Michel Onfray : «L’Algérie a décidé que la France était son ennemie»

CNEWS

Gracié par le président algérien le 12 novembre dernier, l’écrivain Boualem Sansal est de retour à Paris, a appris ce mardi CNEWS auprès du comité de soutien de l’auteur franco-algérien. Mais les tensions entre Paris et Alger restent tout de même présentes. Et pour le philosophe Michel Onfray, «l’Algérie a décidé que la France était son ennemie».

Transcript

00:00Ça, ce sont les arguments de langage de l'État.

00:02Je pense que l'État a intérêt à laisser entendre ça.

00:05C'était sa stratégie depuis le début en disant « pas de vagues, nous travaillons ».

00:08On a vu qu'il n'y avait pas de vagues et en même temps il ne travaillait pas.

00:10Du moins, s'il travaillait, il n'obtenait rien du tout.

00:13Parce que la France n'existe pas, d'une part, sur le terrain international et sur le terrain diplomatique,

00:17et que d'autre part, l'Algérie a décidé que la France était son ennemi.

00:21Donc, si on considère qu'effectivement…

00:24Et pas l'inverse.

00:25Et pas l'inverse.

00:25Non, mais je le dis…

00:26Vous savez, il y a un philosophe qui s'appelle Julien Freund,

00:30qui, quand il a soutenu sa thèse de philosophie politique, a dit que c'était l'ennemi qui nous désignait.

00:35Et on ne peut rien faire contre un ennemi qui nous désigne.

00:37Vous ne pouvez pas dire « non, moi je vous aime, je veux vous aimer, vous êtes formidables,

00:43le gouvernement est fantastique, etc. »

00:45Si ce gouvernement a décidé que la guerre d'Algérie n'était pas finie et qu'il fallait la continuer.

00:49Si on continue à considérer qu'il faut se taire,

00:53qu'il faut permettre à la diplomatie de travailler,

00:56alors qu'on sait très bien que la diplomatie française n'a pas…

00:58Enfin, je ne veux pas dire n'a pas travaillé,

01:00à travailler, elle n'a pas obtenu de raison.

01:01Donc, c'est pas en souterrain.

01:03Oui, ça c'est toujours facile à dire.

01:06On dit en gros qu'on a fait le travail et que c'est nous qui sommes responsables de la libération de l'île.

01:12J'ouvre une parenthèse pour dire qu'il n'y a pas d'image de Boilem à l'Élysée.

01:16Je ne suis pas Boilem, mais je veux dire que moi, je n'y serais pas allé à l'Élysée.

01:19Je serais mis un point d'honneur à ne pas y aller

01:20et à dire publiquement pour quelle raison je n'y serais pas allé.

01:24Mais je ne sais pas ce qui a été négocié.

01:28C'est un homme d'une grande gentillesse, Boilem, d'une grande gentillesse.

01:31Et je ne comprends pas qu'on ne puisse pas l'aimer.

01:33Donc, il aura probablement joué la carte de l'apaisement, de la diplomatie, de la France qu'il aime.

01:40Et qu'il aime, je pense que les Français aiment,

01:44sauf quelques diaboliques de la France insoumise et de leurs amis

01:49qui estiment que si éventuellement le Rassemblement national est d'une phrase gentille sur Boilem sans salle,

01:53c'est que c'est un salaud.

01:55Moi, je vous ai dit que j'étais en Tunisie il y a quelque temps

01:56et que j'ai entendu cet argument d'un Boilem sans salle agent du Mossad

02:00travaillant pour les juifs.

02:01Que disait Noël le Nord.

02:01Donc, on a toujours ça.

02:02On a toujours l'Algérie derrière tout ça.

02:05C'est-à-dire les éléments de langage, exactement comme la DZ mafia.

02:07Je rappelle que DZ, ça veut dire Algérie, sur les plaques minéralogiques.

02:11Donc, c'est la mafia algérienne qui se dit telle à Marseille.

02:14On parlera d'une arco-trafrique telle, oui.

02:16Oui, enfin, je ne sais pas si on en parle, mais je veux dire que tout ça lié.

02:20Et Boilem n'est pas du genre à mettre de l'huile sur le feu.

02:24Donc, il va à l'Elysée, mais il n'y a pas d'image.

02:27C'est cette absence d'image qu'il faut commenter.

02:29Et saluer, c'est le petit clin d'œil.

02:31Il a toujours l'œil brillant de Boilem,

02:34qui honore l'invitation du président de la République

02:37parce qu'il est un républicain,

02:39et qui, en même temps, a demandé assez probablement

02:41qu'il n'y ait pas d'image.

02:42Vous imaginez bien qu'Emmanuel Macron,

02:44serrant dans ses bras, Emmanuel,

02:46Boilem sans salle, avec des caméras, etc.

02:49Tout ça, c'était formidable pour lui.

02:50Ces images n'ont pas eu lieu.

02:51Comment on cette absence d'image ?

02:53Cette absence d'image fait sens.

02:54En tout cas.

02:54Merci.

02:55Merci.

02:56Merci.

02:57Sous-titrage Société Radio-Canada

02:59Sous-titrage Société Radio-Canada

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