Un rassemblement est organisé ce samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, frère d’Amine, militant anti-drogue, assassiné le 13 novembre dernier. Un meurtre qui a poussé le gouvernement à accentuer sa lutte contre le narcotrafic, notamment dans la cité phocéenne. Sur place, Amine Kessaci a livré un discours poignant avant la marche blanche.
00:00Mon frère Mehdi voulait être gardien de la paix.
00:03Il faut que la paix revienne dans nos quartiers.
00:06Il faut que notre jeunesse puisse grandir sans craindre de mourir.
00:11Mon frère est mort pour rire et on nous traite comme des moins que rien.
00:17Nous aussi nous valons la peine.
00:19Nous aussi nous valons un avenir.
00:21Nous aussi nos nuits sont mêlés de cauchemars et de rêves.
00:24Nous aussi nous aimons nos parents et nos parents aiment leurs enfants.
00:30Ma poitrine est trop lourde de douleur pour recevoir une quelconque décoration.
00:38Un homme politique a proposé que je reçoive la Légion d'honneur, mais je ne cherche aucun honneur.
00:44Je cherche la justice pour mon frère Mehdi.
00:47Ce sont les mamans des quartiers qui méritent une décoration.
00:50Pour leur courage, leur dignité, leur combat de chaque jour.
00:54Ma mère s'est battue pour nous élever et nous protéger et aujourd'hui elle a perdu deux fils.
00:58C'est elle pourtant qui me permet de tenir debout.
01:02Pour elle, je ne me tairai pas.
01:04Je continuerai à dire ce que mes yeux voient, ce que mon esprit sait et ce que mon cœur me dicte.
01:12Depuis des années, nous alertons.
01:13Nous parlons parce que nous savons que le silence tue.
01:16Chacun des reculs des institutions a favorisé l'avancée du narcotrafic, le départ des services publics, la fin de la police de proximité, les moyens trop faibles des enquêteurs et des enquêteuses, les enseignants auxquels on demande tant, tant l'heure, donnant si peu.
01:36Voilà ce qu'il fait des affaires des trafiquants.
01:43Bien sûr, nous avons besoin de policiers, de sécurité, bien sûr il faut renforcer les moyens de la lutte contre le narcotrafic.
01:48Mais nous avons besoin de justice sociale, d'engagement de l'État et des collectivités, de soutien aux associations qui font le boulot tous les jours avec très peu de moyens.
01:57Et je sais de quoi je parle.
01:59Depuis des années, l'association Conscience, présidée par ma mère, fonctionne avec des moyens dérisoires.
02:06Nous ne demandons pas la charité, nous demandons la justice.
02:09La France entière doit comprendre ce qui se passe dans nos quartiers.
02:14Ce pays a fermé les yeux sur ce que nous vivons et maintenant il se réveille avec un monstre qu'il s'est infiltré partout.
02:24La souffrance psychologique et la misère qui montrent sont des armes puissantes entre leurs mains.
02:31Ils jettent leur dévolu sur les enfants perdus de la République,
02:35les déshumanisant, les dressant comme on dresse des bêtes féroces, puis en font des esclaves dociles.
02:42Voilà la vérité du narcotrafic.
02:47Le narcotrafic contrôle, le narcotrafic corrompt et le narcotrafic tue.
02:53Plus personne ne peut dire que nous ne savions pas.
02:55Mes frères sont morts, mais vous tous, vous êtes vivants.
02:59Nous sommes vivants.
03:01Je ne sais pas ce que ma vie sera maintenant,
03:03mais ce que je sais, c'est que j'ai besoin de vous, de votre engagement dans la durée.
03:09Entrez en résistance, luttez, parce que lutter c'est vivre.
03:14Je veux voir toutes les mains se lever,
03:16dressées vers le ciel pour rendre un hommage à mes frères assassinés.
03:20Levez-vous pour dire que nous sommes ensemble.
03:22Levez-vous pour dire que ce pays ne baissera pas la tête.
03:25Levez vos mains et levez-vous.
03:27N'attendons pas ainsi que le narcotrafic détruise nos vies et notre pays.
03:32Pour nos quartiers, pour la justice, pour nos familles, pour nos vies,
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