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  • il y a 12 heures

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00:00Europe 1 Soir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:04Béatrice Brugère, secrétaire générale unité magistrat et l'avocat Jean-Yves Leborn sont toujours avec nous dans le studio d'Europe 1
00:11pour évoquer cette permission de sortie d'un détenu narcotrafiquant pour un entretien d'embauche.
00:16Il a donc eu cette permission de sortie à 700 km de la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil.
00:22Justine Gerbeau est porte-parole de l'administration pénitentiaire.
00:25Elle a expliqué pourquoi, malgré ses avis négatifs à cette permission, le détenu a pu sortir aujourd'hui.
00:31Le juge d'application des peines qui préside cette instance pluridisciplinaire est tout à fait souverain
00:35et prend l'ensemble des éléments du dossier qui sont portés à sa connaissance pour prendre sa décision.
00:40Le personnel pénitentiaire qui est présent à cette instance n'est que consulter, effectivement consulter,
00:45émet un avis, là en l'occurrence qui a été défavorable au regard des éléments pénitentiaires,
00:49au regard des éléments qui ont motivé aussi son affectation au centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil.
00:54Mais effectivement, l'avis de l'administration pénitentiaire ne lie pas le magistrat.
00:57Béatrice Brugère en parlait à l'instant de césure, là à nouveau il y a un double avis,
01:01c'est-à-dire qu'il y a le juge d'application des peines qui peut dire absolument ce qu'il veut
01:04et l'administration pénitentiaire, elle n'a qu'à fermer sa gueule, si je comprends bien.
01:08Alors c'est le système qui est comme ça, c'est-à-dire que...
01:11Oui, non mais le juge d'application des peines, en effet, est celui qui prend la décision, tout à fait.
01:21Après consultation de l'administration pénitentiaire, proposition, etc.
01:27Le parquet est présent, d'ailleurs le parquet s'y est opposé, je crois, sous toute réserve, n'est-ce pas ?
01:32Oui, le parquet s'y est opposé, absolument. Il a même fait appel.
01:33Et c'est le juge du siège qui aura eu le dernier mot, puisqu'en ayant fait appel,
01:38c'est encore trois autres magistrats de la cour d'appel qui ont donné le feu vert, on va dire.
01:43Donc vous êtes sur un processus tout à fait...
01:45Rien que ce processus-là, ça donne le tournis, c'est-à-dire que c'est incroyable.
01:51Donc ça fait combien ? Ça fait dix personnes déjà qui prennent la parole,
01:54plus tous ceux qui travaillent en équipe, donc on est à trente ou cinquante personnes
01:58pour une permission d'un... Pardon, mais excusez-moi, attendez, le contexte est important.
02:04C'est-à-dire qu'on fait voyager 700 kilomètres en train sans escorte,
02:10ou en tout cas, j'imagine qu'on a... sans escorte.
02:14Gérald Darmanin a dit qu'il y avait une surveillance...
02:16Sans escorte, quand même.
02:17Oui, je peux continuer ma phrase, Jean-Espèce Escaron ? Ça va, merci.
02:21Jusqu'à Lyon pour un entretien d'embauche libérable en 2029 ?
02:26Non, mais non.
02:27Quoi, non ?
02:28Non, non. En réalité, la 2029, c'est la date de fin de peine.
02:33Et nous savons tous qu'il y a des libérations anticipées,
02:37et selon toute probabilité, et même à coup sûr,
02:40cette permission s'inscrit dans la perspective d'une libération conditionnelle.
02:45Quant au fait qu'il y ait eu un juge qui tranche cette opération,
02:49il faut s'en féliciter.
02:51Et il y en a même eu trois autres à la Cour d'appel
02:53qui ont estimé qu'il fallait confirmer...
02:55On parle d'un individu qui s'est évadé déjà en 2014.
02:59Oui, mais vous n'oubliez pas que le droit dans cette affaire a été respecté.
03:03Et que ce n'est pas à nous ici de dire que certains individus
03:07ne doivent pas profiter de la législation...
03:11Bah si, pardonnez-moi, au nom du bon sens, tout simplement,
03:19au nom du bon sens, parce qu'on ne peut pas dire en même temps...
03:23On ne peut pas dire en même temps que l'on déclare la guerre aux narcotrafiquants
03:29et ouvrir les portes des prisons à quelqu'un qui représente,
03:34qui est vraiment du point de vue incandescent,
03:36qui représente les narcotrafiquants.
03:38Sauf que tous les gens qui sont incarcérés ont une vocation à sortir.
03:42Et Gérard Darmanin annonce vouloir revoir,
03:44sauf qu'ils sont à la perpétuité.
03:47Même la perpétuité, on meurt rarement en prison.
03:50Bah oui, mais ça, c'est marginal.
03:54Brugère, Béatrice.
03:56Brugère, Béatrice.
03:56Je me sens fatiguée, je me sens fatiguée.
03:58Non, non, mais il y a tellement de monde qui parle en même temps, ça me stresse.
04:01Trois choses.
04:02D'abord, ça fait scandale.
04:04Il faut s'interroger pourquoi ça fait scandale.
04:06Premièrement, la justice doit être rendue quand même dans une certaine sérénité.
04:11Alors, on peut tout critiquer ou pas critiquer, mais ça interroge quand même.
04:15Et vous avez raison de le dire, c'est qu'on est dans un contexte aujourd'hui
04:18où on dit, attention, il y a de la dangerosité, il y a de la criminalité.
04:22Gérald Darmanin fait des quartiers de haute sécurité, on les met là.
04:27Et donc, la question qui se pose aujourd'hui, puisque le droit est respecté, puisque le
04:31juge a le dernier mot, parce que c'est la vérité, vous avez raison, et qu'on est sur
04:35une logique de libération conditionnelle, de réinsertion.
04:38Premièrement, est-ce que oui ou non, comme on l'a fait pour les terroristes, il faut
04:42des juges spécialisés.
04:44La réponse est déjà dans la loi, puisque ça a été voté.
04:46Les juges d'application des peines, avec la dernière loi, seront spécialisés, mais
04:50ce n'est pas encore entré en vigueur.
04:52Ça montre bien qu'on pense qu'il faut avoir une attention particulière pour ces profils-là.
04:56Deuxièmement, est-ce qu'il faut revenir sur un traitement différencié comme ça
05:00existait avant Christiane Taubira, par exemple, qui faisait des différences selon la dangerosité
05:06ou selon la réitération ?
05:08A savoir que les récidivistes n'avaient pas les mêmes permissions de sortie, ni les mêmes
05:12aménagements de peine.
05:14Darmanin en a parlé de ça.
05:15Oui, oui.
05:15Troisièmement, si c'est le cas, il appartient en effet aux ministres ou aux parlementaires
05:21de changer la loi, et le juge, à ce moment-là, fera ce que la loi lui dit.
05:27Bonus, bonus, parce que j'avais un petit bonus, ça ne se passe pas comme ça dans les autres
05:31pays.
05:32C'est-à-dire que...
05:33En Italie, ici ?
05:33Oui, mais dans tous les pays.
05:35Ah bah oui, on n'est pas les seuls.
05:37Non, on est les seuls, parce que même en Italie, ce n'est pas tout à fait pareil.
05:40Non, non, j'en reviens et je peux vous dire que ce n'est pas tout à fait pareil.
05:43L'aménagement de peine est aux mains de l'administration pénitentiaire ou du ministère de l'Intérieur.
05:50Et en Italie, je précise...
05:52Pardonnez-moi, juste une parenthèse.
05:53Mais c'est une question...
05:55Juste un mot, et vous continuerez votre discours, juste un mot pour dire que le fait que ce
06:04soit l'administration qui prenne une décision sur la liberté plutôt que le juge, excusez-moi,
06:10ce n'est pas mon modèle idéal de société.
06:12Justement, il fallait laisser terminer comme ça, vous auriez pu ne pas faire ce commentaire.
06:15dans les autres pays, c'est aux mains de l'administration pénitentiaire, sous le contrôle d'un juge,
06:20comme un juge des libertés, qui garantit...
06:23Non, qui garantit que, en fait, les droits soient respectés.
06:26Ce n'est pas tout à fait pareil.
06:27Voilà, ce que je voulais dire pareil, ce que je voulais dire, c'est qu'il y a d'autres modèles.
06:30J'ai une question pour mettre le borne.
06:32Le juge, tout souverain qu'il est, a pris cette décision en contrevenant aux indications
06:37qui lui étaient données, aux avis défavorables qui lui étaient adressés.
06:40Non, mais en dépit d'eux.
06:44Ma question, c'est qu'arrivera-t-il au juge si le détenu ne rentre pas à bon port ?
06:48Mais il n'y a pas de responsabilité des juges à raison de leur décision.
06:53Non, mais attendez, le juge prend le pari.
06:56Il y a le gong à sonner.
06:58Le gong à sonner, c'est dommage, parce que c'est passionnant, vous voudrez vous garder.
07:02Je vous ai fait la blague de dire que je vous gardais jusqu'à minuit, malheureusement je ne peux pas.
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