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  • il y a 23 heures
La Marine nationale serait-elle prête en cas d'une attaque russe ? Comment se prépare-t-elle à cette menace ? Et comment amplifie-t-elle sa lutte contre le narcotrafic ? L'amiral Nicolas Vaujour, chef d'état-major de la Marine nationale, est l'invité de RTL Matin.
Regardez Face à Fogiel du 20 novembre 2025.

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Transcription
00:00Il est 8h17, nous devons accepter de perdre nos enfants.
00:09Cette phrase choc prononcée par le chef d'état-major des armées
00:12fait polémique au Rassemblement National, pour une partie de la gauche également.
00:16Et c'est dans ce contexte, Marc-Olivier Fogiel, que vous reçuez ce matin l'amiral Nicolas Vaujour
00:20qui est le chef d'état-major de la Marine Nationale.
00:22Bonjour Amiral Vaujour.
00:24Bonjour Marc-Olivier Fogiel.
00:25Phrase choc, votre collègue a également souligné que la France et l'OTAN devaient être prêts
00:30pour une confrontation avec la Russie d'ici 2030.
00:33Ça veut dire que ce matin vous nous dites aussi qu'on doit se préparer à la guerre ?
00:37Alors, vous savez quand on est un chef militaire, quand on est un commandant de bateau
00:42et qu'on fait face à une situation, il faut se poser un certain nombre de questions.
00:47Je me mets à la place d'un commandant de bateau qui rentre en mer Rouge,
00:49qui protège un cargo de la CMACGM, qui transporte un milliard de dollars en pontée.
00:56Quand il rentre dans la zone de menace, où il peut être attaqué par les outils,
00:59il se pose la question, est-ce que je suis prêt ?
01:00Est-ce que je suis prêt moi, le commandant ?
01:02Est-ce que mon équipage est prêt psychologiquement, moralement ?
01:05Est-ce que mon bateau est prêt, etc.
01:06Et donc, on anticipe, on essaye de comprendre, on essaye de voir, on se pose des questions.
01:10Prêt à mourir.
01:11Et donc, est-ce qu'on est prêt à faire face à la menace ?
01:14Et pour ça, il faut s'entraîner, pour ça, il faut anticiper, créer les scénarios
01:18et voir comment on réagit à tout ça.
01:20Je comprends, mais le chef d'état-major des armées dit plus.
01:23En fait, il appelle à la nation.
01:25Qu'est-ce que l'armée attend de nous ?
01:28Le chef d'état-major, il pose des scénarios et c'est normal.
01:31Et c'est son rôle, le rôle des armées, c'est d'anticiper les scénarios
01:34dans un monde qui bouge extrêmement vite.
01:36C'est d'anticiper les scénarios et de se préparer à ces scénarios,
01:40de voir comment on entraîne nos forces,
01:41comment on est agile dans les équipements,
01:44comment on fait en sorte de faire face à la mission fondamentale des armées,
01:48la mission fondamentale de la marine nationale.
01:50C'est de protéger la France, les Français et leurs intérêts
01:52sur tous les océans du globe.
01:53Mais est-ce que la France est en péril aujourd'hui ?
01:55La France n'est pas en péril.
01:56La France, elle fait partie de coalitions.
01:58La France, elle est puissante aujourd'hui.
02:00On a une marine qui est une marine puissante,
02:02avec des outils forts, la dissuasion nucléaire, le porte-avions.
02:06On va y venir.
02:07Mais perdre nos enfants, ça veut dire quoi, Amiral ?
02:10Perdre nos enfants, concrètement.
02:11Ça veut dire, quand on est dans une situation de tension,
02:17quand on est dans une situation complexe au niveau international,
02:22les armées sont en première ligne pour assurer cette défense,
02:26assurer la protection de la France et des Français.
02:28Ce n'est pas des missions sans risque.
02:29Donc là, il s'adresse aux soldats, pas aux civils ?
02:32Je ne suis pas dans la tête du chef d'état-major aujourd'hui.
02:34Mais aujourd'hui, bien sûr, et de mon côté,
02:37effectivement, il s'adresse là, hier, au maire de France
02:41et à un certain nombre de personnes.
02:44Évidemment, il est écouté.
02:45Et quelque part, il s'adresse autant aux forces des armées
02:51qu'aux maires de France hier.
02:53Mais pour avancer et être très concret,
02:56vous, au poste qui est le vôtre, chef d'état-major de la marine,
02:59vous le dites, on se prépare à chaque fois, finalement,
03:01à perdre nos hommes, puisque c'est ça le sujet,
03:02même si on ne veut pas le perdre.
03:03Vous avez besoin, et c'était l'objet de ce qui a été dit hier,
03:06du soutien de la nation,
03:07que la nation prenne conscience qu'on en est là.
03:10Il est absolument essentiel que la nation comprenne
03:12dans quelle situation géopolitique l'on est,
03:15et ça, c'est important,
03:16et la résilience d'une nation,
03:18la capacité à protéger la nation,
03:20repose sur la conscience de la nation,
03:23de l'effort budgétaire qu'il faut faire,
03:24d'un côté, de toutes ces choses-là, évidemment.
03:28Ça résonne donc dans ce climat-là.
03:29Est-ce que la France est bien plus proche d'un conflit avec la Russie,
03:33qu'on ne veut bien nous le dire ?
03:35Alors, la France n'est ni en paix, ni en guerre.
03:37Je crois que c'est une phrase qui a déjà été citée ici même.
03:41Et je pense qu'il faut avoir conscience, effectivement,
03:43que nous faisons face à ce qu'on appelle les actions hybrides.
03:47C'est-à-dire ?
03:48J'aimais bien une remarque du ministre de la Défense néerlandais
03:51qui avait dit,
03:53quand on parle d'une voiture hybride, on parle d'une voiture.
03:55Quand on parle de la guerre hybride,
03:59on parle d'actions qui sont sous le seuil,
04:01sous le seuil de la guerre,
04:03mais qui sont des actions qui existent véritablement.
04:05Vous allez en Baltique.
04:06En Baltique, il y a des câbles internet qui sont arrachés.
04:09Étonnamment, des bateaux qui laissent traîner leur rampe
04:11pendant 100 nautiques et qui arrachent des câbles.
04:13Et on dit que ce n'est pas volontaire.
04:14Non, évidemment, c'est volontaire.
04:16On a Nord Stream, le pipeline qui a été coupé en mer Baltique.
04:19Tout ça, c'est des actions qui viennent déstabiliser des écosystèmes,
04:23qui viennent nous tester un peu,
04:24qui viennent voir si on va réagir.
04:26Et la marine nationale, elle est prête à réagir ?
04:28Et la marine nationale, elle est prête au quotidien
04:31à protéger la France, les Français.
04:32Et au quotidien, on a ces actions qui viennent,
04:35que l'on aperçoit, que l'on voit sur tous les océans du monde.
04:38Mais soyons précis.
04:39Hier, le ministre britannique de la Défense a mis en garde la lumière Poutine
04:41après la détection d'un navire militaire,
04:44Yantar, dans les eaux britanniques.
04:45On vous voit, on sait ce que vous faites.
04:47Vous, vous en voyez combien des navires russes ?
04:50On en voit tous les jours dans les eaux françaises ?
04:52Alors, les navires russes, on les voit très régulièrement.
04:54En fait, on les voit dès qu'on appareille.
04:57Les mers sont des océans libres.
05:00Et donc, les russes naviguent sur tous les océans.
05:02Et donc, on les voit.
05:03On voit un bateau par semaine en manche mer du Nord.
05:06Un bateau russe par semaine en manche un par semaine.
05:08Et les fameux bateaux fantômes russes,
05:10on se souvient donc, fin septembre,
05:12que la marine a résonné le pétrolier Borakai
05:14au large de Saint-Nazaire.
05:15Là, concrètement, c'est quoi ?
05:17C'est une façon de contourner les interdictions
05:19d'exportation de pétrole ?
05:20Et à chaque fois, vous les arraisonnées ?
05:22Alors, je vais reprendre un peu de recul.
05:25Quand on regarde la Russie dans le conflit en Ukraine,
05:27on voit évidemment, très facilement,
05:29parce que c'est répété régulièrement,
05:31son avancée en Ukraine.
05:32Ce qu'on voit un peu moins,
05:33c'est qu'elle a beaucoup perdu en mer.
05:35En mer, la Russie avait quatre grands accès
05:37avant la guerre en Ukraine.
05:40Elle avait Tartus en Syrie,
05:41Sébastopol en mer Noire,
05:42la Baltique avec Saint-Pétersbourg
05:44et Mourmanse dans le Grand Nord.
05:46Elle a perdu Tartus en Syrie
05:47avec la recomposition au Moyen-Orient.
05:48Les détroits turcs sont fermés,
05:49elle a perdu l'accès à la mer de Sébastopol.
05:52En Baltique, c'était un lac neutre,
05:54c'est devenu un lac otanien
05:55avec le ralliement de la Suède et de la Finlande.
05:5780% de son pétrole passe par la Baltique.
06:00Elle est sous stress.
06:02Elle est sous stress, la Russie.
06:04Aujourd'hui, 80% du pétrole,
06:06qui représente 40% de l'effort de guerre,
06:07passe par la mer Baltique.
06:08Cette surveillance que l'on fait...
06:10Cette surveillance, par exemple, à Saint-Nazaire,
06:11qu'est-ce qui s'est passé concrètement ?
06:12Concrètement, il faut remettre un peu dans la perspective,
06:15vous saviez, il y avait les drones au Danemark,
06:18notamment, avec un soupçon
06:20que certains bateaux auraient pu lancer ces drones.
06:24Et donc, il a été décidé de mener des vérifications.
06:27Et les premières vérifications qu'on fait,
06:29c'est de vérifier les papiers.
06:30On a vérifié les papiers d'un certain nombre de bateaux.
06:32Et celui-là, tout particulièrement,
06:34avait sensiblement un défaut de papier.
06:35Donc, on a envoyé une équipe avec une frégate à bord.
06:37Donc, c'est Bonjour, Marine Nationale, vos papiers.
06:38Bonjour, Marine Nationale, vos papiers.
06:41Les papiers qu'ils avaient envoyés,
06:42au départ, par radio, par mail, etc.,
06:45n'étaient pas les bons.
06:45On a constaté, en plus, ils ont refusé d'obtempérer.
06:48Donc, il y a eu refus d'obtempérer, défaut de papier.
06:50Et donc, on l'a signalé au procureur de la République
06:52qui les a mis en garde à vue
06:55et qui va les rappeler bientôt pour un procès.
06:57Il y en a beaucoup, des bateaux comme ça ?
06:58Les bateaux de la flotte Centone sont assez nombreux.
07:00Combien ?
07:01C'est environ 700 000.
07:02Ça dépend de qui contrôle.
07:04Enfin, on peut mettre plein de cases différentes.
07:07C'est environ un millier de bateaux.
07:08Et il y a beaucoup de tensions avec des bateaux militaires, russes ?
07:11Alors, des tensions, il y en a toujours eu.
07:13Mais là ?
07:14Ça, ce n'est pas une nouveauté.
07:15Mais là, en ce moment...
07:15On se surveille.
07:16On se surveille.
07:17On se surveille.
07:17On se surveille.
07:18On vient vérifier.
07:19En mer Baltique, typiquement,
07:20on vient vérifier ce qu'ils font.
07:22Ils viennent nous montrer qu'ils nous ont vus.
07:24On vient leur montrer qu'on ne veut pas qu'ils avancent plus.
07:27Vous leur montrez les muscles et vous leur dites
07:28on est là.
07:29Aujourd'hui, c'est ça.
07:29C'est un peu, on se regarde et on dit
07:30attention, autrement ça dégénère.
07:32En fait, on leur montre que l'on est prêt
07:35à affirmer notre souveraineté,
07:37à affirmer la défense de notre pays,
07:40la protection de nos intérêts partout dans le monde.
07:42Et c'est un dialogue qu'ils comprennent.
07:44Donc, ce qu'ils comprennent, ça veut dire qu'on ne se laisse pas faire.
07:47En fait, on est dans un moment d'affirmation de la puissance.
07:49C'est ça.
07:50Les puissances se montrent.
07:52L'affirmation...
07:52C'est ça.
07:53Le moment où on est, c'est l'affirmation de la puissance.
07:54Le moment où on est, c'est l'affirmation de la puissance.
07:58Les puissances s'affirment.
07:59La Chine, la Russie, les Etats-Unis.
08:01Chacun utilise les leviers de puissance qu'il a envie.
08:03Certains, c'est les taxes.
08:05D'autres, c'est l'agression cinétique.
08:07La Chine, c'est un peu plus loin.
08:09C'est la nappe d'huile des intérêts un peu partout dans le monde.
08:13Il y a ce conflit avec la Russie.
08:15Mais évidemment, vous avez différentes casquettes.
08:17Et vous luttez aussi contre le narcotrafic.
08:19On en parle beaucoup.
08:21C'est quoi les trois grandes nouvelles routes de la drogue ?
08:26Alors, d'abord, vous avez raison.
08:28La Marine nationale, c'est un double ADN.
08:30La Marine nationale, c'est la marine puissance.
08:32Et ça, c'est la dissuasion.
08:33C'est le porte-avions.
08:34C'est la capacité à projeter de la puissance.
08:35Et à montrer et à affirmer notre puissance.
08:37Et la deuxième, c'est la marine nationale.
08:39Celle qui protège contre les trafics.
08:40Et vous avez raison, le trafic de drogue.
08:42Le trafic de drogue, cette année, c'est 77 tonnes interceptées par la marine nationale.
08:47Essentiellement de la cocaïne.
08:48Sur une route qui vient de la Colombie vers l'Europe.
08:51Mais ils viennent comment ?
08:51Ils ont leurs propres sous-marins ?
08:53Ils ont tout.
08:54C'est pas vrai.
08:55Ils ont leurs sous-marins ?
08:56Ils fabriquent leurs propres sous-marins.
08:58Ils mettent ça sur des bateaux de pêche.
08:59Ils mettent ça sur des voiliers.
09:00Ils mettent ça sur des cargos.
09:01Ils utilisent les portes-contenaires.
09:02Ils utilisent à peu près tous les vecteurs possibles.
09:05Vous en avez parlé des mules qui traversent l'Atlantique en avion.
09:11Oui, ils ont l'argent pour.
09:11Ils vont tout à où les sous-marins ?
09:13En fait, vous avez un flux qui vient évidemment des pays du nord de l'Amérique du sud.
09:17Et qui va vers l'Europe.
09:18Il y a un double flux.
09:19Un vers les Etats-Unis et un vers l'Europe.
09:22Et celui qui nous concerne évidemment est vers l'Europe.
09:24Beaucoup de bateaux que l'on intercepte souvent nous en haute mer.
09:27Des petits cargos, des pêcheurs, etc.
09:30Avec des interceptions qui vont jusqu'à 9 tonnes de cocaïne en même temps.
09:34Et des chiffres, vous en avez intercepté combien de bateaux dans l'année ou de sous-marins dans l'année ?
09:38Alors, j'ai le chiffre non pas du nombre de bateaux, mais du nombre de tonnes interceptées.
09:43Donc 77 tonnes interceptées, c'est énorme.
09:45C'est deux fois plus qu'en 2024.
09:47Deux fois plus qu'en 2023, par exemple.
09:49Et vous coopérez avec la Colombie ?
09:52Alors en fait, on coopère avec des agences internationales qui sont des partenaires qui acceptent d'échanger de l'information de manière à cibler plus précisément ceux qui trafiquent.
10:03Et quand on a une information ici, il y a un trafiquant, quel est le pays le mieux placé pour intervenir ?
10:09Et après, on dialogue avec ces pays-là et on vient intercepter.
10:13Merci, Amiral Nicolas Vaujour, chef d'état-major de la Marine Nationale.
10:17Pas de guerre avant 2030 ?
10:18Merci à vous.
10:19Pas de guerre avant 2030 ?
10:20Je ne peux pas répondre à cette question.
10:23Merci à vous.
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