Des jeunes enfants ne partent plus en vacances !

Sud Radio

Avec Jean Stellitano, secrétaire national du Secours populaire   Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry  🎧 Retrouvez nos podcasts et articles :https://www.sudradio.fr/  🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴  ▪️ Facebook :https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel ▪️ Instagram :https://www.instagram.com/sudradioofficiel/ ▪️ Twitter :https://twitter.com/SudRadio ▪️ TikTok :https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr   ##C_EST_QUOI_LE_PROBLEME-2025-11-18##

Transcript

00:00Le Grand Matin Sud Radio, la vérité en face, Jean-François Aquili.

00:059h21, c'est quoi le problème Félix Mathieu ?

00:09Plus d'un enfant sur dix est privé de vacances pour des raisons financières dans notre pays.

00:17C'est l'INSEE qui le dit.

00:19La précarité, nous approchons de Noël, des familles avec enfants est repartie à la hausse depuis trois ans.

00:26Oui, après une décennie de baisse, la pauvreté des familles repart à la hausse effectivement,

00:29notamment depuis la crise de l'inflation.

00:32Si on compare ces données, c'est l'an dernier par exemple, très précisément,

00:3511,2% des enfants n'ont pas pu partir en vacances parce que leur famille n'en avait pas les moyens.

00:4011,2% quand c'était 10,6% en 2021.

00:45Donc ça progresse, oui.

00:46Si on reste sur la tendance à l'échelle d'une décennie, on voit que la crise de l'énergie aussi est passée par là.

00:52Le nombre d'enfants qui vivent dans un logement insuffisamment chauffé a doublé depuis 2014.

00:57On est passé de 5% à désormais 10, 10%.

01:01Un enfant sur 10 vit dans un logement trop froid en hiver.

01:05Autre enseignement de cette étude INSEE.

01:07Si on prend, tenez une école avec une centaine d'enfants dedans.

01:10Imaginez, vous avez 3 enfants sur 100 qui n'ont qu'une seule paire de chaussures.

01:15Et même 2 à 3 enfants sur 100 qui ont des carences alimentaires,

01:18pas assez de viande ou de poisson ou de fruits et légumes selon les cas.

01:21Oui, et c'est de pire en pire, Félix.

01:22Si on prend 3 des 15 critères définis par l'INSEE, les vacances, le chauffage, les jouets, le nombre de chambres dans l'appartement, etc.

01:31On est à environ 1 million d'enfants en France qui vivent dans une famille en situation de manque matériel, nous dit l'INSEE.

01:38Depuis quelques années, la trajectoire à la baisse s'est enrayée.

01:41C'est reparti à la hausse.

01:42Cette précarité touche en priorité le profil type, c'est des familles monoparentales.

01:46Un seul parent, souvent une mère seule, des familles qui, dans l'écrasante majorité des cas, ne sont pas propriétaires de leur logement.

01:54Notez que l'INSEE nous montre aussi que les adultes se sacrifient pour leurs enfants, souvent quand ils le peuvent.

02:00Un adulte sur 5 ne part pas en vacances contre un enfant sur 10.

02:03Autrement dit, il y a la moitié des adultes qui n'ont pas les moyens de partir en vacances,

02:07qui vont faire l'effort financier pour parvenir malgré tout à offrir ce dépaysement à leurs enfants.

02:12Oui, voilà pour le constat. Bonjour à vous, Jean Stelitano.

02:17Bonjour.

02:18Vous êtes secrétaire national du Secours populaire.

02:21Jean Stelitano, cet accès aux vacances, c'est l'un des grands combats du Secours populaire.

02:28Important pour nos enfants d'aller s'aérer, de sortir du cadre habituel.

02:35Essentiel. On parle beaucoup de santé mentale.

02:38Et s'il y a bien quelque chose qui apporte des effets positifs à la santé mentale,

02:43c'est bien les vacances, la possibilité de faire un break dans son quotidien.

02:49D'autant plus quand le quotidien est difficile, quand on voit des parents stressés,

02:53une maman stressée ou qui a des horreurs de travail décalées.

02:57Et donc, effectivement, les vacances, pour nous, c'est aussi essentiel que de s'habiller, que de manger,

03:05parce que ça contribue au bien-être des personnes et ça leur permet aussi de continuer à supporter leur quotidien.

03:13Et donc, pour nous, c'est essentiel de pouvoir aider les familles à partir en vacances et plus précisément les enfants.

03:19Et vous avez raison, Jean Stelitano, parce que quand on regarde aujourd'hui les vacances entre la Toussaint, Noël, Février, Pâques,

03:27ce sont 15 jours, voire plus, des tunnels pour de nombreux parents qui n'ont pas les moyens d'offrir des vacances à leurs enfants

03:34et du coup, des enfants livrés à eux-mêmes.

03:37Et ça, c'est un vrai problème social, sociétal.

03:40Tout à fait, les quatre murs de la chambre ou le hall d'entrée de l'immeuble.

03:46Voilà, c'est le seul horizon.

03:48L'écran du téléphone.

03:49L'écran, oui, bien sûr.

03:51Tout à fait.

03:53Et ce qui est aussi, c'est une fracture sociale aussi, c'est-à-dire que quand on revient de vacances,

03:58quand tout le monde revient des vacances de Noël, début janvier,

04:01« Ah, ben, qu'est-ce que t'as fait ? »

04:02« Ah, ben, moi, je suis allé au ski ou chez les grands-parents. »

04:04Et celui qui est resté à la maison, ben, moi, j'ai rien à dire.

04:08Rien à noter.

04:08Voilà, j'ai rien à raconter.

04:11Et c'est pour ça qu'on a inventé les journées des oublier les vacances.

04:13C'est pour ça que même deux jours, on parle souvent d'une semaine,

04:17mais même déjà deux jours, passer une journée extraordinaire,

04:20de pouvoir sortir, d'aller dans un centre de vacances,

04:23aller se dépayser au bord de la mer pour ceux qui n'y vont pas,

04:27c'est tellement important quand on arrive à la rentrée.

04:31Et c'est tellement vrai.

04:33Restez là, vous restez avec nous, Jean Stalitano.

04:35Tellement vrai ce que vous dites.

04:36Félix Mathieu.

04:36Ah, Jean Stalitano, je crois qu'on l'a perdu.

04:40Je ne sais pas si on va le retrouver dans un instant.

04:42On va nous le retrouver dans un instant, petite rupture.

04:43Jean Stalitano qui m'expliquait qu'effectivement,

04:45quand on a des publics précaires,

04:47et il envoie de plus en plus de nouveaux profils de précaires,

04:50c'est malheureusement souvent le premier poste de dépense

04:52qui va sauter quand les fins de mois deviennent difficiles,

04:55évidemment, parce qu'il y a l'alimentation,

04:58le logement, c'est évidemment ceux sur lesquels,

05:01c'est les derniers postes sur lesquels on va faire des économies.

05:04Et les vacances, ça va être besoin qu'il qualifie d'essentiel,

05:08mais c'est malheureusement ce qui est sacrifié en premier

05:10quand ça devient compliqué.

05:12Je voulais aussi l'interroger, je ne sais pas si on va le retrouver.

05:14Non, nous ne l'avons pas retrouvé, Jean Stalitano,

05:16mais il a dit des choses essentielles,

05:19notre secrétaire national du Secours populaire.

05:21C'est vrai qu'il est important pour nos enfants,

05:24en fin de vacances, de pouvoir raconter ce qu'ils ont vécu.

05:28Question, nous l'avons retrouvé.

05:30Vous êtes là, Jean Stalitano,

05:31vous voyez, ça résout toujours ces petits écueils téléphoniques.

05:34Question de Félix Mathieu.

05:35Vous constatez au Secours populaire ces dernières années

05:38des nouveaux profils de publics atteints

05:41par cette précarité de gens

05:43qui n'auraient jamais cru se retrouver à demander de l'aide.

05:46Exactement. On a des familles avec les deux parents qui travaillent,

05:51des classes moyennes,

05:53alors on appelle ça inférieur par le montant des revenus,

05:57mais des gens qui ne se seraient jamais dit

06:00« on va aller au Secours populaire, au Resto du Caire ».

06:02Non, un incident de la vie,

06:05un problème d'accident de voiture,

06:09la voiture a réparé, un peu de maladie,

06:11et tous ces fonds, il n'y a plus de marge de manœuvre.

06:13Les Français, la grande majorité des Français,

06:15n'ont plus de marge de manœuvre,

06:17n'ont plus cette épargne qui va permettre...

06:19Et donc, ce qu'ils font ?

06:20Eh bien, compte, imaginez

06:22comment ça peut être dur

06:24que de franchir les portes du Secours populaire

06:26pour des gens qui travaillent,

06:27qui pensent être autonomes,

06:29qui pensent être indépendants.

06:31À un moment donné, il est obligé de se dire

06:32« il faut que j'aille au Secours populaire,

06:33parce que sinon je ne vais pas arriver à payer le loyer,

06:35je ne vais pas arriver à remplir le frigo. »

06:37Et encore moins, alors imaginez bien pour les vacances

06:39que c'est vraiment l'arbitrage ultime,

06:43c'est qu'on va payer le loyer,

06:45on va payer la note d'électricité,

06:47et puis il y a le chauffage,

06:49et puis mon chéri, tu ne partiras pas en colo,

06:51tu ne partiras pas en vacances.

06:52Malheureusement, la variable d'ajustement habituelle

06:55dans cette histoire.

06:56Merci beaucoup Jean-Stelitano

06:58pour votre regard plein d'humanité,

07:00et c'est très important ce que vous soulignez ce matin.

07:04Merci Félix Mathieu.

07:05Avec plaisir.

07:05En espérant que nos enfants puissent tous partir

07:09au moins un jour ou deux en vacances à Noël,

07:13c'est la moindre des choses.

07:14Allez, 9h28 sur l'antenne de Sud Radio.

Catégorie

Transcription

Écris le tout premier commentaire

Recommandations