- il y a 7 semaines
- #sudradio
Avec Philippe Latombe, Député, Elu de Vendée, Caroline Zorn, Avocate, vice-présidente de l’Eurométropole de Strasbourg
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00:00Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Pérez.
00:04Bonjour et bienvenue dans le numérique pour tous, l'émission dédiée au digital, à l'innovation et à la tech responsable.
00:10Et aujourd'hui, on va parler de souveraineté numérique.
00:13Alors attention, derrière ce mot devenu à la mode, se cache une réalité bien plus inconfortable,
00:17celle d'une France finalement dépendante des technologies étrangères.
00:21Alors la souveraineté est-elle un mirage politique ?
00:24Privilégie-t-on réellement la préférence nationale ?
00:27Et comment pourrait-elle devenir une réalité ?
00:29C'est ce que nous tenterons de comprendre avec nos invités.
00:31Le numérique pour tous, spécial souveraineté numérique, l'illusion française.
00:35C'est tout de suite, et c'est sur Sud Radio.
00:37Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Pérez.
00:41Et pour commencer cette émission spéciale souveraineté et numérique,
00:44j'ai le plaisir de recevoir Philippe Latombe.
00:46Bonjour Philippe.
00:47Bonjour.
00:47Vous êtes député, élu dans la circonscription de la Vendée
00:51et spécialiste des questions de cybersécurité, de souveraineté numérique et de protection des données.
00:56Alors Philippe, quand on entend ce mot souveraineté numérique,
00:59on imagine une France indépendante capable de tout contrôler.
01:03C'est la réalité ?
01:04Non, c'est une illusion.
01:06Non, non, on n'est pas capable de tout contrôler.
01:08On le voit bien avec l'ensemble des applications sur les téléphones que chacun utilise.
01:13On le voit bien sur les ordinateurs avec les systèmes d'exploitation.
01:16Non, on est loin d'avoir la totale maîtrise de la chaîne.
01:19Et je ne parle même pas des puces, des ordinateurs, enfin tout ce qui va avec.
01:23D'ailleurs, on a vu où ça nous a mené cette semaine ?
01:25On a vu avec AWS, on l'avait déjà vu avec Microsoft, souvenez-vous,
01:28juste avant les Jeux Olympiques, avec une mise à jour un peu désastreuse avec CrowdStrike,
01:33qui avait paralysé...
01:35Nous, on avait été épargnés.
01:36Ça montre bien que parfois, c'est ça du bon, c'est que nous n'étions pas dans la mise à jour,
01:40parce qu'on était tellement antédiluvien dans nos systèmes d'exploitation
01:42qu'on n'avait pas à la mise à jour de Microsoft à l'époque.
01:46Là, AWS, c'est plus gênant parce que ça montre bien que les applications
01:49qui sont utilisées au quotidien, elles sont hébergées dans du cloud.
01:53Et dès que ces entreprises prennent l'eau, pour des raisons techniques
01:57ou pour des raisons de cybersécurité, c'est l'ensemble du système mondial qui tousse.
02:03Certaines entreprises ont méchamment souffert.
02:05Justement, de manière plus globale, les risques vraiment fondamentaux sur notre territoire,
02:10avec cette absence de souveraineté à terme,
02:12puisque le processus va s'amplifier, quels sont-ils ?
02:15On a doucement glissé d'une question qui reste d'actualité,
02:19mais qui est un peu mise sous le boisseau pour l'instant,
02:21qui est la question de la captation des données,
02:23parce qu'on a du chiffrement, on a un certain nombre de choses
02:24qui permettent quand même de s'en prémunir en partie.
02:27On est passé à la question du kill switch,
02:29la possibilité pour les Américains de nous couper l'accès à des services.
02:33Ils l'ont fait auprès d'entreprises chinoises,
02:35auprès d'universités chinoises, auprès d'entreprises indiennes.
02:38Ils l'ont fait avec la Cour pénale internationale.
02:40Ça nous pend au nez que c'est un jour Donald Trump
02:43n'étant pas content vis-à-vis de la France,
02:46pour une raison ou pour une autre,
02:47peut-être parce que notre engagement avec l'Ukraine
02:49n'est pas forcément de son goût,
02:52qu'il décide de nous sanctionner un tout petit peu.
02:54Et donc ça peut se passer par de la coupure de services numériques.
02:56Et là par contre, ça serait dramatique pour notre économie.
02:58Conséquences ?
02:59Conséquences, on n'aurait aujourd'hui pas de mise à jour
03:01sur nos systèmes d'exploitation du type Windows,
03:03on n'aurait pas forcément accès à un certain nombre de services
03:06qui peuvent nous être proposés,
03:08qui servent aux entreprises pour fonctionner.
03:10Donc voilà, on pourrait avoir un petit problème par exemple avec Salesforce,
03:14on pourrait avoir un problème avec Palantir,
03:16on pourrait avoir un problème avec pas mal d'applications,
03:18pour certaines qui dépendent aussi du...
03:20ou en tout cas qui sont très liées au ministère de la Défense américain.
03:23On a vu récemment, là aussi, la fameuse école Polytechnique
03:26qui a suspendu ses abonnements à une plateforme américaine.
03:31C'est un effet d'annonce pour montrer qu'on fait des grands gestes ?
03:33Ou alors il y a une réalité derrière ?
03:34Non, ça a été un combat pendant 4 ou 5 mois de ma part,
03:39de la part de sénateurs, d'un certain nombre de personnes.
03:41On avait appris que Polytechnique voulait recourir à Microsoft
03:45dans son mode de fonctionnement.
03:49Ça ne s'était pas passé en plus auprès de l'ensemble des instances de Polytechnique.
03:53Je rappelle que les universités, normalement, sont agnostiques technologiquement
03:57et donc il y avait une vraie levée de boucliers.
04:00La patronne de Polytechnique avait été convoquée en commission d'enquête au Sénat
04:04et je pense que c'est la suite de cette audition qui s'est très mal passée pour elle
04:09qui a fait qu'elle est obligée de rétro-pédaler.
04:12Alors pour l'instant, c'est une suspension.
04:13On est en train de voir avec les sénateurs
04:14comment est-ce qu'on peut transformer la suspension en arrêt.
04:17Alors là, on parle de Polytechnique,
04:18mais il y a quand même beaucoup d'universités et de ministères
04:20qui confient leurs données à des serveurs américains.
04:23On est dans le déni, on est dans une inertie
04:27ou on est dans une forme de cynisme administratif ?
04:31Les trois, mon capitaine.
04:33Le premier, c'est que c'est forcément des solutions qui sont super simples
04:36et donc il suffit d'appuyer sur un bouton pour les déployer.
04:38Donc pourquoi est-ce qu'on s'embêterait à prendre des systèmes
04:40un peu plus compliqués à déployer alors qu'on a un truc simple ?
04:43La deuxième, c'est que facialement, ça ne coûte pas cher.
04:46Sauf qu'on se rend compte que d'abord, ce n'est pas cher.
04:49Puis ensuite, l'augmentation des tarifs fait que le budget des DSI explose
04:53et que ça ne va pas très bien.
04:55Donc c'est aussi de la politique marketing de la part de ces opérateurs,
04:59notamment américains.
05:00Et puis, globalement, c'est le vieux syndrome IBM des années 80.
05:04Je prends américain, je prends IBM, je suis sûr de ne pas me tromper,
05:06de ne pas me faire engueuler.
05:07Donc je le fais, c'est plus facile.
05:09C'est ça, je suis sûr de ne pas me faire engueuler dans ma boîte.
05:10J'ai pris le plus gros, donc je suis couvert.
05:12Comme ça, au moins, je n'ai pas pris un petit pousset
05:14qui va nécessiter beaucoup de travail et qui s'y plante, on va me le reprocher.
05:19Philippe, on sait que les géants américains ne respectent pas forcément
05:21le règlement sur la protection d'un donné.
05:23Ce règlement s'appelle le RGPD, je le rappelle.
05:25Est-ce qu'il a encore une crédibilité ?
05:28Et justement, on force les petites entreprises à l'adopter,
05:31mais les plus grands, qui sont des rôles modèles, ne l'adoptent pas.
05:35Quelle est sa validité aujourd'hui ?
05:36Le RGPD est quand même une réglementation qui est absolument nécessaire
05:39pour protéger nos valeurs, pour protéger l'utilisation de nos données.
05:43C'est vrai que parfois, il y a des biais d'utilisation.
05:45Et ce que je reproche, moi, ce n'est pas que les entreprises américaines
05:47ne respectent pas le RGPD, c'est que l'Europe a décidé,
05:51par la possibilité de faire du transfert de données directement aux États-Unis,
05:54la possibilité de s'affranchir du RGPD.
05:56Mais normalement, il devrait quand même s'appliquer.
05:58Et il s'applique, de fait, pour l'ensemble des entreprises
06:01qui travaillent directement sur le sol français ou sur le sol européen.
06:06Il s'applique, on le voit, il y a quand même des avancées.
06:09Regardez sur les réseaux sociaux, il y a un certain nombre de choses
06:10qui vont mieux en termes d'utilisation des données, de transparence.
06:14Je ne parle pas du contenu, je parle de l'utilisation des données.
06:18La vraie question, c'est en quoi le RGPD est compatible
06:21avec l'intelligence artificielle, avec le règlement sur l'intelligence artificielle.
06:24Et ça, ça risque d'être une vraie difficulté.
06:26On ne peut pas faire rentrer un rond dans un carré.
06:28On a un vrai sujet sur les datasets,
06:30donc les collections de données qui servent à entraîner les modèles.
06:34Il va falloir qu'on arrive à faire évoluer le RGPD
06:36pour qu'il colle à l'IAHCT
06:38et que l'IAHCT intègre aussi la question de la protection des données
06:41dans l'entraînement des modèles.
06:43D'ailleurs, pas mal de données de santé sont parties.
06:45C'est un gros sujet avec le Health Data Hub.
06:47Il y a quelques années, est-ce que ça, un jour, on y verra clair ?
06:51Ou alors on va mettre...
06:52Il y a des évolutions très importantes qui sont en train de se passer
06:54avec la plateforme des données de santé,
06:56parce que depuis une condamnation, il fallait changer le nom,
06:58donc on l'a rebaptisé en français.
07:01La plateforme des données de santé est en train de changer de gouvernance.
07:03Il y a un nouveau directeur général par intérim qui vient d'arriver.
07:06Et il y a un appel d'offres qui est en cours
07:08pour basculer l'hébergement des données vers du souverain.
07:11Donc on est dans quelque chose qui évolue.
07:13La vraie question, c'est est-ce que cet exemple-là,
07:18qui a été très médiatique et très emblématique,
07:20va servir de révélateur pour l'ensemble des ministères
07:24et des entités de l'État pour arrêter de fonctionner comme...
07:27Et selon vous, est-ce que ça va être un révélateur ?
07:29Je pense qu'il y a une prise de conscience de la part des ministères,
07:33au moins dans la partie stratégique.
07:35Je pense que l'arrivée de Donald Trump,
07:36qui n'a rien changé à la politique américaine,
07:37mais qui est simplement un révélateur brutal de ce que sont les Américains,
07:40montre que nous ne pouvons pas durablement rester
07:44sur le modèle que nous avions avant
07:46et donc utiliser des services américains n'importe comment.
07:49Je trouve que les pays européens commencent à évoluer.
07:52Les Hollandais ont un peu évolué sur le sujet.
07:54Ils ont même proposé à leur gouvernement
07:56d'avoir un hébergement des données de l'État sur du souverain.
07:59Les Allemands sont en train de bouger aussi sur le sujet.
08:02Ce n'est pas pour rien qu'il y ait un sommet sur la souveraineté
08:04qui est franco-allemand, qui a lieu mi-novembre.
08:07C'est qu'il y a quand même une prise de conscience européenne sur le sujet.
08:10Philippe, vous avez interpellé le gouvernement récemment
08:13sur la doctrine cloud au centre.
08:15Expliquez-nous un petit peu en quoi a consisté ce coup de gueule.
08:18Et avec le changement de gouvernance, on va dire,
08:20au niveau de notre ministère numérique,
08:23est-ce que le projet va être suivi des faits ?
08:25En fait, la question, c'est plus que la doctrine cloud au centre,
08:29qui est en fait la question de la souveraineté,
08:30de la protection des données personnelles et des données sensibles de l'État,
08:34qu'on a essayé de régler par la loi SREIN,
08:35donc normalement ça devrait se décanter,
08:37et j'attends les décrets, c'est là mon coup de gueule.
08:39Le deuxième coup de gueule, c'est la position de la DINUM sur le sujet,
08:42donc la direction interministérielle du numérique,
08:44qui je trouve n'assure pas son rôle de coordonnateur au sein de l'État,
08:49et plutôt dans l'envie de justifier son existence
08:52par la création de solutions technologiques
08:56qui sont même en concurrence avec le privé,
08:58ce qui fait qu'il y a un écosystème qui crie.
09:01Et ce n'est pas son rôle.
09:02Quand on a un appel d'offres à 700 millions
09:04pour recréer d'un coup d'un seul l'équivalent de Microsoft, Google et AWS,
09:08je n'y crois pas.
09:09Ils ont dépensé, eux, GAFAM, pourtant très agiles, des milliards pour le faire.
09:12Je ne vois pas comment 700 millions avec nos petits bras tous musclés,
09:15on arriverait à le faire en France.
09:17Donc il faut qu'on...
09:18Et puis on est dans une situation budgétaire
09:20qui fait qu'on peut faire attention à 700 millions quand même.
09:23Je pense qu'il faut que la DINUM soit vraiment coordonnateur,
09:26qu'elle se pose la question de ce que c'est qu'une donnée sensible de l'État,
09:29comment est-ce qu'on la traite,
09:31et puis qu'elle serve d'ESN d'État,
09:33c'est-à-dire d'entreprise de services numériques d'État,
09:34c'est-à-dire qu'elle arrive à aider les ministères,
09:36à définir leurs besoins,
09:38à les écrire, à écrire les appels d'offres,
09:40à les aider à choisir au moment des appels d'offres,
09:42et ensuite à les aider à accompagner la mise en place des chantiers numériques.
09:46Je le vois dans ma circonscription et dans mon département,
09:49on a expérimenté un logiciel qui s'appelle Arpej à la CNAM,
09:53enfin la CPM, pour traiter les IJ,
09:56c'est un drame, les indemnités des journaux, pardon.
09:59C'est un drame, ça ne marche pas,
10:00on est obligé de l'abandonner en race campagne,
10:02mais le logiciel va rester dans ces deux départements-là
10:06parce qu'on n'a pas de machine arrière possible,
10:08et donc on va avoir des gens qui vont subir ce logiciel
10:12pendant 4 ou 5 ans avant qu'ils soient remplacés.
10:14Ce n'est pas normal, la DINUM aurait dû intervenir.
10:16Et ça c'est un cas public,
10:17mais je pense qu'il y en a beaucoup d'autres.
10:19Nous avons une nouvelle ministre du numérique,
10:21vous l'avez saluée cette semaine.
10:23Que lui avez-vous souhaité au-delà d'une longue durée de vie ?
10:26Qu'elle puisse avoir les moyens de son action.
10:29Et en fait c'est là où je suis content qu'on ait une ministre déléguée,
10:32c'est-à-dire qu'une ministre avec quand même un pouvoir,
10:34ce n'est pas un secrétariat d'État,
10:35c'est quelque chose d'un peu plus important.
10:37Malheureusement elle est encore rattachée à Bercy,
10:38alors que le coup d'avant, qui n'a pas duré très longtemps certes,
10:41mais le coup d'avant, Clara Chapaz était rattachée
10:43au ministère de la fonction publique.
10:44Et ça, ça avait un intérêt parce que l'ADINUM,
10:47notamment, est rattachée fonctionnellement
10:50au ministère de la fonction publique.
10:52Donc voilà, elle aurait été de plein exercice
10:54en étant rattachée à la fonction publique.
10:56C'est mon petit regret.
10:58Qu'est-ce qu'il faut lire dans les lignes avec ce rattachement ?
11:00C'est que Bercy a encore gagné,
11:02comme d'habitude.
11:03Merci Philippe Latombe,
11:04je rappelle que vous êtes député à l'Assemblée nationale
11:06et spécialiste des questions cybersécurité,
11:08de souveraineté numérique et de protection des données.
11:11Restez avec nous sur cette émission spéciale
11:13Numérique et souveraineté dans quelques instants.
11:14Le numérique pour tous, ça continue.
11:16Et c'est sur Sud Radio.
11:17Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Perez.
11:20Et pour continuer cette émission spéciale
11:22Numérique et souveraineté,
11:24nous avons le plaisir d'accueillir Caroline Zorn.
11:26Caroline, vous êtes notamment présidente de l'ADCET,
11:29l'Association pour le développement citoyen
11:31des e-services sur le territoire,
11:33et également vice-présidente de l'Eurométropole de Strasbourg
11:37et spécialiste, bien évidemment, des questions de souveraineté numérique.
11:41Alors, j'ai envie de poser la même question que cette question d'introduction à Philippe Latombe.
11:45La souveraineté numérique est-elle une illusion, Caroline ?
11:48Oui, oui, oui. Bonjour Vanessa.
11:51Oui, je pense qu'on peut le dire comme ça.
11:53Je ne le dirai pas mieux que le député Latombe précédemment.
11:55C'est une illusion.
11:57C'est d'ailleurs un élément de langage qui devient extrêmement courant.
12:01Donc, on se gargarise de souveraineté, souveraineté numérique,
12:05mais derrière cette appellation de façade,
12:09ça devient comme une IGP,
12:11eh bien, il y a peu de choses derrière,
12:13et notamment, il manque des moyens pour y travailler réellement.
12:16Mais alors, est-ce qu'elle est compatible quand même avec la mondialisation ?
12:18Parce que, voilà, on partage de plus en plus de serveurs,
12:21d'infrastructures qui viennent de l'étranger,
12:23des services, toutes les applications qu'on utilise au quotidien,
12:26sans les citer, Tchadjpiti et les autres.
12:28On ne peut pas vivre sur notre petit territoire sans se connecter au monde ?
12:31Oui, c'est vrai, c'est vrai.
12:32On doit être connecté au monde,
12:34et je tiens à rappeler qu'il n'est plus temps de se poser la question
12:38est-ce qu'on doit ou non accepter la mondialisation ?
12:41Elle est là, donc il faut en tirer le meilleur parti.
12:44Néanmoins, je pense qu'il faut être absolument réaliste,
12:46et aujourd'hui, on ne l'est pas.
12:48On parle beaucoup de souveraineté numérique,
12:49mais on ne s'en donne pas les moyens,
12:50et donc on n'a pas la capacité de faire face à ces géants du numérique.
12:56Ça devrait être nos données, nos villes, nos territoires, nos choix,
13:00et aujourd'hui, nos choix sont complètement aliénés
13:02par la volonté des géants du numérique.
13:04Mais est-ce qu'on est prêt à payer plus cher
13:06et être moins performant pour être vraiment souverain aujourd'hui ?
13:09Alors, vous dites payer plus cher, pourquoi payer plus cher ?
13:11Puisqu'on a aujourd'hui des capacités françaises et européennes
13:15qui permettraient de ne pas payer plus cher.
13:16Moi, ce qui vraiment m'agace énormément,
13:20c'est que les géants du numérique ont réussi à nous faire croire
13:22que leurs services étaient accessibles et pas chers,
13:25et vous avez tout compris.
13:27Donc, vous avez votre licence, vous avez la maintenance,
13:29vous avez tout ce qu'il vous faut pour un prix qui est parfaitement lisible,
13:32et en général, dans les budgets des collectivités,
13:35c'est du fonctionnement, ce n'est pas d'investissement.
13:37Bon, donc sans être trop technique sur le sujet,
13:40on a l'illusion que ça revient moins cher.
13:42Mais il y a des solutions européennes et françaises
13:44qui s'appuient sur du logiciel libre et open source
13:48et qui reviennent moins cher.
13:50Et vous avez le sentiment que les collectivités locales,
13:52quand elles font leur appel d'offres,
13:54elles ont tout un tas de critères,
13:56et en fait, les solutions, elles sont plutôt néanmoins
13:59des solutions internationales que des solutions qui sont locales.
14:01D'ailleurs, est-ce qu'il existe des solutions locales ?
14:03Il en existe, mais par facilité, par habitude,
14:06et puis aussi parce qu'on n'a jamais eu une grande stratégie nationale sur la question,
14:10eh bien, on prend les mêmes et on recommence.
14:12Et donc, c'est ça qui est insupportable.
14:14Et vous avez le sentiment, là aussi,
14:15que les élus comprennent suffisamment les enjeux du numérique,
14:18avec tout le respect que je leur dois,
14:19mais pour prendre des bonnes décisions stratégiques,
14:21qui participent, on va dire, d'une vision nationale,
14:25européenne du numérique ?
14:26Oui, pas du tout.
14:27Je veux dire, il faut le dire ici,
14:30il y a peu d'élus qui comprennent quelque chose aux questions numériques.
14:33Mais comme tout le monde, finalement...
14:34Vous n'allez pas vous faire des amis, alors ?
14:35C'est vrai, mais je l'assume.
14:36Mais comme tout le monde,
14:37on manque cruellement d'éducation au numérique.
14:39Une éducation populaire au numérique,
14:40une éducation scolaire au numérique.
14:42Et les élus n'ont pas de formation obligatoire sur la cybersécurité,
14:45alors que leurs décisions, par exemple,
14:47vont être les premières à impacter les questions de cyber sur les collectivités.
14:51Donc, si vous aviez vu la tête de mes collègues
14:53quand j'ai prononcé le mot crypto-monnaie locale
14:55dans l'hémicycle du conseil municipal,
14:57pour certains, personne n'avait entendu parler de bitcoin.
15:00Ils pensaient que c'était une illusion.
15:01Mais vous avez le sentiment qu'il y a une vision du numérique
15:04qui gouverne notre pays,
15:06à laquelle les élus peuvent se rattacher,
15:08ou chacun fait les choses dans son coin ?
15:10Alors, on y travaille quand même.
15:11Dans des associations comme l'ADCET,
15:13comme les Interconnectés,
15:14la Commission numérique de France urbaine,
15:15je suis dans beaucoup de mouvements
15:17qui préparent justement cette relève
15:20et cette prise de conscience.
15:22Mais néanmoins,
15:23quand vous avez aujourd'hui un budget,
15:25pardon, on va parler un petit peu argent,
15:26le projet de loi de finances
15:28qui prévoit qu'on va avoir, je crois,
15:2914 millions d'euros sur l'inclusion numérique
15:32pour 16 millions de personnes absolument déconnectées du numérique,
15:35vous faites le ratio, ça fait très peu.
15:37Or, il ne faut pas imaginer qu'on arrivera à monter en compétence
15:41sur les questions numériques en France et en Europe
15:44si on n'a pas un accompagnement des personnes qui sont les plus éloignées.
15:47Sinon, ce sont des personnes qui vont toujours se tourner
15:49vers les géants du numérique
15:51qui ont le plus de moyens pour faire de la publicité.
15:55Donc, on retournera sur Microsoft, sur Google.
15:57D'ailleurs, aujourd'hui, c'est bien clair,
15:58on ne parle même pas d'un fichier texte ou d'un tableur.
16:04On parle de Word et d'Excel.
16:05Tout a été remplacé dans notre inconscient.
16:07Il faut lutter contre ça.
16:08Mais vous avez le sentiment qu'aujourd'hui,
16:10mettre des milliards pourrait compenser justement ce retard
16:12et pourrait permettre d'accompagner nos citoyens
16:15ou alors ces peines perdues.
16:16Sur quoi on les met, les milliards ?
16:18Parce qu'il y a la question de l'investissement,
16:20il y a la question des infrastructures,
16:21il y a la question de revenir dans la compétition,
16:25reprendre du galon, c'est une chose.
16:28Mais si derrière, vous avez une population
16:29qui n'est pas formée, qui n'est pas sensible
16:31et qui ne va pas comprendre les enjeux
16:32des investissements que vous avez faits,
16:34vous avez tout perdu.
16:35Alors, vous avez une vision, vous, très intéressante
16:37sur la façon de repenser la ville par rapport au numérique
16:40parce que justement, les serveurs peuvent reproduire
16:42de l'électricité, peuvent alimenter justement
16:44une nouvelle économie.
16:45Est-ce que vous pourriez un peu développer cette façon
16:47justement avec laquelle vous inversez un peu les choses
16:49et vous repensez cette intégration du numérique
16:52de manière holistique, on va le dire comme ça ?
16:53Oui, les collectivités ne sont pas démunies.
16:56C'est vrai qu'on manque de moyens,
16:58c'est vrai que c'est compliqué de lutter
16:59contre cette mainmise, la dégéante du numérique,
17:02mais on a quand même, en théorie,
17:04la mainmise sur notre territoire.
17:06Et donc, on a des plans locaux d'urbanisme,
17:09on a des stratégies du territoire.
17:11Maintenant, il faut les croiser aussi
17:12avec des stratégies d'aménagement numérique du territoire.
17:16Et oui, lorsque vous avez des data centers,
17:18puisque si on parle de souveraineté numérique,
17:19il faut quand même se dire qu'on a besoin
17:21de plus en plus de data centers sur notre territoire
17:23et qui n'appartiennent pas et qui ne tournent pas
17:25avec des données outre-Atlantique,
17:27mais qui sont vraiment chez nous.
17:30Mais il va falloir les accueillir.
17:31Pour les accueillir, qu'est-ce qu'on fait
17:32quand on est une ville ?
17:33Est-ce qu'on attend le dernier moment
17:34qu'un opérateur arrive et puis on fait
17:36une réunion de concertation avec les gens
17:37qui ne sont pas contents dans le coin,
17:39puis on leur dise, oui, bon, écoutez,
17:40on en a quand même besoin économiquement
17:43sur le territoire ?
17:43Non, ce n'est pas ça qu'il faut faire.
17:44Moi, je pense qu'il faut réussir à intégrer
17:47ces éléments d'infrastructure,
17:48parce que l'avenir est aux infrastructures numériques,
17:50intelligemment.
17:52Et oui, un data center,
17:54ça produit de la chaleur,
17:55ça peut avoir un impact
17:57sur l'artificialisation des sols
17:59et il faut y faire attention,
18:01mais aussi ça dégage de l'énergie.
18:03Et donc cette énergie-là,
18:04il faut pouvoir la penser
18:05avec les réseaux de chaleur sur les territoires,
18:07de la même manière qu'aujourd'hui,
18:09ça ne va pas plaire à tout le monde non plus,
18:12ce que je vais dire,
18:12mais aujourd'hui,
18:13si vous minez du bitcoin,
18:15vous pouvez avoir une stabilisation
18:16du réseau électrique,
18:17parce qu'aujourd'hui,
18:19on a de plus en plus
18:19des énergies renouvelables
18:20dans le réseau électrique,
18:21sauf que l'Espagne l'a vécu,
18:24ce blackout il y a quelques mois.
18:25Lorsque vous avez beaucoup d'énergie solaire,
18:27vous avez des hauts et des bas.
18:28Minez du bitcoin,
18:29ça permet de stabiliser.
18:30Alors minez du bitcoin,
18:30pour nos auditeurs,
18:31juste décryptez-nous.
18:32Pour créer un bitcoin,
18:34cette crypto-monnaie,
18:35vous avez besoin d'utiliser
18:36beaucoup d'énergie,
18:37mais ce sont des gens
18:38qui utilisent de l'énergie,
18:39ils appuient sur le bouton on,
18:41il y a beaucoup d'énergie,
18:42ils appuient sur off,
18:42ça s'arrête,
18:43c'est extrêmement agile.
18:44Alors que quand vous avez,
18:45par exemple,
18:45des data centers,
18:46vous ne les arrêtez pas
18:47les data centers.
18:48Ça veut dire qu'il faut réussir
18:49à réfléchir intelligemment
18:50les énergies du numérique
18:52pour les mettre là
18:53où on en a besoin,
18:54en France,
18:54sur notre territoire.
18:55Et je vais ajouter que
18:56lorsque vous avez un réseau
18:57qui est stabilisé,
18:58vous avez un réseau
18:59qui revient moins cher.
19:00Donc ça veut dire
19:01faire baisser la facture
19:02d'électricité des Français.
19:04On vous écoute aujourd'hui
19:05ou qu'est-ce qui freine
19:06cette réflexion justement ?
19:07C'est cette éducation au numérique ?
19:08Oui.
19:09C'est un gros problème
19:09d'éducation au numérique.
19:10Ce n'est pas un sujet
19:11qui va intéresser le plus
19:12les élus,
19:13pardon de le dire.
19:14Et donc,
19:15on commence quand même...
19:16Ah, nous en avons un plateau
19:17et il semble intéressé.
19:18Mais c'est...
19:19Comment dire ?
19:20C'est un plaisir vraiment
19:21d'avoir un député
19:22comme le député l'attend
19:23parce qu'effectivement,
19:24il pousse des sujets
19:25et ça fait réagir.
19:27Caroline,
19:27un sujet qui nous touche
19:28au quotidien,
19:29vous défendez le territoire
19:30et le territoire,
19:31c'est aussi des langues.
19:32Et aujourd'hui,
19:33avec ces intelligences artificielles
19:34justement qui uniformisent
19:36le langage
19:36avec la traduction
19:37de langues anglo-saxonnes
19:38pour les IA américaines
19:39et de langues chinoises,
19:40est-ce que toutes ces langues
19:41du terroir demain
19:42ont un avenir ?
19:43J'ai peur pour ces langues.
19:46En fait,
19:46j'ai peur pour ces langues
19:47et j'ai peur pour ces cultures
19:48parce qu'aujourd'hui,
19:50qui sait,
19:51pas assez de monde à mon avis,
19:52que lorsque vous utilisez
19:53Tchad GPT,
19:54vous utilisez une IA
19:55qui est un modèle californien.
19:56Lorsque vous utilisez
19:57DeepSync,
19:58ça va être chinois.
19:59Lorsque vous utilisez...
20:00Et ainsi de suite.
20:01En fait,
20:01Mistral est français,
20:02voilà.
20:04Mais on a besoin
20:05de prendre conscience
20:06en fait de ce fait
20:07que plus vous utilisez
20:08des IA
20:09qui sont générées
20:10sur des modèles
20:11de langages étrangers,
20:14plus vous absorbez
20:15inconsciemment
20:15cette manière
20:16de voir la vie,
20:17cette manière
20:17de voir les choses.
20:18Donc,
20:18ce n'est pas parce que
20:19vous utilisez Tchad GPT
20:20que vous allez finir
20:21par remplacer
20:22votre jambon-beur
20:23par un smoothie avocat.
20:24Néanmoins,
20:25il faut quand même
20:25prendre garde
20:26à ce changement profond
20:28de nos sociétés
20:29qui sont engendrées
20:30par des utilisations
20:31d'intelligence artificielle
20:32sans qu'on ait parfaitement
20:33conscience en réalité
20:34de ce qu'on fait.
20:35Caroline,
20:35pour conclure,
20:36on peut concilier
20:36le progrès technologique
20:37et la préservation
20:38de nos territoires
20:39culturels,
20:40numériques ?
20:40Mais oui,
20:41nous le pouvons,
20:42nous le devons
20:43et c'est pour ça
20:44qu'il faut réussir
20:44à investir
20:45sur cette éducation
20:46au numérique
20:47et sur cette réflexion
20:48sur le numérique
20:49sans avoir peur,
20:50sans être bloqué
20:51par des fantasmes.
20:52J'entends beaucoup
20:52parler en ce moment
20:53de technofascisme,
20:55de crypto-bro,
20:57de gens.
20:58Il y a partout
20:59des gens
21:00qui ont intérêt
21:01à prendre le pouvoir.
21:02Ça,
21:02ce n'est pas une nouveauté.
21:03Et à faire du marketing
21:04de la peur.
21:05Exactement.
21:05Mais il faut résister à ça.
21:06Merci Caroline.
21:07Le mot de la fin,
21:07M. le député Philippe Latombe.
21:09Est-ce qu'on peut concilier
21:10le progrès technologique
21:11et la préservation
21:12de nos territoires ?
21:13Oui,
21:14c'est absolument nécessaire
21:14et pour revenir
21:15à ce qui a été dit tout à l'heure
21:16et on a un exemple
21:17au niveau national,
21:18c'est la filiale d'EDF
21:19qui s'appelle Exaion
21:20qui est une filiale
21:21qui fait du calcul
21:21et du minage
21:22qui pourrait faire du minage
21:24et qui pourrait équilibrer
21:24notre réseau
21:25et EDF souhaite la céder
21:26à une entreprise américaine
21:28donc c'est absolument
21:29pas normal
21:30qu'on puisse laisser
21:31l'interrupteur
21:31de notre réseau électrique
21:32aux Américains
21:34et je partage l'idée
21:35qu'il faut intégrer maintenant
21:37dans les plans locales
21:38d'urbanisme,
21:39dans le développement
21:40des territoires,
21:41les infrastructures numériques.
21:42C'est l'avenir
21:43et il faut les penser
21:44en amont.
21:44Effectivement,
21:45c'est toujours trop tard
21:46quand on décide
21:46de mettre une antenne
21:47sans avoir demandé
21:48à nos concitoyens
21:49s'ils étaient d'accord ou pas,
21:51qu'on ne l'avait pas placé
21:51sur la carte
21:52et pour les data centers
21:54c'est pareil,
21:54on a besoin d'électricité,
21:55on a besoin d'eau,
21:56on a besoin d'artificialisation
21:58de sol
21:58donc peut-être qu'on peut
21:59le faire dans des friches
21:59dans des endroits différents
22:01et ça se pense.
22:02Repensez notre approche
22:03du numérique.
22:04Merci beaucoup
22:04monsieur le député
22:05Philippe Platon,
22:05merci Caroline Zorn.
22:07Le numérique pour tous,
22:08c'est fini pour aujourd'hui
22:09et pour prolonger la discussion,
22:11on se retrouve
22:11sur vos réseaux sociaux préférés
22:12et ceux de nos invités.
22:14Il est temps pour moi
22:15de vous souhaiter
22:15une excellente fin de week-end
22:17et de vous dire
22:18à la semaine prochaine.
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