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  • il y a 2 jours
Société : Attentats de Paris et Saint-Denis de Novembre 2015, Témoignage de George Salines

Mort de Lola Salines

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Transcription
00:00...
00:00J'avais vu ma fille le vendredi 13 novembre à midi,
00:26pas loin d'ici, à la piscine de la Butokai.
00:29Nous nous étions croisés, on avait échangé quelques mots,
00:33mais elle ne m'avait pas dit précisément ce qu'elle faisait ce soir-là.
00:37Par contre, elle l'avait dit à son frère aîné,
00:39et donc c'est lui qui nous a appelés vers une heure du matin,
00:45parce qu'il avait appris les événements.
00:48Moi, je n'avais pas regardé les informations le soir,
00:52donc je ne savais pas ce qui s'était passé,
00:54enfin ce qui était en train de se passer dans Paris.
00:56Donc il nous a appelés lorsqu'il a vu que l'assaut avait été donné,
01:03que les derniers rescapés étaient sortis du Bataclan,
01:05qu'il n'arrivait toujours pas à joindre sa soeur.
01:07Donc il a compris que la situation était quand même très sérieuse,
01:11et il nous a appelés.
01:13Et pourtant, à ce moment-là, lui, comme ma femme, comme moi,
01:24évidemment on était extrêmement inquiets,
01:26mais on s'est convaincus que le plus probable était qu'elle était vivante,
01:35parce qu'il y avait 1500 personnes ce soir-là au Bataclan,
01:41qu'on parlait d'un bilan de 80 victimes,
01:47bon finalement il y en a eu 90,
01:48mais on se disait, bon, probablement elle a perdu son portable,
01:56probablement elle est choquée, peut-être elle est blessée,
01:58blessée, donc on restait optimiste.
02:05On a passé la nuit à regarder les chaînes d'info
02:08et à appeler le numéro de téléphone qui s'affichait sur les écrans
02:14et qui ne répondait pas.
02:16En fait, ce numéro de téléphone qui était donné
02:20sonnait dans les locaux de la préfecture de police
02:24sans qu'il y ait derrière les capacités de réponse
02:29qui étaient nécessaires de mettre en place face à un tel événement.
02:33Et ce n'est que le 14 novembre, en fin d'après-midi,
02:39que ce numéro a pu être transféré sur la cellule d'urgence
02:45qui est créée auprès du Quai d'Orsay, en fait.
02:49Puisque dans ce dispositif d'urgence,
02:52c'est le ministère des Affaires étrangères
02:54qui est désigné comme l'opérateur
02:57parce que le dispositif français a été conçu
03:01pour des événements terroristes qui se passent à l'étranger.
03:06Des détournements d'avions, des prises d'otages,
03:12tout ça se déroule habituellement hors de notre sol.
03:16Donc c'est le ministère des Affaires étrangères
03:18qui est le plus en capacité de gérer ces crises.
03:20Et pour des raisons qui seront sans doute peut-être soulignées,
03:27précisées dans le rapport de la commission de l'enquête,
03:30mais là il y a eu clairement un dysfonctionnement,
03:32c'est-à-dire qu'on a appliqué une consigne
03:37ou un dispositif qui n'était manifestement pas adapté,
03:40et donc ça sonnait à la préfecture de police,
03:42alors qu'en fait il fallait le basculer sur la cellule d'urgence.
03:45Quoi qu'il en soit, ça ne répondait pas.
03:48Donc moi, j'ai mis beaucoup de messages sur les réseaux sociaux,
03:53sur Facebook, sur Twitter.
03:56Et puis sur Twitter,
03:59on a été assez nombreux à se retrouver avec le même hashtag.
04:07Et c'était sur cette page Twitter,
04:12c'était absolument le spectacle le plus triste du monde,
04:15parce qu'on voyait défiler les photos de tous ces jeunes qui étaient recherchés.
04:21De temps à autre,
04:23quelqu'un signalait qu'il avait effectivement eu des nouvelles
04:27de la personne recherchée,
04:29et puis c'était jamais Lola.
04:35Et on a eu dans ces réseaux sociaux,
04:42on a eu un flot de réponses,
04:45mais c'était des réponses de personnes
04:48qui nous souhaitaient bon courage,
04:49qui disaient qu'ils étaient de tout cœur avec nous,
04:51qui proposaient éventuellement de l'aide
04:53parce que leur cousine était infirmière,
04:56à la pitié salpétrière,
04:57et qu'elles pourraient se renseigner, etc.
04:59Mais bon, en fait,
05:02finalement, tout ça n'a pas servi à grand-chose.
05:06Et il y a eu même
05:07un moment de faux espoirs,
05:13puisque vous savez que Facebook avait mis en place
05:15un système pour se déclarer en sécurité.
05:18Et quelqu'un, à un moment,
05:20a déclaré Lola en sécurité,
05:22et puis on a cherché à confirmer.
05:25En fait, on n'a pas pu confirmer.
05:27Et la personne a retiré.
05:28Donc, en fait, c'était quelqu'un
05:29qui a cliqué sur le mauvais bouton.
05:31Voilà.
05:32Donc, je ne lui en veux pas,
05:34mais c'était effectivement
05:37quelque chose de très dur.
05:40À partir de...
05:42Vers 5h ou 5h30 du matin,
05:45j'ai pu avoir finalement
05:47quelqu'un au téléphone
05:49avec ce numéro
05:50qui nous a dit
05:51« Bon, nous n'avons pas de Lola Saline
05:54sur nos listes.
05:57Donc, ce que vous pouvez faire,
05:59c'est appeler dans les hôpitaux
06:00parce que, en fait,
06:04les listes qui commençaient à être constituées
06:06au niveau de la police,
06:08c'était des listes de décédés.
06:10Donc, les blessés,
06:12c'était...
06:13Il fallait voir au niveau des hôpitaux.
06:15Donc, on a eu le numéro de téléphone
06:17de la plateforme
06:18de l'assistance publique
06:19des hôpitaux de Paris.
06:21On a appelé la PHP
06:22qui nous a dit
06:23« Ben, elle n'est pas sur nos listes. »
06:25Mais il y a des blessés
06:26qui sont en...
06:29qui sont admis
06:30sans avoir été identifiés.
06:32Donc, on va...
06:34Donnez-moi vos coordonnées.
06:35Je vous rappellerai plus tard.
06:36En fait, personne n'a jamais rappelé personne
06:39parce que tout le monde était débordé.
06:42Par ailleurs,
06:44nous, c'est l'assistance publique,
06:47mais il y a les hôpitaux hors AP
06:50qui ont reçu des blessés.
06:52Donc, Persi,
06:53Bégin,
06:57qui sont les hôpitaux militaires,
06:59De La Fontaine
06:59ou Le Chique de Créteil
07:01qui sont les hôpitaux civils
07:04mais hors APHP.
07:06Donc, on a eu les hôpitaux.
07:08On a appelé ces hôpitaux.
07:11Ça répond, ça répond pas.
07:12On finit par les avoir.
07:14Ils disent également
07:14« Ben, n'allez pas sur les listes.
07:16On vous rappellera. »
07:16Donc, tout ça prend beaucoup de temps.
07:20Dans la matinée,
07:21bien qu'on veuille toujours regarder espoir,
07:27on a également appelé l'Institut Médico-Légal
07:31qui nous a dit
07:33« On ne peut rien vous dire
07:37parce qu'il faut attendre
07:39la cellule d'identification de la police judiciaire. »
07:44Mais ils ne sont pas arrivés.
07:45Alors, quand est-ce qu'ils sont arrivés ?
07:46En fin de matinée.
07:47Donc, on rappelle en fin de matinée.
07:49Ils ne sont pas arrivés.
07:50Rappelés en début d'après-midi.
07:51En début d'après-midi.
07:52Rappelés en fin d'après-midi.
07:53Peut-être demain.
07:55Donc, on est partis
07:56avec le compagnon de ma fille,
07:59ma femme et mes fils.
08:02On est partis à l'hôpital européen
08:04Georges-Bompidou
08:04parce qu'on nous disait
08:06que là-bas,
08:06il y avait beaucoup de blessés
08:07non identifiés,
08:09du Bataclan.
08:10arrivés sur place.
08:13En fait,
08:15tous les blessés
08:16avaient été identifiés.
08:19On a été reçus
08:19par les urgences psychiatriques.
08:25Enfin, qui ont été professionnels et tout.
08:27Mais à ce moment-là,
08:30on n'a pas très envie de...
08:33Ce n'est pas de soins
08:34qu'on a besoin.
08:35C'est d'informations.
08:37Donc là, nous,
08:37on était vraiment
08:38dans la recherche d'informations.
08:39Et sur le trajet,
08:44le long de la scène,
08:46il y avait le compagnon de ma fille
08:48qui était toujours
08:49sur les réseaux sociaux
08:52et qui nous a dit
08:54que sur Twitter,
08:59il y avait un numéro
09:00de portable qui circulait
09:02disant que pour avoir
09:04des nouvelles de Lola,
09:05on pouvait appeler
09:05à ce numéro.
09:06et que, en fait,
09:08d'autres des copains,
09:09des amis avaient appelé
09:10à ce numéro
09:11et qu'on lui avait annoncé
09:12le décès.
09:13Mais que c'était probablement...
09:15C'était peut-être
09:17un imposteur
09:19parce que
09:20lorsqu'on tapait
09:22le nom de la personne,
09:24on voyait
09:25que c'était
09:25un responsable associatif
09:26et pas
09:27un fonctionnaire.
09:30donc c'était bizarre
09:31que ce soit
09:32quelqu'un comme ça
09:33qui annonce le décès.
09:36Donc,
09:36on est revenu
09:37à la maison.
09:38J'ai appelé ce numéro
09:39et effectivement,
09:41je suis tombé
09:42sur Stéphane Jickel
09:43qui est
09:43le secrétaire général
09:45de la FNVEC
09:46qui...
09:47Donc,
09:48c'est une fédération
09:48d'associations de victimes
09:50que je connais
09:50très très bien maintenant
09:52mais que j'ignorais
09:53à l'époque
09:55et qui était
09:56effectivement intégrée
09:57dans la cellule
09:58d'urgence
09:59comme d'autres
10:00associatifs.
10:01Enfin,
10:02voilà,
10:02c'est une cellule
10:04qui est composée
10:05assez largement.
10:06Il y avait
10:06de tels besoins
10:07d'organiser
10:10la réponse
10:11à ce moment-là
10:12que
10:12tout le monde
10:14s'y est mis
10:15et a fait
10:16comme il a pu.
10:18Mais,
10:18donc,
10:19il m'a annoncé
10:21le décès
10:21de ma fille.
10:22J'ai demandé
10:22d'être rappelé
10:23par un fonctionnaire
10:27parce que
10:28je voulais...
10:29Donc,
10:29effectivement,
10:30j'ai été rappelé
10:31par un membre
10:34du cabinet
10:34de Christian Taubira
10:35à l'époque
10:36qui m'a confirmé
10:40le décès.
10:43Et ensuite,
10:45dans les minutes
10:46qui ont suivi,
10:47donc ça,
10:47c'était le 14 novembre
10:48vers 18 heures.
10:49Dans les minutes
10:50qui ont suivi,
10:50j'ai été rappelé
10:51par quelqu'un
10:54à l'Institut
10:55Médico-Légal
10:56qui manifestement
10:58remplissait
10:59ce qu'ils appellent
11:01le dossier
11:02pré-mortem.
11:02Je le sais maintenant
11:03parce que comme
11:04j'ai eu accès
11:04au dossier
11:04d'instruction,
11:05j'ai vu
11:06comment c'était fait.
11:08Donc,
11:08il y a des renseignements
11:10qui servent
11:11à l'identification
11:12des victimes.
11:12mais là,
11:15il a été déjà
11:16identifié.
11:16On me demandait
11:17sa taille,
11:17la couleur
11:17de ses cheveux,
11:18etc.
11:19Donc,
11:19c'était un peu bizarre
11:20mais bon,
11:20c'est quelqu'un
11:21qui remplissait
11:21un formulaire.
11:24Et puis,
11:26encore dans les minutes
11:27qui ont suivi,
11:28c'est un officier
11:28police judiciaire
11:29de la brigade criminelle
11:31qui m'a appelé
11:31pour m'annoncer
11:32le décès.
11:33Et je lui ai dit
11:33bon,
11:33je vous remercie
11:35mais on est déjà
11:35au courant.
11:36voilà.
11:37Donc,
11:38voilà.
11:40Donc,
11:41si vous voulez,
11:42une longue quête
11:45jusqu'à 18 heures
11:46et une annonce
11:51dans des conditions
11:52au téléphone,
11:54en plusieurs fois,
11:58sans véritablement
12:01faire le tri
12:01puisque le décès
12:04a été annoncé
12:04d'abord
12:05à des personnes
12:06qui n'étaient pas
12:07la famille.
12:07Il y a eu des messages
12:08de condoléances,
12:09je ne les ai pas vus
12:09heureusement,
12:10mais il y a eu
12:10des messages
12:10de condoléances
12:11sur les réseaux sociaux
12:12alors qu'on n'avait
12:13pas encore l'information.
12:19Alors que
12:20Lola Saline,
12:24son cadavre
12:24était identifié
12:27sur le sol
12:28du Bataclan
12:28par la police
12:31judiciaire
12:32à 5 heures
12:33du matin.
12:34Ça,
12:34je le sais
12:35par le boss
12:36et l'instruction.
12:37Donc,
12:37de 5 heures
12:38du matin
12:38à 18 heures
12:39et à 13 heures
12:41où on laisse
12:44la famille
12:44chercher.
12:46Je pense
12:47qu'on peut faire mieux.
12:47de 5 heures
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