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  • 10 hours ago

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00:00Bonsoir, on a un certain nombre de faisceaux d'indices qui sont notamment le mode opératoire récurrent
00:06qui rappelle en fait aussi des pratiques des services de renseignement soviétiques,
00:12ce qu'on appelait alors le service A du KGB, ces mesures actives qui visent à déstabiliser les sociétés ciblées
00:18et là on a un vrai retour de ce genre de pratiques-là.
00:22On a aussi, ça a été très bien documenté par Mediapart, notamment des camps d'entraînement,
00:27notamment en Bosnie, d'agents dits jetables, donc ces agents qui sont aujourd'hui jugés en fait dans ce tribunal
00:33et qui sont effectivement, en tout cas pour un certain nombre d'entre eux, les petites mains d'opérations plus larges
00:37avec des commanditaires plus élevés.
00:39On sait qu'il y a des camps d'entraînement où, semble-t-il, les services de renseignement russe
00:45et notamment le guerre où le renseignement militaire serait impliqué.
00:49Et puis enfin on a les thèmes, les récits qui sont mobilisés dans ce type de campagne
00:56qui sont des thèmes assez récurrents.
00:59Au-delà des mains rouges, vous savez qu'il y a l'histoire des têtes de cochon,
01:02l'histoire des étoiles de David qui vont instrumentaliser notamment nos faiblesses,
01:06nos foyers de tensions, en l'occurrence ici confessionnels,
01:10donc la question de l'antisémitisme et de l'islamophobie,
01:12pour finalement jeter de l'huile sur ces tensions
01:17et mettre du sel sur les potentiels plaies de nos sociétés.
01:21Vous qui connaissez bien ce genre de dossiers, ce genre d'opérations,
01:25elles sont décidées au plus haut sommet de l'État russe.
01:28Comment cela fonctionne au sein des services de renseignement là-bas ?
01:31Alors l'une des pratiques, et c'est justement tout le sujet de ce procès,
01:40c'est qu'on est justement face à un nouveau procédé
01:43qu'on peut qualifier d'une certaine manière de forme de sous-traitance
01:47ou d'externalisation par des acteurs étatiques, en l'occurrence ici probablement,
01:52je le répète, les services de renseignement russe,
01:54puisqu'il s'agit justement non pas d'agir directement,
01:57mais de s'appuyer sur tout un réseau d'agents qui, semble-t-il,
02:01viennent donc des populations, en l'occurrence ici des groupes nationalistes bulgares,
02:08mais on a vu aussi des Moldaves, des Serbes,
02:11donc d'un certain nombre d'États d'Europe centrale et orientale,
02:13dont certains d'ailleurs ont des proximités politiques avec la Russie,
02:18je pense par exemple à la Serbie.
02:20Donc l'idée c'est justement de sous-traiter ce genre de pratiques
02:24pour plusieurs raisons, qui peuvent être la question du démenti plausible,
02:28pour dissimuler la trace des commanditaires,
02:30parce que aussi ce sont des agents qui sont plus flexibles,
02:33on sait qu'ils ont été payés quelques centaines d'euros
02:35pour venir agir de manière ad hoc en une seule fois, parfois deux,
02:40et donc certains ont même parlé d'une forme d'ubérisation du renseignement russe,
02:46mais en tout cas on est face à ce phénomène de sous-traitance
02:48qu'on retrouve d'ailleurs dans d'autres types d'ingérents,
02:51je pense notamment aux ingérences numériques et informationnelles,
02:54qui d'ailleurs pour un certain nombre d'entre elles ont participé à viraliser
02:58les contenus qui ont été produits par des photographies,
03:03notamment des mains rouges ou des étoiles de David,
03:05et puis derrière ça on a aussi un autre phénomène
03:09qui est celui d'une clandestinisation des pratiques d'influence de la Russie
03:13depuis l'invasion de l'Ukraine,
03:16et qui, l'hypothèse qu'on fait nous en tant que chercheurs,
03:18c'est de considérer que parce que la Russie n'a plus les moyens
03:22d'agir ouvertement, notamment au sein de nos sociétés,
03:25au sein de l'Union Européenne, je pense notamment à la fermeture
03:28de ces médias d'État, RT et Spoutnik,
03:30et bien ils vont davantage recourir à ces méthodes clandestines,
03:34à ces méthodes souterraines, ce qui est le cas vraisemblablement
03:37de cette affaire dite des mains rouges.
03:40Que pensez-vous aussi de la réponse de la France
03:42avec ce procès d'aujourd'hui, réponse plus musclée qu'auparavant selon vous ?
03:49Alors, il y a une réponse effectivement juridique
03:52qui est plus musclée, qui vise justement à s'emparer de ce sujet
03:57des ingérences, et pas seulement d'ailleurs sur le plan juridique.
04:00Au-delà de ça, je pense que la réponse politique,
04:04notamment, je pense que là encore, il faut aussi aller au-delà
04:07de cette simple affaire et de penser l'ensemble des affaires,
04:11donc les têtes de cochon, les étoiles de David, les cercueils,
04:16les mains rouges, qui sont en fait à chaque fois des modes opératoires récurrents.
04:20On voit que la réponse politique, elle s'ajuste,
04:22à mon avis, elle n'est pas encore la bonne.
04:24Pourquoi ? Parce que ce qu'il faut aussi préciser,
04:26c'est que, s'agissant de ces affaires, ce qui est attendu des commanditaires,
04:31c'est justement que nous, au sein de nos sociétés démocratiques libérales,
04:35nous surréagissions face à ces phénomènes.
04:38Les paniques morales sont recherchées.
04:40Et le problème, c'est que ce qu'on observe la plupart du temps,
04:42c'est que quand ces affaires surgissent,
04:44vous avez un certain nombre d'acteurs au sein de la classe politique,
04:47au sein d'une partie aussi du paysage médiatique,
04:50qui vont justement sauter sur ces affaires,
04:53en parler d'une manière à spécifier, par exemple,
04:56qu'elles témoignent d'une résurgence de l'antisémitisme ou de l'islamophobie.
05:00Et ça, c'est quelque chose qui est recherché par les commanditaires de ces opérations.
05:04Moi, il me semble qu'une réponse plus prudente serait justement
05:07au mieux d'attendre les conclusions des enquêtes en cours.
05:12Et si on en parle, d'essayer assez rapidement, voire systématiquement,
05:18de mettre en avant la possibilité qu'il puisse s'agir d'une ingérence étrangère.
05:23Pourquoi ? Parce que le ratio coût-bénéfice de ces opérations,
05:26aujourd'hui, il est extrêmement favorable aux commanditaires.
05:30On voit bien qu'à chaque fois que ces opérations surgissent,
05:31on a une surréaction immédiate.
05:34Et ça, c'est ce qui est recherché.
05:35Il faut être un peu plus prudent dans nos réactions.
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