l'astéroïde aussi
26:46Vont faire qu'on peut peut-être voir des mouvements de surface
26:49Et comprendre comment des forces naturelles
26:51En fait, on va observer une expérience naturelle
26:54Comment des forces naturelles
26:55Agissent sur un corps de très faible attraction
26:57Parce que 300 mètres de diamètre
26:59Là, en m'excitant sur ma chaise
27:00Je suis déjà en orbite
27:01Parce que ça attire peu
27:02Et on comprend mal
27:04Comment la matière se comporte
27:06Dans des domaines
27:06Des régimes qu'on appelle de micro-gravité
27:08C'est une question, cher monsieur
27:09Je ne peux pas finir mes phrases
27:11Non mais sinon, je ne vais pas pouvoir la poser
27:14Oui, mais après, je ne vais pas répondre
27:15Si, si, si, écoutez
27:17D'où vient, qui, où s'est décidée cette nomenclature là
27:21Égyptienne
27:23Alors, en fait, c'est parce que
27:24Alors, c'est vrai que les astéroïdes
27:26On leur donne des noms
27:26Au départ, c'était la mythologie grecque-égyptienne
27:29Et puis ensuite, par exemple, moi j'ai un astéroïde à mon nom
27:31Je ne sais pas si vous en avez un aussi
27:33Oh non, moi j'en ai pas
27:34On a tous deux astéroïdes
27:35Ça peut arriver
27:36Mais Apophis, ça vient du fait que les découvreurs étaient des fans de Stargate
27:40La série Stargate
27:42Et il y a Apophis dedans
27:43Qui est en plus le tueur
27:44Bon, bref
27:45Ils n'ont pas réalisé que ça allait poser un problème de communication
27:48Alors, Apophis, c'est un exemple parfait justement
27:52D'un astéroïde ou d'un objet céleste
27:54Qui a la courtoisie de venir nous visiter
27:55Pour nous montrer un peu de quoi il est fait
27:57Et qui peut potentiellement nous renseigner sur énormément de choses
28:00Qui peuvent aller jusqu'à la composition initiale du système solaire
28:05Mais parfois, malgré ce qu'en dit Bertrand Belin
28:07Il faut aller jusqu'aux endroits lointains
28:10Pour essayer de mieux voir ce qui s'y trame
28:13Et dans l'ensemble des mystères
28:15Qui sont encore là autour du système solaire
28:18Il y en a un qui est particulièrement important
28:20Qui est l'origine de la vie
28:22Est-ce que la vie est apparue partout ?
28:24Est-ce qu'il y en a sur d'autres endroits autour de nous
28:26Où ont pu être fabriqués
28:28Où peut-être ont pu évoluer les briques de base
28:30Qui ont donné la vie ?
28:31Il y a des études qui sont faites à côté de nous
28:33Sur Mars, sur Vénus
28:34Mais je crois qu'il y a un endroit particulier
28:36Alice Le Gall
28:37Que vous regardez tout particulièrement
28:40Et qui pourtant, a priori, n'a rien du tout d'hospitalier
28:46Il s'agit de Titan notamment
28:48Qui est cette lune de Saturne
28:50Dont vous parliez tout à l'heure
28:51Qui est votre objet préféré du système solaire
28:53Oui, de Titan
28:54Et même d'autres lunes de Saturne
28:57Comme Encelade
28:58Mais c'est vrai que Titan
28:59On est, je le disais, très loin
29:01Il fait moins 180 degrés à la surface
29:03Ce n'est pas encore assez froid pour Bertrand Bolin
29:05Ce n'est pas...
29:06Mais il y a cette chose exceptionnelle
29:09C'est que Titan est entouré d'une atmosphère substantielle
29:13D'une atmosphère dense
29:14En fait, à la surface de Titan
29:15Et il fait quasiment la pression
29:17À la surface de la Terre
29:19Quasiment la même pression
29:20Donc pour le coup, on pourrait y vivre bien
29:23On n'impolloserait pas
29:24À la surface du Titan
29:26Il faudrait se réchauffer quand même
29:27Et pourquoi on s'intéresse à Titan en particulier ?
29:29Dans cette atmosphère
29:30Il y a des réactions chimiques
29:31Qui donnent naissance à de la matière organique
29:33Ça veut dire de la matière avec des atomes de carbone
29:37Tout simplement
29:37Qui, on le sait, est une brique indispensable
29:40À la vie telle qu'on la connaît sur Terre
29:42Donc on a cette matière organique
29:44Et on a aussi le fait qu'on a découvert
29:46Que Titan, comme Encelade
29:48Comme Europe aussi autour de Jupiter
29:49Et ce qu'on appelle un monde-océan
29:51Donc tout à l'heure, on parlait de l'eau liquide
29:53À la surface
29:54On sait que sur Vénus, il n'y en a plus
29:55Sur Mars, elle a coulé
29:58Mais pas depuis 3 milliards d'années
30:00Et bien sur Titan
30:02Ou sur Encelade
30:03On sait maintenant que
30:04Encelade, c'est une autre des lunes de Saturne
30:05Une autre petite lune
30:06Une toute petite lune de Saturne
30:07Qui fait 500 km de diamètre
30:09C'est la distance Paris-Brest
30:10Sous leur croûte de glace
30:13Plusieurs kilomètres de croûte de glace
30:15Il y a de l'eau liquide
30:17Et ces océans cachés
30:19Ces océans internes
30:20Sont peut-être en fait habitables
30:22Ce que j'entends par habitables
30:23C'est peut-être que
30:24Toutes les conditions nécessaires à la vie
30:26Telles qu'on la connaît
30:28Sont peut-être réunies là
30:29C'est-à-dire que si on prenait
30:30Je ne sais pas, une bactérie terrestre
30:32Peut-être qu'elle pourrait survivre
30:33Dans ces océans
30:35Donc c'est pour ça que
30:36Il y a des missions qui sont
30:38Alors pas beaucoup, c'est loin
30:39Mais il y a notamment la mission Dragonfly
30:41Qui ira visiter la surface de Titan
30:44Dont on avait parlé avec votre collègue
30:46Caroline Frissinet
30:47Qui arrivera en 2034 à la surface du Titan
30:51Il déposera un énorme drone
30:53De presque une tonne
30:54C'est comme une voiture volante
30:55Qui ira visiter différents sites
30:58Sur Titan
30:59Et notamment analysera
31:00La matière organique à la surface
31:02Pour essayer de déterminer
31:04Jusqu'à quel niveau de complexité
31:06Elle a progressé
31:08Parce que dans votre idée
31:09Ça pourrait être des matériaux
31:11Qui seraient enfouis loin sous la surface
31:14Et qui par
31:14Peut-être des effets de marée
31:16Dûs à Saturne
31:17Ou d'autres choses
31:18Remonteraient en surface
31:19Alors cette matière organique
31:21Elle vient vraiment de l'atmosphère
31:22Mais peut-être qu'elle
31:23Échange avec l'océan
31:25Ou peut-être qu'elle réagit
31:27Alors je parlais tout à l'heure
31:28Des lacs et des rivières
31:30D'hydrocarbures
31:31À la surface de Titan
31:32Il y a du liquide
31:33C'est pas de l'eau liquide
31:34Il fait moins 180 degrés
31:36Mais des hydrocarbures liquides
31:37Est-ce qu'une forme de vie
31:38Pourrait émerger dans ce liquide
31:41Qui est vraiment quand même
31:42Très très très différent
31:43De l'eau liquide
31:45Et troisième possibilité
31:46Il y a aussi eu des impacts
31:48Sur Titan
31:49Il y en a moins aujourd'hui
31:50Mais qui ont pu
31:51Faire fondre la croûte
31:53De glace de Titan
31:54Et faire en sorte
31:56Qu'il y ait des piscines
31:57D'eau liquide
31:58Cette fois à la surface
31:59Qui bien sûr vont rejeler
32:01Au bout d'un moment
32:01Mais ça peut prendre
32:02Plusieurs milliers
32:03Milliers d'années
32:04Et est-ce que
32:05L'interaction entre
32:06La matière organique
32:07Créée dans l'atmosphère du Titan
32:09Qui se dépose à la surface
32:10Et cette eau liquide
32:11Disons temporaire
32:12Est-ce que ça a pu donner
32:14Naissance à des molécules
32:15Peut-être pas la vie
32:16Non
32:16Mais en tout cas
32:17Des molécules d'intérêt
32:19Pour comprendre
32:20Comment la vie
32:20A pu émerger
32:21Émerger aussi sur Terre
32:23Parce que sur Terre
32:23On ne comprend toujours pas
32:24Comment la vie émerge
32:25Et comment on est passé
32:26De l'inerte au vivant
32:27Donc peut-être qu'en étudiant
32:29Titan
32:29On peut
32:30Trouver les réactions manquantes
32:33Retracer le chemin
32:35Qui fait passer
32:37De l'inerte au vivant
32:38Juste une petite chose
32:40Dans cette vision
32:42De l'origine de la vie
32:43Il y a un élément
32:44Qui est apparemment
32:45Nécessaire
32:46Dans ce qu'on en comprend
32:47C'est l'eau
32:48Est-ce qu'on a une petite idée
32:50De l'origine de l'eau
32:51Qui est dans notre système solaire
32:53Patrick Michel
32:53Vous voudriez peut-être répondre à ça
32:55Est-ce que c'était ce que vous alliez dire
32:56Ou pas du tout ?
32:57Non pas du tout
32:57Alors en fait
32:57Je voulais simplement ajouter
32:59Une petite chose quand même
33:00C'est qu'on fait les 20 ans
33:01De l'atterrissage
33:02D'une sonde européenne
33:03Huygens
33:04Qui est la première sonde
33:06A avoir atterri sur Titan
33:07Et je trouve que c'est vraiment
33:08Quelque chose d'extraordinaire
33:10Le 14 janvier 2005
33:11La sonde Cassini
33:12Donc de la NASA
33:12Eh bien déployait une sonde
33:14Enfin voir
33:15C'est la première fois
33:16On ne sait pas ce qu'on allait trouver
33:17Les parages
33:18Tout a fonctionné
33:19Et il y a quelque chose d'extraordinaire
33:20Dans ces missions-là
33:21Qui est qu'on pose quand même
33:22Des objets qui ne sont pas très gros
33:24Qui voyagent pendant des années
33:26Et des années
33:27On parle presque de 10 ans parfois
33:29Et pour atterrir quasiment
33:31A l'endroit où on avait prévu au départ
33:33Ce qui montre qu'on a quand même
33:34Une compréhension
33:35De la gravitation
33:37C'est-à-dire des forces
33:38Qui sont en jeu
33:38Dans notre système solaire
33:39Qui est absolument merveilleuse
33:41Et dans cette compréhension-là
33:43Il y a tous ces petits mystères
33:45Qui restent un petit peu partout
33:46Et il me semble que l'eau
33:48En fait partie
33:48Parce qu'il y a plusieurs
33:50Façons de faire de l'eau
33:52Et on n'est pas tout à fait certain
33:54D'où vient l'eau de la Terre
33:55Par exemple
33:55Voilà
33:56C'est surtout
33:56D'où vient l'eau de la Terre
33:59Parce que l'eau
33:59On la trouve
34:00Le problème
34:01C'est de savoir
34:02Pourquoi notre planète
34:03A accueilli l'eau
34:06Telle qu'elle a accueillie
34:07Alors il faut
34:07Bien sûr
34:08On a deux tiers d'eau
34:10Sur la surface de la Terre
34:11Mais si on concentrait
34:12Tout dans une sphère
34:13Cette eau
34:14C'est la taille du Texas
34:15Si je parle de l'eau potable
34:17C'est encore moins que ça
34:18Et en fait
34:20Cette eau
34:21Alors il y a plusieurs théories
34:23De toute façon
34:24Elle a été apportée
34:25Après c'est la question
34:26De savoir
34:26Quand est-ce qu'elle a été apportée
34:27Est-ce qu'elle a été apportée
34:28Dans les premières briques
34:29Qui ont formé la Terre
34:30On a des collègues
34:31Qui pensent que
34:32Effectivement
34:32C'est peut-être
34:33Les premiers
34:34Planétésimo
34:36Les premiers corps
34:37Qui commençaient à grossir
34:38Qui ont commencé à former la Terre
34:39Qui contenait cette eau-là
34:40Ou alors
34:41La Terre a commencé à grossir
34:43Et c'est à la fin de sa formation
34:44Que l'eau a été apportée
34:46Mais on a des corps candidats
34:48Parce que justement
34:49Dans ces astéroïdes
34:50Et même dans les comètes
34:52On trouve de l'eau
34:53Alors les propriétés de l'eau
34:54Il y a une propriété de l'eau
34:55Qui est
34:56On va dire un peu sa masse
34:57C'est le rapport
34:58De deux isotopes de l'hydrogène
35:00Le deutérium sur l'hydrogène
35:02Qui est en gros
35:02L'ADN
35:03Vous allez être allé un peu vite
35:04L'ADN de l'eau
35:04Je fais quand même
35:07Une petite parenthèse
35:08Deux secondes
35:08Deux choses que vous venez de dire
35:09La première c'est
35:10Vous avez dit par rapport
35:11A la taille du Texas
35:12Ce que ça signifie
35:13C'est que si vous prenez
35:14Toute l'eau de la Terre
35:15Et que vous la mettez
35:15Dans une boule
35:16Le diamètre de cette boule
35:18La largeur de cette boule
35:19Ferait à peu près
35:20La taille du Texas
35:21Donc c'est minuscule
35:22Par rapport à la Terre elle-même
35:23Et là ce que vous êtes en train
35:24De dire par rapport à l'eau
35:25C'est qu'il existe
35:26Des molécules d'eau
35:28Qui sont différentes
35:28L'eau
35:29Tout le monde connaît sa formule
35:30C'est H2O
35:30Et bien parfois
35:32A l'intérieur de l'eau
35:33Il y a un petit peu plus
35:35D'hydrogène
35:36Et dans ces cas-là
35:37C'est une eau
35:38Qu'on appelle lourde
35:39Et ça on peut la détecter
35:40Et la proportion
35:41Entre l'eau qui est
35:42Disons légère
35:43Et l'eau lourde
35:44Nous donne l'origine
35:45De l'eau qu'on peut voir
35:46C'est peut-être ce que vous regardez
35:47Dans les astéroïdes
35:48Qui sont autour de nous
35:49Effectivement on trouve
35:50Ce rapport-là
35:52Qui est à peu près identique
35:53Dans des météorites carbonées
35:54Et l'eau terrestre
35:56Donc on se dit
35:57Que les météorites carbonées
35:59Les astéroïdes riches en carbone
36:01Sont potentiellement
36:02Des bons candidats
36:03Pour avoir apporté l'eau sur Terre
36:04Et puis quand on fait justement
36:05Ces modélisations
36:06Des premiers instants
36:07Du système solaire
36:08On voit que dans les scénarios
36:10De formation de la Terre
36:12A la fin de la formation de la Terre
36:13Il y a eu beaucoup d'impact
36:14Et donc il se pourrait
36:15Que ces impacts
36:16Et non seulement apporter
36:17D'ailleurs l'eau
36:18Mais aussi
36:18Toute la matière organique
36:19Qui a permis de fabriquer le vivant
36:20Et de ce fait
36:21On a fait des retours
36:23D'échantillons d'astéroïdes
36:24Donc deux missions extraordinaires
36:25Une japonaise
36:26Une américaine
36:26Hayabusa 2 Japon
36:27Et Osiris Rex américain
36:29Qui ont ramené avec succès
36:30Des échantillons
36:31Des aventures
36:32Dignes d'Indiana Jones
36:33Pleines de surprises
36:34Si vous adorez ça
36:35C'est extraordinaire
36:37Et elles ont apporté
36:39Des échantillons
36:39Et on a trouvé
36:40Des choses incroyables
36:41C'est-à-dire que déjà
36:41Les corps dont on a
36:43Extrait ces échantillons
36:44Sont des petits astéroïdes
36:45De quelques centaines
36:46De mètres de diamètre
36:47Qui croisent la trajectoire
36:49De la Terre
36:49Et d'après les échantillons
36:51Qui ont été ramenés
36:52Ces astéroïdes
36:53Ont été issus
36:54Lors de destruction
36:55De corps qui étaient
36:55Des mondes océans
36:56Qui avaient beaucoup d'eau
36:58Et on les retrouve
36:59Sur les astéroïdes
37:00Sur la forme de carbonate
37:01Qui sont des sels minéraux
37:02Un petit peu comme
37:03Dans les marais salants
37:04Et donc on sait
37:05Qu'on a eu des corps
37:06Qui avaient une activité
37:07Ce qu'on appelle hydrothermale
37:08C'est-à-dire avec des fleuves
37:10Et etc
37:10Très riches
37:11Dans les premières phases
37:13Du système solaire
37:14Et donc ces corps-là
37:15Alors des mélanges
37:16Et des danses planétaires
37:17Ont pu apporter l'eau
37:18Qui a permis de nourrir
37:19De nourrir les océans terrestres
37:21C'est un petit peu ça l'idée
37:22C'est une sorte de pluie
37:23En réalité
37:24Il y aurait eu
37:25Une énorme pluie
37:25Ben oui c'est ça
37:26C'est une pluie
37:27Alors faite de roches
37:29Oui bien sûr
37:29De grosses gouttes
37:30Très grosses gouttes
37:31Très lourdes
37:31Exactement
37:32Voilà
37:33Et là on arrive
37:34Quand on fait le bilan en masse
37:35On arrive à faire l'eau
37:37Avec ces astéroïdes
37:38Donc ces astéroïdes
37:38En fait nous
37:39Nous permet de
37:40Tracer l'histoire du système solaire
37:42Parce qu'ils ont gardé
37:43La mémoire
37:44Des ingrédients initiaux
37:45Peut-être que je peux le dire
37:46Très rapidement
37:47Mais en fait
37:47Les planètes dont on a parlé
37:50Donc Alice nous l'a bien dit
37:51Vénus a chauffé
37:52Mars a évolué
37:53En fait les planètes
37:54C'est comme un gâteau
37:55Alors moi je suis née à Saint-Tropez
37:56Il y a une tarte fameuse
37:57C'est une marque
37:58Donc c'est tarte de Saint-Tropez
37:59On va dire
37:59Et la recette
38:01C'est un secret absolu
38:02Pourquoi une recette
38:03C'est un secret absolu ?
38:04Après tout
38:04Quand je regarde la tarte
38:06Je devrais pouvoir remonter
38:07Aux ingrédients
38:07Ben non
38:08Parce que les ingrédients
38:09Elles ont été transformées
38:10Chimiquement lors de l'échauffement
38:12Et une planète
38:13C'est un peu comme une tarte
38:13Qui a chauffé
38:14Et donc on ne peut pas remonter
38:15Aux ingrédients d'origine
38:16En étudiant
38:17Le matériau transformé
38:19Et les astéroïdes
38:20Qui sont les restes
38:20De ces planètes
38:21Sont suffisamment petits
38:22Pour avoir gardé
38:23Cette composition initiale
38:25Du système solaire
38:25Parce qu'ils n'ont pas chauffé
38:26C'est donc avec eux
38:27Qu'on a pu dater
38:28Le système solaire
38:29Et avec eux
38:29Qu'on peut élaborer
38:31La recette de cuisine
38:31Qui nous permet de faire
38:32Ce magnifique gâteau
38:33Qu'est le système solaire
38:34Et gâteau qui est illuminé
38:35Par une étoile
38:36Qui s'appelle le soleil
38:38Et comme
38:38Everybody loves the sunshine
38:40Je vous propose d'écouter
38:42Roy Ayers
38:43Générique
39:13My life, my life, my life, my life
39:15In the sunshine
39:17Everybody loves the sunshine
39:23Sunshine
39:28Everybody loves the sunshine
39:35Sunshine
39:40Folks get down in the sunshine
39:47Sunshine
39:52Folks get brown in the sunshine
39:57Folks get brown in the sunshine
39:59Just bees and things and flowers
40:12Just bees and things and flowers
40:18Just bees and things and flowers
40:24Just bees and things and flowers
40:26Just bees and things and flowers
41:30Musique de générique
42:00Bienvenue de mes trois invités, la planétologue Alice Le Gall, l'astrophysicien Patrick Michel et le chanteur Bertrand Belin, avec évidemment le public du Sticeo.
43:55de route, tout ne se passe pas forcément bien,
43:57mais on ne s'arrête pas aux premiers échecs.
43:58Réussir d'un coup, ça n'existe jamais. La vie,
44:01elle n'est pas simple. Et donc, c'est un message pour
44:02les jeunes. Même si on vous prédit
44:05un avenir obscur, ne vous
44:07arrêtez pas à ça. Dans la vie, quand on se bat,
44:09qu'on est passionné et que surtout, on
44:10accepte que tout ne se passe pas bien
44:13et les échecs, c'est normal dans la vie,
44:14on arrive quand même à relever des défis incroyables.
44:17Donc, ça me laisse un bon espoir pour la chute.
44:19Pour faire réapparaître le soleil. Nous avons
44:20une deuxième question de Laurence.
44:22L'intelligence artificielle ouvre-t-elle
44:25des perspectives pour modéliser le système
44:27solaire et mieux connaître ses mystères ?
44:29Alice Le Gall ?
44:31C'est sûr que l'intelligence artificielle
44:33est un nouvel outil
44:36dont la communauté peut
44:37s'emparer pour modéliser
44:39mieux les choses et surtout pour mieux analyser
44:41les données, notamment quand il y en a
44:43beaucoup. Après, souvent,
44:45dans l'exploration spatiale, on fait
44:47face plutôt à une pénurie de données. Enfin, on a très peu
44:49de missions, surtout comme moi, on travaille
44:51dans le système solaire externe. On a peu
44:53de données, donc on peut se permettre
44:55de les étudier et de travailler dessus
44:58un peu en surmesure, enfin,
44:59faire du surmesure.
45:01Mais ça fait partie des nouveaux outils
45:03qu'on apprend aussi à maîtriser, à utiliser,
45:07parce que, comme tout outil, il faut un pilote
45:09dans l'avion pour ne pas faire de bêtises.
45:11Jacquie, une troisième
45:14question. Nous vous écoutons.
45:16Alors, finalement,
45:18y a-t-il un lieu dans le système
45:20solaire où l'être humain
45:21pourrait vivre ? Et pourquoi
45:23y a-t-il actuellement des projets
45:25faramineux pour aller sur Mars ?
45:28Alice Legale.
45:29On ne citait personne.
45:30Oui. Alors, ces projets
45:32faramineux, normalement, ils n'émanent pas
45:34de la communauté scientifique
45:36et même si, parfois, ils bénéficient
45:39de financements d'agences spatiales,
45:41notamment de l'autre côté de l'Atlantique.
45:44Clairement, nous, terriens,
45:47on est fait pour vivre sur Terre
45:50où la Terre est faite pour nous accueillir.
45:53Ou plutôt, on a coévolué,
45:55la vie a coévolué avec notre planète
45:57et il n'y a pas de planète B
45:58ni près ni loin.
46:02Même cette petite partie de l'atmosphère
46:04de Vénus où il ferait bon vivre ?
46:06Encore une fois,
46:07voilà, il y a des pluies d'acide sulfurique.
46:11Quand on se dit que c'est le meilleur endroit B,
46:14un endroit où il pleut de l'acide sulfurique,
46:15c'est qu'il vaut mieux faire un petit peu gaffe
46:17à chez nous.
46:17Oui, exactement.
46:19Gérard, vous avez une question ?
46:21Oui, la ceinture d'astéroïde
46:22est-elle le reste de la formation de Mars
46:25suite à la compression par Jupiter
46:27ou c'est une planète qui aurait éclaté
46:30suite à une espèce de carambolage cosmique ?
46:33Alors, je resitue rapidement
46:34entre les petites planètes qui sont autour du Soleil
46:37et les planètes géantes qui sont plus loin,
46:39entre les quatre plus proches et les quatre plus montaines,
46:41il y a une ceinture d'astéroïdes,
46:42c'est-à-dire qu'il y a un endroit
46:43où il y a plus d'astéroïdes qu'ailleurs.
46:45Et c'est sur cet endroit-là
46:47qu'on vous pose la question, Patrick Michel.
46:48C'est vrai, quand on a découvert le premier en 1801,
46:52il manquait selon une loi empirique mathématique
46:54une planète dans le système solaire
46:56qui se situait à peu près là où on a découvert
46:58le premier astéroïde Cérès, le plus gros, 950 kilomètres.
47:02Puis après, on a commencé à en découvrir un peu plus.
47:04Donc, comme ça correspondait à peu près
47:05là où on pensait qu'il y aurait une planète,
47:06on se dit que c'est peut-être une planète qui a éclaté.
47:09En réalité, non, c'est une planète ratée
47:11qui n'a jamais plus sacrété,
47:12parce que Mars étant né très tôt Jupiter aussi,
47:15tout ce qui était entre était déjà instable
47:17et les vitesses de collision entre les corps
47:19faisaient qu'il y avait impossibilité de s'agglomérer
47:22et qu'en fait, quand ils se rendent de temps,
47:23ils forment des fragments.
47:25Petite chose quand même, il ne faut pas se tromper,
47:27quand on voit dans la guerre des étoiles
47:28Hans Follow traverser la ceinture d'astéroïdes,
47:31malheureusement, la réalité, elle est moins sympa,
47:33enfin, elle est plus sympa pour les sondes qui y vont.
47:35Elles n'ont pas besoin de faire zigzag
47:36parce que même s'ils sont très nombreux,
47:38ils sont très très nombreux,
47:39maintenant, on en connaît plus d'un million d'ailleurs,
47:41eh bien, l'espace, c'est très grand
47:43par rapport à des objets petits,
47:44donc la probabilité d'en croiser un au hasard
47:46est vraiment très faible.
47:47Au contraire, il faut jouer avec toutes les lois
47:48de la mécanique céleste,
47:49d'où l'intérêt de faire des maths
47:50pour arriver à atteindre un petit objet
47:53dans un espace très grand.
47:55Et nous allons maintenant écouter un petit son.
47:56Il va être en particulier pour vous, Bertrand Belin,
47:59parce que je suis absolument certain
48:00que mes deux invités, astrophysiciens et planétologues,
48:04vont le reconnaître tout de suite.
48:05Vous pouvez lever la main,
48:06mais vous n'avez pas le droit de dire,
48:08Patrick Michel et Alice Gall,
48:09si vous l'avez retrouvé tout de suite,
48:10Bertrand Belin, nous allons vous faire
48:12écouter un petit son
48:13et vous allez essayer de deviner
48:15de quoi il s'agit.
48:28Je vois Patrick Michel qui fait oui de la tête.
48:31Je vois la consternation dans les yeux
48:33de Bertrand Belin.
48:34Aucun problème.
48:34Aucun problème apparemment.
48:37Vous avez une petite idée de ce que ça pourrait être ?
48:39Absolument, oui.
48:40Alors, on vous écoute.
48:42Il s'agit d'un sauté de veau
48:45qui est en train de terminer tranquillement sa cuisson.
48:51On entend très, très distinctement
48:53le butane sortir du brûleur.
48:57Du brûleur.
48:57Et puis, quelques petits clics-cetits de surface.
49:00On demande aux professionnels quand même ou pas du tout.
49:04Les consoeurs et confrères vont préciser.
49:07Alors, on va écouter encore quelques secondes
49:09et ensuite, on va avoir l'explication
49:11qui nous a été donnée par Baptiste Schied,
49:15qui est chercheur au CNRS à l'Institut de recherche
49:17et planétologie à Toulouse
49:19et spécialiste de l'acoustique planétaire
49:22pour l'étude des atmosphères du système solaire.
49:25Ce que vous entendez, c'est simplement le souffle du vent.
49:29À la différence assez exceptionnelle près,
49:31c'est le souffle d'un vent martien.
49:33Alors, ce vent martien, il a été capté
49:35par le rover Perseverance de la NASA,
49:37qui est un rover américain,
49:39mais sur lequel on a un instrument français
49:41qui s'appelle l'instrument SuperCam,
49:43à bord duquel il y a un petit microphone,
49:44alors un microphone tel qu'on a dans nos téléphones,
49:47qui a permis d'enregistrer ses tout premiers sons martiens.
49:51Alors, c'est son martien.
49:52J'espère que vos auditeurs sont équipés d'un poste de radio
49:54avec un bon caisson de basse
49:56pour ressentir vraiment les graves dans ces sons.
49:59Vous avez vu, ils sont très sourds.
50:01Et ça, c'est dû à l'atmosphère de Mars.
50:02Elle est complètement différente de celle de la Terre.
50:04Elle est très froide, très ténue,
50:07et surtout, elle est composée quasiment exclusivement
50:09de dioxyde de carbone.
50:10Et la molécule de dioxyde de carbone
50:12vire d'une certaine façon,
50:14qui fait que tous les sons aigus
50:15vont être absorbés à la surface de Mars.
50:17Donc, résultat, vous n'avez plus que ce soufflement,
50:19ce souffle très grave à la surface de Mars,
50:22qui se propage à la différence de la Terre.
50:24Alors, pourquoi écouter le vent martien,
50:27le souffle du vent martien,
50:28et puis tout l'environnement acoustique qu'on a de Mars ?
50:30En fait, on fait comme sur Terre.
50:32On utilise le son pour caractériser notre environnement.
50:35Et le son nous donne accès
50:36à des informations scientifiques
50:37qu'on n'avait pas accès auparavant.
50:39Alors, problématique du vent sur Mars.
50:40On a beaucoup de vent sur Mars.
50:42Puis, on se rend compte que c'est assez difficile
50:43de l'étudier à partir des instruments traditionnels
50:46qu'on envoie à la surface de la planète.
50:48Et donc, l'acoustique, le microphone,
50:50nous permet de comprendre un peu
50:52ces régimes de vent à la surface de Mars.
50:55On n'entend pas que le vent.
50:55Parfois, ce vent déplace des grains,
50:57des grains de poussière
50:58qui donnent cette coloration orange de la planète.
51:01Et cette poussière qui est soulevée par le vent,
51:03c'est un acteur majeur du climat actuel sur Mars.
51:06Alors, on entend ces grains de poussière
51:07charriés par le vent
51:08qui viennent impacter autour du microphone.
51:09et ça, ça nous permet de les compter,
51:11de savoir quelle sont la quantité de grains
51:13qui sont déplacés par ces vents martiens.
51:16L'acoustique, c'était une discipline
51:18qui était complètement oubliée
51:19dans l'exploration du système solaire.
51:21Cette symphonie martienne,
51:22elle a fait naître l'acoustique planétaire
51:24comme une nouvelle discipline pour le planétologue
51:26pour étudier les atmosphères du système solaire.
51:30Alors, on a entendu sur la fin
51:31et on va peut-être entendre maintenant aussi à nouveau
51:34un son qui est un petit peu différent
51:36et qui est tout nouveau,
51:37qui est celui d'un tourbillon de poussière
51:40à la surface de Mars.
51:42Là, c'est ce que vous entendez.
51:43Ce qu'on appelle en anglais un dust devil
51:45et là, c'est un petit tourbillon de poussière.
51:48Ça vous intéresse, ce genre d'acoustique, Alice Le Gall ?
51:50Oui, oui.
51:51Et comme le dit bien Baptiste Schied,
51:53c'est une nouvelle dimension
51:54qui s'ouvre dans l'exploration spatiale.
51:56Et le drone dont je vous parlais, Dragonfly,
51:59qui ira se poser sur Titan dans une dizaine d'années,
52:02sera muni aussi d'un microphone
52:03fabriqué en partie, en tout cas conçu en France,
52:08et qui écoutera peut-être le chant des dunes sur Titan
52:12ou peut-être entendra, bien sûr, le vent.
52:15Alors, Titan a une atmosphère beaucoup plus dense que Mars,
52:17donc ce sera un son beaucoup plus prononcé.
52:20On espère peut-être entendre, je ne sais pas, du tonnerre.
52:23Des vagues de méthane ?
52:25Des rivières, oui.
52:27Le bruit de l'écoulement des rivières.
52:31Je peux dire un tout petit mot.
52:32Vous voyez que la coopération internationale,
52:35c'est essentiel dans nos domaines
52:36parce qu'on a des missions américaines
52:38qui accueillent des instruments français et vice-versa.
52:40Et ça, je trouve aussi que c'est un bon message.
52:42C'est qu'en dépit des contextes géopolitiques complexes,
52:45des changements de politique,
52:46nous, les scientifiques, on s'attache encore
52:48à travailler ensemble dans le monde entier.
52:50Je pense que c'est vraiment un lien qu'on doit garder.
52:53Eh bien, merci beaucoup,
52:54car nous arrivons déjà à la fin de l'émission.
52:58C'était Big Bang.
52:59Merci à toutes et à tous de nous avoir écoutés jusqu'ici.
53:02Merci à Baptiste Schied pour votre son martien.
53:06Merci à Bertrand Belin.
53:07Votre nouvel album, What, est en partenariat avec France Inter.
53:10Et vous serez en tournée à partir du 20 février à Massy
53:13et du 19 au 22 mars à la Cigale à Paris.
53:15Merci à Alice Le Gall pour tout votre travail
53:17et pour votre petit hélicoptère que vous allez envoyer sur Titan.
53:21Merci à Patrick Michel.
53:22Votre livre à la rencontre des astéroïdes est publié aux éditions Edil Jacob.
53:26Et merci évidemment au fabuleux public du studio 621 de la Maison de l'Arabie.
53:32Cette émission a été réalisée par Benjamin Riquet
53:36à la programmation musicale Jean-Baptiste Diber
53:39et à la technique Laurent Baudouin
53:41à la vidéo Florian Derimini
53:42à la préparation et à la programmation Elodie Royer.
53:46Je vous donne rendez-vous samedi prochain
53:48avec deux scientifiques et un invité mystère
53:50pour une émission autour du sens des cartes.
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