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00:008h39 sur Europe 1, l'heure de l'édito du Figaro avec Alexandre Devecchio.
00:05Bonjour Alexandre.
00:06Bonjour Alexis.
00:07Rédacteur en chef au Figaro Magazine.
00:09Et cette semaine, Alexandre a été marqué par l'assassinat du frère d'un militant marseillais
00:14qui alertait l'opinion publique sur le narcotrafic, notamment à Marseille.
00:18Cet assassinat a semble-t-il provoqué un électrochoc,
00:21aussi bien dans l'opinion que dans la classe dirigeante.
00:24Mais n'est-il pas, Alexandre, déjà trop tard ?
00:27Dire qu'il est trop tard reviendrait à dire que tout est foutu, ce serait contre-productif.
00:31Pour autant, il faut faire le bon diagnostic et être conscient que nous avons pris beaucoup de retard.
00:37L'écrivain napolitain Roberto Saviano, qui vit sous protection policière depuis près de 20 ans
00:41pour avoir dénoncé les méfaits de la Camorra, ne dit pas autre chose.
00:45La France est dans une situation dramatique face au narcotrafic,
00:49car pendant 30 ans, elle a ignoré cette question.
00:51Pas du point de vue policier, mais du point de vue politique, culturel et journalistique,
00:56expliquait-il cette semaine dans les colonnes du Figaro.
00:59Il y a peu, la France était encore dans le déni.
01:01On se souvient de la colère de l'ancien garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti,
01:05après les propos de magistrats du tribunal de Marseille,
01:08alertant sur le fait que nous étions en train de perdre la guerre contre le narcotrafic.
01:13Depuis, la récente loi du 13 juin 2025,
01:16qui s'inspire de la législation anti-mafia italienne
01:19et de la législation anti-terroriste nationale,
01:22va enfin dans la bonne direction.
01:24Et pour autant, Alexandre, avons-nous pris la mesure du problème ?
01:28Nous commençons à prendre conscience de l'ampleur de la menace,
01:31mais peut-être pas encore de sa nature très spécifique.
01:34Car comme l'explique très bien Roberto Saviano,
01:37nous ne sommes pas simplement face à une criminalité particulièrement violente et débridée,
01:42mais face à des mafias.
01:43Or, le but des mafias est moins l'argent que la conquête du pouvoir et surtout du territoire.
01:48C'est d'ailleurs pourquoi on parle de narco-État ou de narco-cité.
01:52Ces narco-cités sont désormais bien plus que des zones de non-droit.
01:55Elles constituent de véritables enclaves territoriales
01:58avec leurs propres règles et leurs propres droits au sein même de l'État.
02:02Afin de s'attirer la sympathie des habitants et marquer leur territoire,
02:05les dealers vont d'ailleurs jusqu'à installer des équipements publics
02:09comme pourrait le faire une municipalité.
02:11Cela avait notamment été le cas cet été à Cavaillon,
02:14où pour le 14 juillet, les narcotrafiquants avaient installé un château gonflable,
02:18une piscine et même un barbecue avec merguez gratuite.
02:22Alors peut-on parler, Alexandre, de la constitution de véritables contre-sociétés ?
02:26Effectivement, la France va devoir lutter pendant des décennies futures
02:30contre deux types de contre-sociétés conquérantes,
02:33les contre-sociétés islamistes et les contre-sociétés mafieuses.
02:37Dans certaines cités, on observe d'ailleurs l'alliance entre prédicateurs et trafiquants
02:41contre l'État.
02:42Le risque pour la France n'est pas seulement la montée de la violence systémique,
02:46mais la partition du territoire pouvant déboucher sur une forme de guerre civile.
02:50Selon le rapport de l'OFAST du mois de juillet dernier,
02:53le narcotrafic gangrène pas moins de 173 villes
02:55et génère un chiffre d'affaires d'environ 7 milliards d'euros.
02:59Dans une tribune à paraître aujourd'hui dans le Figaro,
03:01le magistrat Luc Fontaine ne voit qu'une seule vraie solution.
03:05Ces narcocités doivent être investies par les forces de l'ordre,
03:08entièrement nettoyées et ensuite tenues dans la durée, explique-t-il.
03:12Reste à savoir si un gouvernement aura le courage d'assumer une telle politique,
03:16ainsi que la violence qui en découlerait inévitablement.
03:19Merci Alexandre Devecchio, votre édito.
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