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00:00Bonjour et bienvenue en Tête à Tête sur France 24. Notre invité cette semaine est Anissé-Georges
00:16Deloguelé. C'est le président de l'Union pour le renouveau centrafricain. Il est avec nous depuis
00:21Bangui, la capitale de Centrafrique. Merci beaucoup d'être notre invité. Merci de m'avoir invité.
00:29– Alors le 14 novembre, le Conseil constitutionnel a proclamé la liste définitive des sept candidats
00:35à l'élection présidentielle qui est prévue le 28 décembre. Parmi eux figurent le président sortant,
00:41Faustin-Archange Touadéra, ainsi que deux anciens premiers ministres, Henri-Marie Dondra et vous-même.
00:47Et vous aviez pourtant crié au loup affirmant qu'on voulait absolument vous empêcher de vous présenter
00:52pour la troisième fois face au président Touadéra. Finalement, vous pouvez être candidat.
00:59Pourquoi est-ce que vous étiez si inquiet et pourquoi est-ce que vous pensez être candidat du coup ?
01:05– Écoutez, beaucoup d'obstacles ont été mis pour empêcher ma candidature.
01:10Déjà dans une constitution qui exigeait que les binationaux ne se présentent pas.
01:15Tout le monde savait que cela m'était destiné.
01:18Quand j'ai renoncé à ma nationalité française, du jour au lendemain, on m'a dit que je n'étais plus centrafricain,
01:25ce qui était inédit dans le pays.
01:28Et donc, il y a eu une bataille juridique où les magistrats étaient manipulés pour ne pas faire leur travail.
01:35Ils ont résisté.
01:36Et heureusement qu'ils ont résisté parce que le droit a été dit, ma nationalité a été reconnue.
01:43Et je suis candidat, j'en suis heureux et mes électeurs également.
01:48– Mais est-ce que vous êtes surpris de la décision du Conseil constitutionnel ?
01:51Vous aviez l'impression que le pouvoir en place ne voulait pas de vous sur la ligne de départ.
01:57– Jusqu'à la dernière seconde, tout ce qui était pris comme ordonnance pour annuler les certificats de nationalité,
02:06toutes les pressions qui étaient faites sur les juges, nous étions tous au courant.
02:11Ça n'a pas été facile.
02:13Jusqu'à la dernière seconde, ça n'a pas été facile.
02:16Le pouvoir ne voulait absolument pas que ça se passe ainsi.
02:19– Alors pendant ces débats agités, vous avez aussi mis en cause la peut-être nationalité centrafricaine
02:26de certains autres candidats en disant qu'ils devaient prouver qu'ils étaient des vrais centrafricains.
02:32Est-ce que vous parliez du président Touadéra ?
02:34– Écoutez, je n'ai pas voulu rentrer dans la boue qu'il a créée.
02:39Il a mis une grosse boue dans la constitution.
02:43Si j'avais voulu m'en occuper, je crois qu'il aurait eu des problèmes lui-même
02:47pour prouver ses origines.
02:50Pas qu'ils ne soient pas centrafricains, mais il a sorti la notion de centrafricains d'origine,
02:56donc de père et de mère centrafricains d'origine.
02:59Je n'ai pas voulu rentrer dans cette boue.
03:01Nous sommes tous des centrafricains.
03:03Nous devons respecter le fait que depuis notre naissance, nous sommes des centrafricains.
03:08Donc amener ces éléments de division dans une constitution
03:10pour quelqu'un qui est président en exercice d'un pays, c'est Dormesh.
03:15– Alors ceci dit, donc maintenant, et vous et lui, vous êtes candidat.
03:21Il est clairement favori.
03:23Est-ce que vous pensez que le scrutin sera transparent ?
03:25Et est-ce que vous vous engagez aujourd'hui à accepter le verdict des urnes,
03:29même s'il ne vous est pas favorable ?
03:31– Vous savez que s'il était favori, il n'aurait pas multiplié tous ses obstacles
03:37pour m'empêcher d'être candidat.
03:40Quelqu'un qui est sûr de lui, de son bilan,
03:43ne fait pas tout pour empêcher un challenger de l'affronter.
03:46Donc lui-même a montré aux yeux du monde qu'il n'était pas favori.
03:50Et il a montré aux yeux du monde que le favori, c'était moi.
03:53– Alors, il y a un problème quand même pour vous,
03:56c'est que le Bloc républicain pour la défense de la constitution de 2016,
04:01le BRDC, c'est la principale plateforme de l'opposition,
04:04elle boycotte le scrutin, elle a réaffirmé ces derniers jours ce boycott,
04:08parce qu'elle accuse le pouvoir de verrouiller le processus électoral,
04:12et elle a affirmé qu'elle ne soutient pas votre candidature,
04:16c'est quand même un problème pour vous.
04:19– Ce n'est pas spécialement un problème, c'est une décision que je respecte.
04:23– Mais que vous regrettez.
04:24– Oui, que je regrette, parce que je pense sincèrement
04:29que pour faire partir Toadera, il faut le sortir par les urnes.
04:33Sinon, on peut boycotter, le laisser se faire élire,
04:38et puis passer sept ans encore à le critiquer.
04:41Donc pour moi, il fallait qu'on se mette ensemble,
04:44qu'on déjoue tous les pronostics par rapport à la transparence
04:49de ces élections-là qui sont complètement remises en question.
04:52mais c'est possible de déjouer les pronostics,
04:56de barrer la route à toutes ces tentatives de fraude.
04:59Mais je voulais qu'on se mette ensemble pour le faire.
05:01Ils n'ont pas voulu, je respecte cela,
05:03mais bon, ça c'est les leaders maintenant.
05:06Ceux qui votent, c'est la totalité de la population.
05:09Donc j'espère que la population, toute population confondue,
05:13y compris les militants du parti au pouvoir,
05:17se rendant compte de l'échec de ce régime,
05:22et ils voteront pour moi.
05:23Mais est-ce que vous ne craignez pas,
05:25c'est leur argument à cette coalition,
05:27d'être, entre guillemets, l'idiot utile,
05:29celui qui va légitimer un scrutin
05:31qui, de toute façon, ne sera pas transparent ?
05:36Oui, pour le moment,
05:39tout est fait pour que ce ne soit pas transparent.
05:41Nous ferons en sorte que ça le soit.
05:43Vous savez, j'ai tout sauf l'air d'un idiot.
05:47Alors, la question sécuritaire pèse évidemment sur ce scrutin
05:51et depuis des années dans le pays.
05:53Le président Touadéra a affirmé récemment,
05:56dans cette même émission,
05:57que 11 des 14 groupes armés répertoriés
06:00ont accepté le désarmement.
06:02Il avait bon espoir que tout se fasse de même.
06:04Est-ce que, quand même, vous mettez à son crédit
06:06l'amélioration de la situation sécuritaire en Centrafrique ?
06:10La sécurité, c'est le sentiment
06:14que ressentent les populations d'être en sécurité.
06:18Pour le moment,
06:20je ne peux pas dire que ça ne s'est pas amélioré,
06:23mais les populations ne ressentent pas encore
06:25vraiment le sentiment d'être en insécurité.
06:28Les groupes armés qui devaient être démobilisés
06:30ne l'ont été que très, très, très partiellement.
06:34Pour le moment, la plupart sont encore sur le terrain.
06:37Donc, je pense qu'il ne faut pas crier victoire trop vite.
06:42En 2021, le président français Emmanuel Macron
06:45avait affirmé que le président Touadéra
06:47était l'otage de Wagner,
06:49ce groupe russe de mercenaires
06:51dont la présence en Centrafrique a été très importante.
06:56Est-ce que ce groupe est toujours là ?
06:59À travers peut-être l'Africa Corp,
07:01ce qui l'a remplacé,
07:02est-ce qu'il y a toujours une telle présence sur le terrain ?
07:06Et est-ce que vous estimez que c'est une bonne chose
07:09ou qu'il faut justement changer la donne ?
07:13J'apprends que la relève va commencer.
07:18J'apprends que certains Wagner partent
07:20et que le chiffre est en train de baisser,
07:24que la relève va se faire.
07:26Je n'ai pas beaucoup de précision.
07:28La seule chose que je peux vous dire,
07:29c'est que les populations souhaiteraient
07:34ne plus être brutalisées.
07:37Ce que je pourrais vous dire avec certitude,
07:40c'est que les finances de l'État
07:42gagneraient à profiter un peu plus
07:44des richesses qui sont exploitées.
07:47Maintenant, les relations avec un grand pays
07:50comme la Russie sont des relations bilatérales.
07:52Nous sommes en train de parler de groupes armés,
07:56de mercenaires.
07:59Ce qui est souhaitable pour la population centrafricaine,
08:03pour mon pays,
08:04c'est qu'il y ait des relations saines
08:06qui profitent à tout le monde.
08:08Et non pas seulement à M. Toadera.
08:10Vous avez parlé des finances.
08:14Il se dit que Moscou demanderait
08:16un financement mensuel
08:17de l'ordre de 15 millions de dollars
08:19à la Centrafrique,
08:21justement pour que l'Africa Corp
08:22remplace véritablement Wagner.
08:25Est-ce que cela vous inquiète ?
08:27Si c'est ce montant,
08:31si c'est le montant de 15 millions de dollars
08:33en l'état actuel des ressources de l'État,
08:36des recettes de l'État,
08:38nous ne sommes pas en mesure de le faire
08:40parce que cela représenterait
08:42pratiquement 70% des recettes
08:45de l'État centrafricain.
08:48Donc, il ne resterait que quelques 30%
08:50pour faire fonctionner le pays.
08:52Ce n'est pas possible.
08:54Donc, je pense que tout s'obtient
08:55par la négociation.
08:57Si vous êtes élu,
09:00quelles seraient vos premières décisions ?
09:02Qu'est-ce que doit faire un président élu
09:06ou réélu si c'est Faustin-Archange-Touadéra ?
09:09Mais si c'est vous,
09:11quelles sont vos premières décisions ?
09:14Écoutez, si c'est Faustin-Archange-Touadéra,
09:16ce sera la poursuite de la descente aux enfers.
09:20Si c'est moi, c'est apaiser le climat politique,
09:25apaiser le sentiment qu'ont les centrafricains
09:29d'être brutalisés,
09:32parce qu'il y a vraiment de la dictature,
09:34ça ne se voit pas de loin,
09:36mais elles le vivent au quotidien.
09:39Et puis surtout, s'attaquer à l'économie,
09:42s'attaquer aux questions économiques
09:43pour que les populations vivent mieux
09:46et que l'État centrafricain dispose des ressources
09:49pour reconstruire les infrastructures.
09:50– Dernière question,
09:53on a parlé de la modification de la Constitution en 2023.
09:58Est-ce que vous craignez que si le président Touadéra l'emporte,
10:02vous pensez qu'il ne gagnera pas,
10:04mais s'il gagne,
10:05que cela peut ouvrir la voie à une présidence à vie,
10:10avec des mandats qui se répètent,
10:11qui se répètent,
10:12et des élections pas forcément transparentes ?
10:14– Écoutez, c'est un désastre
10:17que je n'ose pas envisager pour les centrafricains.
10:20Si c'était le cas, vraiment,
10:22ce serait un désastre,
10:24parce qu'il ne cache pas son jeu.
10:26Il a l'intention, effectivement,
10:28d'être président à vie,
10:29mais là n'est pas la question.
10:31Ils ont envie de continuer à détruire ce pays
10:33de manière cynique.
10:34Et ça, ce n'est pas acceptable.
10:36– Alicé, Georges de Golégué,
10:39merci beaucoup d'avoir répondu
10:41aux questions de France 24
10:42depuis Bangui, en Centrafrique.
10:45Et merci à vous d'avoir suivi cet entretien.
10:48– Sous-titrage ST' 501
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