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  • il y a 13 heures
Retrouvez « Ahmed Sparrow, moi ce que j'en dis » dans Zoom zoom zen sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/ahmed-sparrow-moi-ce-que-j-en-dis

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😹
Amusant
Transcription
00:00Lui, il ne cherche pas à plaire, il cherche à comprendre pourquoi il n'a toujours pas de chronique sponsorisée.
00:05« Why chronicles don't pay my rent ? » criait-il dans le bureau de la direction en anglais, parce que oui, il est fatigué.
00:10Entre lucidité et vannes, poésie et larmes, voici Ahmed Sparrow, notre chef-d'oeuvre instable préféré.
00:15Quel honneur, quel honneur d'avoir un Goncourt ici, quel honneur, vraiment.
00:19Parce que bon, le dernier écrivain qu'on a eu, c'est Karabatic.
00:23Compliqué d'écrire des livres quand t'as des doigts de handballeur.
00:26Oh non, on l'embrasse.
00:27Donc, bienvenue à ZoomZoomZen, monsieur Mauvigné, bienvenue.
00:30Ça change de France Culture, c'est pas la même ambiance.
00:33Nous, on est les fous-fous de Radio France.
00:35À France Culture, vous avez des silences, des violons, des respirations intelligentes.
00:39À France Culture, les journalistes posent des vraies questions, genre « comment le néant dialogue-t-il avec l'absence du père ? »
00:44Et là, t'as le mec qui répond juste un soupir et les gens, ils sont là, ils hochent la tête, comme si le mec avait dit un truc de ouf.
00:51Nous, rien à voir. Nous, dès qu'il y a un silence, on envoie le jingle.
00:53À nous, on est un peu le big deal de Radio France.
00:56D'ailleurs, je vous le dis, ils font genre « ils ont lu votre livre », c'est pas vrai.
01:00Il n'y a que Pédélope qui l'a lu, c'est une stagiaire non rémunérée et elle a fait un résumé, elle a envoyé un mail groupé à tout le monde.
01:05Donc, bienvenue dans cette émission de menteurs.
01:09Le Goncourt, c'est le prix ultime en littérature française, c'est très français le Goncourt.
01:12C'est comme des chiffres et des lettres, tu prouves que t'es le plus fort et au final, tu gagnes un dictionnaire.
01:16Le Goncourt, tu gagnes 10 euros.
01:1710 euros, c'est pas ouf.
01:1910 euros, c'est abusé.
01:20Tu mets tes tripes à écrire un livre de 750 pages et on te donne 10 euros.
01:23C'est même pas assez pour acheter ton propre livre.
01:26Vous avez écrit votre premier roman à 11 ans sur un jeune qui se révoltait contre le seigneur du coin.
01:31Si c'est un chat qui écrit ça, ça va, ça fait 35 ans.
01:34Mais 11 ans d'humain, ça fait 11 ans.
01:36Vous savez ce que font les enfants de 11 ans normalement constitués ?
01:38Ils dessinent des zizi sur le tableau du prof de maths.
01:41Désolé, monsieur Refeuille, je ne savais pas que ce feu était indélébile.
01:44La maison vide, c'est le titre du roman.
01:46Alors moi, je n'aurais pas pu écrire ça, on est 12 enfants.
01:49Donc la maison était archi pleine.
01:51Vous avez deux frères dans le domaine artistique avec qui ça a l'air de bien se passer.
01:53Et c'est difficile, quand un frère réussit, ça attise la jalousie des autres.
01:56Regardez les Pogba, il s'est fait séquestrer par son frère pour de l'argent.
02:00Vous, ça n'arrivera jamais parce que comme je l'ai dit plus tôt, 10 euros, c'est pas ouf.
02:04Vous avez un frère réel et un autre psychanalyste.
02:06Et il paraît qu'il est devenu psychanalyste après avoir lu votre livre que vous avez écrit à 11 ans.
02:11Donc voilà.
02:11Vous avez aussi gagné le prix du deuxième roman.
02:14Alors ça, c'est quoi ce prix encore ?
02:16C'est sûr, le mec qui a créé ce prix, c'est un mec qui n'a pas eu le prix pour son premier roman.
02:21Il s'est dit, prochain roman, il faut que je le gagne.
02:23Et heureusement qu'il a gagné parce que sinon, on aurait pu avoir le prix du 13e roman.
02:27Vous gagnez le Goncourt et vous restez simple.
02:29Et ça, c'est beau, c'est vrai.
02:29Le Goncourt, c'est incroyable.
02:30Moi, si je gagne le Goncourt, ils vont s'en souvenir les gens.
02:33Je vais placer Goncourt à toutes mes phrases, même si ça ne veut rien dire.
02:35Ils vont dire, monsieur Sparrow, comment allez-vous ?
02:37J'ai écouté la vie sui Goncourt.
02:39Désolé, je dois vous laisser, j'ai rendez-vous.
02:40Où ça ? À Porte de Cli-Goncourt.
02:42Je n'en ai rien à foutre.
02:43Il y a un truc magique avec les écrivains.
02:45Quand tu es écrivain, tu es tout pardonné.
02:47Tu es chelou.
02:47C'est de la profondeur.
02:48Tu es mal habillé.
02:49C'est du style.
02:49Tu pues.
02:50C'est de la tristesse du génie.
02:51Regarde, un écrivain dans un café, il est au même endroit depuis trois jours.
02:54Il ne consomme rien.
02:55Il parle tout seul.
02:56Même les SDF, ils lui donnent des pièces pour qu'il dégage parce qu'il crée de la concurrence.
03:00Et tout le monde dit, ne le dérangez pas, il est dans sa bulle créative.
03:03Au moins, vous, on sait que vous êtes un vrai écrivain.
03:05Vingt ans pour écrire un livre, il faut respecter l'introspection.
03:07Parce qu'il y en a au bout de vingt jours, de prison, ils sortent un journal du prisonnier.
03:11Vingt jours, tu as le temps de raconter quelque chose, il ne s'est rien passé.
03:14Jour un, il a dit quoi Sarkozy dans celui-là, ça va être ça.
03:16Jour un, le silence me ronge.
03:17Jour deux, je mange mon premier yaourt.
03:19Jour quinze, le silence a fini par me ronger.
03:22Je commence à chier du yop.
03:22Et en plus, il avait des policiers qui dormaient dans la cellule d'à côté pour le protéger.
03:27Donc en gros, les flics, ils vont en prison pour surveiller un prisonnier qu'eux-mêmes, ils ont envoyé là.
03:32Non mais c'est un manque de respect aux vrais écrivains comme vous, je vous jure.
03:35Et c'est ce que j'aime avec les vrais auteurs.
03:36Il n'y a pas d'effets spéciaux, pas d'algorithmes.
03:38Juste des gens qui ont le courage d'affronter le vide.
03:40Parce qu'au fond, la maison est peut-être vide.
03:41Mais tant qu'il y a un stylo, un cerveau et une stagiaire qui lit pour tout le monde,
03:45elle reste quand même plein d'espoir.
03:47Donc merci M. Movigné.
03:48Et surtout, merci Pénélope.
03:49Sans toi, personne n'aurait lu le bouquin.

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