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00:00Allez, l'info se poursuit dans ce Paris Direct. Il est 14h30 à Paris. Place à votre rendez-vous.
00:05Derrière l'image, on prend le temps de décrypter l'info à partir de photos qui font sens.
00:09On est à deux jours de la fin de la COP30. On va retourner évidemment à Bélème pour faire le point avec Gabriel Maréchaux.
00:18Bonjour, journaliste à Zikonversation France, journaliste environnement.
00:22Vous avez justement sélectionné un cliché qui vous parle pour illustrer la fin de cette séquence.
00:28On va peut-être le regarder et vous allez nous l'expliquer.
00:31Oui, bonjour Elisabeth. Bonjour à tous et à toutes.
00:33Alors, tout à fait, c'est une photo qui a été prise la semaine dernière à Bélème.
00:37Alors, on y voit trois représentants de membres de populations autochtones du bassin amazonien
00:43qui écoutent le discours du président de la COP qui est cette année le diplomate brésilien André Correa d'Ollago.
00:50Alors, j'ai voulu vous montrer cette photo car elle me semble assez représentative d'un phénomène qu'on voit se dessiner COP après COP,
00:56celle de la présence grandissante des populations autochtones à ces événements.
01:01Alors, rappelez-vous, peut-être il y a dix ans, vous vous souvenez, on avait vu comme ça le classique Raoni,
01:06un des principaux chefs de l'ethnie Kayapo à la COP21 à Paris.
01:11Et donc là, dix ans plus tard, ils sont des milliers.
01:13Alors, on pourrait se réjouir de cela, de les voir de plus en plus visibles lors de ces COP,
01:18notamment à travers les médias.
01:21Mais s'ils sont de plus en plus visibles, ils ne sont pas forcément de plus en plus audibles.
01:26Tout simplement parce que beaucoup de ces représentants des populations autochtones qui se rendent au COP
01:30sont relégués aux marges de ces grands événements.
01:34Ils n'ont, pour la plupart d'entre eux, par exemple, pas accès à ce qu'on appelle la zone bleue
01:37qui, dans les COP, est la zone où ont lieu les négociations et où sont prises les décisions.
01:42Sur cette photo, on voit trois représentants des peuples autochtones qui écoutent le discours du président de la COP.
01:48Avec leur accréditation autour du coup, effectivement.
01:49Donc, eux ont dû potentiellement...
01:51Mais l'inverse, est-il vrai ? Est-ce qu'eux, on va les écouter ?
01:54C'est un peu tout l'enjeu pour tous ceux qui ont fait le déplacement.
01:57Voilà, cette COP qui se déroule en pleine forêt amazonienne, aux portes de l'Amazonie.
02:02Je crois que c'était vraiment une volonté de Lula, pour le coup, pour mettre le monde face à la réalité du changement climatique.
02:09C'était pourtant un symbole, car c'est le territoire de beaucoup de peuples autochtones aujourd'hui.
02:15Oui, tout à fait, Elisabeth. Vous le dites, c'est vraiment un symbole.
02:20Et c'est quelque chose que Lula a beaucoup mis en avant, en amont de cette COP.
02:24Pour l'instant, cependant, à deux jours de la fin, quand on se tourne du côté des populations autochtones,
02:29on voit que le bilan est plutôt mitigé, comme je vous propose de le constater par vous-même avec un reportage de France 24.
02:36Ils l'ont appelé « la grande marge des forêts ».
02:41En marge de la COP 30, dans les rues de Bélem, ces manifestants portent sur la tête des lampes de mineurs,
02:48en symbole de l'exploitation qui menace leur terre.
02:51Nous voulons avoir notre mot à dire, pouvoir prendre des décisions pour changer la société,
02:58pour une société plus juste et plus égalitaire.
03:01A l'intérieur de la COP 30, près d'un millier de représentants autochtones participent aux négociations.
03:09Ils réclament la fin de la déforestation, de l'exploitation des énergies fossiles
03:13et la protection de la biodiversité sur leur terre.
03:17Nous, les peuples autochtones, avons un grand défi à relever.
03:20Nous représentons 5% de la population mondiale
03:23et nous avons le devoir de protéger 80% de la biodiversité de la planète,
03:27ce qui n'est pas une mince affaire.
03:30La solution est de préserver la vie et de garantir la sécurité de ceux qui vivent dans la forêt.
03:38Les communautés autochtones sont en première ligne du changement climatique.
03:43C'est l'une des raisons pour lesquelles la COP se tient dans la forêt amazonienne.
03:46A une semaine de la fin des négociations, les tensions sont fortes.
03:52Ils entrent, ils entrent dans la COP 30.
03:55Ils vont essayer de passer la sécurité.
03:57Mardi, des manifestants se sont introduits de force dans les locaux de la COP.
04:02Certains chefs autochtones ont revendiqué cette action
04:04comme un moyen de faire entendre leur désespoir.
04:09Justement, à la toute fin de ce reportage,
04:11ces murs qui ont essayé d'être percés par...
04:13Une séquence forte et qui a fait le tour du monde d'ailleurs.
04:15Oui, c'est justement ces murs qui séparent de la zone bleue,
04:19celle où sont prises les décisions et où ont lieu les négociations.
04:23Alors, on l'a vu aussi dans ce reportage,
04:25certains membres et représentants des populations autochtones
04:27sont dans cette fameuse zone bleue.
04:29On a entendu l'un d'eux.
04:32Tout l'enjeu sera de savoir s'ils auront véritablement voix au chapitre
04:35et s'ils pourront aussi représenter tous ceux beaucoup plus nombreux
04:38qui sont sommés de rester dehors.
04:41Alors, ces peuples autochtones, parlons-en.
04:43Ils représentent aujourd'hui une minorité de la population.
04:46Ça, on le sait, population mondiale.
04:48Mais quand il est question des écosystèmes,
04:50c'est une minorité de la plus haute importance, forcément.
04:53Oui, tout à fait.
04:54Alors, si on prend la population mondiale,
04:56effectivement, ils ne représentent que 5%.
04:57Ça peut sembler peu.
04:59Mais si on regarde les territoires où ils habitent,
05:01eh bien, on voit que ces territoires, c'est un quart de notre planète.
05:04Et si maintenant, on prend le carbone séquestré par les forêts tropicales,
05:09qui est crucial de protéger à l'heure du changement climatique,
05:12eh bien, on voit que 22% de ce carbone,
05:14eh bien, il provient de terres habitées par ces populations autochtones.
05:18Je dis habitées, mais pas forcément protégées
05:20ou juridiquement considérées comme telles,
05:23puisque un tiers de ces terres, justement,
05:24n'a pas de statut légal qui les protège.
05:27Ce qui les rend donc très vulnérables, vous l'imaginez,
05:29aux appétits industriels, qu'ils soient miniers ou ceux de l'agroalimentaire.
05:33Et parfois, au nom du climat, d'ailleurs,
05:36des peuples autochtones peuvent aussi se retrouver expulsés de leurs propres terres.
05:39Oui, oui, oui, tout à fait.
05:40C'est quelque chose qu'on note de plus en plus
05:43et qui inquiète ces dernières années,
05:44notamment dans le cadre de projets qu'on appelle REDD+,
05:47pour réduction des émissions liées à la déforestation
05:50et à la dégradation des forêts.
05:52Alors, ces projets REDD+, ils sont chapeautés par l'ONU
05:54et ils permettent à des organismes privés ou publics
05:57qui viennent en général de pays du Nord industriels
06:00de compenser leurs propres émissions carbone
06:02en achetant des crédits carbone
06:04qui sont censés garantir la protection de certaines forêts.
06:09Mais on a vu que dans certains projets REDD+,
06:12dans le cadre de ces projets,
06:13des populations autochtones avaient pu être expulsées de leurs terres
06:16au Pérou, par exemple, ou au Cambodge, ou en RDC.
06:20Et la chercheuse Marina N'Goty,
06:21dans un article publié sur The Conversation,
06:23elle pointe elle aussi que certaines activités,
06:25même des peuples autochtones,
06:27sont aussi menacées au nom du climat.
06:29Parfois, elle se penche, par exemple, sur le cas du Tchad.
06:32Elle a regardé le document que le Tchad a rédigé
06:34où il explique ce qu'il compte faire pour lutter contre le changement climatique.
06:38Chaque pays doit, dans le cadre des COP, rédiger un tel document.
06:42Et dans celui du Tchad,
06:43elle note que d'un côté, il est dit qu'il faut protéger les savoirs autochtones,
06:48mais de l'autre, certaines activités autochtones dans des aires protégées,
06:51alors ça peut être des activités pastorales, de chasse, de pêche,
06:54sont considérées comme négatives.
06:56Donc, encore une fois, quelque chose d'assez ambigu
06:58et qui peut porter préjudice au peuple autochtone.
07:02Pendant ces COP, on met beaucoup en avant les chiffres,
07:05évidemment, les documents administratifs.
07:07Les forêts, ça ne se résume évidemment pas qu'à ça.
07:09Oui, tout à fait.
07:10Quand on écoute les peuples autochtones,
07:12on entend beaucoup dans leurs discours
07:14les mentions des savoirs qui sont les leurs,
07:16de liens qu'ils entretiennent avec la forêt,
07:19de valeurs cardinales qui sont les leurs.
07:21Et très rapidement, en fait, on se rend compte que leur survie,
07:24tout simplement, dépend de ces territoires où ils habitent.
07:28Alors, pour nous, ça peut sembler parfois difficile
07:30de prendre vraiment la mesure de tout cela.
07:32Pour quand même essayer d'illustrer ces réalités,
07:35je suis allée un peu fouiller dans les articles,
07:37dans les archives de The Conversation,
07:39et j'ai retrouvé une histoire qui, rappelez-vous,
07:42Elisabeth, en 2023, avait un peu fasciné le monde entier.
07:46Ça se passait en Colombie,
07:47et beaucoup de personnes à travers le monde
07:49avaient suivi, un peu ébahis,
07:51la recherche de quatre enfants autochtones
07:53âgés de 1 à 13 ans
07:55qui avaient été perdus dans la jungle
07:58suite à un crash aérien
07:59et qu'on avait retrouvés vivants au bout de 40 jours.
08:01Je vous propose un peu de vous rafraîchir la mémoire
08:03avec une archive d'un reportage de l'époque sur France 24.
08:07C'est un sauvetage qui relève du miracle.
08:11Ces militaires colombiens hissent quatre enfants
08:13dans un hélicoptère.
08:15Alors qu'ils étaient perdus dans la jungle amazonienne
08:18depuis 40 jours,
08:19tous sont bien vivants.
08:23Aujourd'hui a eu lieu une opération sans précédent
08:25dans l'histoire de notre pays.
08:27Nous avons réalisé, avec l'aide de Dieu,
08:29une chose que nous pensions impossible.
08:31Âgés de 1 à 13 ans,
08:34les enfants ont vécu un crash d'avion le 1er mai.
08:37Avec eux, leur mère, le pilote et un proche,
08:40tous décédés.
08:42L'armée avait retrouvé leur corps dans l'appareil.
08:45Depuis, plus de 100 soldats
08:47et des dizaines d'indigènes locaux
08:49accompagnés de chiens renifleurs
08:50étaient mobilisés pour les recherches.
08:53Sans relâche,
08:54ils ont suivi des traces de pas
08:56et d'autres indices
08:57avant de retrouver finalement
08:59les jeunes miraculés à 5 km.
09:01de l'avion.
09:04Alors à l'époque,
09:04on avait beaucoup parlé de miracles.
09:07Est-ce que c'était vraiment le cas ?
09:08Eh bien, pas vraiment
09:09pour l'anthropologue Eliran Arazi
09:12qui, à l'époque,
09:12nous avait écrit un article.
09:14Alors cet anthropologue,
09:15il connaît bien la communauté autochtone
09:17dont sont issus ces jeunes enfants.
09:19Pendant ces 40 jours
09:20où on les avait recherchés,
09:22il avait pu échanger
09:22avec des membres de leur famille.
09:24Et il rapporte dans l'article à l'époque
09:26que les membres de leur famille
09:28sont plutôt confiants
09:29dans le fait qu'on va les retrouver vivants.
09:31Et pourquoi ça ?
09:32Eh bien, parce qu'en fait,
09:33ces enfants,
09:34depuis leur naissance,
09:35en quelque sorte,
09:35ils ont été préparés
09:37à pouvoir survivre
09:38à une telle épreuve.
09:39On a pu, par exemple,
09:40leur inculquer
09:41quel fruit était comestible ou non.
09:43Comment, face à une plante inconnue,
09:45savoir s'il faut s'en méfier ou non.
09:46En regardant, par exemple,
09:47si des singes la mangent ou pas.
09:50En regardant comment éviter,
09:52par exemple,
09:53à travers les odeurs et les traces,
09:54le guépard qui peut être dangereux.
09:56Comment s'orienter.
09:57Bref, tout un tas de savoirs
09:58qui a rendu leur survie possible
10:00pendant 40 jours dans la jungle.
10:01Donc, pour résumer,
10:02si ça avait été vous et moi,
10:03on n'aurait pas fait long feu,
10:03mais eux avaient effectivement
10:05reçu les connaissances suffisantes
10:06pour tenir dans la durée
10:09et pour survivre.
10:10On sait aussi que les enfants,
10:11comme les membres de leur communauté
10:13qui les cherchaient,
10:14entretenaient des liens spirituels
10:16avec la forêt.
10:17Ça, c'est intéressant.
10:18Oui, tout à fait.
10:18C'est aussi ce que rapporte cet anthropologue.
10:21Il rapporte, en fait,
10:21dans la vision du monde
10:22de cette communauté,
10:23eh bien, la forêt appartient
10:25aux esprits des plantes
10:26et des animaux qui y vivent.
10:28Ça peut sembler très éloigné de nous
10:29et nous dépasser.
10:30Mais pour cet anthropologue,
10:31c'est aussi quelque chose
10:32qui a été crucial
10:33dans la survie de ses enfants
10:34puisqu'il explique que
10:35chaque enfant dans cette communauté
10:36est présenté aux esprits
10:38de cette forêt à sa naissance,
10:39que pendant ces 40 jours de recherche,
10:42les membres de leur famille
10:43ont invoqué ces esprits.
10:44Peut-être que les plus grands des enfants
10:46ont fait d'eux-mêmes dans la forêt.
10:47Et qu'en fait,
10:48tous ces liens spirituels
10:50ont aussi sans doute
10:51permis leur survie
10:52puisqu'ils ont permis
10:54à la fois aux personnes
10:55qui les cherchaient
10:56et aux enfants
10:56tout simplement
10:57de ne pas baisser les bras
10:58parce qu'ils avaient confiance
10:59dans cette forêt
11:00dans laquelle ils ont pu survivre
11:0340 jours.
11:04Alors, c'est vrai, effectivement,
11:05que nous, on est très éloignés
11:06de cette réalité.
11:07Je pense que aussi,
11:08si cette histoire a fasciné
11:09notamment en Europe
11:10et en Amérique du Nord,
11:12par exemple,
11:12c'est aussi parce que
11:13nous, en parallèle,
11:14on voit,
11:15il y a beaucoup d'émissions
11:16à succès
11:17qui mettent en scène
11:17des Européens,
11:19des Américains du Nord
11:19qui tâchent de survivre
11:20dans des écosystèmes
11:21tropicaux
11:22comme celui-ci.
11:25Et c'est saisissant
11:25de voir que des enfants,
11:27je rappelle,
11:27l'âge de 1 à 13 ans,
11:29peuvent, eux,
11:29pendant 40 jours,
11:31y s'y sustenter
11:32et être retrouvés
11:33sans problème
11:34de santé grave.
11:35en me replongeant un peu
11:36dans cette histoire
11:37pour préparer
11:37cette chronique,
11:38Elisabeth,
11:39une autre chose
11:39qui m'a saisie,
11:40c'est que j'ai re-regardé
11:41un peu ce qui avait été écrit
11:42dans la presse de l'époque
11:43et j'étais un peu saisie
11:45par la façon
11:46dont les médias occidentaux
11:47évoquaient cet écosystème
11:49où l'on recherchait
11:49ces enfants.
11:50D'aucuns ont parlé
11:51de l'enfer amazonien,
11:53de terres hostiles,
11:54inhospitalières.
11:55Je pense qu'on a tendance
11:56à oublier
11:57que les forêts amazoniennes
11:58sont habitées
11:59par des populations humaines
12:00depuis des millénaires.
12:01Et si en fait
12:03on les considère
12:03comme vides de vie humaine
12:05ou alors remplies de vie
12:07mais de vie hostiles,
12:09infernales,
12:10et bien c'est peut-être
12:10sans doute plus facile
12:11de les raser
12:12et c'est catastrophique
12:14de les voir
12:16devenir de plus en plus minimes
12:19parce que
12:20toute la population mondiale
12:21en bénéficie grandement
12:23à l'heure du changement climatique
12:24et puis surtout,
12:25enfin,
12:25c'est l'habitat
12:26de certaines populations
12:27qui sont certes
12:28de moins en moins nombreuses
12:29malheureusement
12:30mais qui tâchent
12:31de faire entendre leur voix
12:32notamment lors de cette COP à Bellem.
12:35Merci beaucoup
12:35Gabrielle Maréchaux
12:36pour cette mise en lumière
12:37de ces peuples autochtones
12:38justement
12:39à l'heure où la ministre française
12:42tiens justement
12:43Monique Barbuth
12:43qualifie cette COP 30
12:46à l'instant
12:46on est encore loin d'un accord
12:49vous qui rappelez
12:50que nous sommes à deux jours
12:51de la fin de ce sommet conférence
12:53pour le climat organisé à Bellem.
12:56Voilà pour ce rendez-vous
12:56merci de l'avoir suivi
12:57vous restez évidemment avec nous
12:58dans quelques instants
12:59ce sera le grand format du jour
13:02le focus
13:02on vous laisse regarder
13:03merci de l'avoir suivi
13:04merci de l'avoir suivi
13:04merci de l'avoir suivi
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