00:04En compagnie de Véronique Jacquier et Sébastien Ligné pour la première heure d'Europe 1 Soir Week-end ce soir.
00:12Vous avez entendu Emel Laurent nous parler de ce dérapage à l'université Lyon 2.
00:17Un professeur d'histoire qui publie sur les réseaux sociaux une liste de personnalités juives ou supposées juives en les qualifiant de génocidaires à boycotter.
00:25Alors les noms je les ai, une vingtaine de noms des artistes.
00:29Charlotte Gersbourg qui avait déjà été copieusement, on s'en souvient, critiquée.
00:35Arthur l'animateur, Michel Bougna, Yonatan Arfi, président du CRIF, Yvan Attal, Elie Corsia, président du consistoire central.
00:42Bon je ne vais pas tous les citer, en tout cas ce soir l'université Lyon 2 condamne le contenu de cette publication et se désolidarise de l'enseignant.
00:50N'empêche, en mars dernier il y avait déjà eu l'affaire Balanche, ce professeur pris à partie en plein cours par des militants pro-palestiniens fin mars.
00:58On a envie de demander à la direction de l'université Lyon 2 de mieux recruter quand même ses professeurs, Véronique Jacquier.
01:05Alors d'une part il y a le recrutement, mais d'autre part il y a le sort qui attend ce professeur.
01:10Enfin sincèrement comment peut-on considérer qu'il est normal qu'il continue à enseigner avec cet antisémitisme totalement décomplexé ?
01:18Cet antisémitisme à ciel ouvert ?
01:20Moi c'est ça qui me marque, c'est qu'on a l'impression qu'à chaque fois, non c'est pas possible d'aller plus loin et de franchir un cran.
01:26Et bien oui c'est possible, vous êtes censé faire partie d'une élite, vous êtes un enseignant à l'université.
01:32Alors on sait bien que Lyon 2 est un foyer quand même où il y a...
01:36Manifestement.
01:36Voilà, un foyer où manifestement l'extrême gauche pullule, on l'a vu avec l'affaire Balanche, et d'ailleurs le professeur M. Balanche lui ne s'était pas dégonflé, avait tenu bon face à des élèves extrémistes qui avaient droit à des intimidations.
01:53Là ce sont des intimidations à l'envers, ce sont des artistes qu'on cible, et c'est absolument abominable.
01:59Moi franchement, je trouve que le recteur de l'université devrait le convoquer et le mettre à pied, ou le suspendre.
02:06C'est pas possible de diffuser des idées aussi nauséabondes, ça veut dire que ça infuse auprès des élèves.
02:14C'est un professeur d'histoire médiévale, mais qu'est-ce qu'il a besoin ?
02:18Mais qu'est-ce qu'il a besoin de faire de l'idéologie sur les réseaux sociaux ?
02:20Il a été convoqué et qu'il va avoir une sanction.
02:23Alors tenez-vous bien, parce que ce professeur en plus persiste et signe, Julien Théry, c'est son nom,
02:29sur son tweet, les petits fonctionnaires de la Hasbara, alors j'ai cherché, c'est un nom hébreu,
02:35communication publique et diplomatique menée par l'État d'Israël pour défendre ses positions à l'étranger.
02:40Voilà, chasse en meute derrière la très mal nommée Likra, en confondant bien sûr juifs et sionistes partisans du génocide en Palestine,
02:52Non mais c'est l'inversion des sens assez classique, c'est-à-dire que c'est une partie de cette extrême gauche-là
02:58qui très subtilement joue sur la différence entre l'antisionisme et l'antisémitisme pour diffuser des idées antisémites,
03:05et quand on met ce professeur et cette publication face aux faits, il nous inverse sa situation,
03:10il nous dit finalement, pas du tout, c'est vous qui reprochez l'antisémitisme de ce tweet,
03:14qui en fait font un parallèle grossier entre l'antisionisme et l'antisémitisme.
03:18Tout ça est scandaleux, mais moi j'ai l'air quand même sur un vrai sujet, c'est qu'on le sait depuis maintenant plusieurs années,
03:23l'université française est devenue le laboratoire de l'antisémitisme le plus crasse qui existe.
03:28Et de l'islamo-gauchisme.
03:29De l'islamo-gauchisme, évidemment, qui ne concerne pas que les étudiants.
03:32Et je pense que ce cas précis est important parce que ça montre bien que c'est un écosystème dans son entier.
03:37Il y a les étudiants, vous avez certains professeurs, vous avez certaines directions qui participent aussi à la diffusion de cette idéologie.
03:45Et quand même, parce que derrière ces artistes juifs ou non, il y a quand même l'idée que les étudiants juifs français ne sont plus les bienvenus dans certaines universités.
03:54On se rappelle de Sciences Po Paris, où un amphithéâtre avait été rebaptisé Gaza, et des étudiants juifs avaient été interdits d'entrer.
04:02Vous savez que certains parents n'essayent même plus de faire passer le concours à leurs enfants.
04:06Voilà, mais c'est pour ça qu'il faut alerter sur le fait qu'on se dirige vers une génération en France,
04:12où les étudiants juifs n'auront plus accès à l'université, par crainte ou par refus.
04:18Mais surtout, derrière cela, il y a aussi le fait qu'on a de plus en plus de mal à enseigner l'histoire de l'antisémitisme en France.
04:25Quand vous avez un sondage d'il y a quelques mois qui vous montre que 46% des 18-29 ans,
04:29donc concrètement, la tranche d'âge qui va à l'université,
04:33que chez les 18-29 ans, vous avez 46% des Français qui ne savent pas ce qu'est la Shoah,
04:38ça vous montre bien que la France, dans son ensemble, a raté quelque chose,
04:42qu'aujourd'hui c'est de plus en plus compliqué dans certaines universités, dans certains lycées,
04:46d'enseigner l'histoire de l'antisémitisme en France.
04:49Qu'est-ce que ça provoque tout cela chez nos compatriotes juifs français ?
04:53Ça provoque un sentiment de malaise et un sentiment de négation de leur identité,
04:58de se dire finalement, mais pourquoi on continue à rester en France si on n'est plus les bienvenus ?
05:03Et donc ça explique en partie le fait que la demande de départ ou de retour vers Israël
05:08explose depuis le 7 octobre, parce que de plus en plus de juifs français ne se sentent plus en sécurité,
05:13ne se sentent plus bienvenus en France, donc ils partent.
05:15On arrive malheureusement à un scénario où peut-être que dans 10, 15, 20 ans,
05:20il n'y aura quasiment plus de juifs en France.
05:22Non mais là on en est quand même, je ne sais pas si vous vous rendez compte,
05:25à publier des listes de personnalités, on leur met clairement une cime dans le dos, tranquillement.
05:31Moi j'attends, je ne sais pas, que l'université fasse autre chose que se désolidariser.
05:38Simplement, ce professeur, comme vous le disiez, doit être traduit presque en justice.
05:42Je pense que le professeur doit être remis à pied, mais il y a aussi un sujet politique,
05:44parce que, comme le dit Sébastien Ligné, on a des étudiants qui vont renoncer à aller étudier à l'université
05:53parce qu'on leur fait comprendre qu'ils n'ont pas leur place,
05:56parce qu'il y a un écosystème effectivement qui les rejette.
05:59C'est un écosystème qui fabrique de la haine.
06:01Moi je trouve que c'est quand même très dangereux.
06:03Normalement l'université est quand même faite pour former une élite,
06:07pour former des gens, après en capacité de former d'autres citoyens pour la nation.
06:11Moi, c'est prof d'histoire qui est quand même spécialisé.
06:14Le pouvoir d'un pays, diriger, avoir des responsabilités, vous imaginez, avec ce genre de mentalité ?
06:17Bien sûr, mais surtout ce professeur d'histoire est quand même spécialisé en histoire médiévale.
06:21Alors moi, il y a en plus tout le prisme idéologique qui passe par là,
06:24où vous vous dites, mais comment ces personnes sont-elles en capacité d'enseigner leur matière ?
06:28De toute façon, je vais vous dire quelque chose de simple.
06:30Moi, je crois que les Français l'ont compris.
06:31Il y a de moins en moins de parents qui souhaitent pour leurs enfants qu'ils aillent à l'université.
06:36Et vous voyez se mettre en place tout un système parallèle d'écoles privées,
06:40qui recrutent d'ailleurs hors parcours sup,
06:43tout simplement pour éviter tout ce dont on est en train de parler,
06:46parce qu'on voit bien que l'université française se casse la figure et qu'elle n'est absolument plus recommandable.
06:50J'avais une petite jeune fille que je connaissais qui a préféré aller à l'Institut catholique de Paris
06:55plutôt que de tenter le concours de Sciences Po.
06:57C'est terrible qu'on accepte une défaite pareille,
07:03parce qu'on a vu aux Etats-Unis avec Donald Trump,
07:05qui a totalement accepté de mener un combat culturel contre les universités américaines
07:11qui étaient dans un état encore plus déplorable que les nôtres.
07:14Et on voit qu'un cheminement positif est en train de se dégager dans certaines universités.
07:19Donc je pense qu'il ne faut pas abandonner.
07:21L'université française, c'est quand même un rayonnement international sur la France.
07:24Vous avez des dizaines de milliers d'étudiants étrangers
07:27qui viennent étudier en France dans ces universités.
07:29Imaginez l'image qu'on renvoie auprès de ces étrangers
07:32qui ensuite pour la plupart repartent dans leur pays.
07:35Imaginez ce qu'ils racontent quand ils reviennent à leur pays de la France.
07:37Et est-ce que vous vous souvenez ?
07:38Parce que dans les classements, l'université française n'est plus très bien cotée.
07:43Paris-Dauphine par exemple est très bien classée.
07:46Oui, Paris-Dauphine, pardon.
07:47Vous vous souvenez parallèlement, Véronique, on avait évoqué ici le cas de Pierre Gentillet,
07:52qui est avocat, qui s'est retrouvé avec des listes d'étudiants
07:57pour demander son exclusion de Paris-Sorbonne
08:01sous prétexte qu'il était encarté au Rassemblement National.
08:04Alors ça, c'est sûr que là, on les entend, les étudiants dans ce sens-là.
08:09Qu'est-ce que ça vous inspire Sébastien ?
08:11Et on n'a jamais entendu des étudiants manifester
08:13parce que certains professeurs auraient liké
08:17ou partagé des postes de la France Insoumise.
08:19Il doit y en avoir un certain nombre au sein de l'université
08:21qui partagent certaines valeurs avec la France Insoumise.
08:24C'est pour ça, encore une fois, que c'est important de rappeler
08:25que c'est un écosystème qui s'auto-entretient, qui s'auto-défend.
08:29Parce que si la direction ne suspend pas ou ne licencie pas ce professeur,
08:34quel message vous envoyez aux étudiants ?
08:36Mais vous croyez vraiment qu'il va se faire licencier ?
08:39Mais c'est évidemment pour ça que cet écosystème, il est tenace,
08:42il est verrouillé, il est cadenassé.
08:44Parce que là, c'est un blanc-seing que vous envoyez,
08:46c'est le feu vert que vous envoyez à tous les étudiants.
08:49Il devrait s'en emparer surtout.
08:50Non, mais parce que si cet enseignant peut faire une liste
08:53et ne pas être suspendu,
08:55mais le message que vous envoyez aux étudiants,
08:57c'est mais on peut faire pareil.
08:58On peut faire pareil si notre direction accepte de le faire.
09:02Mais c'est le feu vert.
09:04Et le problème, c'est qu'imaginez ce qu'il se dit
09:05dans certains amphithéâtres de Lyon 2.
09:08Parce que là, on parle d'une affaire avec un poste public.
09:11Mais imaginez ce qui se passe quand les classes sont fermées,
09:13qu'il n'y a pas de téléphone qui filme, etc.
09:16Mais imaginez les horreurs qu'on raconte.
09:18Comment on enseigne l'histoire d'Israël, par exemple ?
09:21Comment on enseigne l'histoire de l'antisémitisme ?
09:23Est-ce que vous, ce rassemblement, c'était à Paris,
09:25d'étudiants qui n'ont pas condamné le 7 octobre,
09:29dans une université parisienne ?
09:31Je crois que c'était Panthéon-Sorbonne, me semble-t-il.
09:35On va peut-être le corriger si ce n'est pas ça.
09:37En fait, il y a un impensé, c'est qu'il faudrait qu'il y ait vraiment
09:38un combat politique de la part du gouvernement.
09:40D'ailleurs, on aimerait bien entendre le ministre de l'Enseignement supérieur
09:42sur une telle affaire.
09:44qu'il y ait un impensé, c'est qu'il faudrait vraiment
09:46faire de l'antisémitisme une grande cause nationale.
09:51Et que ça infuse ensuite dans tous les pans de la société,
09:55y compris à l'université.
09:56Enfin, là, on a l'impression qu'on a des ministres
09:58qui sont les bras croisés.
10:00Ce n'est pas possible.
10:01Et qui ne sont plus maîtres.
10:02On a l'impression que l'université française est presque indépendante,
10:05autonome, qu'on n'a pas le droit d'y toucher,
10:07que le politique n'a même pas le droit de mettre un pied dans l'université.
10:10C'est vrai qu'il y a une ambivalence.
10:14Parce que c'est vrai qu'il y a une autonomie, évidemment,
10:16de la dispensation des savoirs.
10:18Une autonomie pédagogique.
10:18Voilà, une autonomie pédagogique.
10:20Mais il y a quand même des comptes à rendre
10:21quand vous avez des dérapages pareils, me semble-t-il.
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