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Propos du chef d'État major des armées : «Une prise de conscience de la dangerosité du monde», souligne le Général Christophe Gomart
Europe 1
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il y a 1 minute
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00:00
Il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin l'ancien directeur du renseignement militaire, le général Christophe Gomart.
00:07
Bonjour Christophe Gomart.
00:10
Bonjour Dimitri Pavlenko.
00:11
Bienvenue sur Europe 1, vous êtes aussi député LR au Parlement européen.
00:15
On va parler défense avec vous ce matin.
00:16
C'est un discours choc que le chef d'état-major des armées, le général Fabien Mandon, a tenu hier devant les maires de France,
00:22
qui sont réunis en ce moment en congrès.
00:24
Alors je vais résumer ce qu'a dit, je vais même citer le général Mandon.
00:28
Selon lui, la situation internationale se dégrade.
00:31
Il faut se préparer à une confrontation pour 2030 entre la Russie et nos pays membres de l'OTAN.
00:37
Or je le cite, nous avons tout pour dissuader Moscou, dit-il.
00:41
Ce qu'il nous manque, c'est la force d'âme pour accepter de nous faire mal, pour défendre la nation.
00:46
Il faut accepter de perdre nos enfants, de souffrir économiquement.
00:49
Si nous ne sommes pas prêts à cela, alors nous sommes en risque.
00:52
Il faut en parler dans vos communes.
00:54
C'est le message qu'il a adressé au maire hier.
00:55
Qu'est-ce que vous pensez de ces mots, général Gomart ?
00:58
Ils sont forts.
01:01
Gérald Mandon dit que le monde a changé, que l'Afrique est ravagée du sel à l'accord de l'Afrique,
01:08
que les Russes ont contribué à saper cette sécurité, que la Russie s'arme,
01:13
qu'il y a aussi une menace chinoise.
01:16
Moi je parlerai également de la Turquie, qui est présente un peu partout en Afrique
01:19
et qui cherche de plus en plus à l'être.
01:21
Il y a également l'Iran, qui reste une menace par des attentats terroristes,
01:25
il y a le terrorisme international, il y a l'immigration illégale, il y a beaucoup de menaces.
01:29
Et de fait, cette force morale est nécessaire, mais de mon point de vue,
01:33
ce dont il ne parle pas, c'est un réarmement réel,
01:36
c'est-à-dire une loi de programmation militaire qui augmente.
01:40
Alors c'est le cas, mais à la fin de cette loi de programmation militaire,
01:42
on aura moins de Charles Leclerc, moins de Rafale.
01:45
Donc il est nécessaire de la doubler.
01:47
Donc oui, un réarmement moral, bien évidemment, mais également un réarmement tout court.
01:51
Mais est-ce que, parce que, oui, vous avez raison de citer toutes les zones de conflit dans le monde,
01:56
les menaces potentielles, mais là il est quand même extrêmement précis, le général Mandon,
02:00
il nous dit, il y a quand même le spectre d'une confrontation avec la Russie d'ici 3-4 ans,
02:05
c'est-à-dire qu'il situe temporellement le déclenchement des hostilités.
02:08
Qu'en pensez-vous ? Est-ce que c'est une vue de l'esprit,
02:11
ou est-ce que réellement il y a une menace russe aux portes de l'Europe ?
02:14
Alors, de fait, il parle d'une menace, ce qui ne signifie pas forcément une attaque.
02:19
C'est-à-dire que la Russie produit plus d'armes qu'elle en consomme sur le champ de bataille aujourd'hui.
02:25
Donc tous les Européens, et je le vois bien au Parlement européen,
02:27
où c'est en effet une inquiétude, en particulier de la part de nos collègues des Pays-Bas,
02:33
toute la Pologne, qui voit en effet cette armée russe qui est de plus en plus, j'allais dire, puissante,
02:38
et qui se réarme, contrairement d'ailleurs à ce que fait une grande partie de l'Europe.
02:42
Et donc cette peur augmente.
02:46
Et le général Mandon joue sur cette peur pour faire prendre conscience de la réalité du monde telle qu'il est aujourd'hui.
02:52
Mais est-ce que vraiment, aujourd'hui, général Gommard, parce que moi j'interprète aussi les choses de la manière suivante,
02:56
le chef d'état-major des armées est inquiet de l'état des forces morales en France,
03:02
de l'état des civils finalement.
03:04
Il se dit que s'il y a un point faible en France, ça n'est peut-être pas du côté des militaires,
03:08
bien qu'effectivement il y ait une question de stock, une question de quantité de munitions,
03:13
il y a aussi un sujet de force morale nationale.
03:16
Oui, ce qui est intéressant c'est que le président de la République demande au chef d'état-major des armées de parler.
03:22
S'il le demande à son chef d'état-major des armées, c'est que les Français ont confiance dans leur armée.
03:27
Mais c'est cette armée, et on voit bien cette prise de conscience,
03:33
ça a suivi d'ailleurs la prise de parole d'un certain nombre de services de renseignement,
03:36
ça suit la conférence de presse du chef d'état-major des armées précédentes, le général Thierry Burkard.
03:42
C'est une véritable prise de conscience qui est nécessaire.
03:45
Et quand il dit de perdre ses enfants, c'est des mots très très forts,
03:49
face à une population et une faiblesse démographique très notable en France.
03:53
C'est-à-dire qu'aujourd'hui les familles ont un ou deux enfants,
03:56
et personne n'a envie de perdre son fils ou sa fille.
04:00
Bien évidemment, alors que dans le passé, j'allais dire les familles étaient beaucoup plus nombreuses,
04:05
perdre ses enfants était terrible, mais réellement il en restait.
04:08
Alors c'est terrible de dire ce que je dis, mais c'est la réalité.
04:11
C'est-à-dire que faire la guerre, malheureusement il y a des gens qui meurent,
04:15
et je crois qu'il faut prendre conscience de ça.
04:17
On a vécu depuis 80 ans en paix, et pour les Français, j'allais dire, cette paix était devenue éternelle.
04:21
Or le monde est dangereux.
04:23
Vous constatez quand même, Général Gomert, que globalement c'est assez mal pris par beaucoup de gens.
04:27
Moi j'ai pu en faire l'expérience autour de moi, mais enfin qu'est-ce que c'est que ça ?
04:31
Ce général qui nous dit qu'il faut envoyer nos enfants à l'abattoir, c'est assez mal perçu par les Français.
04:37
Et puis il y a ce soupçon aussi d'une exploitation politique aussi de la guerre.
04:41
On se rappelle quand même du contexte de 2022,
04:43
Emmanuel Macron avait quand même surfé, disons-le, sur le début de la guerre en Ukraine.
04:48
Est-ce qu'il n'y a pas là aussi une tentative d'exploitation politique ?
04:51
Emmanuel Macron surfe sur nos peurs.
04:54
Il a déclaré la guerre au Covid, il a déclaré la guerre à beaucoup de monde.
04:57
Donc il surfe réellement sur nos peurs.
05:00
Mais cette peur ne doit pas être mauvaise conseillère,
05:03
elle doit être une prise de conscience de la dangerosité du monde.
05:08
Mais c'est vrai qu'il peut y avoir en effet une utilisation politique.
05:11
C'est intéressant de regarder les réactions d'ailleurs des différentes parties politiques sur cette affaire.
05:17
Bien évidemment, je comprends que les gens n'aient pas du tout envie de perdre leurs enfants dans une guerre.
05:21
Il ne s'agit pas du tout de ça, de mon point de vue.
05:22
Il s'agit simplement d'une mise en alerte d'une menace qui existe.
05:26
Et cette menace, il faut en prendre conscience.
05:28
Et pour que les Russes, pour dissuader les Russes,
05:32
je pense qu'il faut montrer notre force morale, notre capacité à nous défendre.
05:35
Je crois que c'est ça.
05:36
Il ne faut pas montrer notre faiblesse.
05:37
Et montrer notre force à la fois morale et notre force réelle militaire.
05:41
Sachant qu'il y a aussi une logique propre à la guerre, une dynamique propre à la guerre,
05:45
que c'est toujours dangereux d'arrêter une guerre.
05:48
Les Russes sont bien placés pour le savoir.
05:49
Après la Tchétchénie, il y avait eu tout le problème de réintégration des vétérans.
05:53
Là, on imagine que la fin de la guerre en Ukraine
05:56
pourrait poser des problèmes sociaux gigantesques à la Russie aussi, Général Goma.
05:59
À la Russie et à l'Ukraine.
06:01
J'étais à Kiev et j'ai vu des anciens combattants qui avaient été démobilisés ukrainiens
06:07
de fait, il disait que leur réintégration, même dans la population ukrainienne,
06:10
d'un pays qui était en guerre était très compliquée.
06:12
Mais ça, on a entendu de la bouche de tous les soldats,
06:14
quelle que soit l'époque, quand ils sont revenus.
06:16
Même les soldats français qui sont revenus d'Afghanistan,
06:19
beaucoup ont subi des stress post-traumatiques.
06:24
Donc on voit bien que c'est une vraie difficulté,
06:26
la réintégration de soldats qui ont connu la guerre, en effet.
06:28
Merci Général Christophe Gomart d'avoir été avec nous ce matin,
06:30
ancien directeur du renseignement militaire et donc député LR aujourd'hui au Parlement européen.
06:34
Bonne journée à vous.
06:35
Merci, au revoir.
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