Prothèses médicales : dans l'Aude, le site historique de LDR Médical fermé par son nouvel actionnaire américain

Sud Radio

Avec le Professeur Olivier Jardé, Médecin orthopédiste  🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴  ▪️ Facebook :   /   / sudradioofficiel   .   ▪️ Instagram :   /   / sudradioofficiel   . ▪️ Twitter :   /   / sudradio   .     ▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr  ##SUD_RADIO_PRES_DE_CHEZ_VOUS-2025-11-08##

Transcript

00:00Sud Radio, le grand matin week-end, 6h-10h, Maxime Liedot.

00:05Et Sud Radio, près de chez vous, ce matin se déroule du côté de Troyes.

00:08Bonjour Professeur Olivier Jardet.

00:10Oui, bonjour.

00:12Merci beaucoup d'être avec nous ce matin.

00:13Vous êtes médecin orthobédiste.

00:14Je le disais avant qu'on se rejoigne tous les deux à l'antenne,

00:18c'était en réalité un leader dans la prothèse médicale,

00:21notamment la prothèse médicale qui se fabriquait à Troyes,

00:25qui employait plus de 96 personnes,

00:27rachetées par des Américains il y a quelques années.

00:30Et résultat, en réalité, le propriétaire américain a décidé de mettre tout le monde à la porte

00:34pour cesser ses activités en Europe globalement.

00:38Mais première question, c'est que c'est quand même drôlement bien,

00:40parce qu'on apprend toujours quand ça, en réalité, ça commence à partir hors de France,

00:44qu'on savait faire des trucs en France,

00:45notamment qu'on possédait des vrais bijoux français dans la prothèse.

00:49Tout à fait.

00:50Alors moi, je voudrais simplement replacer la problématique de la prothèse.

00:55On met de plus en plus de prothèses chez tous les Français.

01:00On est quand même à 350 000 par an, ce n'est pas un petit chiffre.

01:03Ce qui a énormément diminué la dépendance des personnes âgées,

01:07on voit de plus en plus de personnes âgées qui peuvent rester à domicile,

01:10et grâce aux prothèses.

01:12Parce que quand vous ne pouvez pas vous déplacer,

01:14vous avez des difficultés chez vous,

01:16vous êtes en photovoluant, c'est beaucoup plus compliqué.

01:18Et donc, effectivement, il y a une problématique que vous venez de soulever

01:22avec LDR médicale, mais qui est beaucoup plus globale

01:25et qui est beaucoup plus anxiogène.

01:27Il y a eu une décision ministérielle de baisser le prix des prothèses

01:32de façon totalement programmée,

01:34et je dirais assez catastrophique.

01:36C'est-à-dire que c'est moins 8% pour les prothèses d'épaule,

01:39moins 4,5% pour les prothèses de genoux,

01:42moins 2,5% pour les prothèses de hanches.

01:45Avec une programmation, cette année, c'est 52 millions de moins,

01:49l'année prochaine, c'est 25, et l'année après, c'est 25.

01:51C'est-à-dire qu'on va arriver à plus de 100 millions d'euros

01:54sur un total de 917 millions d'euros.

01:57Donc, vous voyez qu'il faut réintégrer cette fermeture de LDR

02:03sur le niveau global de la pose des prothèses.

02:07Alors, avec un risque, en quelques mots, vous l'avez dit,

02:10et c'est parfait, c'est la production et la souveraineté sanitaire

02:14qui est française qui est menacée, ça c'est sûr,

02:16c'est l'attractivité du marché français.

02:18Mais ça, on va y venir, professeur Olivier Jardet.

02:22Simplement pour s'arrêter, en effet, sur ce cas,

02:23parce que c'est quand même un choc,

02:24c'est 96 personnes qui vont sans doute se mettre sur le carreau,

02:27c'est aussi un géant qui avait à la base des origines françaises,

02:30puisque c'était une petite start-up de l'aube à la base,

02:33une petite entreprise de l'aube.

02:34Qu'on comprenne simplement, cette prothèse,

02:36elle était faite pour s'implanter, si j'ai bien compris,

02:39au niveau de la colonne vertébrale, c'est ça ?

02:42Oui, alors, il y a deux niveaux.

02:45C'est quand même des prothèses qui ont un recul très très faible,

02:49mais qui sont innovantes.

02:51Et c'est ça le problème,

02:52c'est-à-dire que c'est cette perte de compétence

02:56et d'innovation qu'on est en train de perdre.

02:58Ah oui, donc non seulement on se prive de prothèses qui marchaient.

03:00Je pense malheureusement que ce n'est pas la première qui va se fermer.

03:03C'est ça le problème.

03:04Moi, je mets beaucoup de prothèses de cheville,

03:05et les prothèses de cheville sont aussi des niches.

03:08On n'en a plus en France.

03:10On n'en a plus en France, et non seulement on n'en a plus en France,

03:12mais on n'en a plus qu'une seule implantable.

03:15Alors, je ne veux pas rentrer dans la technique,

03:17parce que vos auditeurs vont comprendre,

03:18mais si vous voulez, il y avait jusqu'à présent des plateaux mobiles

03:21pour les prothèses de cheville et les plateaux fixes.

03:23On m'impose des plateaux fixes.

03:25Pourquoi ? Je ne sais pas pourquoi.

03:27Pour qu'on comprenne bien,

03:31le professeur Olivier Jardet,

03:32non seulement il y a la volonté d'arrêter de financer les prothèses,

03:35comme vous l'avez évoqué au début de cette conversation,

03:39il y a également le fait qu'on vous impose un certain type de prothèses.

03:42Les prothèses, en réalité, qui commencent à fonctionner

03:44ou qui sont innovantes et qui sont françaises,

03:46on s'en prive.

03:47Mais si on reste sur cet exemple de LDR médical,

03:50ça veut dire quoi ?

03:51Ça veut dire que sur le marché français,

03:52de plus en plus, quoi ?

03:53Sans parler de pénurie,

03:54ça va être beaucoup plus compliqué, par exemple,

03:56de se fournir en prothèses,

03:57ou ça veut tout simplement dire

03:58qu'on n'aura aucun problème sur le marché,

04:00simplement, ce sera du marché étranger,

04:02américain, européen plus largement,

04:04peut-être même asiatique ?

04:06Ah oui, c'est une très bonne réflexion.

04:09Bon, c'est l'arrêt de certaines gammes d'implants,

04:12c'est une rupture d'approvisionnement,

04:14et c'est la fin de l'innovation française,

04:16et je vous rappelle que l'orthodénie française

04:18était reconnue mondialement,

04:19avec l'arrivée, effectivement,

04:22de concurrents

04:24qui fabriquent, je dirais, à Bakou,

04:26et qui n'ont pas forcément d'audit.

04:28Ça, c'est très très important.

04:30Je n'aurais pas signé la chine et l'Inde,

04:32mais ça a déjà fait,

04:33parce que là, vous parlez de LDR,

04:34il faut savoir que la société Amplitude,

04:37qui était une société assez importante française,

04:39vient d'être vendue aux Indiens.

04:41Impeccable.

04:41Donc, c'est global, je veux dire.

04:46Attention pour les malades.

04:48Une dernière question, quand même, professeur Olivier Jardé.

04:51Il y a cette polémique, vous savez,

04:53qui semble être un peu inacceptable et inaudible en France,

04:56et notamment de la part des Américains,

04:57qui disent, mais en réalité, vous ne comprenez pas,

05:00on arrête d'investir en France,

05:02parce que vous ne payez pas votre santé assez cher,

05:05et donc, pour nous, ça n'est pas assez rentable.

05:07Est-ce qu'il ne faut pas entendre un tout petit peu cette critique ?

05:10Qu'est-ce que vous en pensez ?

05:11C'est ce que je vous ai dit tout à l'heure.

05:13On est d'accord.

05:14Sur les 900 millions de budget,

05:17on en retire 100 millions.

05:18Donc, effectivement,

05:20on va avoir des ruptures d'approvisionnement,

05:23et surtout, une perte de savoir-faire.

05:25Encore une fois, je veux insister sur

05:27l'orthopédie française est une orthopédie mondiale reconnue.

05:31Et là, c'est la fin des innovations.

05:32Si on a une fin des innovations,

05:35on va avoir une diminution des qualités de produits,

05:37et attention, attention aux malades.

05:39Et surtout, perte de souveraineté,

05:41comme on l'évoquait dans la conversation.

05:42Merci beaucoup, professeur Olivier Jardet,

05:43d'avoir été avec nous pour parler, en effet,

05:45de cette entreprise près de Troyes

05:47qui avait été rachetée par les Américains,

05:49qui espéraient, quand en réalité l'entreprise

05:51s'est retirée de l'Europe,

05:52d'avoir une petite fabrication française.

05:54Et là, c'est 96 personnes sur le carreau.

05:56C'est LDR Médical qui fabriquait quand même

05:58quelque chose de suffisamment essentiel,

05:59parce qu'on parle de prothèses

06:01qui se, on va dire,

06:02qui venaient s'immiscer au niveau de la colonne vertébrale.

06:04Et on l'a bien compris, professeur,

06:06c'était en effet très, très, très important,

06:07parce que ça proposait,

06:09on était sur des sujets de souveraineté.

06:11Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin.

06:12Il est 7h20.

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