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00:00...
00:00Soyez les bienvenus dans ce magazine.
00:06Cette phrase d'abord, cet appel même.
00:07Plus il y aura du monde à la marche et plus nos vies seront protégées.
00:12C'est par cette formule qu'Amine Kessassi a appelé à manifester ce samedi à Marseille,
00:15mais pas seulement, dans d'autres villes de France également.
00:18Le militant écologiste très engagé contre le narcotrafic a enterré cette semaine son petit frère de 20 ans,
00:23mais dit, assassiné en pleine rue et en plein jour.
00:25Un assassinat qui a replacé au cœur du débat public la lutte contre le monde.
00:30Le crime organisé.
00:31Alexandra Quarini.
00:35En déplacement à Marseille, les ministres de l'Intérieur et de la Justice
00:39affichent leur détermination à lutter contre le narcotrafic.
00:43C'est un combat permanent, c'est une bataille.
00:45Nous sommes déterminés à la mener.
00:47Que le chose soit claire, c'est une priorité, la lutte contre le trafic de stupes.
00:50Réunion de travail avec des magistrats et des enquêteurs
00:52et rencontre de la famille Kessassi.
00:55Une semaine jour pour jour après l'assassinat du petit frère d'Amine Kessassi,
00:59militant écologiste engagé dans la lutte contre le narcotrafic,
01:04les autorités sont pressées d'agir.
01:06La DZ mafia, depuis longtemps identifiée comme un acteur clé du trafic de drogue dans la région
01:12et dans le viseur des autorités, mais pas seulement.
01:15Nous avons d'autres réseaux criminels que nous combattons avec la plus grande force
01:19et qui, je l'espère, grâce aux moyens de la loi narcotrafic que nous venons de faire voter,
01:24très largement à l'Assemblée et au Sénat,
01:26va permettre de répondre à une menace qui tue énormément
01:30et qui est au moins équivalente à celle, comme l'a dit M. le ministre de l'Intérieur,
01:34du terrorisme sur le territoire national.
01:36Il faut donc changer de braquet.
01:37Sur le modèle du parquet antiterroriste,
01:40la France va se doter en janvier 2026 d'un parquet anticriminalité organisé.
01:46Et pour intensifier encore plus la lutte contre le narcotrafic,
01:49elle vient de proposer la création d'un régime de sanctions à l'échelle de l'Union Européenne.
01:55Objectif, frapper les organisations en haut de la chaîne et au portefeuille
02:00avec gel des avoirs, interdiction des transactions financières
02:04et interdiction d'entrer sur le territoire des 27 pour les criminels visés.
02:11Et puis on accueille sur ce plateau aujourd'hui Christophe Bouquet.
02:15Bonjour à vous.
02:16Bienvenue sur le plateau de France 24.
02:17Vous êtes auteur et réalisateur de films documentaires.
02:19Vous avez co-réalisé avec Mathieu Verbeau « Mafia et banque ».
02:23Ça, c'était un film diffusé sur Arte en 2023.
02:25Il y a d'ailleurs un nouveau documentaire à apparaître bientôt.
02:27Et puis on vous doit aussi cet ouvrage « Narcotrafic, le poison de l'Europe ».
02:33C'est un livre prolongement d'ailleurs des documentaires que vous signez.
02:36Merci d'être avec nous.
02:37Christophe Bouquet, vous avez longuement avec Mathieu Verbeau enquêté
02:40sur ce narcotrafic, ce crime organisé.
02:43On peut aussi le qualifier d'autres manières.
02:44Là, je voudrais vous faire agir aussi à ce qu'ont dit cette semaine les politiques.
02:49Passer aussi l'émotion du meurtre de médias qui est sassi.
02:52Notamment le président de la République qui dit qu'il faut combattre le narcotrafic
02:55de la même façon que le terrorisme.
02:57Est-ce que de votre point de vue, on peut adopter la même approche ?
03:01Écoutez, déjà, aujourd'hui on arrive, on est à un point de rupture.
03:08Nous, ça fait 15 ans qu'on suit un peu ce qui se passe autour du narcotrafic et des
03:13mafias.
03:14Et pas qu'en France, en Europe aussi.
03:15En Europe, dans le monde même.
03:17Ça fait 15 ans qu'en fait les magistrats alertent sur cette situation.
03:21Aujourd'hui, avec le drame qui s'est passé à Marseille, on y est.
03:24On se rend compte qu'on est à un point de bascule.
03:27Moi, ma crainte, c'est qu'on arrive à un moment du tout répressif et qu'on oublie
03:32le volet social et sanitaire de cette guerre contre la drogue, contre les drogues même.
03:38Donc, je me souviens de votre question, excusez-moi.
03:41Oui, je vous dis justement, vous dites que le tout répressif n'est pas forcément
03:45la seule solution.
03:46Et pourtant, c'est ce qui semble envisager lorsqu'on dit qu'il faut combattre le narcotrafic
03:50comme on a combattu le terrorisme.
03:51Là, on est dans une situation d'urgence.
03:53Donc, en fait, il y a un affolement médiatico-politique, mais c'est un travail qui va devoir se faire
03:58sur le très long terme.
04:00Il y a vraiment plusieurs strates à mettre en place pour lutter contre le narcotrafic.
04:08Ce n'est pas seulement en mettant des policiers à chaque coin de rue qu'on va réussir à combattre cette guerre.
04:13Richard Nixon, dans les années 1970, avait déjà lancé la guerre contre la drogue.
04:18C'est un échec cuisant.
04:19Ça ne fonctionne pas.
04:20Parce qu'on ne se pose pas les bonnes questions.
04:22Parce qu'en fait, le narcotrafic, ça relie le petit guetteur de la rue aux grandes multinationales,
04:29à la City de Londres et aux paradis fiscaux et à ceux qui travaillent à Dubaï.
04:33Vous voyez, c'est toute une chaîne organisée autour du capitalisme, de la circulation des marchandises.
04:38On est face, en fait, à quelque chose de tentaculaire.
04:41Ce n'est pas forcément des mafias, c'est des crimes très fragmentés, avec énormément d'opportunités entrepreneuriales.
04:51Et donc, ça peut mélanger des petits bandits, des mafias internationalisées, des grands cartels de production, des avocats fiscalistes,
04:58des gens qui s'occupent de blanchir l'argent de la drogue, parce qu'il faut des gens qui blanchissent, mais aussi qui investissent.
05:02Donc, on est face à un vrai problème de société, à quelque chose de très compliqué pour les politiques.
05:08Donc là, le volet répressif, il est simple. C'est visible. Je mets des flics partout.
05:12Mais est-ce qu'on se pose la question de pourquoi les gens prennent autant de drogue ?
05:15Quelle est la souffrance qui attaque nos sociétés ?
05:17Pourquoi, depuis les années 2000, alors qu'on assiste à une espèce de management vertical,
05:22il y a énormément de souffrance au travail, et donc la consommation de drogue a explosé ?
05:26Il y a aussi tout ce volet social et sanitaire qu'il faut aussi mettre en avant.
05:32Donc, je pense qu'on peut réussir à contenir le narcotrafic.
05:35On peut même cesser de parler de narcotrafic.
05:37On pourra réussir à...
05:40Aujourd'hui, on est obligé de vivre avec.
05:42On ne peut pas le combattre.
05:43On est obligé de se dire...
05:45Oui, on peut le combattre.
05:46Moi, je ne suis pas contre la répression. Il en faut, bien évidemment.
05:49Mais on est face à quelque chose que les politiques doivent...
05:51C'est un vrai projet de société, en fait.
05:53Il y a quelque chose de fond qui est en train de se passer là.
05:56Et la mort malheureuse de Midi Kessassi vient encore une fois nous montrer
06:00les fragilités de nos institutions.
06:01Et le narcotrafic n'attaque pas vraiment les structures de l'État.
06:06Le narcotrafic nous montre à quel point, depuis 50 ans, notre État se délite.
06:10Et les sociétés modernes se délitent.
06:11Et il y a aussi une question importante, c'est comment est-ce qu'on accompagne et on protège
06:15les personnes qui se lèvent, qui résistent, qui mènent des combats ?
06:19On sait que, par exemple, Kamine Kessassi a été protégée, sa famille, pas forcément.
06:24Quand il dit aujourd'hui, il faut avoir le courage de se battre, il ne faut pas se taire.
06:27J'ai envie de vous dire, vous qui avez été sur le terrain, comment est-ce qu'on protège
06:31aussi ces familles dans des quartiers populaires qui le disent par moments qu'elles sont
06:35complètement démunies ? C'est-à-dire que c'est le tiraillement entre ces crimes organisés
06:40qui mènent la terreur, qui font régner leurs lois, et elles qui n'ont personne vers
06:44qui se tourner, en réalité, pour être protégées ou pour oser parler, oser se dresser.
06:47Qu'est-ce qu'on fait de ces gens-là ? Comment est-ce qu'on les accompagne ?
06:50Je pense qu'Amin Kessassi, dans sa tribune Dans le Monde, il y a deux jours, a très
06:54bien résumé tout ce qui se passe dans les quartiers, et notamment les quartiers
06:58Marseille, qu'il connaît très bien.
07:01Quand on est seul, on est en danger.
07:03Lui, il a été seul, il a été une cible.
07:05Aujourd'hui, il appelle tous ceux qui connaissent ce qui se passe sur le narcotrafic
07:10à parler.
07:11Moi aussi, c'est pour ça que je suis là aujourd'hui, parce que j'ai entendu cet appel
07:14et je me suis dit que je répondrai à chaque fois qu'on me demande de venir sur
07:17des plateaux pour expliquer ce qui se passe.
07:20Quelles sont les logiques en jeu ?
07:21Ce n'est pas seulement une population en particulier qui mène le désordre dans
07:26notre société, c'est des ramifications extrêmement complexes autour d'une
07:33marchandise qu'est la cocaïne.
07:34En fait, c'est un marché.
07:37C'est le stade le plus avancé et le plus violent du capitalisme.
07:40Donc, il faut se poser aussi ces questions-là.
07:41Qu'est-ce qu'on est prêt à faire pour lutter contre les paradis fiscaux ?
07:45Quel État est prêt à...
07:48Aujourd'hui, il faut que les États européens se mettent ensemble.
07:52Il faut un travail...
07:53Qu'il y ait une coopération sur cette question-là, au même titre que je reviens encore sur
07:56le comparatif.
07:57On ne peut pas lutter au niveau national.
07:58On ne peut pas lutter au niveau national.
08:00C'est impossible.
08:00Pas seul ?
08:01Pas seul.
08:02Et Amine Kessassi nous a montré dans sa tribune, qui est bouleversante, qu'il faut
08:06se lever et qu'on ne peut pas tuer tout un peuple.
08:08C'est ses mots à lui.
08:09Je crois qu'il n'y a pas plus fort ces dernières années.
08:11Moi, ce texte m'a bouleversé.
08:12J'en ai pleuré.
08:13Parce qu'il résume à lui tout seul la souffrance que connaissent toutes ces populations.
08:18Et on imagine qu'il y a des témoignages comme le sien que vous avez pu vous recueillir
08:21au moment de vos enquêtes, de votre travail de terrain, du tournage de vos documentaires.
08:25C'est quelque chose qui revient souvent quand on vous dit ça ?
08:28J'ai fait face à beaucoup de souffrance, oui.
08:30Et j'ai rencontré beaucoup de gens qui étaient dans la peine.
08:33Vous aviez dit, je ne sais plus si c'est vous, Christophe, ou Mathieu Verbeau, avec
08:38lequel vous travaillez, mais vous dites aussi que la lutte contre le narcotrafic, ça
08:41ne fonctionne pas à échelle politique, ce qui explique qu'aujourd'hui, on n'y
08:45arrive toujours pas.
08:46Il y a d'autres questions dont on s'est saisis.
08:48Je sens une forte émotion là-dedans, sur votre visage.
08:52Pardon, si vous voulez respirer quelques secondes.
08:54J'imagine que vous êtes touché de près aussi par ça.
08:57De près, non.
08:57En tout cas, vous avez été imprégné par toutes ces souffrances sur le terrain.
09:03Ça fait quelques jours que je suis un peu là-dedans.
09:06En tout cas, les documentaires passent aujourd'hui sur Arte.
09:11Ils sont sur la plateforme.
09:13J'invite tous ceux qui veulent comprendre quels sont les mécanismes à l'œuvre dans nos
09:21sociétés contemporaines.
09:23Je les invite à regarder ces films géopolitiques.
09:26Et ça peut les inspirer dans un débat ?
09:29Non, non, mais si je suis votre raisonnement aussi, c'est qu'on ne peut peut-être pas
09:32tout attendre aussi aujourd'hui de l'État ou des politiques.
09:35Des gens qui nous regardent, des gens peut-être qui sont concernés de près.
09:38Vous disiez tout à l'heure qu'il faut se tenir debout.
09:41Il faut refuser de se taire.
09:43Et je reviens à ce que je disais tout à l'heure.
09:44Mais il faut quand même qu'on soit assuré d'une certaine protection, d'un accompagnement
09:48derrière.
09:48Est-ce que ça...
09:49C'est quand même très courageux.
09:50D'ailleurs, il y a quelques jours, il a rencontré
09:52Roberto Saviano, un repenti, enfin pas un repenti, quelqu'un qui est proté, un journaliste
10:00qui a dénoncé la mafia napolitaine.
10:02La Camorra, quand il avait 24 ans, aujourd'hui Amin Kessassi a 22 ans.
10:08La vie de Saviano a été totalement détruite.
10:13Ça fait presque 20 ans qu'il est sous protection policière.
10:17Cet homme n'a plus de vie.
10:18Aujourd'hui, Amin Kessassi dit lui-même, moi de toute façon, je vais continuer le combat
10:21jusqu'au bout, puisque...
10:22J'ai rien à perdre.
10:23J'ai rien à perdre.
10:23Il est déjà mort, en fait, d'une certaine façon.
10:26Et des personnes comme lui...
10:26C'est ce qu'il a perdu un premier frère en 2020 et un second frère.
10:28J'ai déjà rencontré des personnes comme lui, effectivement, au Mexique, qui sont
10:31face à ces situations-là.
10:33Il faut les soutenir.
10:35Il faut être derrière eux.
10:36Il faut entendre leurs messages.
10:37Il faut que notre pays réagisse.
10:40C'est une situation d'urgence.
10:42Urgence sanitaire, parce que tous les jours, il y a des jeunes qui tombent dans la drogue.
10:45Tous les jours, il y a des jeunes qui tombent dans les circuits de la drogue.
10:48Donc là, il y a une urgence et il est temps d'agir.
10:52C'est le mot de la fin.
10:54Urgence, il faut agir.
10:55Merci beaucoup, Christophe Bouquet.
10:56Merci d'être passé par le plateau de France 24.
10:58On en vient maintenant à ces propos tenus par le chef d'état-major des armées
11:01cette semaine en France face à la menace russe.
11:03Fabien Mondon a expliqué devant les maires réunis en congrès que la France devait
11:07se tenir prête à accepter de perdre ses enfants en Ukraine.
11:10La porte-parole du gouvernement a dû rapidement réagir et tenter de désamorcer
11:14assurant que les Français n'iront pas combattre et mourir en Ukraine.
11:19Toujours en France, cette plus grande prudence appelle à la prudence ce week-end.
11:23Une vague de froid importante traverse le pays.
11:26Huit départements sont placés en vigilance orange à la neige et au verglas
11:29alors que les températures chutent.
11:31Le sort des plus précaires inquiète des enfants.
11:34En premier lieu, ils sont au moins 2000 à dormir à la rue,
11:36selon le dernier baromètre enfant à la rue publié par l'UNICEF France
11:39et la Fédération des acteurs de solidarité.
11:42Une réalité que l'association Les Restos du Coeur ne connaissent que trop bien.
11:44Les bénévoles ont repris leur campagne à l'approche de l'hiver.
11:47Écoutez.
11:48On sait que dans l'absolu, il y aura plus de familles.
11:50Ça, c'est la tendance.
11:52Tous les ans, il y en a toujours un peu plus.
11:54Le problème, c'est qu'on a moins de choses à donner.
11:56Donc les barèmes ont été revus à la baisse.
11:58Donc il y a un petit peu moins de nourriture à donner.
12:01Mais on va partager maintenant de façon équitable sur toutes les familles qui se présentent.
12:06Et c'est la fin de ce magazine.
12:07Merci à vous de l'avoir suivi.
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