- il y a 2 mois
Mardi 28 octobre 2025, retrouvez Cyriaque Dailland (Gérant diversifié, Sanso Longchamp AM), Florent Wabont (Économiste, ECOFI) et Vincent Chaigneau (Directeur de la recherche, Generali Investments) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.
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00:00...
00:00Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Vincent Chéniot est avec nous, le directeur de la recherche de General Investments.
00:16Bonsoir Vincent.
00:17Bonsoir Grégoire.
00:18Cyriac Dayan nous accompagne, gérant diversifié chez Sanso Longchamp Asset Management.
00:22Bonsoir Cyriac.
00:23Bonsoir.
00:24Et Florent Vabon est également à nos côtés, économiste chez ECOFI.
00:27Bonsoir Florent.
00:28Bonsoir Grégoire.
00:28Donc, que dit l'économiste de cette série de licenciements annoncés par des grands groupes américains ?
00:35UPS, Pauline en parlait à l'instant, au-delà des très bons résultats.
00:38Le groupe annonce avoir supprimé 34 000 jobs cette année dans l'entreprise,
00:45contre 20 000 ciblés au départ.
00:48C'est quand même énorme.
00:49On a bien sûr Amazon qui finalement, alors ne licencie pas 30 000 personnes,
00:53mais annonce pour l'instant un chiffre de licenciement de l'ordre de 14 000 emplois.
00:59General Motors a également mis de côté quelques 200 employés.
01:04Target, dans la grande distribution, prévoit de couper environ un millier de jobs, etc.
01:11Meta aussi doit couper des emplois, dans le secteur financier, dans la banque.
01:16Est-ce qu'on est là sur les effets d'une économie américaine qui ralentit ?
01:19Ou est-ce qu'on est là sur les effets d'une économie américaine qui est en train de gagner en productivité,
01:24avec enfin de premiers résultats liés à ces dépenses d'investissement frénétiques dans l'intelligence artificielle ?
01:31C'est en effet la question.
01:32Si je suis un peu taquin, on pourrait dire qu'effectivement,
01:34dire qu'on licencie parce qu'on gagne en productivité avec l'intelligence artificielle,
01:39c'est mieux que de dire qu'on licencie parce que l'économie ralentit.
01:42C'est ça, c'est la meilleure face de l'histoire.
01:44Ça, c'est parce que je suis un petit peu...
01:47Vous n'êtes pas la tête d'Amazon, en l'occurrence, Florent.
01:50Mais le sujet, vous avez raison, c'est l'intelligence artificielle.
01:53C'est l'éléphant dans la pièce.
01:54D'ailleurs, il suffit d'écouter ce qui vient d'être dit à l'instant.
01:56On a cité, je ne sais pas, au moins cinq ou six fois le nom d'OpenAI.
02:00Donc, c'est un peu le sujet.
02:02Y a-t-il aujourd'hui des gains de productivité mesurables dans l'économie américaine
02:05du fait de l'intelligence artificielle ?
02:07Franchement, je ne pense pas.
02:09Et à ce stade, il est très difficile d'avoir une conclusion.
02:13C'est un peu l'espoir.
02:14Enfin, ce n'est même pas un peu.
02:15C'est l'espoir que l'on ait des gains de productivité liés à l'intelligence artificielle.
02:19Sinon, il n'y aurait pas autant d'investissements là-dedans.
02:21Il n'y aurait pas autant de deals qui se font, etc.
02:24Ce qui est intéressant, dans la nature des emplois coupés par Amazon,
02:28ce n'est pas les emplois dans les entrepôts, par exemple.
02:30C'est vraiment des emplois dans les bureaux, des fonctions support, etc.
02:35Contrairement, effectivement, aux précédentes révolutions technologiques,
02:39ou ruptures technologiques, Internet, etc.
02:41Là, ça s'attaque directement aux professions intellectuelles.
02:45Peut-être que ce sont des signes précurseurs.
02:47L'histoire nous le dira.
02:48Mais à ce stade, il est difficile de le déterminer avec précision, je dirais.
02:51Maintenant, sur les gains de productivité, si l'on écoute les cabinets de conseil privés,
02:57évidemment qu'ils sont très positifs sur les gains de productivité.
03:02En revanche, les universitaires le sont beaucoup moins.
03:05Et encore, même au sein de ce groupe, il y a des dissensions et des résultats qui varient.
03:10Au global, on a un étalage, on a quelque chose de très éparses en termes de gains de productivité anticipés
03:16à horizon 10, 15, 20 ans vis-à-vis de l'intelligence artificielle.
03:19Donc, la conclusion, en fait, c'est qu'on n'en sait pas grand-chose.
03:21On sait néanmoins que ça aura des gains de productivité, effectivement, positifs.
03:26C'est déjà une clé de lecture importante.
03:29Mais voilà.
03:30Et donc, effectivement, c'est l'enjeu.
03:32Et donc, on le voit.
03:35C'est effectivement le sujet majeur.
03:37On dit souvent que les marchés ne sont pas l'économie.
03:39Mais là, en l'occurrence, force est de constater que l'intelligence artificielle
03:42commence à transparaître aussi dans les données économiques.
03:46Les plans d'investissement, forcément, c'est du PIB qui est généré.
03:50Quand on parle de construction de centres de données, il faut acheter aussi de l'équipement informatique.
03:54Alors, il faut faire attention quand on regarde les résultats du premier semestre sur le PIB.
03:59Il y a eu quand même un effet très délétère de la politique commerciale de Donald Trump.
04:03Une perturbation sur les importations, les exportations.
04:06Il faut faire attention à ne pas surestimer les effets de l'IA.
04:08Mais ces dépenses de CapEx, elles comptent beaucoup quand même dans la croissance du premier semestre dans son ensemble.
04:14Et après, on peut même aller un petit peu plus loin en se disant que la hausse des marchés financiers
04:17a engendré un effet richesse pour les ménages les plus aisés.
04:20Et même pour les ménages pas forcément les plus aisés, d'ailleurs.
04:23Parce qu'on voit qu'il y a une participation de plus en plus grande des investisseurs particuliers
04:26sur le marché des actions.
04:28Et donc, de ce point de vue-là, on peut dire que ça alimente aussi la consommation.
04:33Tant et si bien qu'on a effectivement un ralentissement de l'économie américaine.
04:36Peut-être que ces licenciements sont liés à ça.
04:38Mais l'intelligence artificielle pourrait être l'arbre qui cache un petit peu la forêt.
04:42La vitesse de diffusion d'un outil comme ChatGPT est spectaculaire et reste historique à ce stade.
04:47Par rapport à l'adoption qu'on a eue d'Internet il y a une vingtaine d'années, etc.
04:51Vincent, est-ce qu'il y a une corrélation entre cette diffusion massive à un taux, une vitesse spectaculaire
04:59et la vitesse à laquelle on va pouvoir observer des gains de productivité liés à cette technologie ?
05:04Est-ce qu'on est en train d'en voir les premiers soupçons avec les annonces d'entreprises comme Amazon ?
05:09Je le pense, en effet.
05:11Alors effectivement, c'est difficile à mesurer.
05:13Mais je dois dire que cette économie américaine est pleine de contrastes.
05:17Et je vais en citer quelques-uns.
05:18Mes forces sont de constater que la croissance reste plutôt solide.
05:24On avait une croissance annualisée de 3,8% au deuxième trimestre.
05:28Et si on regarde le GDP Now, l'estimation nous dit que sur le troisième trimestre,
05:34on est probablement sur des niveaux assez similaires de croissance.
05:38Et donc, on a ce contraste vraiment spectaculaire entre d'un côté le PIB qui reste solide
05:44et de l'autre le marché de l'emploi qui ralentit très clairement.
05:48On a un faisceau d'indices qui confirme cette tendance.
05:52Et donc, de facto, on a des gains de productivité.
05:55Pour réconcilier ce PIB qui continue de croître à 4% et ces pertes d'emploi qui semblent s'accumuler,
06:01la manière de réconcilier ça, c'est les gains de productivité.
06:03Alors, est-ce que c'est l'intelligence artificielle ?
06:05Ça reste à démontrer.
06:06Mais en tout cas, on a quand même une présomption importante.
06:10Parmi les autres contrastes, on a au sein de la poche consommation, on voit que la confiance des consommateurs est assez dégradée.
06:18Mais par contre, les dépenses sont très solides.
06:20Et au sein même du poste consommation, on voit que les bas revenus et revenus moyens ont plutôt tendance à ralentir.
06:29Par contre, les hauts revenus dépensent beaucoup.
06:33Mais dans l'ensemble, ça a une conso qui tient bien, avec en plus, comme vous le disiez, un CAPEX,
06:39des dépenses d'investissement qui sont très solides et qui tirent l'économie.
06:43Donc, des contrastes très forts qui créent de l'incertitude.
06:47Le dernier contraste que je veux mentionner, c'est le crédit, puisqu'on a eu quelques alertes sur le crédit,
06:53avec notamment des défauts, qui nous interrogent.
06:57Est-ce que ce sont les prémices d'une dégradation de la qualité de crédit et une crise de dette ?
07:05On a tendance à penser que c'est très prématuré, que ce sont des cas assez isolés.
07:10Et au contraire, j'avais plutôt tendance à dire qu'on voit pointre à l'horizon une déréglementation aux Etats-Unis financière
07:19qui va libérer beaucoup de capital dans les banques et qui va permettre aux banques d'essayer de regagner des parts de marché sur les prêts
07:27et de faire concurrence notamment au marché du privé, la dette privée.
07:32Donc, cette compétition entre les prêteurs risque de maintenir les conditions de crédit, les conditions financières,
07:40sur des niveaux très favorables qui sont plutôt susceptibles de maintenir la croissance.
07:44Donc, on a beaucoup de contrastes.
07:46Ça veut dire que les risques, d'un côté comme de l'autre, sont probablement plus importants.
07:50Les queues de distribution sont plus épaisses.
07:52Mais au total, aujourd'hui, on a une économie américaine qui tient bien,
07:55avec des soupçons de gains de productivité qui sont assez formillables pour les marchés.
08:00Parce que la productivité, ça veut faire plus de profits.
08:02Ça veut dire une inflation maîtrisée.
08:04C'est un cercle vertueux qui s'enclenche.
08:06Et si on met de côté les risques queues de distribution, comme vous dites,
08:09globalement, le risque central, c'est que l'économie américaine nous surprenne encore à la hausse,
08:15peut-être, dans les prochains mois et les prochains trimestres.
08:17Tout est en place pour ça.
08:19Je pense qu'il y a des risques des deux côtés.
08:20D'un côté négatif, c'est sûr que le ralentissement de l'emploi peut finir par affecter la conso,
08:26qui reste quand même un gros poste dans le PIB américain.
08:29Mais oui, il me semble que les conditions sont en place pour que la croissance américaine reste solide.
08:34On parle d'un CAPEX qui est très solide.
08:40On sait que le dépense des investissements, ça a le multiplicateur le plus important dans la croissance économique, dans le PIB.
08:47Et donc, c'est un facteur d'entraînement qui est très fort.
08:49Comment vous regardez cette histoire américaine, cette économie à nouveau en cas, Syriac ?
08:56Les marchés le reflètent assez bien.
08:59Les marchés ne sont pas l'économie, mais en tout cas, on a ce cas aussi dans les marchés,
09:03avec un poids de l'IA et de la tech démesuré, je ne sais pas.
09:07C'est une question à débattre, Syriac.
09:10Et est-ce que ce schéma reste soutenable, au moins à l'horizon de quelques mois, quelques trimestres, peut-être ?
09:18Il y a plusieurs éléments à noter.
09:19Le premier, c'est qu'en effet, l'économie américaine, elle est quand même surprenante.
09:23C'est-à-dire que globalement, aux annonces de Donald Trump le début avril,
09:27qui nous annonçait des taxes stratosphériques, qu'il a finalement quasiment appliquées,
09:32aujourd'hui, l'économie américaine collecte, enfin l'économie, l'autorité américaine collecte environ 350 milliards,
09:38si on annualise ce qui est collecté en termes de tarifs douaniers.
09:41C'est énorme.
09:42Si on nous avait dit que ça allait être digéré par l'économie américaine
09:44et qu'on sortirait un PIB à 3 ou 4 et que les perspectives sont du même ordre,
09:50ce n'est clairement pas la position qu'on aurait eue le début avril.
09:54Donc, cette économie américaine a une résilience et une capacité à se remodeler
09:57qui est quand même assez impressionnante.
09:58Et donc, tout le monde cherche à comprendre comment elle peut réagir comme ça.
10:01Et donc, en effet, l'IA et tout ce qui est les gains de productivité sont une bonne piste.
10:06Je trouve qu'aussi, au niveau du taux de chômage, il y a quand même un vrai sujet
10:09et parce qu'on a du mal à remettre dans la même logique de dire
10:13« Ok, le taux de chômage et en tout cas les créations d'emplois sont quand même en train de ralentir
10:17et l'activité tient si bien. »
10:18Alors, certes, il y a peut-être des gains de productivité, mais pas de manière aussi importante.
10:21Il y a une étude qui a été publiée par la fête de Dallas que je trouve extrêmement intéressante
10:24sur le nombre de créations d'emplois qui est nécessaire pour maintenir le taux de chômage.
10:29Et aujourd'hui, ils nous annoncent, alors ça vaut ce que ça vaut,
10:31mais c'est quand même la fête de Dallas qu'aujourd'hui,
10:32on a besoin d'avoir 30 000 créations d'emplois par mois pour maintenir le taux de chômage au niveau actuel.
10:38Et ça, c'est très différent parce que si vous vous référez à 2023…
10:41C'est plus 120 000 ou 150 000.
10:42Voire 200 ou 250 000.
10:44Et l'explication, elle est à chercher du côté de la démographie
10:48et en tout cas de la politique migratoire de Donald Trump.
10:51Donc, il faut bien comprendre que, de mon point de vue,
10:54il n'y a pas une raison qui explique que l'économie américaine tienne de cette manière-là.
10:59Je pense qu'en effet, ça a été cité, la répartition des richesses est un vrai sujet aux États-Unis.
11:04Et le jour où les ultra-riches vont s'inquiéter,
11:07la consommation risque de chuter et de rechuter de manière extrêmement significative.
11:11Donc, de mon point de vue, l'économie américaine est aujourd'hui relativement robuste,
11:15en tout cas plus que ce qu'on pensait.
11:17On verra quel chiffre de croissance.
11:19Je pense que la croissance 2025 sera quand même inférieure à celle de 2024 aux États-Unis.
11:22Mais par contre, j'ai quand même, en tout cas, l'intuition que sur les tarifs douaniers,
11:28on n'a pas encore vu la totalité de l'impact de ce qu'il y a.
11:31Le marché fait comme si le sujet était derrière nous,
11:34mais vous dites, attention, c'est un sujet qui peut revenir devant nous, en l'occurrence.
11:39Moi, en termes d'allocation, pour moi, c'est aujourd'hui le principal risque
11:42dans une construction de portefeuille, parce que la partie...
11:46Alors, on a eu un très bon chiffre d'inflation, on était tous très heureux,
11:48mais je pense que la partie sur l'impact des biens et de ces hausses de tarifs douaniers,
11:54les entreprises ont déstocké.
11:55Enfin, il y a tout un mécanisme un peu de...
11:56Mais qui ne peut pas durer éternellement.
11:58Et donc, je ne serais pas étonné qu'on ait quelques surprises un peu moins favorables
12:03sur ce point-là dans les prochains mois.
12:05En tout cas, c'est un facteur de risque un peu dans ce que vous disiez.
12:07Quand le marché est aussi haussier,
12:09c'est plus intéressant de chercher les raisons qui se retournent
12:12que d'expliquer pourquoi ils montrent.
12:13C'est un peu ça, voilà.
12:14Je vous confirme.
12:15D'accord avec l'idée qu'il ne faut pas aller trop vite en besogne
12:18sur cette histoire de tarifs douaniers.
12:20D'autant que la situation n'est pas stabilisée partout.
12:23On verra ce qui ressort du grand rendez-vous entre Donald Trump et Xi Jinping cette semaine.
12:28Mais on pressent bien quand même que la pause ou la trêve avec la Chine
12:33est avant tout une trêve tactique, qu'elle permet d'acheter du temps,
12:36mais qu'elle n'achète pas une paix commerciale, en tout cas,
12:39entre les deux superpuissances.
12:40Et donc, ces histoires-là vont revenir, j'imagine.
12:42Non, et puis le taux a quand même augmenté considérablement.
12:44Mais le taux a augmenté.
12:45Effectivement, il y a des menaces, enfin les menaces qui prévalaient jusqu'ici.
12:49Il faut afficher le taux effectif de ce qu'on paye vraiment,
12:51et qu'il y a un écart encore assez important.
12:54Justement, il faut essayer de...
12:55Moi, je suis tout à fait d'accord avec cette idée,
12:57enfin avec cette thèse, que l'inflation,
12:59il y en a encore un petit peu dans les tuyaux, si je puis dire,
13:01pour plusieurs raisons.
13:02La première, c'est qu'effectivement,
13:03le taux théorique que l'on calcule,
13:05on le calcule à partir d'un mix d'importations
13:07qui est complètement perturbé aujourd'hui.
13:10C'est-à-dire que les États-Unis importent beaucoup moins de la Chine
13:12que ce qu'ils importaient jusqu'à présent.
13:13Or, c'est la Chine qui dispose du taux le plus élevé.
13:16Donc ça, c'est déjà un premier élément.
13:18Le deuxième élément, il est, je dirais, un petit peu plus technique,
13:21bureaucratique.
13:21C'est que c'est très difficile de collecter des taxes
13:23qui changent tout le temps, avec des exemptions, etc.
13:27Je ne pense pas que le logiciel des douanes américaines
13:31soit déjà mis à jour sur tout ça.
13:34En plus, ce que l'on voit aussi,
13:35c'est qu'il y a un certain nombre de mesures
13:36dont la mise en application a été retardée.
13:40Et par exemple, si on prend le cas du bois,
13:42j'ai même vu, quand on importe, par exemple,
13:44me semble-t-il, des objets qui vont dans la salle de bain
13:48ou même des objets d'ameublement,
13:49il y a eu une taxe supplémentaire qui a été décrétée.
13:52Et quand on regarde les prix qui sont collectés
13:55par les enseignes américaines sur ces produits-là,
13:57on voit que les prix ont augmenté.
13:58Donc en fait, ce n'est pas terminé.
14:00Et puis, je rajouterais autre chose sur l'inflation.
14:02Alors, il faudrait qu'on ait les chiffres.
14:03A priori, on n'aura pas les chiffres le mois prochain.
14:05C'est un énorme problème.
14:07Et d'autre part, la qualité de la donnée a aussi beaucoup...
14:09On parle beaucoup de la donnée de l'emploi.
14:10Mais pour ce qui est de l'inflation,
14:14on voit qu'il y a une technique pour calculer l'inflation
14:17qui s'appelle l'imputation.
14:18Donc on essaie de déterminer le prix d'un produit
14:22dans l'économie américaine.
14:23Et lorsqu'on n'a pas ce prix,
14:25lorsqu'on n'arrive pas à déterminer ce prix,
14:27on se réfère à un produit qui ressemble
14:29ou qui est dans un autre État,
14:31mais qui n'est pas au niveau national.
14:32Bon, aujourd'hui, on atteint des records
14:34en termes d'imputation statistique pour le CPI.
14:37Ce qui veut dire que dans un contexte comme celui-ci,
14:38où on a besoin d'avoir une analyse très fine des choses,
14:41on ne l'a pas.
14:42Et puis sur la croissance américaine,
14:44on a quand même eu un ralentissement.
14:46Parce que le premier trimestre,
14:48on a eu, je crois, 0 ou un chiffre légèrement négatif.
14:51Oui, légèrement négatif, je crois.
14:51Sur le semestre, on est quand même en dessous du potentiel
14:55sur le semestre.
14:58Et effectivement, c'est assez étonnant.
15:01Elle fait preuve d'une grande résilience,
15:02cette économie américaine,
15:03du fait aussi de ce qu'on vient d'évoquer
15:04sur l'intelligence artificielle, etc.
15:07Et puis, voilà, le fait qu'effectivement,
15:09l'inflation n'a pas encore trouvé son chemin là-dessus.
15:12Et donc ça, peut-être qu'on parlera juste après de ça,
15:14mais ça a des incidences pour la Banque centrale américaine.
15:16Oui, on va en parler.
15:17Mais modulo, évidemment, l'histoire des gains de productivité.
15:20Mais qu'est-ce que tout ça implique
15:21pour la réserve fédérale américaine là-dessus, Vincent ?
15:25Neutraliser la politique monétaire, c'est une bonne chose.
15:28Se précipiter ou se lancer dans une course
15:30et freiner aux baisses de taux,
15:31ça peut être aussi un risque à un moment pour le marché ?
15:34Oui.
15:35En effet, je dois dire qu'effectivement,
15:37le chiffre d'inflation était un peu meilleur qu'attendu
15:40et le marché s'en est réjoui.
15:43Si on regarde la décomposition quand même,
15:45on voit déjà un impact des tarifs douaniers.
15:47Parce que l'inflation du prix des biens
15:49est clairement à décoller.
15:51On sait que l'inflation dans les services
15:53reste assez élevée.
15:57Au final, si on regarde l'inflation sous-jacente américaine
16:01sur les trois derniers mois,
16:02en annualisé, on est à 3,6%.
16:03C'est quand même un petit peu élevé.
16:07Avec toujours cette partie logement qui doit baisser quand même, Vincent.
16:10Après, il y a la composante loyer qui, effectivement, aide beaucoup.
16:15Mais je trouve que l'inflation reste quand même assez élevée.
16:18Alors, c'est vrai que la Fed a l'air beaucoup plus concentrée aujourd'hui
16:21sur les risques entourant le marché de l'emploi.
16:24Donc, elle baisse les taux.
16:25Elle va baisser les taux demain de 25 points de base.
16:27Donc, deuxième baisse consécutive.
16:29Le marché price, au total, dans ce cycle,
16:32encore 125 points de base,
16:34avec les 25 de demain compris,
16:37ça me semble un peu beaucoup.
16:40Donc, voilà, je veux dire qu'on avait une vue positive
16:44sur la baisse des rendements américains.
16:46Ça fait plusieurs mois qu'on a pour objectif
16:48pour le 10 ans américain 3,80, 3,90.
16:51On n'est pas loin, autour de 4%.
16:53Je ne serais pas trop gourmand là-dessus
16:56parce que le fait que la Fed baisse ses taux
17:01alors que cette inflation reste trop élevée
17:03et que l'économie américaine, dans l'ensemble, résiste bien,
17:06c'est quand même un risque pour la partie longue de la courbe.
17:09Et ça, c'est quelque chose qui pourrait déstabiliser
17:11les marchés globalement si on avait des tensions sur les treasuries.
17:14Donc, je suis un peu plus prudent sur cette question-là.
17:19La Fed va baisser.
17:21Elle va même probablement interrompre très bientôt
17:25son resserrement quantitatif.
17:27Tout ça, ce sont des messages quand même très encourageants
17:29pour les marchés d'actifs risqués.
17:31Mais je crains un petit peu.
17:34Je crois que les risques sur les treasuries augmentent quand même.
17:37C'est la partie longue de la courbe.
17:38C'est à court terme, c'est une bonne nouvelle.
17:40C'est des bonnes baisses de taux.
17:41C'est une bonne gestion du bilan, en tout cas favorable aux actifs risqués.
17:46Syriac, d'accord avec l'idée que ça peut faire peser
17:48le second effet qui se coule.
17:50Un risque aussi quand même sur un certain nombre de marchés
17:52très bien valorisés aujourd'hui, voire en bulle, ici et là ?
17:56Je ne dirais pas en bulle, à l'exception peut-être de micro-marchés
17:59comme le quantique ou des choses comme ça.
18:02Par contre, sur le fait qu'il n'y a pas possibilité
18:06d'avoir des mauvaises nouvelles sur ces marchés-là,
18:08sur la plupart des marchés américains, en tout cas les marchés de la tech,
18:11ça je le pense.
18:12Le vrai sujet pour la Fed, ce qui est intéressant,
18:14c'est qu'ils ont quand même réussi, le monde a changé.
18:17On a deux baisses de taux, donc on en a une demain
18:19et puis il y en aura une en décembre.
18:20Là, tout le monde est à peu près d'accord, le marché et la Fed.
18:22Là où ça diverge de manière assez significative, c'est de 2026.
18:25C'est-à-dire que globalement, du côté de la Fed,
18:27on nous annonce une baisse de taux sur tout 2026,
18:30en tout cas à l'instant T dans les derniers dots
18:32qui ont été publiés en septembre.
18:33Et de l'autre côté, du côté des investisseurs,
18:35en tout cas des OIS, donc des anticipations des investisseurs,
18:38on est plutôt à 4 ou 5, enfin ça dépend des jours,
18:41c'est assez variable.
18:42Et donc, comment ça converge ?
18:44Et ce qu'il faut bien comprendre, c'est que les OIS,
18:46c'est une anticipation moyenne, c'est finalement un prix d'équilibre.
18:49Et ce que je pense, c'est qu'en fait, ça reflète deux choses.
18:51C'est-à-dire que soit on a une politique monétaire
18:54qui aura besoin de baisser peut-être que deux ou deux fois,
18:56et dans ces cas-là, il y a peut-être 50% des investisseurs qui pensent ça,
19:00et il y a peut-être 50% des investisseurs qui se disent
19:02« Là, l'économie, elle a très bien tenu,
19:05et à un moment donné, tout ça va lâcher. »
19:06« Boom bust, quoi. »
19:07Exactement.
19:08Et à ce moment-là, la Fed, ce n'est pas 4 ou 5,
19:09mais ça va vraiment être un mouvement de baisse
19:11qui va nous emmener beaucoup plus bas.
19:12Et donc, ce chiffre-là qu'on voit,
19:15qu'on suit tous tous les jours du côté des OIS…
19:18Soit c'est trop, c'est pas assez.
19:19C'est juste une moyenne, mais je pense qu'à la fin 2026,
19:22on ne sera pas à 4 ou 5, on ne sera pas en dessous ou au-dessus.
19:25Oui, je comprends.
19:27Et ça, ça aura des conséquences sur les marchés actions ?
19:29Ça, ça aura des conséquences.
19:30Je pense que la conséquence la plus néfaste et l'autre option,
19:33c'est que finalement, s'il y a des baisses de taux,
19:34parce que c'est des baisses de taux paniques…
19:36De récession, de lutte contre la récession,
19:38ou de lutte contre un risque de récession.
19:40Un taux de chômage, par exemple.
19:41On sait que la Fed est très sensible à ça,
19:43et quand le taux de chômage commence vraiment à partir à la hausse,
19:45c'est quand même, pour le coup, économiquement,
19:47c'est quand même quelque chose de très difficile à faire se retourner.
19:52Donc, dans cette situation, je pense qu'en effet,
19:54sur les actions globalement, les actifs risqués plus largement d'ailleurs,
19:57ça sera un sujet, donc une correction,
19:59alors pas 50%, j'annonce pas la fin du monde,
20:01mais on va avoir une vraie baisse.
20:02Une correction.
20:03Et par contre, si la Fed, finalement,
20:06on tombe dans l'autre scénario qui est 2-3 baisses de taux,
20:08peut-être que pour les taux américains,
20:10ça sera peut-être pas une aussi bonne nouvelle,
20:11mais ils se stabiliseront sur les niveaux actuels.
20:13Par contre, pour les actions, finalement,
20:15ça veut dire que tout roule plus tôt,
20:17et donc il n'y a pas de raison.
20:17C'est de la croissance nominale toujours bonne à prendre.
20:20Et donc, à ce moment-là, je ne vois pas de raison
20:22qu'il y ait un retournement extrêmement violent sur les actions.
20:24Oui. Bon.
20:26Il faut choisir une option plutôt qu'une autre, Florent.
20:30Le problème avec le fait de favoriser l'emploi,
20:34c'est que pour le moment,
20:35on voit une dégradation qui est surtout liée,
20:39non pas en termes de quantité d'emploi qui est détruit ou quoi que ce soit,
20:43mais en termes de qualité.
20:44C'est-à-dire que le marché de l'emploi a considérablement perdu en qualité.
20:48Ce que l'on voit, pour être très, très clair et très simple,
20:51c'est que les embauches se sont raréfiées,
20:55les licenciements n'ont pas énormément augmenté.
20:57On gèle la situation.
20:58Et les démissions non plus.
20:59Non.
21:00Démissions, j'entends, pour changer de travail.
21:03Donc, ça veut dire que c'est un marché qui est figé.
21:05Maintenant, la question qu'il faut se poser, c'est pourquoi est-il figé ?
21:08Est-ce qu'il y a un ralentissement profond à l'œuvre depuis plusieurs mois,
21:12donc avant l'arrivée de Donald Trump ?
21:14Et finalement, ça n'est que le reflet de cela.
21:16Et Donald Trump n'y est pour rien.
21:17Est-ce qu'effectivement, le fait de la politique migratoire,
21:21l'incertitude générée a figé la situation ?
21:24Et donc, dans ce cas-là, on peut être tenté de se dire que ça va repartir.
21:29Donc, moi, je suis plutôt dans ce camp-là.
21:31D'accord.
21:31Je pense que la dégradation du marché du travail,
21:34Ça peut se redébloquer.
21:35Elle est avérée.
21:36D'accord.
21:36Mais on n'est pas dans une situation qui semble être insoutenable.
21:41Quand on regarde le taux de chômage, lorsqu'on l'a.
21:44Oui.
21:44Ça n'est pas le cas actuellement.
21:46Ce qui ne dérange personne, visiblement.
21:47En tout cas, les marchés, eux, continuent leur marche en avant.
21:50Parce qu'en fait, sur le marché de l'emploi, contrairement à l'inflation,
21:52il y a plein d'indicateurs qui nous permettent d'y voir un tout petit peu plus clair.
21:56Je pense à des entreprises privées qui fournissent de la donnée, etc.
22:00Donc, on est quand même alimenté.
22:01En tant qu'économiste de marché, vous êtes quand même alimenté par un certain nombre de données
22:05qui ne sont pas les données officielles, mais qui sont des données exploitables.
22:08Le problème, c'est celui que vous avez mentionné.
22:09C'est qu'effectivement, il y a une dichotomie entre ce que ressentent
22:13et ce que ressent la population américaine et ce qui se voit dans les chiffres.
22:18Autrement dit, encore tout à l'heure, on a eu une enquête du Conference Board.
22:22Alors, la situation s'est légèrement améliorée.
22:24Donc, ça va plutôt, dans mon sens, pour le consommateur américain,
22:26sur sa perception du marché de l'emploi.
22:29Ça s'est dégradé depuis plusieurs mois et là, ça se stabilise dans la dégradation.
22:34Mais eux sont systématiquement beaucoup plus pessimistes que ce que nous disent les chiffres de l'emploi.
22:38Le taux de chômage, très honnêtement, sur le mois de septembre,
22:42donc les chiffres n'ont pas été publiés,
22:43c'est difficile d'envisager qu'il ait augmenté significativement.
22:47Et pour le mois d'octobre, avec ce qu'on a, des différentes sources,
22:50c'est un peu dégradé, forcément.
22:52Peu de raisons non plus d'anticiper que ça ait fortement augmenté.
22:54Donc, ça fait déjà deux mois où la situation ne s'est pas dégradée,
22:58c'est voir stabilisée là-dessus.
23:00Et donc, effectivement, je suis d'accord, demain, c'est pas demain, c'est demain, la fête.
23:04Demain soir, oui, la décision, oui.
23:05Elle va baisser les taux, ça paraît évident,
23:07parce que c'est dans la continuité de ce schéma-là.
23:10Mais j'irai plus loin, en décembre, je ne suis pas sûr qu'elle le fasse.
23:12Oui, oui, je comprends.
23:14Et parce que l'incertitude, peut-être que sur la balance des risques,
23:16en tout cas, moi, c'est ma prévision,
23:18sur la balance des risques, va se peser un risque plus fort du côté de l'inflation
23:22que du côté de l'emploi.
23:23Je ne suis pas en train de dire que l'inflation va exploser à la hausse
23:26et qu'elle va être durable, etc.
23:27Mais comme on parle de bosse, on parle de bosse d'inflation.
23:30On dit que les tarifs douaniers vont entraîner une hausse de l'inflation.
23:34Le problème, c'est que la bosse, on ne sait pas si on est au pic de la bosse.
23:39Et surtout, étant donné que les chiffres nous montrent plutôt de bonnes nouvelles,
23:43on serait tenté de se dire que la bosse, elle va durer un peu plus longtemps.
23:46Elle va être moins haute, mais elle va s'étaler.
23:48Donc, la Fed, en fait, effectivement, quand on regarde les chiffres annualisés,
23:52n'est pas sorti du bois.
23:52Et puis, je caricature un peu, mais sur le dernier rapport de l'inflation,
23:55ce qui a « sauvé » la publication,
23:59c'est un chiffre de rythme mensuel de progression des loyers mesurés dans le CPI
24:04un tout petit peu moins élevé qu'à la coup du mai.
24:06des voitures d'occasion dont le prix a diminué et de l'assurance automobile au moins le mois qui a baissé,
24:15alors que généralement, ça a monté.
24:17Je caricature le trait.
24:18Non, mais d'accord.
24:19J'ai été surpris comme tout le monde, mais voilà, il faut aussi expliquer les choses.
24:23Bon, on verra.
24:25Discours de Jérôme Poel demain soir, évidemment.
24:29Un mot peut-être au passage de la Banque Centrale Européenne.
24:31Vincent, si vous voulez bien, qui tiendra ses réunions jeudi.
24:34Une dernière enquête auprès de Bloomberg montrait que les économistes attendaient rien
24:38pendant les deux prochaines années de la Banque Centrale Européenne.
24:41Oui, comme la BCE le dit.
24:43C'est dur d'imaginer qu'une Banque Centrale ne fera rien pendant deux ans, quelle qu'elle soit,
24:45mais bon, en tout cas, c'est la vision des économistes aujourd'hui.
24:49Comme la BCE le dit, ils sont dans une bonne situation, good place,
24:56notamment au niveau de l'inflation.
25:00Alors nous, on pense qu'effectivement, le cycle de baisse des taux est terminé.
25:03Ceci dit, le risque, me semble-t-il, penche plutôt du côté d'une baisse supplémentaire dans ce cycle.
25:11Plutôt qu'une remontée...
25:13Donc vous n'appelez pas tout de suite une prochaine hausse de taux de la BCE ?
25:16Non, il me semble que le risque d'une baisse est plus important que celui d'une hausse.
25:23Notamment parce que l'inflation pourrait surprendre à la baisse.
25:28Et au mois de décembre, on devrait avoir les prévisions du staff jusqu'à 2028.
25:33Si on a effectivement une inflation qui est ancrée à un niveau inférieur à 2% sur plusieurs années,
25:39ça peut quand même soulever des questions au sein du comité.
25:43On a quelques risques à la baisse.
25:46D'abord, la croissance reste quand même assez faible en Europe,
25:49même si on espère qu'enfin la mise en place du bazooka fiscal allemand,
25:55budgétaire allemand, aide à la reprise économique.
25:59On a quand même un euro, globalement, qui est assez fort,
26:02et c'est plutôt des inflationnistes.
26:03Et puis, on a également les exportations chinoises vers l'Europe.
26:10Parce qu'effectivement, les exportations chinoises vers les États-Unis se dégradent.
26:14Mais par contre, les exportations vers l'Europe augmentent.
26:18Et le solde, notamment commercial, Allemagne-Chine,
26:21se détériore de façon très significative.
26:24Et on sait que ce changement dans la destination des exportations chinoises
26:30peut créer de la désinflation en Europe.
26:31Et donc, tout ça fait que le risque du côté de la BCE
26:37est plutôt à une nouvelle baisse des taux.
26:41D'accord avec ça, Laurent ?
26:43Pas évident ?
26:45Un petit peu différent.
26:46Notre scénario est un peu différent.
26:48On est un peu comme la dernière fois au début d'année.
26:50Alors, il y a eu toutes les choses après,
26:52mais on est plus optimiste que le consensus sur la croissance européenne.
26:55Alors, je sais que ça peut paraître...
26:56Mais il y a de quoi être confiant.
26:57Peut-être pas maintenant à l'instant T,
26:59parce que les chiffres ne sont pas encore là pour être spectaculaires.
27:02Mais il y a quand même, à horizon 12-18 mois, de quoi être confiant.
27:05Au-delà du plan allemand, qui est indéniablement un facteur de soutien
27:08et que tout le monde a envisagé comme étant quelque chose
27:11qui permettrait un redressement conjoncturel de la zone euro,
27:14on voit quand même un faisceau d'indicateurs
27:16qui se redressent petit à petit.
27:18Alors, un peu moins en France,
27:20mais pour les raisons qu'on connaît bien.
27:22Mais quand même, même en France,
27:25même en France, voilà.
27:27Mais on a comme ça des indicateurs de cycles avancés
27:31qui nous montrent quand même qu'il y a quelque chose
27:33qui est en train de se passer.
27:34La construction, par exemple, des secteurs lourds,
27:36effectivement, on voit des signaux...
27:37Alors, partant de niveaux très bas,
27:39mais on voit des signaux plus positifs.
27:40Et puis, ce qui frappe aussi,
27:42c'est que la consommation des ménages
27:43en termes de contribution à la croissance de la zone euro,
27:46alors, elle est redevenue positive,
27:47c'est une bonne nouvelle,
27:49mais on n'est pas sur un rythme
27:50qui correspond à ce qu'on connaît habituellement.
27:52Et on sait que la hausse des revenus réels,
27:55elle est avérée.
27:56On l'a vu, l'inflation a diminué,
27:57les gains de pouvoir d'achat sont réels,
27:59y compris en France.
28:01Et pour autant,
28:02la croissance de la consommation
28:03est encore un petit peu timide.
28:05Donc, on a quand même des vents porteurs,
28:07de ce point de vue-là,
28:08que représentent effectivement
28:09une hausse de la consommation à venir
28:11du fait de gains de pouvoir d'achat.
28:13Sur l'investissement, c'est un petit peu compliqué.
28:15Sur les exportations, il est fort probable
28:17qu'effectivement les exportateurs
28:18montrent des signaux de faiblesse
28:20sur les chiffres qui vont être publiés ici.
28:22Enfin, là, au troisième, au bout d'un trimestre.
28:24Effectivement, après,
28:25il y a l'élan du plan allemand.
28:27Il faudra voir comment il se déploie.
28:28Mais quand même, dans les enquêtes,
28:31le sentiment déjà allemand précède toute relance.
28:34Alors même que la croissance,
28:35elle est quand même au ras d'épaquerait toujours.
28:37Mais il y a, à mon sens,
28:39beaucoup d'indicateurs qui montrent
28:41qu'on est sur un redressement conjoncturel
28:43à l'horizon.
28:44Et donc, nous, on considère également...
28:46Il faudrait se mettre suffisamment vite en place
28:47pour que la BCE ne soit pas incitée,
28:50voire poussée,
28:51à délivrer une dernière baisse de taux.
28:54Moi, nous, on considère que le cycle est terminé.
28:57Mais ça fait déjà un petit moment déjà.
29:00Effectivement, à mon sens,
29:02là, je partage l'idée,
29:03c'est qu'effectivement,
29:04le risque, c'est plutôt qu'il y ait une baisse de taux
29:06qu'une hausse.
29:08Mais un risque qui peut-être ne se matérialisera pas forcément.
29:14On verra.
29:14Les dernières projections montrent quand même
29:16une inflation qui doit passer pour un temps,
29:19largement sous les 2% autour de 1,5%,
29:21je crois, au cours du premier semestre 2020.
29:23Je pense que ce sera un petit peu plus élevé.
29:24Sur le plan de...
29:25Et vous pensez qu'on sera plus tôt sur l'inflation ?
29:27Oui.
29:27Bon, on verra.
29:29Sur le plan de l'investissement,
29:30l'Europe reste toujours une zone intéressante
29:33à privilégier, même peut-être,
29:34par rapport à un marché américain.
29:36Est-ce que c'est un état d'esprit
29:38qui persiste ou pas forcément, Syriac ?
29:42J'aimerais vous dire oui,
29:43mais la réalité, c'est que non, en fait.
29:46Et on se faisait la remarque
29:47avec mon collègue Action,
29:51et en fait, on pourrait quasiment développer un modèle
29:53sur la surperformance des actions européennes
29:55par rapport aux États-Unis, aux actions américaines,
29:57qui durent entre 3 et 6 mois,
29:59qui apparaissent tous les 3, 5 ans.
30:01Et puis après, ça redisparait.
30:03Et malheureusement, on a parlé,
30:05on a commencé toute notre union.
30:06Donc là, ça s'est fait au début d'année, en fait, c'est ça ?
30:08Ça s'est fait au début d'année,
30:09et là, c'est à 5 heures.
30:10Et là, pour le coup, les actions américaines,
30:12depuis 3, 4 mois,
30:13surperforment très nettement les actions européennes.
30:16Alors, il y a des histoires sur l'Europe.
30:18On a parlé du plan de relance allemand,
30:20il y a des choses qui peuvent être favorables.
30:22Mais quand vous prenez une vision un peu plus long terme,
30:25globalement, les États-Unis ont quand même,
30:28en tout cas, si je compare aux États-Unis,
30:30il y a quand même des choses qui sont très favorables
30:32aux actions américaines.
30:32Et je vais te donner juste un chiffre.
30:34Sur le Q3, là, on parle de la saison des résultats
30:36qui a lieu en ce moment.
30:37Aux États-Unis, on attend 13 à 14 %,
30:40enfin, attendu à 10, 11,
30:42mais comme systématiquement, c'est toujours reçu,
30:44on bat le consensus.
30:44On va terminer à 13, 14.
30:47Sur un an ou en séquentiel ?
30:48Sur un an.
30:49Sur un an, c'est clair.
30:50Et du côté européen, on est à zéro.
30:54Et malheureusement, ce n'est pas nouveau.
30:56Et donc, globalement, certes,
30:58les actions européennes se payent moins cher,
30:59point positif pour les actions européennes,
31:01mais au total, de notre point de vue,
31:03en tout cas, on est plutôt dans une position de neutralité.
31:05Alors, c'est quasi positif, d'une certaine manière,
31:07sur l'Europe, puisqu'on n'en est pas sous-exposé.
31:09Mais d'avoir une vision structurellement favorable
31:11sur l'Europe, sur les actions européennes,
31:13ça me semble compliqué si on est dans une vraie rationalité.
31:17Et aujourd'hui, en fait, sur les quatre grandes zones
31:18que sont les émergents, le Japon,
31:21les États-Unis et l'Europe,
31:22chaque zone a un peu ses points positifs,
31:25ses points négatifs.
31:25Et finalement, je trouve qu'il n'y a pas une zone
31:27qui vraiment se distingue
31:29et sur laquelle il faut avoir un pari extrêmement actif
31:32dans un portefeuille actions.
31:33Mais c'est bien d'être positionné, quand même,
31:35sur l'ensemble de ces zones,
31:37au moins d'être neutre, à peu près,
31:38sur l'ensemble de ces zones, vous dites ?
31:39Exactement.
31:40De notre point de vue,
31:41il n'y a pas de sous-exposition.
31:42Le Japon a aussi une histoire
31:43qui est tout à fait intéressante aujourd'hui,
31:45avec le changement politique qu'on voit.
31:48Mais un vrai changement, pour le coup,
31:50de paradigme japonais
31:51dans la manière de percevoir les entreprises,
31:53la manière dont les entreprises se comportent
31:55vis-à-vis des investisseurs,
31:56et ça fait quelques années,
31:57mais je veux dire,
31:58ça commence à délivrer de manière assez claire.
32:00Et donc, le Nikkei à 50 000,
32:02ou au-delà de 50 000,
32:03ça ne doit pas faire peur,
32:05et ce n'est pas un plafond de verre
32:07qu'on pensait infranchissable
32:10depuis les années 90, quoi.
32:11Pas du tout.
32:11Je pense que l'histoire sur le Japon
32:13a complètement changé,
32:14mais en même temps,
32:15si je veux être tout à fait honnête,
32:17il y a d'autres arguments
32:17qui sont un peu plus défavorables
32:19aux actions japonaises.
32:20Il y a cette problématique,
32:21typiquement du Yen,
32:22qui continue à baisser, baisser.
32:24Alors, quand vous êtes un investisseur européen,
32:26vous avez intérêt à avoir éligé votre position,
32:28couvert de votre position,
32:29parce que la perte du Yen,
32:31la baisse du Yen,
32:31est quand même assez impressionnante,
32:33et elle dure depuis plusieurs années.
32:35Donc, il y a quand même des facteurs
32:36qui sont un peu plus problématiques.
32:37Et finalement, je trouve,
32:38dans les grandes zones,
32:38peut-être celle qui est le plus à suivre aujourd'hui,
32:41c'est les émergents, tout simplement.
32:43Parce que les émergents étaient très en retard,
32:46tout le monde était négatif sur cette zone-là,
32:47en particulier sur la Chine,
32:49pour des bonnes raisons.
32:49Et finalement, la guerre commerciale a...
32:53Peut-être qu'en déclenchant cette guerre commerciale,
32:55Donald Trump a mis fin,
32:57d'une certaine manière,
32:58à cette situation-là,
32:59parce qu'on met les choses à plat.
33:01Et là, globalement, on sait...
33:03Chacun prend sa responsabilité.
33:04Voilà, exactement.
33:05Et du côté des émergents,
33:06je trouve qu'il y a certains indicateurs
33:08qui sont intéressants.
33:09Le seul problème,
33:10c'est qu'au niveau des bénéfices,
33:11si vous regardez un indice MSCI émergent,
33:13vous n'avez pas une belle dynamique
33:15comme on peut les avoir aux États-Unis.
33:16La valorisation est attractive,
33:17mais on n'a pas encore,
33:18dans les résultats des entreprises émergentes,
33:20au sens large,
33:21une dynamique qui me permet
33:23d'être overexposée sur cette zone-là.
33:25Juste un petit mot
33:26sur la dynamique bénéficiaire
33:27des entreprises américaines.
33:28Vous regardez ça en agrégé,
33:30c'est une dynamique bénéficiaire
33:31qui est très distordue, j'imagine,
33:33tirée par tous ceux
33:34qui vont publier
33:35dans les 48 prochaines heures,
33:36entre autres.
33:36Exactement.
33:37Il y a un secteur qui...
33:40Il y a une bulle de profit, quoi.
33:41Il y a une bulle de sous-profit,
33:42c'est le secteur énergétique
33:43qui est vraiment...
33:45Mais il faut avoir en tête
33:46que ça représente
33:47quelques pourcents aujourd'hui
33:48d'un indice américain,
33:48donc ce n'est pas si important que ça.
33:50Mais il y a quelques secteurs
33:51qui, clairement,
33:52tirent cette dynamique bénéficiaire.
33:54Sur les émergents,
33:55je voulais y accéder, Vincent,
33:56la question étant,
33:57est-ce que la surperformance
33:59qu'on observe des marchés émergents,
34:01c'est juste une question
34:02de rattrapage,
34:03de positionnement,
34:04des investisseurs aussi
34:05très sous-exposés
34:07à ce thème-là ?
34:08Ou est-ce que c'est
34:09une histoire plus longue
34:10qui peut se développer
34:10comme on a connu
34:12cette séquence 2001-2007
34:15pour la Chine,
34:16qui a été, alors,
34:16avec l'entrée de la Chine
34:17dans l'OMC, bien sûr,
34:18mais qui a été
34:18un long cycle
34:20de performance
34:21et de surperformance
34:21pour ces marchés-là ?
34:22Oui.
34:23Non, mais on sort
34:24d'un très long cycle
34:25de sous-performance
34:26des marchés émergents,
34:28les actions,
34:29mais également les devises.
34:30Et là, on est
34:31dans une période,
34:32je pense,
34:33où, au contraire,
34:34le dollar américain
34:35a plutôt tendance
34:36à s'affaisser,
34:37il reste assez élevé,
34:38mais il s'affaisser.
34:39Alors, récemment,
34:39il s'est plutôt stabilisé,
34:41mais ce dont on n'a pas parlé
34:42tout à l'heure
34:43sur la Fed,
34:44c'est également
34:44les questions
34:45d'indépendance.
34:46On garde en tête
34:47qu'on va avoir
34:47un nouveau chairman
34:48qui va être nommé
34:49prochainement,
34:50d'ici la fin de l'année,
34:51probablement,
34:52même si le changement
34:53ne se fera ensuite
34:54qu'en mai,
34:55avec des interrogations
34:56sur l'indépendance
34:57de la Fed,
34:57ce qui n'est jamais
34:58très bon pour la devise.
34:59Et on voit également
35:01que la croissance
35:02des pays émergents
35:04a accéléré
35:05par rapport
35:06aux marchés développés.
35:07Et ça,
35:08c'est également
35:08plutôt un signe positif
35:09pour les actions.
35:11Sur la croissance émergente,
35:12on a également
35:13une redistribution.
35:14C'est-à-dire que la Chine
35:15était très dominante,
35:16mais si on fait
35:17un peu de prospective,
35:19la croissance chinoise
35:21ne va plus dominer
35:22celle du reste
35:24des marchés émergents.
35:25Donc, on a quelque chose
35:25de mieux distribué.
35:28En l'occurrence,
35:29sur la Chine,
35:30on est également
35:30assez positif
35:31sur la technologie.
35:34On sort de meetings
35:36importants
35:36des autorités chinoises
35:38et on voit
35:39ce focus très important
35:41sur la technologie,
35:42cette volonté
35:43d'être très compétitif
35:44sur la technologie.
35:45Être cutting edge,
35:46à la pointe
35:47et en même temps
35:47indépendant.
35:48C'est les deux
35:49la double dimension.
35:51Exactement.
35:52Et la troisième
35:52serait probablement
35:54de rééquilibrer
35:55la croissance chinoise
35:57qui aujourd'hui,
35:59enfin depuis très longtemps,
35:59est soutenue
36:00par l'investissement.
36:01Il faut davantage
36:02de consommation.
36:03Ça fait 25 ans
36:04que j'entends ça,
36:05Vincent,
36:06et sans doute
36:06d'autres que moi
36:07depuis plus longtemps encore.
36:09Mais petite parenthèse,
36:10j'ai entendu
36:11pendant 20 ans
36:12que le Japon
36:12était en déflation
36:13et qu'il n'en sortirait jamais
36:14et que notre seul modèle
36:16c'était le Japon,
36:17qu'on allait tous finir
36:17comme le Japon,
36:18que c'était
36:18la japonification du monde.
36:20Visiblement,
36:21l'histoire du Japon
36:21est peut-être en train
36:22de s'infléchir
36:23au moins en partie.
36:25Donc, je me dis
36:25que tout est possible.
36:25Je pense qu'on a
36:28un infléchissement
36:29et on parle maintenant
36:31dans les milieux officiels
36:33de réduire le poids
36:34du secteur public
36:36dans l'investissement
36:37en Chine
36:37qui est très important
36:38et de faire davantage
36:40pour tout ce qui est
36:41la sécurité sociale
36:43et la confiance
36:44du consommateur
36:44pour qu'on ait
36:46un décollage
36:47à ce niveau-là.
36:48Donc, au total,
36:49oui, il me semble
36:50que les perspectives
36:51sur les actions
36:52émergentes
36:53restent plutôt favorables.
36:55Bon, un mot
36:56sur la sphère émergente
36:57ou la Chine
36:57en particulier,
36:59Florent ?
36:59Alors, sur la Chine
37:00en particulier,
37:01je partage effectivement
37:02ce qui vient d'être dit,
37:03c'est-à-dire qu'il y a
37:04une volonté
37:04de réorienter
37:05le modèle de croissance.
37:06On voit que
37:06ce n'est pas sans difficulté.
37:09On voit aussi
37:09que l'économie chinoise
37:11n'est pas sortie
37:12de son marasme,
37:13si je puis dire.
37:14Les chiffres ne sont pas bons.
37:14Il n'y a pas d'amélioration
37:16spectaculaire des chiffres.
37:16Les chiffres ne sont pas bons,
37:18mais parce que
37:18le soutien budgétaire
37:19et monétaire
37:20n'a pas été non plus
37:21au rendez-vous.
37:22Ça, c'était un peu
37:22le grand espoir
37:23des marchés, effectivement.
37:24C'était qu'il y ait
37:25un soutien beaucoup plus franc
37:26de la part des autorités
37:27monétaires et budgétaires.
37:28Même pendant la guerre commerciale
37:29où il y a un moment
37:30où Donald Trump a mis
37:31des 145-150 %,
37:33la réaction de la banque centrale
37:35chinoise n'a pas été
37:36non plus énormissime.
37:38Il y a eu des petites dévaluations
37:40du yuan, etc.,
37:41mais pas dans des proportions
37:42extraordinaires.
37:44Après, sur les marchés d'action,
37:46là, encore une fois,
37:47je vais prendre le pari inverse.
37:48Nous, on est plutôt d'avis
37:49qu'il faut diversifier
37:50au-delà des États-Unis.
37:51Je vais me concentrer
37:52uniquement sur le monde développé
37:53pour la simple et bonne raison
37:55qu'effectivement,
37:55comme on vient de dire
37:56que nous, on est un petit peu
37:57plus positifs,
37:58notamment sur l'Europe
37:59en termes de croissance,
37:59ça voudrait dire
38:00qu'une des explications,
38:02ce n'est pas la seule,
38:03je le conçois,
38:04qui, effectivement,
38:06provient du fait
38:07que les États-Unis
38:08aient surperformé l'Europe
38:09parce qu'il y avait
38:09un différentiel de croissance
38:10beaucoup très bien,
38:11bien plus important,
38:13notamment de productivité.
38:14Et vous voyez,
38:14l'équivalent se réduire
38:15ou en tout cas,
38:16finalement, quoi.
38:16Je ne dirais pas
38:17la fin de l'exceptionnalisme américain,
38:19mais l'atténuation
38:19de l'exceptionnalisme américain.
38:21Tout simplement,
38:22une convergence,
38:23une tentative de convergence,
38:25en tout cas,
38:25une atténuation de ce gap
38:27pourrait engendrer,
38:28effectivement,
38:28des orientations des flux.
38:29Donc, on reviendra plus tard
38:31pour voir si ça se confirme.
38:32L'exceptionnalisme américain
38:34face au fédéralisme
38:35pragmatique européen.
38:36Ça, c'est le dernier concept
38:39poussé par Mario Draghi.
38:40Et on verra, effectivement,
38:41où tout cela mène.
38:42Merci beaucoup, messieurs.
38:43Merci d'avoir été
38:44les invités de Planète Marché
38:45ce soir.
38:45Florent Vabon et Kofi,
38:47Vincent Chéniot,
38:48General Investments
38:49et Syriac Dayan,
38:50Sanson,
38:50Longchamp,
38:51Asset Management.
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