Ultra fast-fashion : la résistance s'organise

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00:00Musique

00:00Accueil en grande pompe.

00:25Pour la première fois,

00:26Shein passe du web au grand magasin.

00:28Mais le roi de l'ultra-fast fashion

00:31divise les Français.

00:35Si vous n'êtes pas du très low cost

00:37ou du luxe,

00:38vraiment, l'avenir est assez sombre.

00:41Concurrence déloyale,

00:43inflation, baisse du pouvoir d'achat,

00:45la moitié des commerces de mode

00:47se portent mal.

00:48Des milliers d'emplois ont déjà disparu.

00:51Tu trouveras du travail.

00:53Des vêtements toujours moins chers,

00:55toujours plus éphémères,

00:57envahissent le marché.

00:58La part de responsabilité

01:00des fabricants est certaine,

01:02mais il y a aussi notre société

01:04aujourd'hui qui a changé.

01:05Dans un secteur sinistré,

01:08comment survivre

01:09face à l'ultra-fast fashion ?

01:12Le BHV,

01:19bazar de l'hôtel de ville.

01:22Magasin ancestral

01:23de la mode française.

01:24Dès son ouverture ce jour-là,

01:27une queue interminable.

01:29Pour la première fois au monde,

01:31Xi'in ouvre un magasin

01:32très attendu par les fans.

01:35Le BHV,

01:36c'est un magasin chic et bourgeois.

01:39Donc, de voir en fait

01:40la cohabitation

01:42du type avec le chic.

01:45On a beaucoup de choix

01:47au niveau accessoires

01:48et vêtements

01:49et c'est un peu indéfini

01:50ce qu'ils ont.

01:52Vous trouvez de la taille

01:54XS à 6XL,

01:56donc c'est vraiment

01:56pour tout le monde.

01:59Fabuleux pour certains,

02:01scandaleux pour d'autres.

02:02On tabou !

02:05Stop Xi !

02:07Ces manifestants dénoncent

02:08ce qu'ils appellent

02:09un pacte avec le diable.

02:11Xi'in, c'est des produits

02:12qui sont faits à peu près

02:13à 80% de polystyrène,

02:15donc c'est du plastique

02:16qui est extrêmement polluant.

02:17Ça utilise à l'autre bout du monde

02:20des travailleurs

02:21dans des conditions inhumaines,

02:22voire des esclaves modernes,

02:24que c'est absolument destructeur

02:25pour le petit commerce

02:27et le commerce indépendant.

02:28Ben non, en fait ça suffit.

02:29C'est pas possible

02:30et on peut pas continuer

02:31à faire ça.

02:32Xi'in dément ses allégations

02:34et continue d'attirer les clients

02:36avec jusqu'à 10 000 nouveaux modèles

02:39par jour en ligne

02:40à des prix imbattables.

02:43Le roi de l'ultra-fast fashion

02:44fait près de 40 milliards de dollars

02:47de vente à travers le monde.

02:49Pour le patron du BHV,

02:50ce nouveau partenariat fait sens.

02:53Je dis pas qu'on va solutionner

02:54le problème de ces plateformes

02:55de fast fashion,

02:56mais ce que je pense,

02:57c'est qu'on va dans une démarche

02:58beaucoup plus positive

02:59parce qu'en fait,

03:00on va offrir le moyen

03:01pour les clients de toucher,

03:02d'essayer.

03:03Donc on sera peut-être moins

03:04dans l'achat déraisonnable,

03:07mais davantage dans un achat contrôlé.

03:09Pour beaucoup,

03:11l'arrivée de Xi'in

03:12porte le coup de grâce.

03:14Redressement judiciaire,

03:16liquidation,

03:18la moitié des commerces de mode

03:19serait en grande difficulté financière.

03:2337 000 emplois disparus

03:24en à peine 10 ans.

03:27Des marques historiques françaises

03:29ont baissé le rideau

03:30comme camailleux

03:31ou encore naf-naf,

03:37un fleuron du prêt-à-porter

03:38des années 90.

03:41Annick y travaillait depuis 30 ans.

03:43Sa boutique a fermé

03:45du jour au lendemain.

03:46On a une visio

03:49avec une personne

03:50qui dit

03:50« Voilà, 17 magasins,

03:52ce sont tel et tel.

03:53Au revoir, bonne soirée. »

03:55Et on coupe court

03:55et là, vous êtes devant

03:56votre ordinateur.

03:59Déjà fragilisée

04:01par la pandémie

04:01et l'inflation,

04:03la chute des marques françaises

04:04s'accélère depuis 3 ans.

04:07À la Chambre de commerce,

04:09élus et chefs d'entreprise

04:10s'organisent.

04:12Au cœur des discussions,

04:13comment relancer l'industrie

04:15du prêt-à-porter ?

04:16On va utiliser

04:17ces problématiques-là

04:18pour en créer de l'innovation

04:21et devenir leader,

04:22innover,

04:23pour pouvoir inciter

04:25nos entreprises

04:26à fabriquer plus propre

04:27mais sans être...

04:28Parce qu'il y a un problème

04:29de concurrence éloyale.

04:30Mais comment produire mieux

04:32et à moindre coût

04:33quand en moyenne,

04:35145 colichines

04:36rentrent en Europe

04:37chaque seconde ?

04:39L'enjeu pour le commerce,

04:41c'est de jouer

04:41à armes égales.

04:43Les chefs d'entreprise

04:44veulent que les règles,

04:45les obligations de conformité

04:47et de sécurité

04:48soient respectées.

04:50Et ils veulent aussi

04:51que les petits colis

04:52en provenance

04:53de pays hors UE

04:54soient taxés,

04:55comme le prévoit

04:56le projet de loi

04:57anti-fast fashion.

04:58Cette loi est censée

05:00limiter les dégâts

05:01de la mode éphémère.

05:03Taxes sur les colis

05:04de moins de 2 kilos,

05:06interdictions de publicité,

05:08malus écologiques.

05:10Des mesures adoptées

05:11en juin dernier,

05:12mais la Commission européenne

05:14juge le texte trop flou,

05:16incohérent avec le droit européen.

05:18La France doit donc

05:19revoir sa copie.

05:22Dans le Nord,

05:23à Lille,

05:24une entreprise

05:25tire son épingle du jeu.

05:26qui habille,

05:28la marque de mode préférée

05:29des Français,

05:30a fait plus 5%

05:31de chiffre d'affaires

05:32en un an.

05:33Des résultats étonnants

05:34dans un secteur sinistré.

05:37Ici, on a par exemple

05:37nos produits coup de cœur

05:38en entrée de magasin

05:40avec cette petite veste.

05:42Clémence dirige

05:43la section enfants

05:44et dit adopter

05:46une stratégie contraire

05:47à l'ultra-fast fashion.

05:49C'est toi qui vas présenter

05:50tous les coups de cœur de l'enné.

05:51On est vraiment dans une démarche

05:52de réduire l'offre

05:53que l'on propose

05:54à nos clients

05:55en s'appuyant notamment

05:56sur une offre

05:56de produits basiques

05:58et notamment

05:59nos essentiels

06:00dans des gammes

06:01désaisonalisées

06:02qu'on va pouvoir associer

06:04hyper facilement

06:05en termes de coloris

06:06et qui vont pouvoir

06:07se transmettre

06:08au fil du temps

06:10avec cette envie

06:12de les rendre durables

06:13et pourquoi pas

06:14de leur donner

06:14une seconde vie.

06:16La seconde main justement.

06:18Ce marché en plein boom

06:19pèse plus de 6 milliards d'euros

06:21sur des sites

06:22comme Vinted

06:23ou Le Bon Coin

06:24les articles d'occasion

06:25séduisent 80%

06:27des Français

06:27qui habillent

06:29la bien-compris

06:29et mélangent

06:30de la seconde main

06:31dans ses rayons

06:32de produits neufs.

06:34Je viens

06:35une fois

06:36tous les 3 mois

06:38mais quand je viens

06:39je repars pas

06:40aller ma vide.

06:42Moi ce qui me plaît

06:43sincèrement

06:43c'est à peu près tout.

06:44Je trouve que c'est abordable.

06:46C'est des produits

06:46de qualité.

06:47On a peut-être

06:4830-40%

06:50des vêtements

06:50qui viennent d'ici.

06:51La marque à bas prix

06:53se veut plus écolo

06:54et vient d'interdire

06:55le polyester vierge.

06:57Place maintenant

06:58au textile plus noble.

07:01Virginie source

07:02les matières premières.

07:0475% sont en coton.

07:06Une fibre naturelle

07:07mais produite en Asie

07:09là où les coûts sont bas.

07:10Ici on a

07:13cette petite collection

07:15capsule

07:15qu'on a réalisé

07:17avec du coton bio

07:18qui provient

07:19de l'ONG

07:20Organic Cotton Accelerator

07:22avec qui on travaille

07:24sur des champs de coton

07:25en Inde

07:25et on l'a mélangé

07:27ce coton bio

07:28avec du chanvre français

07:30qui vient

07:30de la région parisienne.

07:32En 26 ans de carrière

07:34Virginie constate

07:35une évolution.

07:37Kiabi est aujourd'hui

07:38partenaire d'ONG française

07:40néerlandaise

07:41et américaine

07:42pour maîtriser

07:43la traçabilité

07:44des produits.

07:47Avant en fait

07:48on se reposait

07:49complètement

07:50sur l'usine de confection

07:51pour aller chercher

07:52les matières

07:53pour Kiabi

07:54et donc on n'avait

07:56aucune visibilité

07:57sur d'où elles venaient

07:58combien elles coûtaient

07:59combien de temps

08:00ça allait prendre

08:01pour les acheminer

08:02à l'usine de confection

08:03et ça, ça a changé.

08:05Un tournant écologique

08:07qui arrive peut-être

08:08trop tard.

08:09L'industrie

08:10de la fast fashion

08:11et de l'ultra fast fashion

08:13fait déjà des ravages.

08:16Nous voici

08:17au sud de Paris

08:18dans l'une des 200 structures

08:20d'Emmaüs

08:21qui reçoivent

08:22en moyenne

08:22une tonne

08:24de dons par jour.

08:26Nous

08:26dans cette

08:26salle de tri

08:28il y a

08:299 personnes

08:29permanentes

08:30et il y a

08:31les bénévoles

08:32qui viennent

08:32une fois par semaine

08:33pour nous aider

08:34et avec tout cela

08:35on croule

08:37sous les dents

08:37et sous les vêtements

08:38qui sont

08:39sales

08:40déchirés.

08:41Samia travaille ici

08:42depuis 15 ans.

08:44Au fil des années

08:44elle a vu la qualité

08:46des dons se dégrader

08:47la faute

08:48à l'ultra fast fashion.

08:50Sur une tonne

08:51de vêtements

08:51seuls 20%

08:53sont redonnés

08:54ou vendus.

08:55Le reste

08:55est jeté

08:56au mieux

08:57recyclé.

08:58Si les touts

08:59on les trouve

09:00abîmés.

09:01Il y a 15 ans

09:02la moitié

09:03restait encore

09:04de bonne qualité.

09:06Ces déchets

09:07doivent être

09:07collectés

09:08minimum

09:09deux fois

09:09par semaine

09:10pour libérer

09:11la place.

09:12Un casse-tête

09:13pour Jean-Paul

09:13responsable

09:14du centre.

09:16Pendant notre tournage

09:17il apprend

09:17que son prestataire

09:18est lui-même

09:19submergé

09:20par les poubelles

09:21de la mode éphémère.

09:22Vu que notre salle

09:23n'est pas

09:23à Versailles

09:25il n'y a personne

09:25qui va venir les prendre

09:26moi je les fous

09:27à la benne

09:28sauf que la benne

09:28quand je les fous

09:29à la benne

09:29je me retrouve

09:30avec 5000 euros

09:30de traitement de déchets.

09:31Un gaspillage record

09:33lié à la surconsommation.

09:36Un français

09:36achète en moyenne

09:3742 pièces neuves

09:39d'habillement

09:39par an

09:40soit 10 millions

09:41par jour

09:42à travers le pays.

09:44Beaucoup de gens

09:45se font berner

09:45et malheureusement

09:46c'est la loi du commerce

09:47leur fait la demande

09:49des gens veulent

09:49paraître

09:50les gens veulent avoir

09:51beaucoup de vêtements

09:52à très bas prix

09:53et bien on vous offre

09:54entre guillemets

09:55des vêtements

09:55pas chers

09:56à bas prix

09:57avec un petit astérix

09:59tout en bas

09:59vêtements

10:00qui ne durera pas

10:01la triste réalité

10:02de la surconsommation.

10:03Tout le monde

10:03est fautif.

10:05Face à ces dérives

10:07peut-on encore

10:08changer la donne ?

10:11A 900 mètres

10:12du BHV

10:12la marque

10:14éco-responsable

10:15Loom

10:15100% de ses vêtements

10:17sont produits

10:17en Europe

10:18au Portugal

10:19en Italie

10:20et en France.

10:22Mais 8 ans

10:22après sa création

10:24ses fondateurs

10:25Julia Fort

10:26et Guillaume Declère

10:27sont de plus

10:28en plus inquiets.

10:31Les usines françaises

10:32elles sont en train

10:32de disparaître

10:33les savoir-faire

10:34sont en train

10:35de disparaître

10:35par exemple

10:36la dernière

10:37une des dernières

10:37grosses usines

10:38de teinture française

10:39est en train

10:39de mettre

10:39la clé sous la porte

10:41avec le défarlement

10:43de la fast fashion

10:43et toutes les marques

10:44qui aujourd'hui

10:45ne produisent plus

10:45malheureusement

10:46en France

10:46ou en Europe.

10:49Mais pas question

10:49de baisser les bras.

10:52Julia

10:52travaillait auparavant

10:53chez Amazon.

10:54Aujourd'hui

10:55elles refusent

10:56ce système

10:57et encouragent

10:58les entreprises

10:59à relocaliser

11:00en France.

11:02Là par exemple

11:03on a une écharpe

11:04et un bonnet

11:05qui sont 100% laine

11:07et qui sont tricotés

11:09en France

11:09dans la région

11:11de Rouen.

11:12Sur ce bonnet

11:12il y a des impôts

11:13qui sont payés

11:13qui vont dans le budget

11:15de l'Etat

11:15et qui permettent

11:15de financer

11:16des écoles

11:17la police

11:18l'hôpital

11:19ce que ne font pas

11:21les produits chines.

11:23En France

11:24seulement 3%

11:25des vêtements

11:26vendus

11:26sont fabriqués

11:27localement.

11:29Si on demande

11:30aux gens

11:30est-ce que vous êtes

11:31d'accord pour payer

11:31plus cher

11:32ils vont toujours

11:33répondre non.

11:34Ce qu'il faut

11:34c'est comprendre

11:35que ce qu'on gagne

11:36en tant que consommateur

11:37on le perd

11:37en tant que citoyen.

11:38Si on explique

11:39aux gens

11:39que ces vêtements

11:40pas chers

11:40qui arrivent

11:41en abondance

11:42ils détruisent

11:42chez nous

11:43de la richesse

11:44de l'emploi

11:45des entreprises

11:46ils aggravent

11:47notre déficit

11:48commercial

11:48ils aggravent

11:49notre dette

11:49alors les gens

11:50pourront prendre

11:50une décision éclairée.

11:52mode durable

11:54ou ultra fast fashion

11:55de vision opposée

11:57dans un marché

11:58en pleine mutation.

11:59Sous-titrage Société Radio-Canada

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