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  • il y a 14 minutes
Une semaine après le meurtre du frère du militant contre le narcotrafic Amine Kessaci, le ministre de l'Intérieur Laurent Nunez et celui de la Justice Gérald Darmanin ont tenu à rappeler la politique de l'État en la matière face à un "crime qui vise à faire peur". "Nous gagnons difficilement une bataille très, très dure contre une organisation criminelle qui sans doute fait entre 5 et 6 milliards d'euros d'argent liquide", a par ailleurs estimé le ministre de la justice lors d'un point presse, aux côtés de Laurent Nuñez, à la préfecture de police de Marseille.
Regardez L'invité d'Anne-Sophie Lapix du 20 novembre 2025.

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Transcription
00:00Et plus.
00:01Anne-Sophie Lapix, RTL Soir.
00:04Bonsoir Manuel Bompard.
00:06Bonsoir Madame.
00:07Vous êtes député LFI de Marseille, vous participerez à la marche blanche organisée samedi par Amine Kessassi
00:13après l'assassinat de son frère Mehdi il y a une semaine.
00:17Une mort pour rien, répète-t-il, puisqu'il n'était en rien impliqué dans le narcotrafic.
00:22Vous connaissez la famille Kessassi ?
00:24Je connais évidemment Amine Kessassi parce qu'il s'est mobilisé depuis maintenant plusieurs années
00:31contre le fléau des assassinats liés au trafic de drogue et de manière plus générale à la criminalité organisée.
00:39Et puis il se trouve qu'il était aussi candidat aux dernières élections législatives sous l'étiquette du Nouveau Front Populaire.
00:45Donc évidemment je lui ai apporté mon soutien à l'époque et je veux lui dire bien sûr à lui, à ses proches, à sa famille
00:51tout mon soutien, toutes mes condoléances comme j'ai déjà pu d'ailleurs lui exprimer.
00:55Vous irez donc à cette marche. La mobilisation, la révolte, elle doit être massive et venir de toute la population marseillaise ?
01:04Moi je souhaite évidemment que dans cette marche blanche il y ait une réaction populaire, un soutien populaire qui soit le plus large possible.
01:13Donc moi j'appelle tous les habitants et les habitants, les citoyennes et les citoyens, les Marseillais mais même au-delà,
01:18toutes celles et ceux qui veulent venir apporter leur soutien à la famille, de médiquer sa scie
01:24et plus généralement à toute la population marseillaise qui est affectée par ce fléau.
01:30Je les appelle à venir marcher, à venir manifester. Je crois que c'est effectivement très important
01:35qu'il y ait une réaction populaire qui soit la plus massive possible.
01:38Je veux vous dire quand même, parce que bien évidemment je comprends l'émotion,
01:42la vague un peu médiatique nationale qui s'est emparée de ce drame.
01:49Mais que malheureusement à Marseille, ça fait depuis des mois et des mois, des années ou des années,
01:53qu'on a chaque année plusieurs dizaines de personnes qui sont mortes,
01:57qu'il y a déjà eu des manifestations qui ont été organisées,
02:00qui n'ont pas toujours malheureusement bénéficié de la même attention médiatique.
02:04et que malheureusement ce problème il n'est pas nouveau.
02:07Alors effectivement il semble franchir des seuils
02:09et attendre des proportions qui sont de plus en plus importantes.
02:13Mais malheureusement c'est un fléau contre lequel on se bat maintenant depuis plusieurs années.
02:17La peur règne aujourd'hui à Marseille, la peur et la loi du silence ?
02:22Je ne sais pas si on peut dire que la peur règne.
02:25Ce qui est certain c'est que ce drame il agit comme une forme d'électrochoc
02:30et que pour la première fois, sous réserve évidemment des conclusions de l'enquête,
02:35mais ce qui semble être privilégié c'est l'idée qu'on s'est attaqué à Mehdi Kessassi
02:40parce qu'il était le frère d'Amine Kessassi
02:44qui a pris la parole, a pris position pour dénoncer ce qui se passe.
02:50Et j'ai entendu le procureur parler sans doute de
02:52a-t-il utilisé lui comme terme, je ne le reprends pas forcément à mon compte,
02:55mais un assassinat d'intimidation, c'est ce qu'il a dit.
02:58Donc évidemment que ce climat, ce contexte, il pèse
03:02et que je crois qu'il est temps aussi, bien sûr il doit y avoir un moment d'hommage,
03:06mais il est temps dorénavant qu'on parle peut-être un peu moins de ce sujet
03:09mais qu'on agisse concrètement pour essayer d'y apporter des réponses.
03:12Alors justement, le ministre de l'Intérieur Laurent Nunez
03:15et celui de la Justice Gérald Darmanin se sont rendus à Marseille aujourd'hui.
03:19Ils reconnaissent que c'est une bataille très très dure
03:21contre une organisation, la DZ Mafia
03:24qui contrôle aujourd'hui le trafic à Marseille
03:26et dont le chiffre d'affaires est de 5 à 6 milliards d'euros par an.
03:31Ils ont promis de nouveaux renforts, notamment de magistrats ou de greffiers.
03:35C'est nécessaire ? Ce sont des annonces qui vont dans le bon sens, selon vous ?
03:39Évidemment que c'est nécessaire.
03:41Le problème, si vous voulez, et c'est pour ça que je prends tout ça avec beaucoup de prudence,
03:44c'est que moi je suis parlementaire depuis 2022, député de Marseille depuis 2022.
03:49À chaque fois qu'un nouveau ministre de l'Intérieur ou qu'un nouveau ministre de la Justice est nommé,
03:54souvent son premier déplacement c'était de venir à Marseille pour dire qu'on allait voir ce qu'on allait voir
03:58et que tout allait changer.
04:00Et puis souvent quand les ministres partent, les annonces partent avec les ministres.
04:04Et qu'ensuite dans la concrétisation des annonces,
04:08malheureusement souvent elles ne sont pas à l'ordre du jour.
04:10Donc évidemment qu'on a besoin de renforts dans la justice,
04:14on a besoin de renforts dans la police judiciaire,
04:17et en particulier dans la police judiciaire,
04:19c'est-à-dire les effectifs qui sont chargés de faire des enquêtes,
04:21de remonter les filières et de s'attaquer au haut du spectre.
04:26On a besoin d'un peu moins d'annonces et un peu plus de concrets.
04:29Alors justement, dans le concret, il y a une loi sur la lutte contre le narcotrafic qui a été adoptée.
04:40Vous ne l'avez pas votée. Pourquoi ?
04:42Oui, parce qu'elle ne change strictement rien.
04:44Elle donne des moyens considérablement...
04:46Non, justement, madame, excusez-moi, elle n'en donne aucun.
04:50Et précisément ce que nous avons dénoncé à l'époque,
04:52c'était une loi d'annonce, une loi communicationnelle.
04:55Est-ce que vous savez que l'année dernière, dans le budget,
04:57il y a eu une décision de supprimer 5000 postes dans la police judiciaire ?
05:02Et à l'époque, avec mon groupe de la France Insoumise,
05:04nous avions fait d'ailleurs un amendement pour dénoncer et protester
05:07contre ces diminutions de postes.
05:10En l'occurrence, la loi, elle prévoit par exemple
05:12la création d'un nouveau parquet dédié à cette lutte contre le narcotrafic
05:18qui sera opérationnel en janvier.
05:20Et l'idée, c'est d'avoir les mêmes méthodes que celles de la lutte contre le terrorisme.
05:25Vous n'apportez pas votre soutien à cette proposition ?
05:27Il existait avant cette loi une juridiction déjà interrégionale.
05:32Donc en vérité, on a changé les mots,
05:34mais en fait, on n'a justement pas mis les moyens à côté
05:37qui permettent à ces juridictions d'être plus efficaces
05:40qu'elles sont aujourd'hui.
05:42Et c'est précisément la logique que je dénonce,
05:44c'est-à-dire une logique où on reprend des mots,
05:46on change des termes, mais en fait, on ne change pas la réalité concrète.
05:49La réalité concrète, c'est qu'il faut beaucoup plus d'effectifs
05:52dans la police judiciaire, qu'il faut beaucoup plus d'effectifs dans la justice.
05:55De fait, quand on a créé un parquet antiterroriste,
05:59l'efficacité a été là, elle a été constatée partout.
06:02C'est pourquoi beaucoup attendent de ce nouveau parquet.
06:06Personnellement, je ne le pense pas que beaucoup attendent.
06:08Et comme je vous le disais, il y a déjà quelque chose qui s'appelle les GIRS,
06:11les juridictions interrégionales, qui existaient déjà.
06:13Donc, en l'occurrence, on a juste changé la terminologie.
06:16Bref, je pense que là, on n'est pas là pour polémiquer,
06:19on est là pour essayer de trouver des solutions.
06:20Non, bien sûr, mais pour essayer de comprendre.
06:23Précisément, je trouve... Allez-y, pardon.
06:25Pardon, la loi a également créé des prisons de haute sécurité
06:28qui permettent d'isoler véritablement les narcotrafiquants les plus dangereux.
06:33Gérald Darmanin a révélé que sur la trentaine de responsables
06:35de la fameuse DZ Mafia, 27 sont en prison,
06:3921 dans la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieille.
06:42Or, les prisons de haute sécurité sont pour l'instant apparemment
06:45les seules prisons où les trafiquants ne parviennent pas à téléphoner
06:51pour diriger le trafic et les meurtres depuis leur cellule.
06:54Vous n'approuvez pas la création de ces prisons de haute sécurité ?
06:57Madame, le problème, c'est que précisément, on est en train...
07:00Et pardon, moi, je ne veux pas là non plus donner les réponses de l'enquête
07:03à laquelle il y a eu lieu, mais on est en train de...
07:05L'émotion dont on est en train de parler,
07:07elle fait suite à l'assassinat d'un jeune homme,
07:08on en a parlé, Médic et Sassier, et les éléments de l'enquête
07:12laissent penser que les commanditaires pourraient être précisément
07:16de cette organisation, la DZ Mafia, dont vous dites vous-même
07:19que ces dirigeants sont incarcérés dans ces prisons de haute sécurité.
07:22Mais celui dont vous parlez, a priori, n'était pas,
07:24si la piste est confirmée, n'était pas dans une prison de haute sécurité à ce moment-là.
07:30On verra, parce qu'en vérité, personne ne peut le savoir.
07:33À ce stade, on est dans une enquête.
07:34Écoutez, franchement, après moi, je veux bien prendre les éléments mesure par mesure.
07:37Moi, je pense qu'il faut une rupture complète de logique.
07:39Je pense qu'il faut arrêter des politiques qui sont des politiques d'annonce
07:42où on s'attaque à, entre guillemets, ce qu'on appelle le bas du spectre
07:45de la criminalité organisée.
07:47Je pense qu'il faut attaquer le haut du spectre de la criminalité organisée,
07:50que c'est là qu'il faut concentrer les moyens.
07:51Là, ces mesures-là, c'est pour le haut du spectre, en l'occurrence.
07:54Oui, mais précisément, je trouve que les moyens concrets, humains, financiers,
07:58ne sont pas au rendez-vous aujourd'hui.
08:00Alors maintenant, M. Darmanin et M. Nunez nous disent qu'ils vont mettre les moyens.
08:04Ils nous disaient la même chose il y a un an, ils nous disaient la même chose il y a deux ans.
08:07Vous le savez, il y a quelques années, il y a eu un plan qui a été fait
08:10qui s'appelle Marseille-en-Grand, qui visait à apporter le soutien de l'État
08:13pour répondre aux problématiques auxquelles est confrontée notre ville.
08:17Et des forces de l'ordre supplémentaire.
08:18Bizarrement, dans ce plan Marseille-en-Grand, il n'y avait strictement rien
08:21sur la question de la lutte contre la criminalité organisée.
08:24Ah si, si, il y a eu des hommes...
08:26Non, il y a eu de l'aide.
08:27Madame, j'ai fait une commission d'enquête sur le plan Marseille-en-Grand.
08:29Il y avait du soutien pour implanter des caméras de vidéosurveillance.
08:32Et si on croit qu'on va lutter contre les autres criminalités organisées...
08:33Il y a eu aussi à ce moment-là l'annonce de troupes supplémentaires aussi.
08:37Madame, le maire de Marseille lui-même, que vous avez interviewé je crois en début de semaine
08:43sur votre antenne, est incapable de dire aujourd'hui
08:45combien d'effectifs de police nationale sont présents sur la ville de Marseille.
08:50C'est tout à fait vrai, mais ce qui est sûr c'est que dans Marseille-en-Grand,
08:52on prévoyait en tout cas l'augmentation des troupes.
08:54Peut-être que ça n'a pas été réalisé, mais en tout cas c'était prévu.
08:57Il y a malheureusement beaucoup de choses qui étaient prévues et qui n'ont pas vu le jour
09:00et c'est précisément ce que je regrette.
09:03Donc moi j'espère que maintenant l'effort sera effectivement à la hauteur de la gravité de la situation.
09:08Et j'espère aussi qu'on ne va pas se concentrer uniquement sur le volet
09:11qui soit le volet répressif, il est important évidemment.
09:14Mais je crois qu'on doit aussi s'attaquer au problème des addictions
09:18et de la manière de lutter contre les addictions.
09:20Et ça, ça passe aussi par des politiques de santé publique.
09:22Merci beaucoup Manuel Bompard d'avoir été l'invité de RTL Soir.
09:27Dans un instant, c'est une vraie tentation du soir avec Laurent Marsic
09:30puisqu'on parle des liaisons dangereuses.
09:32Et puis Florian Gazan a repêché l'info qu'on a failli manquer.
09:35A tout de suite.
09:35RTL Soir
09:37Anne-Sophila
09:39La majorité de l'info
09:53La majorité de la quantité de l'info
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