Il est à la tête de l'enseigne numéro 1 de la grande distribution. A un mois de Noël, alors que le pouvoir d'achat est au cœur des discussions autour du budget 2026 et que les Français surveillent leurs dépenses, comment le géant des hyper et supermarchés compte-t-il faire le plein ? Michel-Edouard Leclerc, le patron du groupe Leclerc, est l'invité de RTL Matin. Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Thomas Sotto du 24 novembre 2025.
00:00Il est 7h42 sur sa carte de visite, il est écrit président du comité stratégique des centres Edouard Leclerc
00:08mais dans l'esprit de tout le monde, il est plus simplement le patron, Michel-Edouard Leclerc
00:11et l'invité d'RTL Matin. Bonjour et bienvenue sur RTL, Michel-Edouard Leclerc.
00:14Bonjour patron Soto.
00:15Nous sommes à un mois du réveillon de Noël, qui dit fête de fin d'année dit dépense importante.
00:21A quoi ressemblent les caddies de vos clients en ce moment ?
00:23Est-ce que les français consomment plus ou moins que d'habitude ?
00:26Alors, c'est toujours de la prévision, on n'est quand même pas à Noël.
00:30Entre temps, il y a Black Friday, il y a certaines opérations qui se font pratiquement tous les jours chez un distributeur.
00:40Il faut savoir qu'à Noël, les français vont dépenser en moyenne 491 euros.
00:45C'était 749 en 2017, c'est incroyable, c'est une étude de philis.
00:49491 euros, c'est très mal réparti, c'est une statistique globale.
00:55En fait, la majorité des ménages va restreindre sa dépense.
01:03Ils vont dépenser à peu près 297 euros en cadeaux, 123 en bouffe, en repas, en fait.
01:13Et ensuite, il y a des poches comme ça, c'est pour vous donner 28 euros en décor, en tenue vestimentaire 23 euros.
01:22Donc, ce n'est pas du BOS, ce n'est pas de Armani et tout ça.
01:26Et enfin, les dépenses liées au transport, c'est de l'ordre de 25 euros.
01:30Donc, c'est un peu la structure de dépenses sur un mois, de dépenses pas complètement supplémentaires,
01:39mais c'est quand même un accroissement des dépenses au mois de décembre qui reste le chiffre d'affaires le plus élevé de l'année dans tous les commerces français.
01:46En matière de prix, à quoi il faut s'attendre dans les semaines et les mois qui viennent ? Est-ce que vous le savez ?
01:50Ça baisse.
01:51Ça baisse ?
01:51Oui, ça baisse peu.
01:53Ça baisse avec des moins 1, moins 2, moins 3.
01:56Ça baisse surtout sous la forme de cagnottage.
02:00On fait 50% pour l'achat de l'eau.
02:05Pourquoi est-ce qu'on fait ça ?
02:06C'est parce que la loi française, sans être compliquée, ne permet pas de discuter autre chose que le tarif.
02:15Alors, on dégrade le tarif, on fait des moins quelque chose.
02:19Mais il y a quand même, là, ce Noël, il va y avoir des bonnes affaires quand même.
02:23En tout cas, il n'y aura plus de chocolat Lindt chez vous, c'est fini ?
02:27Il n'y aura pas du chocolat Lindt chez nous, ce qui est en discussion, c'est le prix des coffrets particuliers.
02:34Il y a plein de coffrets.
02:35Chaque marque essaye, à Noël, de faire des paquets un peu différents.
02:40Les Ferrero, les Rochers, les Moncherry, tout ça.
02:43Lindt est une de ceux-là.
02:44Et en fait, de tous les chocolatiers, Lindt était le chocolatier qui avait le plus augmenté ses prix.
02:55Donc, c'est le classique bras de fer entre grandes distributions industrielles, c'est ça ?
02:58Oui, c'est un classique bras de fer où Lindt s'estimait au-dessus du lot.
03:03Et le chocolat, c'était plus 55%.
03:06Même si la matière première a augmenté de cet eau-là, le produit fini, il n'y a aucune raison de l'accepter à ce prix-là.
03:12Donc, il y a deux solutions.
03:13On verra bien jusqu'au dernier moment, parce que ça se livre très vite.
03:19Soit on en a parce qu'on estime qu'on ne peut pas s'en passer,
03:23soit on n'en a pas et on leur fait un bras d'honneur parce qu'on ne veut pas être accusé d'avoir participé à une opération de spéculation.
03:29Vous êtes aussi, chez Leclerc, le premier vendeur de textiles du pays.
03:32On parle beaucoup de Chine en ce moment.
03:33Est-ce qu'on peut imaginer voir des rayons Chine ou équivalents dans vos magasins un jour ?
03:37On est concurrent de Chine, donc ils ne viendront pas chez nous.
03:39Mais ce qui est en marche derrière Chine, derrière les turpitudes de sa place de marché,
03:46ou derrière un peu l'agressivité, la brutalité de son offre, il faut voir plus loin.
03:52C'est tout un système de distribution désintermédiatisé, c'est-à-dire sans commerce.
03:58Ce sont des plateformes d'industrielle qui arrivent directement sur le marché.
04:02Ça va représenter, à mon sens, d'ici 2035, 20%, 25% de parts de marché.
04:08Donc c'est l'avenir ?
04:09Donc c'est un des avenirs, la distribution va être plurielle.
04:13Mais ça va, en tout cas, mettre en l'air toutes les catégories que l'on avait depuis 20 ans,
04:19y compris à RTL, aux Echos et ailleurs, où on disait il y a les hyper en banlieue et la proxy en centre-ville.
04:26Vous avez entendu, Michel Ouerlecaire, il y a 83 députés qui veulent carrément interdire la plateforme Chine.
04:31Oui.
04:32Une bonne idée ou pas ?
04:33Je pense que ce sont des postures, parce que pendant le même temps...
04:36Écoutez, il faut quand même...
04:37Moi, je suis chinois, je mettrais quelques paires de bœufs quand même,
04:40parce qu'en ce moment, moi, les Chinois, on leur demande de vendre, d'acheter notre cognac,
04:45qu'on a du mal à bazarder sur le marché américain, à cause des droits de douane.
04:50On a des magasins en Chine.
04:53Vous vous rendez compte, là, ce qui a déclenché le truc, c'est pas Chine est émue à Paris,
04:58c'est le fait qu'ils arrivent dans l'EBHV, dans le pays, dans...
05:02Oui, avec un rayon dur.
05:03En fait, c'est déjà la quatrième plateforme de mode et de textile en France.
05:07Pour vous, Chine, ça ne vous gêne pas plus que ça ?
05:08Non, c'est juste pour vous dire que...
05:10Parce que je ne comprends pas très bien votre position.
05:11Non, mais justement, vouloir interdire quelque chose qui existe depuis quatre ans déjà,
05:15contre lequel on n'a rien fait, pour lequel on n'a rien vu,
05:18et que tout d'un coup, tout le monde se met pour passer à la télé dans le groupe qui va porter plainte,
05:24d'abord, je vous fais remarquer...
05:25Vous y êtes, hein, pardon, vous faites partie d'une des douze fédérations qui ont porté plainte
05:27contre Chine ?
05:28C'est une des fédérations à porté plainte.
05:30Moi, à titre personnel, je trouve ça con.
05:32Au moment où Carrefour est en Chine, Galerie Lafayette est en Chine,
05:37tous les commerçants des grandes marques de Bernard Arnault, de Pinault sont en Chine,
05:42les galeries d'art sont en Chine...
05:44Donc on met un but contre notre camp ?
05:45Comment ?
05:46On met un but contre notre camp, ça attaque en Chine.
05:47On ne sait pas parler, quoi.
05:49À un industriel chinois, on doit pouvoir, et ils savent, négocier.
05:53On a souvent dit en stéréotype que ce sont des grands marchands.
05:58La route de la soie...
06:00Donc les Chinois acceptent de négocier.
06:03Ce sont des grands négociateurs.
06:05Par contre, certains propos dans l'hystérie actuelle sont de type raciste, quoi.
06:08Donc il faut faire attention.
06:10Bah oui.
06:10Quand on dit les Chinois vendent de la merde, c'est pas très clair.
06:14Non, pas les Chinois vendent de la merde, mais on s'interroge sur les conditions de fabrication de certains vêtements.
06:18Vous, vous avez une marque qui s'appelle Tissaia, dont une grande partie des vêtements sont fabriqués en Asie du Sud-Est.
06:22Alors vous mettez un cahier des charges.
06:24Mais quand vous arrivez à vendre un t-shirt homme premier prix à 3,50 euros,
06:27est-ce que vous êtes sûr que ces t-shirts ne sont pas fabriqués par des esclaves ?
06:30Non, ils sont fabriqués par des robots, dans ce cas-là.
06:33Est-ce que c'est mieux ?
06:34Est-ce que c'est satisfaisant ?
06:36Si on réindustrialise la France et qu'on les ramène ici, ce sera fabriqué par des robots.
06:41Donc la question qui est posée, c'est de savoir s'il faut réindustrialiser,
06:45et en tout cas de cette manière-là, sur des produits à si faible valeur.
06:47Aujourd'hui, il n'y a pas de bassin d'emploi pour recevoir ces industries.
06:55Ces bassins d'emploi se sont vidés il y a 40 ans,
06:58quand l'industrie française est partie, toute la région de Cholet est partie en Chine.
07:03Je vous ferai remarquer que si nous, nous sommes partis en Chine,
07:05c'est que les fournisseurs français ne voulaient pas nous livrer.
07:08Ils partaient en Chine, mais il n'y a pas que le textile.
07:11Molinex, Seb, tout le monde est parti là-bas.
07:13C'est-à-dire qu'en fait, tout le débat sur la Chine, c'est le bal des hypocrites aujourd'hui ?
07:17Non, c'est le bal des aveugles.
07:19C'est-à-dire que ce qui nous arrive aujourd'hui, dans la mutation du monde,
07:22c'est d'autres pays qui prennent le lead dans les opérations commerciales.
07:27C'est une distribution qui va se multicanaliser.
07:30Là, on vous parle de Chinois, mais dans le même temps qu'on parle tous les deux,
07:34vous avez un autre groupe chinois, une autre plateforme chinoise qui s'appelle JC,
07:37qui négocie avec Kretinsky la prise de participation d'un Allemand qui était très forte dans la FNAC.
07:43Donc FNAC, Darty risque de passer aussi chinois.
07:46Vous avez d'autres plateformes chinoises qui arrivent,
07:49mais vous avez des plateformes indiennes que vous ne connaissez pas qui vont arriver,
07:53qui amortissent des bagnoles sur une population de consommateurs.
07:57La moitié de leur population, c'est quoi ?
07:59On est condamné à se faire bouffer en fait ?
08:02On est condamné à réagir, on est condamné à réagir.
08:04On n'est pas battu déjà ?
08:05Non, mais non, mais non.
08:06Contenu de leur norme sociale ?
08:07Non, mais non, je suis venu ici à l'arrivée d'Amazon.
08:11Amazon, même pas peur.
08:12Amazon a pris sa part de marché, mais pas la nôtre.
08:16Le sujet, c'est qu'on peut faire des procès à des entreprises dont on ne veut pas,
08:24mais ils vont nous retaper dans leur pays et on n'exportera pas.
08:27Donc la bonne réponse, c'est celle de Leclerc, c'est de regarder ce qu'ils font mal,
08:32c'est de regarder ce qu'on va faire de mieux.
08:34Par exemple, nous allons afficher sur tous les produits chinois, indo-pacifiques, partout, textiles,
08:40on va mettre non seulement le Nutri-Score, pour le peu qu'il y a sur l'alimentaire,
08:45on va mettre l'indication d'origine et on va mettre le bilan environnemental.
08:49Dans le rayon jouet, il y aura marqué Made in China ?
08:52Dans le bilan, bien sûr, quand c'est chinois.
08:57Attendez, vous dites des trucs, vous allez trop vite.
09:00Quand c'est sur une plateforme chinoise, ça ne veut pas dire que le jouet est chinois.
09:04Donc ça mettra le pays d'origine et nous mettrons d'ailleurs les quatre principaux ingrédients du produit avec leurs origines
09:11et nous mettrons, et nous mettrons, n'allez pas trop vite, on n'est pas sur TikTok,
09:15et nous mettrons, on mettra l'information environnementale, le poids carbone.
09:21À partir de quand ça ?
09:22Là, janvier, toutes nos marques de textiles vont afficher leur poids carbone d'où qu'elles viennent.
09:28Je ne vais pas trop vite, mais on arrive au bout.
09:31J'ai une petite question de pouvoir d'achat qui concerne l'essence.
09:33Vous vendez beaucoup de carburant et c'est un poste qui s'emballe le carburant.
09:36Les prix de l'essence grimpent en flèche, c'est encore plus vrai pour ceux du diesel,
09:39un plus 13 centimes en un mois. Pourquoi ?
09:41Qui profite de cette hausse-là alors que le baril de Brent, lui, est assez calme ?
09:45Alors ça va redescendre là. Depuis vendredi, on est sur une pente descendante.
09:49Le marché est hyper volatil. Il n'y a aucune raison qu'il reste longtemps à la hauteur.
09:54C'est le cadre géopolitique. On doit être à 1,65 sur le gasoil.
09:59On joue entre 1,58 et 1,65.
10:02Rassurez-vous, chez Leclerc, on est quand même 12 à 15 centimes moins cher que les stations totales BP ou SO.
10:07Donc, ils auront beau faire de la pub sur RTL, on gagnera.
10:12Eh bien, il est en pleine forme.
10:12Michel-Edouard Leclerc qui est venu nous voir ce matin sur RTL.
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