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Dans son édito du 20/11/2025, Thomas Bonnet revient sur la situation de la France face aux guerres multiples : Covid, Russie ou encore le narcotrafic.

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Transcription
00:00C'est une petite musique qui fait son retour et elle a un air de chant militaire.
00:04En l'espace de quelques jours, nous avons eu la vente programmée de 100 rafales à l'Ukraine,
00:08le discours du chef d'état-major des armées au Congrès des maires,
00:11l'annonce du retour d'un service militaire sur la base du volontariat,
00:15et puis ce jeudi, aujourd'hui donc, le gouvernement qui met en ligne un kit de survie à destination de la population.
00:2127 pages où on vous explique comment vous comportez en cas de crise, notamment donc en cas de guerre,
00:26comment constituer un petit pactage pour parer à toute éventualité, vous le voyez à l'image.
00:31Alors qu'est-ce qu'il faut glisser dans sa trousse de survie ?
00:33Au passage également, quelques recommandations pour s'engager dans les armées,
00:37pourquoi pas dans la réserve de la gendarmerie.
00:39Promis, le gouvernement ne veut pas vous faire peur.
00:42D'ailleurs, il a renoncé à vous envoyer ce kit jusque dans votre boîte aux lettres.
00:46Le kit sera finalement diffusé en ligne.
00:48Il n'empêche, cette communication s'inscrit dans une séquence plus large
00:51dans laquelle l'État veut inviter les tensions du monde dans la vie de tous les jours.
00:55Le lexique guerrier fait désormais partie du quotidien.
00:58Guerre contre le Covid, guerre contre le narcotrafic et bientôt peut-être donc une vraie guerre.
01:03Alors cette semaine, c'est un discours du chef d'état-major des armées
01:06qui a suscité beaucoup de réactions face aux maires.
01:08Devant les maires, absolument réunis lors de leur congrès annuel,
01:11le SEMA, comme on dit, a tenu des propos qui étaient d'abord passés relativement inaperçus.
01:15Pourtant, Fabien Mandon a sans doute prononcé les mots les plus importants de la semaine.
01:19On va les découvrir.
01:20Nous avons tout pour dissuader Moscou, dit-il.
01:22Ce qui nous manque, c'est la force d'âme pour accepter de nous faire mal, pour défendre la nation.
01:27Il faut accepter de perdre nos enfants, de souffrir économiquement.
01:31Si nous ne sommes pas prêts à cela, alors nous sommes en risque.
01:33Il faut en parler dans vos communes.
01:35Voilà ce qu'il déclare devant les maires.
01:37Accepter de perdre nos enfants, cette formule lâchée avec une certaine légèreté, a de quoi nous sidérer.
01:42Car si on peut comprendre que le chef d'état-major des armées veuille alerter
01:45sur notre capacité collective d'implication en cas de conflit, est-ce son rôle de se lancer sur le terrain politique ?
01:51Surtout devant des maires qui ont certainement dû se demander ce qu'ils pouvaient bien y faire.
01:55La décision d'un engagement de nos forces armées est résolument politique
01:58et n'appartient pas à celui chargé d'assurer la préparation de nos militaires.
02:02La force d'âme ne se décrète pas au pas de charge.
02:05Elle doit être le fruit de décisions politiques de la part de responsables à qui le peuple a confié son destin.
02:10Ce n'est donc pas le rôle de la grande muette de jouer les lanceurs d'alerte en convoquant le patriotisme des enfants de la nation.
02:16Alors il est impossible que Fabien Mandon, le CEMAR, le chef d'état-major des armées,
02:20ait tenu ce discours sans l'aval du patron, du chef des armées qui est le président de la République,
02:24en l'occurrence en ce moment Emmanuel Macron.
02:27À travers lui, à travers le CEMAR, c'est donc la voix d'Emmanuel Macron qu'on entend ?
02:31Oui, on en vient donc à la question qui fâche.
02:33Emmanuel Macron veut-il ostensiblement placer la France dans un scénario d'affrontement avec la Russie ?
02:38Remettre en cause l'imminence de la guerre vous expose au procès en trahison,
02:42voire à être taxé de renouer avec l'esprit municois,
02:45comme si nous étions contraints et forcés de marcher dans les pas militaires du chef de l'État.
02:49Est-ce que la Russie constitue une menace ?
02:51Sans doute.
02:52A-t-on intérêt à mettre en scène l'affrontement à venir ?
02:55J'en suis moins persuadé.
02:56On ne peut pas s'empêcher de penser que l'horizon d'un conflit est aussi un bon moyen
02:59de surplomber les considérations quotidiennes,
03:01de dominer la scène politique et de donner une épaisseur artificielle
03:04à une génération de responsables politiques qui n'ont jamais connu le tragique.
03:07Une sorte d'attirance pour la grandiloquence martiale de l'époque,
03:11comme une porte d'entrée dans l'histoire et une opportunité de pousser un agenda idéologique.
03:15Car Emmanuel Macron n'est pas seul sur cette ligne.
03:18Le discours alarmiste est également de mise en Allemagne,
03:20où le ministre de la Défense estime que nous avons peut-être connu notre dernier été en paix.
03:25Il fixe également une date.
03:27Un conflit entre la Russie et l'OTAN pourrait intervenir avant 2029.
03:31Et ce constat justifie à lui seul le réarmement de l'Allemagne.
03:34Et pour ce qui concerne l'Europe, il justifie d'aller encore plus loin vers le fédéralisme.
03:38Pourquoi pas une armée commune ?
03:40Pourquoi pas également un partage de la dissuasion nucléaire ?
03:42Jean Monnet le disait, il a toujours pensé que l'Europe se ferait dans les crises.
03:46Eh bien, nous y voilà.
03:48La fin de la naïveté sur le vieux continent est indéniablement nécessaire.
03:50Elle ne doit cependant pas se faire à marche forcée,
03:53sans consultation des peuples et face à une menace qui doit apparaître de manière évidente.
03:57Après des décennies d'érosion de la confiance dans la parole politique,
04:00nous voilà contraints de lire dans le discours belliqueux de nos dirigeants
04:03une certaine tentative de diversion.
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