La relance relance-t-elle vraiment ?

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00:0019h19 sur Europe 1, l'édito éco avec Dimitri Pavlenko.

00:03Bonjour Olivier Babaud.

00:05Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.

00:07Olivier, ce matin vous nous parlez d'une idée qui est souvent invoquée à gauche,

00:10la relance économique par la dépense publique.

00:13Vous nous expliquez que ça a des graves limites.

00:15Oui Dimitri, parmi les concepts qui séparent clairement droite et gauche,

00:18celui de la relance est un classique.

00:20À gauche, on pense qu'en dépense en plus, on relance la machine économique.

00:23C'est la justification de presque toutes les hausses d'impôts inventées à Gécontinu.

00:27On prélève ici pour redonner là en espérant que chaque euro public

00:30produira plus d'un euro de richesse.

00:33C'est ce qu'on appelle le multiplicateur de dépenses publiques.

00:35En théorie, un euro dépensé par l'État fera gagner plus d'un euro à l'économie,

00:39mais dans les faits, c'est beaucoup plus incertain.

00:41Mais comment ça, ça n'est pas prouvé ?

00:43Eh bien non, les études montrent que ce multiplicateur est souvent inférieur à 1.

00:47Et ça c'est quand même un problème.

00:48L'OFCE le situe autour de 0,8 en moyenne.

00:51Autrement dit, pour 100 euros dépensés,

00:53on obtient environ 80 euros d'activité supplémentaire.

00:58Ça veut dire qu'on a plus prélevé sur l'économie qu'on a créé d'activité.

01:01Il faut bien l'expliquer, il y a une perte nette.

01:03Et quand la dette est déjà forte, les ménages anticipent en plus

01:06qu'il faudra rembourser demain.

01:07Donc ils épargnent au lieu de consommer.

01:09La Banque de France a calculé qu'entre 2020 et 2021,

01:12les Français ont mis de côté 175 milliards d'euros d'épargne supplémentaire.

01:15Donc la fameuse relance par la demande se heurte à la réalité.

01:20Exactement.

01:20On a beau injecter des milliards,

01:22si les gens n'ont pas confiance, ils n'achètent pas.

01:23Et d'ailleurs, s'ils le faisaient, comme nous adorons les produits étrangers,

01:26cela creuserait surtout le déficit commercial.

01:28Alors pourtant, on a un plan France Relance,

01:30qui avait été initié après le Covid,

01:32qui justement devait redresser l'économie française.

01:34On en est où ?

01:35Alors il a eu un effet à court terme,

01:36selon le FCE, environ plus un point de PIB en 2021 et 2022.

01:40Mais dès 2023, l'effet s'est éteint.

01:43C'est le problème des relances budgétaires.

01:44Elle donne un coup de fouet, mais pas un élan durable.

01:47Et puis elle coûte très cher.

01:47Oui, donc ce multiplicateur, c'est un peu un mythe.

01:51Disons qu'il existe, mais qu'il est un peu faiblard.

01:53Il dépend du contexte.

01:54En pleine récession, quand la Banque centrale maintient des taux très bas,

01:57il peut grimper à 1,2, 1,5.

01:59Mais en période normale, ce qui est plutôt le cas maintenant,

02:02il est proche de zéro.

02:03Et quand l'État dépense de l'argent qu'il n'a pas,

02:05il finit par devoir le reprendre sous forme d'impôts ou d'inflation.

02:08Invoquer sans cesse la relance,

02:10c'est nous précipiter dans un cercle vicieux de dépenses.

02:12Comme l'a très bien dit le président argentin Javier Mileï à la tribune de l'ONU,

02:16quand les pays augmentent leurs dépenses publiques,

02:18la croissance s'essouffle.

02:19Et quand la croissance s'essouffle,

02:20la demande en redistribution augmente.

02:22C'est un cercle vicieux.

02:23Alors que faire ?

02:25Plutôt que de relancer sans fin,

02:27il faut libérer ce qui ferait notre économie.

02:29Simplifier, produire, former, investir.

02:32Moins de chèques, plus de réformes.

02:34La prospérité ne viendra pas de la dépense publique,

02:37mais d'abord du travail, de l'innovation et de la confiance.

02:40Signature Europe 1, Olivier Babot.

02:41Merci beaucoup Olivier.

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