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00:00Punchline, 18h-19h, Laurence Ferrari sur CNews et Europe 1.
00:0718h38, de retour dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
00:10On va évoquer les questions de narcotrafic.
00:12On est en ligne avec Frédéric Plocain.
00:15Bonsoir Frédéric, vous avez écrit un livre avec le commissaire Frédéric Lowe sur l'insécurité.
00:19Stop à la descente aux enfers chez Fayard.
00:21On va en parler dans un instant.
00:22On va juste écouter Laurent Nouniez, notre ministre de l'Intérieur.
00:25Il était en déplacement aujourd'hui, vous le savez, à Marseille,
00:28aux côtés de Gérald Darmanin, le garde des Sceaux pour être présent auprès des magistrats,
00:33des enquêteurs qui sont en première ligne dans le combat contre le narcotrafic.
00:36Il estime que le dispositif qu'on doit mettre pour lutter contre les narcotrafiquants
00:41doit être similaire à celui de l'antiterrorisme.
00:44On écoute Laurent Nouniez.
00:46Le niveau du narcotrafic, ce qui s'est passé à Marseille,
00:49nous conduit désormais à considérer que,
00:52et notamment le meurtre du frère Damine,
00:55est un crime qui vise à faire peur,
00:57et qui vise aussi à atteindre quelque part la République et l'État.
01:03C'est quelque chose qui nous interroge, nous interpelle.
01:06Et le dispositif que nous mettons en place,
01:08c'est un dispositif qui est tout à fait similaire à ce qu'on a fait
01:10en matière de lutte antiterroriste.
01:13Je veux le redire, c'est le même dispositif,
01:15le même échange d'informations,
01:17avec, à partir du 1er janvier, la création d'un PNACO,
01:19qui va voir le jour,
01:20l'État-major qui est déjà en place et qui fonctionne,
01:22et puis des dispositifs juridiques qui ont été mis à disposition des services
01:26et qui renforcent la lutte contre le narcotrafic.
01:29Et c'était ce matin, la réunion de ce matin,
01:31était l'occasion de faire un point sur ce dispositif.
01:33Voilà pour les ministres qui étaient sur le terrain, Frédéric Ploquin.
01:37Est-ce que c'est comme cela que l'on combat le narcotrafic,
01:39qui a pris désormais une place quasiment de contre-État dans notre pays ?
01:43Là, le défi est immense.
01:46Le défi qui est lancé par les trafiquants de stupéfiants marseillais
01:50à la République, à l'État, à nous-mêmes, à la société civile,
01:55aux élus locaux, est immense.
01:58À partir de là, la référence au terrorisme,
02:01elle est intéressante de plusieurs points de vue.
02:05Elle est intéressante parce qu'effectivement,
02:07cet assassinat, parce que ce n'est pas un règlement de compte,
02:10c'est vraiment un assassinat destiné à intimider quelqu'un qui parle,
02:13qui, aux yeux des commanditaires de ce crime, parle trop,
02:17et dénonce trop le narcotrafic et ses violences.
02:22Donc, si vous voulez, ce n'est pas un règlement de compte,
02:25ça relève d'une volonté de terroriser la société,
02:29de terroriser l'État et la République, comme c'est dit par les ministres.
02:33Donc, l'analogie, elle est déjà là,
02:36mais elle est aussi à un autre niveau.
02:37Le message qui est envoyé, c'est d'abord un message au service d'enquête.
02:43C'est-à-dire qu'après les attentats de 2015,
02:46après la vague terroriste qu'a subie la France en 2015,
02:49je vous rappelle que l'Élysée, à l'époque,
02:52avait sommé tous les services de renseignement dans ce pays,
02:56de travailler main dans la main,
02:58et non plus les uns contre les autres,
03:00et non plus d'être en concurrence permanente
03:03pour savoir qui serait le premier, qui aurait l'information.
03:06Et ça a fonctionné, ça a accouché d'une superstructure
03:10qui s'appelle la DGSI, la Direction Générale de la Sécurité Intérieure,
03:14qui s'est substituée aux deux services de renseignement de la police,
03:18c'est-à-dire la DST et les renseignements en général de l'époque,
03:21et ça a apporté ses fruits.
03:22Donc, c'est ça le message.
03:23Et le fait qu'hier a été convoqué à l'Élysée,
03:27les responsables des douanes, de la gendarmerie et de la police,
03:31c'est en gros le même message que celui qui avait été apporté à peu près 2015,
03:37c'est travailler ensemble,
03:39arrêter de vous bagarrer pour savoir lequel saisirait
03:44la plus grosse quantité de stupéfiants à la fin de l'année,
03:47c'est plus ça le problème.
03:48On est au-delà de cela,
03:50et vu la manière dont aujourd'hui se comportent les trafiquants,
03:56notamment à Marseille,
03:57il faut passer à une entente collective,
04:01travailler tous main dans la main.
04:03Et pareil, le message est également adressé aux magistrats.
04:07Je rappelle qu'à chaque fois que les magistrats travaillent dans leur coin,
04:11que le tribunal d'Evreux, de Marseille, de Grenoble,
04:14ne se parle pas,
04:16à chaque fois, ça crée des trous dans la raquette,
04:18ça permet à des trafiquants de circuler,
04:20de commettre des faits à tel et tel endroit,
04:22sans qu'il y ait de suivi.
04:23Et je crois que là, l'État a compris que ces trous n'étaient plus acceptables.
04:30Frédéric Pauquin, vous restez avec nous.
04:31On va juste écouter et vous évoquer Marseille,
04:33parce que l'émotion, c'est la mort de ce frère,
04:35le jeune frère d'Amin Kessassi,
04:37un militant anti-narco.
04:39Écoutez ce qu'il a dit ce matin,
04:42ce sentiment de culpabilité qu'il a,
04:43puisque c'est son petit frère qui s'est fait assassiner.
04:46À travers Médie, c'est tout le monde qu'on a voulu tuer.
04:49À travers Médie, on parle beaucoup,
04:50on est le pays qui parle le plus de la liberté d'expression.
04:52C'est la liberté d'expression qu'on a voulu tuer.
04:55À travers Médie, c'est la République qu'on a voulu tester.
04:58À travers Médie, c'est la France qu'on a voulu abattre.
05:00Et donc aujourd'hui, on se doit pour Médie,
05:02pour les autres victimes, et surtout pour Médie,
05:04on se doit de se lever.
05:05Le seul sentiment aujourd'hui qui m'habite,
05:08c'est ce sentiment de culpabilité,
05:09de ne pas avoir protégé mon petit frère,
05:11de ne pas avoir été là pour prendre
05:12ce qui devait m'arriver à moi et pas à lui.
05:15Aujourd'hui, plus personne ne pourra dire
05:16« je ne savais pas »,
05:17plus personne ne pourra dire « je ne savais pas ce qui se passait »,
05:20plus personne ne pourra dire « je l'ignorais ».
05:22Et donc, ce sont les discours « place à l'action »,
05:25« faites des choses », « mobilisez-vous ».
05:27Et juste, Médie est mort pour rien.
05:29Et ça, il faut le rappeler, Médie est mort pour rien.
05:31Et moi, mon frère que j'ai enterré mardi,
05:32je ne le reverrai plus.
05:33Éric Nolo, effectivement, il faut saluer son courage
05:36et se dire que rien n'arrête aujourd'hui
05:38les narcotrafiquants, absolument rien.
05:40Non, mais là, les méthodes sont directement héritées
05:44des mafias italiennes, etc.
05:45C'est-à-dire qu'on s'en prend aux proches.
05:47C'est vraiment odieux, mais au dernier degré.
05:49Il faut bien se mettre dans la tête,
05:50enfin, on le vérifie tous les jours,
05:52que ces gens-là n'ont aucune limite.
05:53Donc, en effet, les combattres supposent
05:56que nous dépassions certaines limites
05:58que nous nous sommes imposées.
06:00Je pense qu'à la régulière, on n'y arrivera pas.
06:01Ce sont des gens qui sont trop loin dans le mal,
06:03ils ont des moyens illimités,
06:05puis surtout, ils n'ont aucune morale.
06:06Donc, on est en position de fragilité, de faiblesse.
06:09Catherine Ney ?
06:09Oui, il va y avoir un...
06:12Entre l'état de droit et le droit tout court,
06:15le droit de défendre les citoyens,
06:17ça pose une vraie réadaptation des réactions
06:20à ce qui est un crime.
06:22Là, on est en guerre.
06:24Là, donc, il faut répondre avec des moyens appropriés.
06:28Et là, c'est vrai qu'avec cet assassinat en pleine rue
06:32de ce garçon qui n'était pour rien dans le trafic de drogue
06:35parce que son frère a pris la parole,
06:37et moi, je le salue parce qu'on voit qu'il est protégé aujourd'hui,
06:40mais c'est un héros.
06:41Dans sa ville, c'est quelqu'un d'un courage fou
06:44et quelqu'un qui vient de cette communauté
06:46et qui est français et qui est heureux de l'être
06:52et qui parle de la France, de la République.
06:54C'est un exemple, d'ailleurs, à ne pas suivre
06:57parce que ça effraie tout le monde.
07:00Ça effraie ceux qui voudraient...
07:03C'est ceux qui font peur.
07:04Mais voilà, c'est sûr que, alors que le général vient de dire
07:10qu'il peut y avoir des pertes d'enfants,
07:12je pense qu'à Marseille, le nombre d'enfants perdus
07:16se pote par plusieurs dizaines.
07:19On va retrouver dans un instant Frédéric Plequin.
07:21J'aimerais juste qu'on écoute le reportage de Jean-Luc Bougeon,
07:23le correspondant d'Europe 1.
07:24Parce qu'on parle beaucoup des narcotrafiquants,
07:26on parle assez peu des consommateurs.
07:27Et le vrai problème, il est là aussi.
07:29Est-ce que les consommateurs ont conscience
07:31qu'ils sont complices de ce narcotrafic
07:33en quête à Grenoble,
07:35où les règlements de comptes, vous le savez,
07:36sont extrêmement nombreux ?
07:38Les consommateurs de drogue se sentent-ils complices des trafics ?
07:41La réponse de Noël, fumeuse de cannabis depuis plus de 40 ans,
07:44est sans équivoque.
07:45Complice ? Absolument pas.
07:46Est-ce que vous financez le trafic ?
07:48Je suis fier.
07:49Je préfère financer, donner un gamin à 50 mâles,
07:51qui au moins va peut-être lui permettre de s'acheter une paire de pompes
07:53que donner à l'État.
07:55Léa, 27 ans, qui fume tous les soirs en rentrant du travail,
07:58ne pense pas autre chose.
07:59Aucune notion de culpabilité.
08:00La seule notion qu'il y a quand on le fait,
08:02c'est la notion de danger.
08:03On va peut-être se faire attraper par la police
08:05alors qu'on fait quelque chose que tout le monde fait,
08:08aujourd'hui, alors que dans bien d'autres pays qui sont plus avancés
08:10et qui sont autour de nous, on soigne avec des substances
08:13qui sont appelées des drogues aujourd'hui,
08:14que ce soit des psychédéliques ou que ce soit juste du cannabis
08:16ou de la fume, on soigne des maladies, des tocs, de la dépression.
08:19Donc la France est en retard là-dessus.
08:20Des propos que Camille, 36 ans, juge inconscient.
08:23Beaucoup de ses amis, pourtant parfaitement insérés,
08:25fument régulièrement, sans se préoccuper une minute
08:28des conséquences parfois mortelles des trafics.
08:30Comment on fait pour ne pas se sentir responsable
08:32quand on est consommateur de la violence qu'hier ?
08:34Qu'est-ce qu'ils vous disent, vos amis ?
08:35Ils ne se sentent pas concernés, on ne voit pas le lien.
08:36Entre le fait qu'ils injectent de l'argent là-dedans
08:39et que ça finit dans la poche des gens qui canardent des gosses.
08:41Verbaliser les consommateurs pour enfin les responsabiliser,
08:44l'idée commence donc, semble-t-il, à faire son chemin.
08:47Extrêmement intéressant ce rapport de Jean-Luc Bourgeon.
08:49Vous entendez ? Ils s'en fichent.
08:51Ils s'en fichent, les consommateurs.
08:53Les premières personnes qu'on a entendues,
08:55ce n'est pas seulement du cannabis qu'ils ont inhalé,
08:58ils ont inhalé la propagande extrême gauchiste.
09:00Qui est là-dedans.
09:01Qui, en effet, c'est juste une question de liberté, etc.
09:05Non, il faut leur dire qu'ils ont le sang de M. Kessassi sur les mains.
09:09Ça fait partie du même système.
09:11Voilà.
09:11Vraiment, ce qu'on a entendu, moi, ça me rend dingue.
09:13Oui, vous êtes en train de vous dire.
09:15Non, mais le mépris pour ce qui se passe autour d'eux,
09:18les gens qui meurent, et même sans parler des gens qui meurent,
09:20des gamins qui, il y a 12 ans, sont recrutés comme chouffes,
09:22leur vie est terminée.
09:24Enfin, ce sera une vie de délinquance
09:25qui se terminera avec une balle dans la tête, très probablement.
09:28Enfin, cette irresponsabilité et ce cynisme sont d'époque,
09:31j'en suis d'accord, mais sont vraiment écœurants.
09:33Frédéric Ploquin, vous avez entendu ce reportage.
09:35On parle beaucoup des narcos.
09:36On parle moins des consommateurs.
09:38Il faut taper dur, là aussi.
09:41Ben écoutez, sans les consommateurs,
09:44il n'y a pas de guerre pour le trafic de stupéfiants,
09:48puisqu'il n'y a pas d'argent.
09:49Sans les consommateurs, il n'y a pas d'argent qui rentre dans les caisses.
09:52Il n'y a pas de banchiment d'argent.
09:52La drogue, d'une manière générale,
09:54de toute façon, elle sème le chaos partout où elle passe.
09:58Mais là, il est clair, c'est évident pour tout le monde,
10:00que la manne financière générée par la cocaïne
10:04a hystérisé tous ces trafiquants de stupéfiants,
10:08dans la mesure où, avec le hashish,
10:10déjà, ils avaient emmagasiné un certain nombre de millions.
10:13Mais alors là, pour le coup,
10:14ça a décuplé, on va dire, leurs revenus.
10:18Et c'est pourquoi, aujourd'hui, on en arrive à cet assassinat,
10:22qui, il faut le rappeler quand même,
10:23c'est pas un règlement de compte,
10:25c'est pas un voyou comptu,
10:27c'est quelqu'un qui a le tort,
10:28on veut punir celui qui a le tort de parler.
10:32Et quand il parle, qu'est-ce qu'il fait ?
10:33Il dénonce le trafic de stupéfiants.
10:35Donc effectivement, il perturbe le business.
10:37Et celui qui a commandité,
10:39qui voulait le tuer lui,
10:40et qui, par défaut, a tué son petit frère,
10:43celui-ci n'a qu'une seule idée en tête,
10:46c'est de, effectivement, défendre son business,
10:49défendre son beefsteak,
10:50défendre ses revenus,
10:51défendre sa puissance financière,
10:54et pas autre chose.
10:55Donc si vous retirez les consommateurs,
10:57de fait, bah oui, effectivement,
11:00il n'y a plus de problème.
11:02Mais le problème, c'est que,
11:03c'est que les consommateurs,
11:04il y en a en France beaucoup,
11:05de plus en plus,
11:06et que contrairement à ce qui a été suggéré
11:09par le président de la République il y a deux jours,
11:11malheureusement, il n'y a pas que les bourgeois
11:13qui consomment.
11:14Aujourd'hui, la cocaïne est consommée également
11:17dans les milieux populaires,
11:19il est consommée par des travailleurs,
11:21il est consommée par des gens qui passent,
11:23on va dire, par des marins pêcheurs,
11:25de fait, par des agriculteurs,
11:28par des gens qui ont des travaux comme ça,
11:29qui sont très prenants,
11:30très durs physiquement,
11:32et ces malheureux croient que la cocaïne
11:34va les aider à aller au bout de leurs tâches.
11:38Il faut leur dire que c'est du poison,
11:40réellement du poison,
11:41que la cocaïne contient des composants chimiques,
11:45qu'elle est fabriquée et tournée avec du kérosène,
11:48et que c'est ceux-là qu'ils se mettent d'emmener.
11:50Donc je pense qu'à un moment donné,
11:51il faut aussi que l'État communique là-dessus,
11:52bien sûr.
11:53Il manque la partie santé publique.
11:56Dans votre livre que vous avez écrit
11:58avec le commissaire Frédéric Lowe,
11:59vous parlez de ce défi du narcotrafic,
12:01vous dites qu'il s'est adapté à la mondialisation,
12:03et en fait qu'il profite de nos failles structurelles.
12:05C'est bien ça ?
12:06Aujourd'hui, le trafic, il est mondial,
12:08il est plus local ?
12:10La première économie mondialisée, finalement,
12:13c'est l'économie souterraine,
12:15c'est l'économie illégale,
12:16parce que l'économie illégale se moque totalement
12:18et des règles et des frontières.
12:21Elle, quand il y a une frontière,
12:23elle a les moyens de soudoyer,
12:25d'acheter le passage, etc.
12:28Donc, l'économie de la drogue,
12:33c'est l'économie la plus ultra-libérale qui soit.
12:36C'est-à-dire qu'en gros,
12:38dans cet ultra-libéralisme,
12:40on ne négocie pas avec le concurrent,
12:44on ne baisse pas les prix,
12:45on assassine le concurrent.
12:46Vous voyez ce que je veux dire ?
12:47Quand il y a un obstacle,
12:48on le dépasse par le sang.
12:50Donc, c'est l'ultra-libéralisme poussé à son comble,
12:53on va dire,
12:54et la drogue profite à la fois
12:57des flux commerciaux,
12:59donc du commerce tout simplement,
13:00elle se glisse dans le commerce.
13:02C'est pourquoi on ne peut pas arrêter
13:03tous les cargos qui arrivent
13:05d'Amérique latine ou des Antilles
13:07et les vider et les fouiller.
13:09C'est totalement impossible.
13:10Donc, il profite des flux financiers
13:12générés par l'économie mondialisée,
13:13il profite de l'ouverture des frontières,
13:15il profite de tout cela
13:16pour acheminer leurs marchandises
13:19et ensuite, effectivement,
13:21toutes les failles
13:22au niveau légal
13:24et notamment les failles dans les prisons
13:25puisqu'il s'avère quand même
13:26que ces individus
13:29continuent pour suivre leur business
13:31depuis leur cellule de prison,
13:34organisent et, comme on dit,
13:35des assassinats
13:35depuis leur cellule de prison.
13:37Donc, toutes nos faiblesses,
13:38toutes nos failles,
13:39ils les exploitent effectivement à fond.
13:41Et ce qui vous frappe
13:42et ce qui nous frappe aussi,
13:43Frédéric Ploquin,
13:43c'est le rajeunissement
13:45de ceux qui sont impliqués
13:46dans ces trafics
13:47de plus en plus jeunes,
13:4912, 11 parfois.
13:50– Écoutez, il y a 15 ans,
13:53on a été surpris il y a une dizaine d'années
13:56de voir arriver effectivement
13:57sur les terrains de deal
13:59des jeunes au départ
14:01de 16, enfin des mineurs,
14:03mais pas aussi jeunes
14:04qu'on ne les a aujourd'hui.
14:06Et pourquoi est-ce que
14:07les trafiquants de stupéfiants
14:08les utilisaient ?
14:09C'est qu'ils savaient
14:10que la justice des mineurs
14:11était beaucoup moins dure
14:13que celle qui s'adresse aux majeurs
14:14et qu'il y avait de fortes chances
14:16pour que ces mineurs,
14:17s'ils étaient interpellés,
14:18il n'y a pas trop de conséquences,
14:19finalement ils reviennent
14:21prendre leur job
14:22dès le lendemain.
14:24Aujourd'hui, il y a un rajeunissement
14:25encore plus stupéfiant,
14:28si j'ose dire,
14:29puisque aujourd'hui,
14:30les trafiquants de stupéfiants
14:31recrutent comme chéracanons
14:33des mineurs isolés étrangers,
14:37dont personne quasiment
14:38ne connaît les noms,
14:39qui n'ont strictement
14:40aucune référence locale,
14:42qui risquent de n'être reconnus
14:44par personne dans les quartiers
14:46où ils travaillent,
14:47et qui ne connaissent pas
14:48les gens qui leur confient
14:49le produit,
14:49ni les gens qui les recrutent
14:51sur les réseaux sociaux
14:52parce qu'ils n'ont pas leur nom.
14:53Donc ils sont sans danger,
14:55sauf pour eux,
14:56et on a ce cas donc à Grenoble,
14:59absolument étonnant,
15:01et d'un jeune,
15:03officiellement,
15:04on ne sait pas exactement
15:05quel âge il a,
15:05il a entre 12 et 14 ans,
15:07qui se prend des balles
15:08dans le dos,
15:09alors qu'il travaille
15:10pour le compte
15:11de ses narcos.
15:12Donc voilà,
15:15rajeunissement,
15:16Chirac Anon,
15:16oui,
15:17c'est là
15:19qu'ils trouvent
15:20leur main d'oeuvre aujourd'hui.
15:21Et c'est ça que vous décrivez
15:22dans le livre
15:23Insécurité,
15:24Stop à la descente
15:25aux enfers,
15:25chez Fayard.
15:26Laetitia Guignan,
15:27rapidement,
15:27sur le narcotrafic.
15:28Le narcotrafic aujourd'hui,
15:29c'est une menace,
15:30effectivement,
15:30pour nos sociétés,
15:32c'est une menace
15:32parce qu'ils ont gangrené
15:34à peu près tout,
15:34c'est énormément d'argent,
15:36et c'est un contre-pouvoir,
15:37comme vous l'avez dit aussi,
15:38c'est un contre-pouvoir
15:38face à l'État
15:40et l'État doit reprendre la main
15:41pour toutes les raisons,
15:42notamment de corruption
15:43et de menaces,
15:44mais c'est aussi
15:45un contre-modèle
15:47civilisationnel.
15:48Et quand on parle
15:48de rajeunissement,
15:49c'est qu'en fait,
15:50aujourd'hui,
15:51tout le narcotrafic
15:52ne se résume pas
15:53à la DZ-mafia,
15:53mais elle a poussé
15:54le cran
15:56un tout petit peu plus loin,
15:56c'est-à-dire qu'en fait,
15:57c'est un modèle
15:58presque d'autorité
16:00et un modèle de vie,
16:02une way of life,
16:02en fait,
16:03aujourd'hui,
16:04pour plein de jeunes,
16:06face à l'effondrement
16:08de nos institutions,
16:09face à l'effondrement
16:10d'un projet,
16:11aujourd'hui,
16:11il y a beaucoup de jeunes
16:12dans les cités,
16:13mais pas que,
16:13qui se disent,
16:14en fait,
16:14pour devenir quelqu'un,
16:17pour gagner de l'argent,
16:18en fait,
16:18la drogue,
16:19la DZ-mafia
16:20et même
16:21cherchant l'autorité
16:22vont rentrer
16:23dans ce genre de gang.
16:24Et en fait,
16:25si on ne capte pas ça,
16:26on n'a rien capté
16:27parce qu'effectivement,
16:27ce sont les mêmes
16:28qui peuvent aussi
16:29devenir terroristes
16:30parce qu'en fait,
16:31c'est face à l'effondrement
16:32de nos institutions,
16:33de notre modèle,
16:34de nos valeurs,
16:35en fait,
16:35il y a toute une partie
16:36de la jeunesse
16:37qui,
16:38bon gré,
16:38mal gré,
16:39va chercher d'autres repères
16:40et notamment
16:41les plus violents,
16:42notamment dans les narcotraffics
16:43et notamment dans ces mafias-là.
16:44Et puis,
16:45c'est très présent
16:45dans la culture,
16:47la musique,
16:48c'est très valorisé.
16:50Ça va,
16:50il y a tout le panel,
16:51le couteau,
16:52le trafic,
16:55etc.,
16:56la violence
16:57et le gang,
16:58en fait,
16:58il y a un virilisme,
17:00c'est le masculinisme
17:01façon quartier
17:02et chez les jeunes garçons
17:04notamment,
17:04ça marche.
17:05Parce qu'en fait,
17:05des aides-mafias,
17:07c'est une image de l'homme
17:08finalement qui est assez cool,
17:09assez reconnue
17:10et finalement,
17:11ça,
17:11c'est quelque chose
17:12qu'on doit aussi avoir à l'esprit
17:13parce qu'en fait,
17:14ça ne touche pas seulement
17:15des jeunes mineurs
17:15non accompagnés,
17:16ça touche en fait
17:17une grande partie
17:18de notre jeunesse
17:18et pourquoi ?
17:19Parce qu'en fait,
17:20on ne retrouve pas
17:20l'autorité dans les institutions
17:22qui sont les nôtres
17:23et qui sont celles
17:24de nos états.
17:24Entièrement d'accord
17:25avec votre analyse.
17:26Frédéric Ploquin
17:27avec le commissaire Frédéric Lose,
17:32mon cher Frédéric.
17:34Merci Eric,
17:35Catherine,
17:36Laetitia et Louis.
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