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Société : Intervention de la BRI lors des Attentats de Paris et Saint-Denis (Nov 2015)

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00:00C'est dingue, c'est dingue, c'est dingue !
00:17Il y a quelques images qui vous marquent de corps, de gens enlacés,
00:21enfin de blessés qui appellent à l'aide.
00:25J'étais entourée de morts, je sais pas comment on a survécu.
00:28C'est un moment qui est un peu suspendu dans le temps parce que vous enjambez des corps.
00:34C'est un écartage, oui.
00:35À l'intérieur, c'est épouvantable.
00:37Des kamikazes armés de kalachnikov et porteurs de ceintures d'explosifs en plein Paris.
00:48On a affaire à des gens qui veulent tuer, qui vont tuer, qui veulent tuer et qui veulent mourir.
00:52Des attaques terroristes d'une ampleur sans précédent.
00:55Je m'étais dit mais comment on va faire pour libérer les otages sans les toucher, en attravant les terroristes.
01:01Je m'attendais à ce qu'une bonne partie de la colonne ne se relève pas.
01:04Je vois bien le chargeur se vider.
01:06Notre obsession, c'était de sauver les otages. Il fallait les sortir de là coûte que coûte.
01:15Le sentiment à la fois que ça a duré quelques secondes et en même temps que ça a duré des heures.
01:19L'attentat au Bataclan, l'attaque terroriste, la plus meurtrière que la France ait connue.
01:25La situation à laquelle on a été confronté le 13 novembre, effectivement, est exceptionnelle de par son horreur, de par son ampleur.
01:32L'intervention de la BRI Paris, minute par minute, racontée par les policiers qui l'ont vécu.
01:39L'exploration, la négociation, l'assaut et la libération des otages, leur récit de cette soirée d'horreur.
01:47Paris, le 13 novembre 2015, une belle journée ensoleillée s'achève.
01:59Début du week-end, les policiers de la BRI Paris, la brigade de recherche et d'intervention, peuvent enfin souffler.
02:06C'est un vendredi, c'est surtout la fin d'une semaine qui a été très occupée.
02:11On sortait d'une affaire de kidnapping qui a pu libérer une victime et donc là, c'était la décompression.
02:19Il y a un maison de campagne qui n'est pas très loin, qui est à une heure de Paris.
02:22Je suis chez moi, je ne suis pas d'alerte, je m'apprête à passer un week-end calme.
02:28Tout le monde était chez soi, en famille, devant la télé ou autour de l'apéritif et dans une séquence de vie familiale classique.
02:35À la télévision, le match de football France-Allemagne, qui se joue au Stade de France.
02:4421 heures, coup d'envoi.
02:48Dans le petit resto où je suis, je n'ai pas de réseau.
02:51Je garde ce match et on ne comprend pas, on sent qu'il y a quelque chose qui se passe au Stade de France, mais on ne comprend pas trop.
02:58Aux abords du Stade, une explosion. Il est 21h16.
03:09Comme il y a beaucoup de barraques à frites et ce genre de choses autour du Stade, on se dit, ça peut être aussi une bouteille de gaz qui est exposée.
03:16C'est accidentel, ça peut être ce genre de choses.
03:19Je suis appelé par un copain qui lui est un sniper en point haut sur le toit du Stade de France.
03:24Il me dit, voilà, est-ce que tu es au courant de quelque chose ? Parce qu'il y a un mort à la porte dès la première explosion.
03:29Manuel Diaz, c'est la première victime des attentats du 13 novembre.
03:32Carculez, reculez, carculez !
03:35Explosion d'une bombe, explosion d'une bombe.
03:37Il n'y a même pas une minute là.
03:39Explosion.
03:41Et puis, rapidement, j'ai un deuxième coup de téléphone qui me dit qu'il y a une deuxième explosion.
03:45Donc là, on comprend qu'il se passe quelque chose.
03:4821h20, un bruit sourd interpelle les joueurs.
03:55Dans les tribunes, le président de la République est évacué.
03:59François Hollande apprend que la France est attaquée.
04:02Nos explosions coup sur coup, on sait qu'il y a des attentats.
04:06Dans les années 2014-2015, les services de renseignement ont pleinement conscience du fait que,
04:11en raison de la menace que fait peser sur la France Daech, on va être touché, on va être frappé.
04:18Presque au même moment, fusillade sur plusieurs terrasses de café dans le centre de Paris.
04:26À la mi-temps, je zappe, j'arrive sur les chaînes d'info, avec les bandeaux, attaque à Paris.
04:35Vous découvrez les images que nous tournons pour vous ce soir.
04:39Des fusillades et des explosions en plein cœur de Paris.
04:42Ça tire de partout. Et donc là, on comprend qu'en fait, la ville commence à être à feu et à sang.
04:47Et donc là, on a plié bagages de ma maison de campagne.
04:50Je suis rentré, j'ai fait 63 kilomètres en 23 minutes.
04:54Voilà, vous ne rentrez pas chez vous pour l'instant, vous vous entrez.
04:57Vous vous êtes fermé.
04:59À 21h47 précisément, moi je reçois un texto d'un journaliste que je connais,
05:03qui me dit « Est-ce que tu es au courant de tir sur les terrasses à Paris ? »
05:08Donc là, je rappelle mes collaborateurs.
05:10Quand il y a des tirs dans Paris, Paris Intramuros,
05:15territorialement parlant, c'est une zone de compétence BRI Paris,
05:19Brigade de Recherche et d'Intervention de Paris.
05:21Notre bip retentit en nous disant « Retour immédiat au service pour s'équiper ».
05:25Dès que je commence à recapter du réseau,
05:27cling, cling, cling, cling, cling, et là je me rends compte qu'il y a plein de messages.
05:30Et notamment un message de mon chef de groupe qui me dit « Dépêche-toi, vite, vite, vite, reviens en 36, j'ai besoin de toi, c'est la guerre dans Paris ».
05:38Au 36 Quai des Orfèvres, au QG de la Bairie Paris, retour en urgence des policiers.
05:47Au 36 Quai des Orfèvres, ils ont un petit peu plus d'informations.
05:50A priori, il y a plusieurs équipes et une attaque coordonnée.
05:53Et qu'il faut qu'ils partent dans l'Est parisien.
05:56On saura après que ce sont trois équipes de Troyes.
05:59Mais qui pouvait dire que ce n'était pas quatre équipes de Troyes, cinq équipes de Troyes, dix équipes de Troyes ?
06:05Enfin, on ne savait pas.
06:06Portez ! Dépêchez-vous ! Allez !
06:11Ce sont huit attentats en 33 minutes.
06:13Huit attentats en 33 minutes.
06:14Donc à chaque fois, ce sont des appels aux standards, aux 15, aux 18, aux 17.
06:19Et voilà, donc il y a une saturation des centres d'appels.
06:25Tout est très confus.
06:27Et on nous demande de nous préparer.
06:29Et nous, on est là, on est prêt à partir.
06:32Mais je pense qu'on ne sait pas encore où nous envoyer.
06:35Tout le monde comprend qu'on est dans une attaque multiple terroriste.
06:39Et qu'ils comprennent que tout ce qu'on avait travaillé avant,
06:42eh bien là, on va passer, on va le faire maintenant sur le terrain.
06:45Donc, je demande à tout le monde de s'équiper, d'être professionnel et de ne rien oublier.
06:52On sait qu'on va rencontrer quelque chose de très très très dur en face.
06:5722h05, les véhicules de la bairie Paris démarrent.
07:09Mon directeur me dit, tu vas rue de Charonne.
07:12Les gens disent qu'un des terroristes est allé se cacher dans un immeuble.
07:15On part au Doton-Giro et on a à peine passé les deux ponts et on redescend sur le boulevard
07:20que mon directeur me rappelle, il me dit, non, non, changement de programme, tu viens au Bataclan.
07:24Oui, pour les secours.
07:26Au Bataclan, il y a des tirs de...
07:28Il y a de calages pour un type qui tire avec une grosse lutrallette.
07:32Et là, il est devant le Bataclan, il court avec une calage, il tire sur tout ce qui bouge.
07:36On a réussi à sortir.
07:38Il y a beaucoup de personnes blessées à l'intérieur ?
07:40Ah oui, oui, il y a énormément de personnes blessées.
07:45C'est un de mes collègues qui est le chef de groupe de permanence,
07:48que je connais depuis de nombreuses années.
07:50Et au ton de savoir, je comprends qu'il se passe un truc.
07:53Et il me dit, viens au Bataclan, viens au Bataclan, viens au Bataclan.
07:57Le Bataclan, salle de spectacle située dans le 11e arrondissement de Paris.
08:03Capacité, 1500 personnes.
08:05Ce soir-là, sur scène, Eagles of Death Metal.
08:09Tout autour et dans les coulisses, des micros sont installés.
08:13Un enregistrement audio glaçant, inédit.
08:17Au bout d'une demi-heure, il y a eu des types de mitraillettes.
08:27Et vraiment, sur le coup, tout le monde a pensé, c'était des pétardes, il y a eu un mouvement de panique.
08:31Donc, on s'est retourné, ça venait de l'arrière.
08:33Et on a vu, enfin moi, en tout le cas, j'ai vu deux hommes avec des mitraillettes qui tiraient dans la foule.
08:37Donc, tout le monde s'est couché au sol, panique, crie.
08:41Une fusillade de 7 minutes.
08:57Une fusillade de 7 minutes.
08:59Une tombe qui bouge, qui ne fait pas ce que je dis, a lui une balle dans la tête.
09:05Est-ce que c'est clair ? Vous voulez un exemple ?
09:07C'est clair ? Celui qui essaie de faire juste ici, je l'occupe.
09:11Aujourd'hui, l'ordre de la relance n'est pas révé.
09:13Vous en prenez un gouvernement français, d'accord ?
09:16Comme il faut, on l'a fait. C'est exactement ça.
09:19C'était des gens qui disaient, ça c'est de la faute de François Hollande.
09:23Et ils hurlaient, ils hurlaient, ils tiraient.
09:26Ils disaient juste, si tu bouges tes mains.
09:28Et on était avec ma copain.
09:30Je ne sais pas où ils sont.
09:36Les terroristes ont fait des victimes,
09:38avant même d'entrer sur le chemin de la salle de concert.
09:41C'est dingue, dingue.
09:4821h56, un commissaire de la BAC et son chauffeur interviennent.
09:53Ces deux policiers entrent dans le Bataclan.
09:56Ils ne disposent que d'un équipement léger.
09:59Face à eux, des terroristes avec des armes de guerre.
10:07Et rentrant en premier dans le Bataclan,
10:09ils ont vu un des trois terroristes qui est sur scène,
10:11Samy Amimour, en train de mettre en roue d'ailleurs un otage.
10:20Ils ont été vite confrontés à un premier terroriste
10:23qui, heureusement, au lieu de rafaler tout de suite à la Kalachnikov,
10:26il les aurait coupés en deux, leur demande de partir.
10:29Et ils ont l'intelligence de tirer tout de suite d'autorité.
10:32Ils vont le toucher, ils vont le blesser, il va tomber.
10:39Et en tombant, son gilet explosif va exploser.
10:44Probablement que lui l'a actionné.
10:48C'est quand il est allongé sur le dos que le gilet explose.
10:51Les écrous, les boulons, les clous, tout ce qu'on pouvait imaginer qui était dedans,
10:54part vers le plafond, mais très peu vers les otages qui sont autour.
10:58On a des otages ! Si vous voulez qu'ils meurent, continuez !
11:03Dans tout le quartier, c'est le chaos.
11:06Entre ! Entre ! Filme pas là ! Filme pas ! Entre !
11:10Personne ne sait exactement ce qu'il se passe.
11:13Les forces de l'ordre tentent de sécuriser le périmètre.
11:16Bougez les têtes, monsieur ! Bougez là ! Vous comprenez ou pas ?
11:21Les rues qui sont bloquées, ce qui est important pour nous,
11:23c'est d'intervenir dans de bonnes conditions.
11:24C'est d'être sûr qu'un autre terroriste ne va pas nous arriver dans le dos,
11:26donc il faut que le secteur soit bouclé.
11:29Plusieurs unités de police sont déployées.
11:3222h20, une quinzaine de policiers de la BRI arrivent au Bataclan.
11:37Première étape, prendre un maximum de renseignements.
11:41Mon collègue de la baie de nuit qui est là avec son chauffeur,
11:44très marqué parce qu'ils viennent de vivre quelque chose de traumatisant.
11:50Quand je lui demande s'il sait s'il y a d'autres terroristes
11:54et s'ils sont encore là, il me dit je ne sais pas, on ne sait pas.
11:57On rentre dans le Bataclan sans savoir si oui ou non il reste des terroristes
12:04et sans savoir ce qu'on va trouver à l'intérieur.
12:05La brigade découvre l'horreur du Bataclan.
12:11Vous enjambez des corps, c'est un charnier.
12:15Il y a cette odeur de sang, cette odeur de poudre mélangée qui s'empare de vous.
12:24Dès que vous passez la porte, vous sentez une odeur de poudre particulière.
12:34Il y a une chaleur qui se dégage.
12:35La première image en rentrant dans le Bataclan est assez citérante quand même.
12:39Moi je garde cette image de centaines de corps par terre.
12:44J'enjambe des cadavres sans me rendre compte que j'enjambe des cadavres.
12:48C'est-à-dire que pour moi c'est juste des obstacles.
12:50Je suis tellement concentré sur ce que j'ai à faire.
12:55On est quand même complètement plongé dans l'opérationnel.
12:57Et petit à petit en fait on se déshumanise.
13:01Et puis il y avait plein plein de gens qui n'étaient pas blessés,
13:04mais qui n'osaient pas bouger parce qu'ils avaient été pris pour cible.
13:07Ils avaient peur de mourir.
13:09On avait une couche sur un mètre de gens qui étaient morts,
13:12alors qu'en fait c'était des gens qui s'étaient couchés au sol tout simplement pour se protéger.
13:20Donc la première chose que je fais avec Christophe, c'est on fait évacuer les gens.
13:25On a fait sortir d'abord les personnes valides en une première vague.
13:32Et on les fait donc sortir tous, en rondonnant je dirais, pour aller dehors,
13:38et dans un premier temps se faire fouiller et vérifier qu'on n'a pas des terroristes qui sont cachés.
13:42Enlève les mains !
13:45Sur les murs ! Sur les murs !
13:48Impossible de faire entrer les secours, trop dangereux.
14:00Les forces de l'ordre doivent elles-mêmes évacuer les blessés.
14:03Et les blessés !
14:071, 2, 3, 3 !
14:11Attention !
14:12Attention !
14:16À la fin, ils n'avaient même plus assez de civières, donc ils prenaient des barrières vaubants,
14:20vous savez, des barrières en métal, qu'on sert sur le maintien de l'ordre.
14:25Donc ça a été une noria comme ça, pour évacuer les blessés, sous la protection de la BRI,
14:31parce que la fosse, parce qu'elle, pour une fois, portait malheureusement bien son nom, est sous les balcons.
14:40Donc il fallait être extrêmement vigilant, parce qu'il suffisait qu'un terroriste sorte le nez
14:44et se mette à tirer sur les gens qui étaient en bas, ça aurait été un massacre.
14:52Des renforts arrivent, dont leur aide.
14:5422h30, Yann, chef de groupe, longe la salle de spectacle avec une quinzaine de policiers.
15:06Avec ma colonne, on arrive par le côté du passage Hamelot.
15:10Et là, mon médecin de colonne me dit, est-ce que tu m'autorises à rentrer dans les halls d'immeubles à côté ?
15:16Il y a des blessés par balle. Si je ne fais rien, ils vont mourir.
15:19Et ils vont mourir.
15:24Mon collègue, lui, entre temps, est rentré dans le Bataclan avec sa colonne, a découvert l'horreur du Bataclan.
15:29Il avait eu le temps de progressivement reconnaître le...
15:32Enfin, il était en train de reconnaître le niveau du rez-de-chaussée.
15:36Il m'appelait toujours en me disant, écoute, viens nous renforcer, viens nous renforcer.
15:39Et moi, je lui réponds, écoute, je lui dis, là, pour l'instant, je ne peux pas,
15:42parce qu'il y a une porte de secours grande ouverte.
15:45Il y a des gens qui sont sortis par là, il y a des blessés.
15:48Il y a des fenêtres au-dessus.
15:50Pour moi, c'était un point qu'il fallait absolument tenir.
15:53Soit que les terroristes étaient encore à l'intérieur et risquaient de s'échapper.
15:57Et puis, on me désigne la voiture des terroristes garés à l'angle du Bataclan.
16:02Et je fais reculer une partie de la colonne,
16:04parce qu'on se dit qu'à tout moment, cette voiture peut exploser.
16:08Le véhicule alerte les policiers.
16:10Les terroristes sont probablement encore à l'intérieur du Bataclan.
16:14Ils venaient de Syrie.
16:18On savait par nos frères d'armes militaires que là-bas,
16:22d'une part, ils utilisaient des gilets, qu'ils piégeaient parfois des otages,
16:25qu'ils utilisaient des engins explosifs improvisés.
16:28Et donc, on avait la conscience de ça.
16:30C'est aussi pour ça qu'on a des piégeurs d'assaut avec nous.
16:32On essaye de découvrir s'il y a des terroristes cachés.
16:35À chaque fois qu'on ouvrait les portes, s'il y avait des victimes, des otages qui étaient apeurés.
16:39Donc, à chaque découverte d'un recoin, d'une porte,
16:44on se disait que là, il y a une calache qui nous attendait de l'autre côté.
16:49J'ai le souvenir de gens qui étaient entassés à plusieurs dans des toilettes,
16:52cachés dans des placards électriques.
16:53Enfin, il y en avait partout des gens qui s'étaient cachés.
16:55On les comprend aisément, vu l'horreur que c'était.
16:57Ils se sont tous entassés, cachés.
16:59Donc, progressivement, il faut que la BRI les libère,
17:03s'assure qu'il n'y a pas un terroriste qui s'est caché parmi eux.
17:07Et donc, tout ça prend du temps.
17:08Ce qui fait que parfois, pour un chemin de quelques mètres,
17:11vous prenez plusieurs dizaines de minutes.
17:16Une fois le rez-de-chaussée exploré,
17:18les policiers de la BRI montent à l'étage.
17:21Il est environ 23h15.
17:23Quand vous montez les marches, vous voyez encore des morts.
17:28Il n'y a qu'une seule chose à faire pour moi,
17:31c'était libérer les otages et neutraliser les terroristes.
17:35Le premier de colonne arrive devant la porte,
17:37sur le balcon de gauche,
17:38arrive devant la porte derrière laquelle se trouve le backstage
17:41avec les loges des artistes.
17:43Il entend hurler derrière.
17:45En fait, c'est un des otages qui hurle.
17:47Il y avait des gens et des échanges,
17:55en gros, qui demandaient est-ce qu'on approche pas,
17:57est-ce qu'on avance pas,
17:58si tout le monde serait tué, etc.
18:00On comprend qu'on a des terroristes de l'autre côté de cette porte,
18:04dans ce couloir,
18:05mais on n'a pas encore la certitude du nom.
18:08On ne sait pas.
18:09Et puis, on ne sait pas ce à quoi on va faire face.
18:12Moi, je suis dans la colonne avec les gars, je suis avec eux.
18:16Donc, on reçoit tous l'information, on accuse le coup.
18:20On ne comprenait pas comment les terroristes savaient
18:22qu'il y avait des policiers derrière la porte.
18:25Mais c'est parce que les terroristes avaient placé trois otages
18:29collés contre la porte et eux étaient censés,
18:32enfin, ils devaient répercuter tout ce qu'ils entendaient aux terroristes.
18:35La crise change complètement de nature,
18:37puisque d'une recherche de terroristes et de secours aux victimes,
18:41on passe dans une phase de libération d'otages
18:45et de neutralisation de terroristes.
18:47Ce n'est pas du tout le même travail.
18:50La vie de plusieurs otages est en jeu.
18:53Il faut faire intervenir le négociateur.
18:57Ça me paraît même surréaliste qu'ils disent
18:59qu'on veut négocier.
19:00Il y a des victimes partout,
19:02il y a des gens qui pleurent, qui râlent,
19:04qui meurent, qui sont en train de mourir.
19:06Bien sûr que la négociation dans ce type de crise
19:08est vouée quasiment à l'échec,
19:10et on le sait.
19:11Mais vous n'êtes pas à l'abri, d'une part,
19:13d'une libération partielle d'otages.
19:15Il y avait une femme enceinte, par exemple.
19:17La première des choses à faire,
19:18c'est de prendre un maximum de renseignements.
19:21Où est-ce qu'ils sont positionnés ?
19:23Combien d'otages ?
19:24Quelles sont leurs intentions ?
19:26Vous ne partez pas tout de suite dans une logique d'assaut.
19:29...
19:31Il y a un numéro de téléphone qui est donné par un otage qui parle sous la contrainte,
19:45mais qui est donné à nos collègues qui, eux, se trouvent directement derrière la porte.
19:50Il fallait déjà que moi je redescende un petit peu en température,
19:54parce que si c'est pour les appeler et puis être moi-même dans l'émotion, ça ne va pas marcher.
20:02Les otages n'arrivent pas à donner un numéro de téléphone à un opérateur de la BRI,
20:06qui est dans un très très fort accent de Marseille,
20:08donc en répétant numéro par numéro, chiffre par chiffre de ce numéro de téléphone,
20:15ça les fait rire.
20:16Il y a un moment qui est presque un peu décorrélé de la gravité de la situation.
20:25Je vais me mettre à l'écart et puis je vais les appeler tout de suite,
20:28parce que ma hantise, c'était qu'ils continuent à exécuter des otages.
20:32Arrive très rapidement la revendication, les soldats du califat,
20:36vous tuez nos femmes et nos enfants en Syrie, on va tuer les autres ici.
20:40À la suite de ça, il y a un ultimatum, ils disent
20:42si vous ne dégagez pas le groupe d'assaut là, on va tuer un otage, on va lui couper la tête.
20:46On va jeter par-dessus le bâton.
20:50Il leur dit que je vais les rappeler et que je vais faire le nécessaire
20:54pour obtenir le retrait du groupe.
20:59Mais intérieurement, je sais que ce n'est pas possible non plus.
21:02Moi, je leur dis, on a fait reculer les snipers,
21:04donnez-nous en échange, libérez en échange les otages.
21:09Il y a un négociateur qui est assisté par un autre,
21:12on ne négocie jamais tout seul, ils ne sont pas sur place,
21:14ils sont dans un lieu déporté, ils vont établir un contact.
21:18Établir un contact, c'est comprendre un peu ce qui se passe,
21:21combien il y a de personnes, écouter le cas échant,
21:24quelques revendications, et puis tenter d'obtenir la libération d'otages.
21:28Je les rappelle très rapidement après,
21:30puisque le ultimatum court sur cinq minutes.
21:32C'est un deuxième terroriste qui parle,
21:34ils me disent combien ils sont, combien il y a d'otages avec eux.
21:38Moi, je leur demande comment je peux les appeler,
21:40je cherche à créer un minimum de liens pour les garder en ligne,
21:44mais c'est eux qui mènent la danse.
21:47Très vite, après le premier contact, le négociateur m'appelle,
21:49il me dit écoutez, on n'y arrivera pas.
21:52Il y a eu d'autres appels avec le négociateur et les terroristes,
21:55il y en a cinq en tout.
21:56On comprendra par la suite qu'en fait,
21:57ils n'avaient pas vraiment préparé la suite de la prise d'otages.
22:03La fusillade avait été préparée, les attentats avaient été préparés,
22:06mais selon moi, et d'après ce que nous diront les otages,
22:09ils étaient un petit peu en désaccord tous les deux sur la suite.
22:12Il y en a un qui voulait mourir tout de suite, qui disait
22:15allez, allez, on se déclenche, on se déclenche.
22:17L'autre qui voulait faire durer un peu plus longtemps.
22:20C'est seulement après quatre appels et puis un cinquième
22:23que la BRI acquiert la certitude qu'il n'y aura pas de libération.
22:28Les négociations stagnent au niveau du balcon gauche.
22:32À droite, des policiers sont postés sans aucune certitude.
22:37Lorsque moi je monte au premier étage, je vois que le côté gauche est tenu,
22:42qu'il y a suffisamment de monde de chez nous qui est en position de combattre,
22:46et le balcon à droite n'est pas tenu.
22:49Je ne savais pas s'ils étaient deux à gauche ou s'il y en avait un à gauche,
22:51puis un à droite qui disait rien et qu'il fallait également neutraliser à cet endroit-là.
22:56Et on est à côté droit, on ne sait pas trop.
23:00Les témoignages qu'on a de gens nous disent, on ne sait pas combien ils sont,
23:05ça peut être trois, ça peut être quatre, ça peut être cinq.
23:08On n'a aucune idée du nombre de terroristes.
23:11Pas d'autre issue, il faut mener un assaut simultané.
23:15Le patron de la BRI Paris sort de la colonne, feu vert immédiat du préfet.
23:20Derrière le préfet, il y a un homme, il m'appelle par mon prénom, ce qu'il ne fait pas d'habitude,
23:24et il m'a dit, bon Christophe, est-ce que vous pensez que ça va bien se passer ?
23:27Il réalise que le risque est énorme, il ne faut pas mentir dans ces cas-là,
23:32donc je lui dis, non, non, ça ne va pas bien se passer,
23:34on va intervenir dans un couloir avec une douzaine d'otages, on va essayer de faire au mieux.
23:38Je lui dis, attendez-vous, est-ce qu'il y a de la caste chez les otages et chez nous ?
23:41Bon, donc il accuse le coup et je pars.
23:45À l'intérieur, les équipes s'organisent.
23:50On va montrer un plan du couloir et on savait très bien que c'était des conditions extrêmes.
23:56Il y avait deux colonnes en fait, il y avait la toute première et la seconde derrière avec mon adjoint,
24:00et il était convenu que la seconde passe derrière si la première se faisait couper en deux.
24:04C'est un couloir qui fait 8,5 mètres de long et 1,35 mètres de large.
24:12C'est extrêmement exigu.
24:13Vous ne pourrez pas vous cacher ?
24:15Le couloir, oui, c'est la pire des configurations.
24:17C'est sûr qu'on ne peut pas se cacher.
24:19On n'a pas le droit de reculer non plus.
24:21C'est pourquoi tu possèdes que les écoles guerrières et toi un peu mieux ?
24:25On est conscients du danger.
24:26On sait que les terroristes sont lourdement armés.
24:29On a trouvé d'ailleurs des chargeurs avec des balles traçantes, des balles incendiaires qu'ils ont perdu.
24:36On sait qu'ils ont un armement lourd, un armement qui peut être même très dangereux, même pour quelqu'un qui a un gilet pare-balles.
24:43La configuration, le profil des individus, on dit on va avoir des pertes, c'est évident.
24:48On va perdre des gens, on va perdre des otages.
24:50Il ne faut pas y penser en fait.
24:51Il ne faut pas vous dire, bon allez, c'est la dernière fois, on ne va pas revenir.
24:54Sinon, effectivement, on ne risque pas à y aller.
24:56Je dis, mais vous êtes d'accord avec ça ? Vous avez compris ce qu'on fait ?
24:59Il y a une qui se dit, mais oui monsieur, bien sûr.
25:02De toute façon, on n'a pas le choix, on va y aller.
25:05Je le savais, mais j'avais besoin de l'entendre quand même.
25:07Parce que pour être sincère, moi je m'attendais à ce qu'une bonne partie de la colonne ne se relève pas.
25:12On avait mis l'hôpital de campagne au niveau du premier étage entre les deux balcons.
25:18Je me souviens que les gens regardaient et je leur ai dit, écoutez, votre boulot, ce n'est pas de revenir dans une civière, donc vous vous protégez.
25:26Pour protéger les policiers, un bouclier sur roue de deux mètres de haut, le Ramsès.
25:32Ces 27 impacts de balles révèlent la violence des tirs des terroristes.
25:38L'affrontement final est annoncé en direct à la télévision par le chef de l'État.
25:43Des attaques terroristes d'une ampleur sans précédent sont en cours, c'est une horreur.
25:49C'est en ce moment même que les forces de sécurité font assaut, notamment dans un lieu à Paris.
25:57Dernier détail à ajuster, pendant que les négociations se poursuivent, cinquième et dernier appel.
26:05Quand le groupe d'intervention est prêt, même si on continue à communiquer, on sait que ça ne va pas aller bien loin.
26:15On les maintient au téléphone, parce que moi ils me posent la question, ils me disent, mais c'est quoi ces bruits, c'est quoi ces bruits ? Là on sent, là ils ne sont plus, on sent qu'ils ont acquis elle.
26:23On commence l'assaut à ce moment-là. Pourquoi ? Parce qu'on gagne une microseconde où un des terroristes au moins a un téléphone dans la main et pas la main sur l'arme.
26:34Les policiers ont repéré ce qu'ils pensent être une caméra au-dessus de la porte.
26:40Les snipers du RAID doivent la détruire, c'est le signal.
26:44Il n'y a plus de caméra, il n'y a plus de caméra !
26:50Minute 18, l'assaut est lancé.
26:57Quand on donne l'assaut, il y a un moment où on stagne devant cette porte qui reste fermée, qu'on n'arrive pas à ouvrir.
27:04Derrière ça tasse et on n'a qu'une envie, on ne comprend pas pourquoi on rentre pas.
27:08Et en fait, je prends l'initiative de me décaler du bouclier.
27:15Mon camarade qui pilote le Ramsès, qui hurle en me disant « Attends, attends, attends ».
27:22Quand j'ai vu que le grand bouclier pouvait passer, j'ai poussé à trois reprises la porte.
27:29Et la troisième, la porte est ouverte. Et à ce moment-là, c'est un déluge de feu qui a commencé.
27:34Et quand la porte cède, les instants suivants, c'est les premières salves qui arrivent.
27:42Donc effectivement, j'ai tous les éclats juste devant moi.
27:47Et donc je vois bien effectivement que le chargeur se vider.
27:51Les collègues encaissent, mais ils ne tirent pas. Et à un moment, ils commencent à tirer un petit peu. Ils ont tiré très peu.
28:04En face, ils vont vider leur chargeur. Pendant que nous, je crois qu'on a tiré à peu près une diesel.
28:09Forcément, vous ne vous présentez pas quand ça tient. C'est le Ramsès qui lui va absorber toutes les cartouches qui vont arriver.
28:17Et mon camarade qui va lui continuer d'avancer.
28:20On était en colonne d'assaut, un par un, en file indienne, puisqu'on n'avait pas le choix. Donc on avait mis notre bouclier en tête.
28:30Et puis, on avait décidé de progresser. Et puis, si malheureusement on perdait les gens, c'était les suivants qui continuaient.
28:36À peine je rentre, je sens que le bouclier va tomber. Donc je le pousse vraiment fort. Comme ça, il va retomber sur les roues.
28:47Mais il est tellement lourd que... Et comme il y avait deux marches, le bouclier a basculé.
28:54Le premier de colonne, à un moment, perd le bouclier. Donc il se retrouve à nu. Il a un gilet, bien sûr, et un casque.
28:59Mais face à Nkalechnikov, il aurait pu arrêter, reculer, stopper.
29:06Il a pris son arme de poing et puis il a continué à avancer.
29:09Leur courage, je pense, est vraiment à souligner.
29:18On entend dans la rue ce qui se passe. Les explosions...
29:22Je vois presque immédiatement devant moi un collègue tomber.
29:25Il est propulsé par le choc par-dessus des sièges et il disparaît.
29:30Mais à ce moment-là, moi, je me dis, ça y est, j'ai un mort.
29:33Les balles, malgré le bouclier, ricochent. Et donc, comme c'est très étroit, on aura d'ailleurs notre blessé.
29:39Il est en sixième position dans la colonne d'assaut.
29:42On est dans le noir. Les grenades, les tirs, le faux plafond, ça fait un effet de fumée.
29:47On est fait de fumée où vous ne voyez pas grand-chose, en fait. Le discernement est très difficile.
29:52Donc, nous, la seule chose qu'on peut faire, c'est saturer en grenade pour essayer de déstabiliser en face.
29:58Et après, ça va très vite. C'est-à-dire que les otages arrivent.
30:02Les premiers attrapaient les otages et les tiraient. Et puis, ils étaient tirés par la colonne vers l'arrière.
30:06On voit les otages arriver, on les tire. Ça va très, très vite.
30:10Allez, allez, avance, on va, on va, on va !
30:19Je me distingue d'une porte, en fait, sur la droite.
30:22Et bien évidemment, on n'a pas le nombre d'auteurs. On ne sait pas exactement où ils sont.
30:27Et moi, je vais fixer cette porte. J'annonce porte, porte, porte.
30:30Et les copains vont continuer de progresser. Et eux vont aller neutraliser le preneur d'otages.
30:37Là, il n'y avait plus de tir de calage. J'ai avancé en marchant, sans le savoir, sur les otages qui étaient par terre.
30:45Jusqu'au moment où l'un des terroristes apparaît. J'ai tiré sur lui à deux reprises.
30:50Le premier va exploser avec son gilet et blesser en partie le deuxième, qui sera un petit peu plus bas dans l'escalier.
31:00Ça s'accélère et on a cette explosion. On sort le souffle, qui est très puissant. Et puis, de nouveaux tirs.
31:07Il va y avoir le blast et les coups de feu sur ma gauche. Mais je vous dirais que le blast, je ne le ressens même pas.
31:14L'adrénaline est tellement à son plus haut qu'au final, vous faites ce que vous êtes en train de faire.
31:20Et ce qui se passe à côté, vous faites confiance aux copains et vous n'êtes pas perturbé.
31:26Il y a un collègue qui me rejoint, c'est Anthony. Il prend le puits de l'escalier, lui descend, j'accompagne et il voit le deuxième terroriste qui a reçu la déflagration suite à l'explosion du premier.
31:42Il essayait de s'exploser. Et là, Anthony le termine.
31:45On sait qu'il va essayer de se faire sauter et on a un peu de chance puisque son gilet tactique explosif a tourné et que son système d'allumage se trouve au niveau du nombril normalement.
31:58Et que là, il a tourné à cause du blast et il ne regardera pas à se déclencher. Mais on le voit faire ce geste d'essayer de se déclencher.
32:06Donc là, bien évidemment, il est neutralisé.
32:08Avec la poussière, c'était vraiment très très sombre. Il distinguait une silhouette. Donc l'escalier descendait encore.
32:15Et là, c'était encore plus sombre. Et on croise des lasers et on comprend que c'est les collègues.
32:23Deux collègues de la BRI devant et derrière eux, les collègues du reste.
32:28Dans l'escalier, entre les deux terroristes, un otage survit à l'explosion.
32:35Cet homme en état de choc.
32:40Avec sa femme, ils étaient séquestrés dans le couloir.
32:45Et puis un otage par deux.
32:47Arrêtez-vous, s'il vous plaît.
32:48Au Bataclan ?
32:49Au Bataclan.
32:52De l'autre côté du Bataclan, à l'étage, un groupe de policiers dirigés par Yann mène un assaut en parallèle.
32:59On entend qu'ils prennent la foudre de l'autre côté, clairement. Et là, moi, ma crainte, c'était qu'on soit pris à partie sur notre flanc.
33:09Nous, on a beaucoup de mal à droite à ouvrir les portes de la loge. Parce qu'en fait, des otages étaient réfugiés et avaient barricadé la porte.
33:16Je me rappelle, il y avait un frigo, il y avait un canapé. Et lorsqu'on entre dans la pièce du fond du couloir, il n'y a plus personne. Et on constate qu'il y a un trou dans le plafond.
33:27Ils ont creusé, enfin, démonté le faux plafond. Et par les faux plafonds, ils sont partis sous les toits du Bataclan.
33:33Je récupère quelques effectifs et je bascule de l'autre côté, où je viens rejoindre la première colonne, ce qu'on appellera, nous, la colonne Alpha, pour pouvoir progresser avec eux.
33:44On fait mouvement et on vient renforcer la colonne Alpha. Ils étaient en train de descendre sur la scène où se trouvait le deuxième terroriste.
33:51Minuit 25, l'assaut est terminé, mais l'intervention continue.
33:58Après, il y a une partie de recherche. Tant qu'on n'a pas fouillé entièrement, on ne sait pas si ça ne va pas recommencer.
34:04Puis il y avait la dimension explosive. Les terroristes avaient des gilets de TATP sur eux, donc on n'était pas à l'abri qu'ils aient piégé des zones dans le Bataclan.
34:12Pour nous, ce n'est pas une fin. Il y a encore des otages à secourir.
34:17Des otages s'étaient cachés dans tous les moindres recoins du Bataclan.
34:23Des rescapés terrifiés qu'il faut parfois même convaincre d'ouvrir les portes.
34:30Je lui demande son prénom, il me dit Sébastien et il me dit « et toi ma gueule ». Et là, je regarde Jérémy.
34:38Je n'ai pas dit mon prénom à consonance maghrébine. Et je donne le prénom de Jérémy. Et comme j'ai hésité, il n'a pas ouvert.
34:47Et j'aurais fait pareil.
34:49Et donc, les personnes qui sont derrière la porte, cachées, réfugiées, appellent le 17 et via un mot de passe qui est inventé pour la circonstance,
34:59ils finissent par ouvrir la porte ayant enfin la conviction que ceux qui sont de l'autre côté sont vraiment des policiers.
35:05Au départ, on pensait que c'était un piège. On a mis du temps à comprendre que la police était bien là et qu'on pouvait évacuer, qu'on était sains et saufs.
35:14Mais pendant une vingtaine de minutes, on restait enfermés.
35:17On a découvert qu'il y en avait là et il y en avait encore une cinquantaine qui étaient juste au-dessus de nos têtes dans le faux plafond.
35:23Dans les combles, il y a des câbles électriques, il y a des faux plafonds qui peuvent faire chuter.
35:31Il y a des gens qui se sont véritablement mis en danger pour se cacher.
35:35On va trouver une petite échelle qui mène à un faux plafond et on va en ressortir un grand nombre d'autas.
35:41Les faux plafonds, c'est du carton pâte. Ils auraient pu passer à travers et tomber 10 mètres plus bas.
35:46Je me rappelle d'un petit garçon, un tout petit garçon qu'on a sorti des combles.
35:50Il va y avoir dans les 8-10 ans, je me demande si on lui a pas remonté son t-shirt sur le visage.
35:56Voilà, pour pas qu'il soit confronté à cette horreur.
35:59Je suis redescendu avec mon chef.
36:16Et là, il y avait des téléphones qui sont allés de partout, qui vibraient.
36:20Et à chaque fois, on voyait papa, maman, des prénoms qui s'affichaient.
36:24Vous dites, ces gens-là, ils appellent et ils n'auront jamais de réponse.
36:27On n'est plus des robots, là. On est rattrapés un peu par tout, par vos émotions.
36:35On commence à prendre conscience à ce moment-là.
36:37Christophe aussi, en plus, je peux pas parler pour lui, mais il a aussi quelqu'un de très proche
36:44qui fait partie des gens qui sont dans la fosse et qu'on va d'ailleurs retrouver un petit peu plus tard.
36:50Moi, j'ai été durement touché. En fait, j'ai mon ami d'enfance qui fait partie des personnes qui ont été abattues par le terrorisme.
36:56Et ça, je l'ai su après l'assaut. D'un seul coup, vous devenez en quelque sorte une victime aussi.
37:02Donc, il m'a demandé de prendre en charge le dispositif, ce que j'ai fait.
37:08Fin de l'opération. Il est 1h15 du matin. Ce soir-là, au Bataclan, 90 personnes sont tuées. Des centaines sont blessées et traumatisées.
37:23Vous savez fini votre mission à partir du moment où vous êtes sur le trottoir et on vous dit OK, on repense des équipes et on y va.
37:34Mais à ce moment-là, nous, on savait que c'était fini. Et quand on était sur le boulevard Voltaire, on regardait les sirènes.
37:46Bref, c'était une ambiance fin du monde.
37:49Finalement, on a eu un blessé. Un blessé grave à la main, mais c'est tout, côté police.
38:06Et il a un gros bandage autour de la main. Et il a une chance inouïe, enfin une chance inouïe dans son malheur.
38:12La balle a tapé dans son pistolet. Et même s'il a pris quand même des éclats de la balle, elle lui a tapé en direct son bras, ce qui aurait eu pour effet de lui arracher son bras.
38:25On parle souvent quand on réussit une opération. Il y a un côté aussi, derrière, un peu festif.
38:36Le Bataclan, c'est complètement différent. On est conscient d'avoir sauvé des vies. Mais dans la balance, il y a tellement de morts.
38:43C'était des gamins en plus, la majorité. Je pense que tout le monde était plombé.
38:48Jusqu'à être en train de traverser le pays, on n'est pas dans une forme de satisfaction, de célébration.
38:57Et là, pour la première fois, on est rentrés tous. On n'avait tous qu'une envie, c'est rentrer chez nous.
39:02Il n'y a pas eu du tout, bien évidemment, de festivité. On n'avait qu'une chose. Et moi, j'avais qu'une envie, c'est au bout d'un moment, c'est rentrer chez moi et être isolé.
39:12Et ma femme, elle a très bien compris.
39:14En plus, tout le monde était très fatigué parce qu'on était au milieu de la nuit.
39:18Là, pour le coup, on parle des familles parce qu'à ce moment-là, on est pressé de rentrer pour aller rassurer les épouses.
39:25Cette opération est décortiquée, analysée.
39:29La BRI Paris a mis une demi-heure pour arriver sur les lieux et deux heures avant de donner l'assaut.
39:37Trop long pour certains.
39:39Bien entendu, oui, ils ont mis deux heures à intervenir. C'est le temps qu'il faut en TGV pour aller à Lyon.
39:44Et c'est important de comparer ce qui est comparable avec d'autres pays.
39:47Les opérations de ce genre, ça a duré des jours parfois.
39:50Il y a extrêmement peu de services aujourd'hui dans le monde qui sont capables d'intervenir en quelques minutes.
39:54Il s'écoule deux heures parce qu'on ne sait pas si les touristes sont encore là.
39:58On ne sait pas combien ils sont tout de suite.
40:01On ne sait pas s'ils ont mis ou pas des explosifs.
40:03On ne sait pas s'ils ont piégé des cadavres.
40:05Enfin, on ne sait rien.
40:06Et donc, à partir du moment où il n'y a pas de tir et vous n'entendez rien, vous devez progresser lentement.
40:11Et ça, n'importe quelle autre unité d'intervention française aurait fait la même chose.
40:18Une résolution d'une crise majeure comme celle-ci en deux heures, c'est rien.
40:21J'ai peine après à comprendre certaines critiques.
40:25Honnêtement, je trouve que les guerres ont fait un boulot extraordinaire.
40:28Malgré les critiques, cette intervention et surtout l'assaut serviront d'exemple
40:34et d'exercice pour les unités d'élite du monde entier.
40:39Les unités étrangères, voilà, Béry, en disant, mais vous avez réussi un truc que personne ne pense possible.
40:44Comment vous avez fait ? Expliquez-nous, montrez-nous.
40:46Ce qu'on a accompli, c'est qu'on refaisait 100 fois.
40:49Peut-être qu'on n'y arriverait pas.
40:51Mais ce soir-là, tout le monde était avec nous.
40:54Même ceux qui étaient derrière leur télé étaient avec nous.
40:58Bien évidemment, il y a toujours un facteur chance.
41:01Mais cette chance, on se la donne.
41:06On s'est retrouvés confrontés à une situation d'une ampleur inédite jusque-là
41:13qui mêlait le même soir des tueries de masse, des kamikazes,
41:19une prise d'otages massive, un assaut avec des terroristes.
41:23Tous les cas de figure qui pris individuellement étaient déjà des événements majeurs.
41:27Ce qui est important, c'est d'abord, en premier lieu, c'était les otages.
41:30Mais au-delà de ça, de cette soirée, ce qui est important, c'est la brigade.
41:35C'est une belle brigade. Il faut se souvenir de ce qu'elle est.
41:38C'est marrant parce qu'après 2015, on m'a dit
41:41« Ah bon, mais la BRI fait de l'intervention. »
41:43Mais elle fait de l'intervention depuis plus de 50 ans.
41:47« Après le 13 novembre 2015, la BRI pari double ses effectifs, renforce son matériel et revoit ses méthodes pour s'adapter à la menace terroriste. »
42:01Cette attaque métamorphose l'unité et surtout marque profondément les policiers.
42:08« Généralement, on rencontre jamais les victimes. On a un otage qui s'est présenté en bas du 36 et qui a demandé à rencontrer les gendables.
42:16On était deux, trois. Qu'est-ce qu'on fait ? On s'interroge un petit peu. Et puis au final, je crois qu'il est arrivé sur l'heure du midi, puis il est reparti. Il faisait nuit. »
42:26« C'est lui qui nous a mis en relation un petit peu avec les autres otages rescapés de ce couloir. »
42:33« À chaque fois que je les croise, j'ai un gros sourire et je suis très, très heureux de les rencontrer. »
42:39« Tous les ans, on participe aux cérémonies de commémoration devant le Bataclan. »
42:43« Et à chaque fois, les otages ou les familles d'otages, ceux qui ont disparu au Bataclan, viennent nous voir. »
42:51« C'est toujours des moments très forts, très émouvants. »
42:56« Des retrouvailles et des moments de recueillement pour se souvenir ensemble. »
43:07« Les terroristes ont voulu s'en prendre à l'esprit de fait, à la joie de vivre, à l'identité de la France. »
43:15« Au péril de leur vie, les policiers de la BRI Paris ont tout fait pour les défendre. »
43:22« Au péril de leur vie, les policiers de la BRI Paris ont tout fait pour les défendre. »
43:25« Au péril de leur vie, les policiers de la BRI Paris ont tout fait pour les défendre. »
43:27« Au péril de leur vie, les policiers de la BRI Paris ont tout fait pour les défendre. »
43:30« Au péril de leur vie, les policiers de la BRI Paris ont tout fait pour les défendre. »
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