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Avec Christophe Hugon, Élu municipal délégué au numérique à la Ville de Marseille, Vincent Redrado, Entrepreneur & Investisseur – Président fondateur de DNG -, Cyril Darmon, CEO BIBLOS-AI Expert IA

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##LE_NUMERIQUE_POUR_TOUS-2025-11-09##

Catégorie

🤖
Technologie
Transcription
00:00Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Pérez.
00:04Bonjour et bienvenue dans le numérique pour tous, l'émission dédiée au digital, à l'innovation et à la tech responsable.
00:09Et aujourd'hui on va parler politique et numérique.
00:12Pendant que le monde vit sa plus grande révolution technologique avec l'intelligence artificielle,
00:16les robots humanoïdes et les autres avancées majeures,
00:19nos parlementaires semblent davantage préoccupés par la création de nouvelles taxes
00:23que par l'accompagnement de ceux qui créent de la valeur et des emplois, à savoir les entrepreneurs.
00:27Donc entre le délire fiscal dénoncé par certains et l'exode croissant des entrepreneurs,
00:31une question s'impose, les politiques français aiment-ils vraiment ceux qui réussissent ?
00:36Le numérique pour tous spécial politique et numérique, c'est tout de suite et sur Sud Radio.
00:40Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Pérez.
00:44Et pour commencer cette émission, j'ai le plaisir de recevoir Christophe Hugon.
00:47Bonjour Christophe.
00:48Bonjour Vanessa.
00:48Vous êtes élu municipal délégué au numérique responsable à Marseille
00:53et vous observez au quotidien la relation complexe entre le monde politique et celui de l'entrepreneuriat.
00:58Alors aujourd'hui Christophe, on l'a dit, on vit une période assez particulière avec toutes ces avancées technologiques.
01:04Pour ne pas les citer, Amazon annonce notamment le licenciement de 30 000 personnes
01:08du fait de l'avènement de l'intelligence artificielle.
01:11Apple travaille avec Starlink, Google avance dans l'IA et la fusion nucléaire.
01:14Je pourrais les citer à l'infini.
01:16Et pendant ce temps-là, on s'interroge notamment à taxer ceux qui font avancer le monde,
01:20à savoir les entrepreneurs. On est dans un délire fiscal qui est déconnecté de la réalité mondiale, Christophe ?
01:26Alors, en réalité, la question qu'il faut se poser, c'est pourquoi est-ce qu'on se retrouve
01:30dans une situation où on est autant endetté alors qu'il y a eu énormément d'investissements ?
01:36Parce que c'est ça qu'on cherche aujourd'hui à rembourser.
01:39C'est finalement ces mauvais investissements qu'on a mis dans le monde de l'entreprise
01:43et dans des façons d'investir dans la recherche et développement, etc.
01:48sans soutenir les petits développeurs.
01:50En France, je pense que ce n'est pas les entrepreneurs qu'on n'aime pas.
01:53Ce qu'on n'aime pas en France, c'est la vraie prise de risque.
01:56Si je prends un exemple comme Facebook, par exemple,
01:58au début, Zuckerberg ne voulait même pas faire de publicité.
02:02Il n'avait même pas de business plan.
02:05Et pourtant, il a révolutionné, parce qu'il a révolutionné nos relations sociales,
02:09parce qu'il avait une idée révolutionnaire.
02:11Aujourd'hui, des cabinets de conseil comme KPMG ou Deloitte rédigent les appels d'offres des États et des collectivités pour les entreprises.
02:21Et les entreprises payent les mêmes pour y répondre.
02:25Et donc, seules les très grandes entreprises qui, comme vous l'avez évoqué, n'ont pas la même ambition de création d'entreprise,
02:30pas la même dynamique, finalement, obtiennent ces fonds.
02:33Donc, pour moi, ce que je dénonce aujourd'hui, surtout, c'est la stratégie d'investissement et la façon de considérer les start-up et les petits entrepreneurs.
02:41Et comment est-ce qu'ils peuvent obtenir des fonds, alors que ce sont eux qui prennent des risques.
02:45Ils prennent souvent des risques.
02:46Concrètement et culturellement, qui dit numérique, dit entrepreneuriat.
02:48Pourquoi en France, un salaire de footballeur ou de pilote de Formule 1 ne choque personne,
02:53mais celui d'un entrepreneur qui crée des emplois va susciter l'indignation, Christophe ?
02:57Alors, c'est très intéressant, cette question. Je me la suis déjà posée, comme tout le monde.
03:01Alors, les revenus des footballeurs choquent quand même certaines personnes, mais de manière générale, beaucoup moins.
03:06Je pense qu'il y a deux phénomènes. D'abord, c'est un revenu, donc il y a un impôt sur le revenu d'environ 27% pour les tranchées plus élevées.
03:13Mais ce n'est pas vraiment ça. Je pense que c'est une question de perception.
03:17C'est-à-dire que le footballeur, on le voit à la télé, on le suit.
03:19S'il a du succès, il gagne vraiment beaucoup d'argent. S'il n'en a pas, on le voit échouer.
03:23Il y a une sorte de relation qui s'installe et une compréhension simple de ce qui se passe auprès du footballeur.
03:28Dans le monde de l'entreprise et de l'État, c'est assez opaque. C'est assez difficile à comprendre.
03:33Comment est-ce qu'un entrepreneur peut gagner sa vie s'il se rémunère avec un revenu ?
03:37Il est très imposé. S'il fait des dividendes, il peut se permettre plus de choses, etc.
03:42Il y a plein de mécaniques qui rendent les choses très opaques.
03:45Et donc, c'est moins accepté parce que moins compris. On accepte moins ce qu'on ne comprend pas.
03:49Christophe, on forme quand même les meilleurs ingénieurs au monde, en France.
03:53Et paradoxalement, beaucoup s'en vont travailler aux États-Unis.
03:55Il n'y a pas un problème systémique derrière tout ça ?
03:58Oui, il y a un très gros problème systémique. J'y ai été confronté moi-même, je l'avouerai.
04:03En réalité, je l'ai dit au début, c'est un problème d'investissement et de perception du risque et de la prise de risque.
04:09C'est-à-dire que la France, pour beaucoup d'entre nous, ce n'est pas une terre d'opportunité
04:13parce que c'est assez difficile de trouver des moyens pour avancer.
04:17Si on prend des grandes figures comme le dernier prix Nobel en physique quantique ou encore Yann Lequin,
04:23lorsqu'ils sont partis, ils travaillaient au CEA, ils étaient chercheurs.
04:28Donc, classe moyenne, on ne va pas dire que c'est de l'exode fiscal.
04:31Ils sont allés chercher des terres d'opportunités, enseigner à Yann, travailler pour Google,
04:35ce qui n'existait pas en France. Et en réalité, pour moi, il est là le problème.
04:39Comment est-ce qu'on crée un terrain attractif ? Comment est-ce qu'on fait les bons investissements
04:43pour que les vraies innovations, aujourd'hui, se réalisent aussi en Europe et surtout en France ?
04:47Mais d'après vous, comment on peut parler de souveraineté numérique et économique
04:50quand on pousse les créateurs de valeurs à l'exit fiscal ?
04:53Eh bien, je vais vous donner un exemple, par exemple, le virage du cloud.
04:58Le virage du cloud, c'était à l'époque de Fleur Pellerin.
05:01Il y avait une idée d'investir dans un cloud souverain.
05:04Et donc, on s'est dit, il suffit de mettre un gros ticket, faire un appel d'offres
05:08avec le système dont je vous ai parlé.
05:09Donc, c'est Deloitte qui a rédigé et puis Deloitte qui a répondu pour
05:12pour cet appel d'offres.
05:15Et ce sont les très gros opérateurs, Orange, etc., qui l'ont fait.
05:19Sauf que les très gros opérateurs sont des entreprises avec lesquelles
05:22la ville de Marseille marche, fonctionne très bien et travaille très bien.
05:26Je n'ai pas de soucis avec ça.
05:27Mais qui ne sont pas dans l'innovation de rupture et la prise de grands risques.
05:32Et donc, cette façon de fonctionner fait que, finalement,
05:35il y a une relation qui est compliquée avec les entrepreneurs.
05:37On a souvent tendance à investir dans le perfectionnement.
05:43On a le TGV, par exemple.
05:44Le TGV, c'est le perfectionnement du train.
05:46On a d'excellents avions.
05:48On a beaucoup de perfectionnement.
05:49Mais les technologies de rupture, ça, on n'y arrive pas en France.
05:53C'est la façon dont on pense.
05:54On minimise le risque en ignorant le gain.
05:57Et on le voit aussi dans la recherche, d'ailleurs.
05:59J'ai beaucoup vécu dans la recherche.
06:00Vous parliez d'investissement.
06:02Notre président a annoncé 109 milliards d'investissement pour l'IA, les infrastructures.
06:05Et pendant ce temps, les députés votent de nouvelles taxes sur ceux qui investissent.
06:08Il n'y a pas une contradiction, là aussi, avec ces montants qui sont astronomiques ?
06:11J'aime beaucoup vos questions parce que, finalement, ça me donne un fil rouge.
06:14Finalement, Emmanuel Macron a annoncé 109 milliards avec 50 milliards publics et le reste de ressources privées, mais peu importe, après la bataille.
06:27Donc, on avait un secrétaire d'État au numérique.
06:30Donc, secrétaire d'État, déjà, à un niveau assez bas pour des sujets qui sont aussi importants, politiquement.
06:35Mais un secrétaire d'État qui était à l'économie et donc pas à l'université, pas à la recherche.
06:40Et donc, on a raté le virage IA alors qu'on a les meilleurs chercheurs IA.
06:43Et une fois que des entreprises à l'étranger ont pris tous les risques et qu'on sait que ça marche,
06:50en France, on se dit « Ah, ben, on va faire de l'IA ».
06:52Sauf que maintenant, on investit en IA alors qu'on est en train de parler d'une bulle qui risque d'exploser.
06:56Donc, ce décalage-là, finalement, ne peut pas fonctionner.
06:59Ça nous fait perdre beaucoup de temps et beaucoup d'argent.
07:01Et pourquoi, pendant ce temps-là, les députés sont défasés ?
07:06Eh bien, tout simplement parce que ce travail-là, ça a réalisé quoi ?
07:10Ça a réalisé un désaccord entre le Parlement et la présidence.
07:13Donc, les propositions ne sont plus en adéquation.
07:17Et personnellement, je pense que la réflexion devrait être plus sur la prochaine technologie de rupture.
07:22Parce qu'aujourd'hui, l'informatique quantique est développée essentiellement aux États-Unis.
07:28Et en France, on n'investit pas ou très peu dans l'informatique quantique.
07:33Parce qu'on considère que c'est un risque et que ça n'a pas fait ses preuves.
07:35Ce qui est une erreur.
07:37On va annoncer 200 milliards quand on sait que l'informatique quantique fonctionne ?
07:41Un effet d'annonce, quoi, en fait.
07:42Christophe, pour conclure, on a aujourd'hui une nouvelle ministre déléguée au numérique,
07:46en la personne de Anne Le Hénanf.
07:48Si vous aviez un message à adresser au monde politique, justement, au regard des entrepreneurs ?
07:55Sur le monde politique, je pense que le message qu'il faut passer, c'est, comme certains pays l'ont compris,
08:01le numérique est dans notre quotidien, est dans notre poche.
08:03C'est notre divertissement, c'est l'apprentissage, c'est la culture, c'est le travail, c'est la recherche.
08:09C'est quelque chose qui fait partie de notre vie.
08:11Donc décider la politique, la politique responsable, c'est définir la société qu'on veut demain.
08:19Numérique faisant partie intégrante de notre société, il faut qu'on soit en capacité de déterminer
08:23quelle société numérique on veut pour demain.
08:25Et donc il faut mettre une vraie considération transversale à la politique du numérique,
08:31donc un ministère du numérique, tout simplement, qui puisse prendre en compte tous ces facteurs.
08:36La défense, on s'est retrouvé en problème de souveraineté avec Microsoft parce que, justement,
08:41qu'il n'y avait pas de lien avec le ministère du numérique.
08:44On a mis un secrétaire, finalement, sur l'IA et les universités.
08:50On a abandonné les antennes relais et le déploiement de la fibre à une période où on allait décommissionner, retirer le cuivre.
08:58Donc, en réalité, non, il faut arrêter de travailler comme ça et il faut avoir une vraie vision globale du numérique.
09:03Voilà mon message.
09:04Ce que vous faites à Marseille, merci beaucoup Christophe Hugon.
09:07Restez avec nous, on marque une courte pause avant de rencontrer des entrepreneurs qui nous diront
09:10s'ils préfèrent rester en France ou partir.
09:13A tout de suite dans le numérique pour tous sur Sud Radio.
09:15Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Pérez.
09:19Et pour continuer cette émission spéciale politique et entrepreneuriat,
09:22passons de la vision politique à la réalité terrain avec Vincent Redrado.
09:25Vincent, bonjour.
09:26Bonjour.
09:26Vous êtes entrepreneur et investisseur et notamment président fondateur du Digital Native Group,
09:31une société qui accompagne les start-up dans leur croissance.
09:34Et vous avez fait le choix de rester et de réussir en France.
09:38Vincent, dans le contexte actuel, rester et entreprendre en France, c'est plutôt un choix rationnel ou un acte de résistance ?
09:43Je pense que c'est aucun des deux.
09:44C'est juste en fait une évidence.
09:46C'est-à-dire, je trouve ça très facile aujourd'hui d'avoir des entrepreneurs qui ont été éduqués en France,
09:51qui ont réussi en France et qui, du jour au lendemain, une fois qu'il y a une fiscalité qui bouge,
09:55se disent « je vais partir à l'étranger ».
09:56Je trouve que c'est un peu facile.
09:57Ils ont été très heureux d'être éduqués en France, comme je l'ai été.
10:00Ils ont été très heureux d'avoir potentiellement eu des subventions, des investisseurs locaux.
10:04Et aujourd'hui, pour le coup, moi, j'ai créé une société qui n'a pas d'investissement,
10:08qui est 100% financée par la performance de l'entreprise.
10:12Et je trouve qu'aujourd'hui, nos clients, nos développements et français,
10:15on va s'internationaliser.
10:16Donc la question se posera.
10:18Mais la question personnelle de développer et de continuer en France
10:20est pour moi importante, primordiale,
10:22parce que finalement, peu importe les aléas politiques que l'on peut avoir,
10:27je pense qu'en compte en entrepreneur, on se concentre sur ce que l'on peut maîtriser.
10:30Et ce que l'on peut maîtriser, ce sont ses collaborateurs, ses clients, son entreprise,
10:33et pas tout le brouhaha qu'il peut y avoir autour.
10:35Vincent, on le reconnaît quand même, la France a l'une des fiscalités les plus lourdes au monde.
10:38Comment vous expliquez à un investisseur étranger
10:41qu'il doit payer plus de 60% d'impôts sur ses revenus installés ici ?
10:45C'est là où c'est un modèle assez compliqué.
10:46C'est-à-dire que d'un côté, on a un pays qui est quand même assez extraordinaire pour créer,
10:49on le disait, on a des ingénieurs extraordinaires,
10:51on a un système éducatif qui est fantastique,
10:53on a un système social qui est très protecteur.
10:55Et de l'autre, à force d'être trop protecteur,
10:57il devient trop difficile et pas assez flexible.
10:59On le voit aujourd'hui, on est dans une logique où il y a des innovations très fortes
11:04qui changent beaucoup, finalement, notre façon de travailler, de produire.
11:07Et en fait, on est dans l'incapacité de pouvoir réagir rapidement.
11:10Je ne dis pas que c'est extraordinaire aux Etats-Unis
11:12de pouvoir, du jour au lendemain, recruter 1 000 personnes
11:14où il y sont 6 000 personnes du jour au lendemain.
11:16Et on devrait trouver un modèle social un peu plus équilibré
11:18comme on l'a typiquement en Allemagne.
11:20Mais en France, on est allé un peu loin.
11:21Ce qui nous enlève de la flexibilité, que ce soit sur la partie fiscale.
11:24Mais finalement, la partie fiscale, elle n'est pas tant sur le pourcentage.
11:27Elle est sur la cohérence dans la durée.
11:30On a beaucoup parlé de la taxe Zuckman qui vise à taxer encore davantage la richesse
11:35et la réussite sans réduire la dépense publique.
11:38C'est un signal que vous qualifieriez de positif ou négatif qui est envoyé aux entrepreneurs
11:43et aux investisseurs ?
11:45Mais je dirais négatif surtout par la bêtise de la demande.
11:48C'est-à-dire que soit on comprend un minimum comment fonctionne l'économie
11:52et la partie capitaliste de l'entreprise, soit on ne la comprend pas.
11:55Et la taxe Zuckman, en fait, il ne la comprend pas.
11:58Je vous donne un exemple. Moi, je suis entrepreneur et j'ai beaucoup d'amis entrepreneurs
12:01qui ne sont pas du tout contre avoir une flat tax qui remonte,
12:04qui ne sont pas du tout contre avoir un impact fiscale un peu plus fort.
12:07Par contre, ça veut dire que quand on remonte la flat tax,
12:11c'est lors d'une liquidité. Donc, on a la capacité de payer.
12:14La taxe Zuckman, c'est qu'on n'a pas la capacité de payer
12:16parce que potentiellement, ce n'est pas liquide.
12:17Il ne faut pas comprendre le capital et la liquidité.
12:19Ça, beaucoup de personnes m'ont expliqué.
12:20Et donc, en fait, le message, c'est presque révélateur de l'incompétence
12:24et de l'incompréhension globale que l'on a sur le fonctionnement de l'économique
12:28financier, fiscal en France et en entreprise.
12:31Alors, justement, si vous deviez qualifier les freins culturels et administratifs
12:35qui handicapent l'entrepreneuriat français et vous au quotidien,
12:37qu'est-ce qui vous gêne ? Vous avez parlé du manque d'agilité.
12:39Qu'est-ce qui vous gêne dramatiquement et qu'est-ce qu'il faudrait faire évoluer dans les mentalités ?
12:43En fait, je pense qu'on en revient à un système qui est sur la partie éducation.
12:47Aujourd'hui, quelle personne qui sort du bac, c'est comment est structurée une fiche de paix ?
12:52Combien l'entreprise paie pour que la personne ait X en net ?
12:55C'est quand même extraordinaire. Moi, je fais cet exercice au sein de mes collaborateurs.
12:58Ils ont tous un Excel. Quand ils demandent une augmentation, ils voient le coût de la société
13:01et ce qu'ils vont toucher en net. Personne n'est éduqué financièrement et fiscalement
13:05sur ce que ça veut dire. Mais on le voit sur toutes les professions.
13:08Que ce soit un caissier, un entrepreneur. Moi, en sortie d'école de commerce,
13:12je ne connaissais rien à la fiscalité et à la finance. C'est la même chose pour un médecin,
13:15un naturopathe ou d'autres personnes. En fait, on ne leur apprend pas comment gérer
13:17une entreprise, ça veut dire quoi financièrement. Donc, je pense que la base de la base,
13:21c'est éduquer, arrêter de parler de théorie, juste de manière très pragmatique.
13:25Combien fonctionne une fiche de paix ? Combien fonctionne une facture ?
13:27Combien fonctionne une TVA ? Pour en fait, arriver à des choses extrêmement basiques.
13:32Moi, j'éduque aujourd'hui mes collaborateurs en leur disant
13:34mais quand on facture, on n'a pas encaissé l'argent encore.
13:38Il y a une grande différence entre facturation et encaissement.
13:40C'est clair. Le BAB.
13:41Ou recouvrement. Complètement.
13:43Mais on revient à des choses extrêmement basiques et je pense que ça revient à l'éducation.
13:46Et je ne parle pas d'éducation quand on est en école supérieure,
13:48mais au collège, au lycée, parce que tout le monde ne fait pas d'école supérieure,
13:51il faut que tout le monde soit éduqué à ce que c'est la finance basique.
13:54À tous ceux qui voudraient quitter la France ou à ceux qui veulent se lancer dans l'entrepreneuriat en France,
13:59est-ce que vous pourriez nous éclairer, vous qui au quotidien voyez les atouts de ce pays,
14:03des atouts qu'on sous-estime ? C'est quoi ces atouts ?
14:05Alors, je vais être un peu direct. Ceux qui veulent quitter la France, allez-y.
14:08Mais par contre, l'État devra enchaîner des conséquences.
14:11Choisir, c'est renoncer. Vous partez.
14:13Vous renoncez à être soigné en France.
14:15Vous renoncez à ce que vos enfants soient éduqués en France.
14:17Et quand vous renoncez, vous paierez les impôts que vous n'avez pas payés pendant X années.
14:20Ça ne peut pas être que je profite de l'État français et j'en suis très heureux.
14:22Je vends, j'ai de l'argent, je vais à Dubaï ou je ne sais pas où.
14:25Et quand je reviens, tout est normal.
14:26Non. Donc on assume ces conséquences.
14:28Quand on est un dirigeant, on assume ces conséquences au quotidien.
14:30Je ne vois pas pourquoi un dirigeant qui partirait ne devrait pas le faire.
14:33Et par contre, pourquoi créer en France ?
14:35Mais il ne faut quand même pas oublier qu'on parle énormément de la situation française.
14:38Et malheureusement, on risque d'arriver à un point de rupture
14:40où on va devoir changer des choses dans le dur.
14:42Et il n'y aura plus le temps à la discussion qu'on voit depuis des semaines et des semaines.
14:45C'est arrivé en Italie, c'est arrivé en Grèce, c'est arrivé en Espagne.
14:47À un moment, la France, vous voulez discuter, on va arrêter de discuter.
14:50Et on n'aura plus le choix.
14:51Mais entre-temps, il y a quand même un capital français qui est extraordinaire.
14:55On parlait en forme des scientifiques fantastiques.
14:56On a un patrimoine historique, culturel, qui est l'un des plus beaux au monde.
15:02On a des choses extraordinaires.
15:04On a aussi des choses, c'est tout bête, mais on fait partie des rares pays en Europe
15:07qui avons l'arme nucléaire, qui avons une indépendance alimentaire, une indépendance d'eau.
15:11On a plein de choses qui sont assez extraordinaires, qu'on sous-estime
15:14parce qu'on est tout le temps dans une logique d'opposition, de posture.
15:17Et de râlage, tout à fait.
15:19Vincent, pour conclure, si vous aviez 30 secondes face à nos députés et ministres,
15:22quel message aimeriez-vous faire passer pour libérer un peu l'entrepreneuriat français
15:25et encourager les vocations ?
15:26En fait, c'est assez marrant que vous me posiez cette question aujourd'hui
15:29parce que je regardais hier un député, je ne sais même plus de quel bord il était,
15:31pour tout vous dire, qui disait hier à l'Assemblée,
15:3399% des gens dans l'Assemblée nationale n'ont jamais créé une entreprise
15:36et n'ont jamais parlé à des entrepreneurs.
15:38Ça fait peur.
15:38Donc en fait, je dirais, juste laissez-nous bosser.
15:42Est-ce qu'il y a des brebis galès parmi les entrepreneurs ?
15:44Oui. Est-ce qu'il y en a parmi les collaborateurs ?
15:46Oui. Est-ce qu'il y en a parmi les politiques ?
15:47Oui. Il y en a partout.
15:48Mais en grande majorité partent du principe qu'on veut juste faire du bien
15:51et quand on crée une entreprise, on crée des collaborateurs,
15:53on paie de l'IS, on paie de l'IR, on paie de la TVA, on paie de l'URSA.
15:56Donc en fait, ça sert la collectivité au global.
15:59Et donc, laissez-nous bosser.
16:00Et pour nous laisser bosser, je ne parle même pas d'augmente-tout,
16:02de baisser la fiscalité, ce n'est même pas ça.
16:04Juste donnez-nous une ligne.
16:05Et s'il vous plaît, tenisez-vous.
16:07On a besoin que ça soit tenu.
16:08C'est la priorité.
16:09Merci beaucoup, Vincent Redrado, président fondateur du Digital Native Group.
16:13Et pour terminer cette émission, j'accueille un entrepreneur
16:15qui incarne à lui seul trois cultures, trois visions du monde,
16:17puisqu'il exerce son activité en France, au Canada et en Israël.
16:20Mais toujours avec la même conviction, le numérique n'a pas de frontières,
16:23seul compte les idées et leur impact.
16:25Cyril Darman, bonjour.
16:26Bonjour.
16:26Vous êtes aujourd'hui le président de Biblos AI,
16:29une start-up dans le domaine de l'IA.
16:32Déjà, avant de commencer, est-ce que vous pourriez nous donner un éclairage
16:34sur les différences fondamentales entre entreprendre en France,
16:37en Israël et au Canada, Cyril ?
16:38Tout à fait.
16:39Déjà, c'est trois cultures différentes.
16:41D'abord au Canada, parce qu'on est sur des entreprises liées à la confiance,
16:47à la bienveillance.
16:49On est sur un développement où l'écosystème favorise,
16:52d'une façon générale, le développement de l'entreprise.
16:56Alors bien sûr, on n'est pas dans le pays des bisounours.
16:57On est quand même en Amérique du Nord, avec une forte culture américaine.
17:02Mais on a toujours cette bienveillance au Canada
17:05qui permet aux chefs d'entreprise de se développer sereinement.
17:09En Israël, c'est un peu différent, parce qu'on a la culture du risque.
17:12C'est un pays qui est en guerre, qui est dur à vivre.
17:16Et la plupart du temps, l'innovation fait partie de l'ADN des Israéliens.
17:22Et les investisseurs investissent à tour de bras en Israël,
17:28même si, en fin de compte, le produit n'est pas terminé.
17:30Ce n'est pas grave.
17:31On va vite, on va très vite.
17:32C'est brutal.
17:33Mais on fabrique le produit.
17:37En France, c'est différent.
17:41La spontanéité entrepreneuriale, elle est différente.
17:44Parce qu'on est quand même un peu...
17:48Je sens que vous posez vos mots.
17:50J'essaye de trouver les mots.
17:52J'essaye de trouver les bons mots, justement.
17:55On a un poids fiscal qui est relativement lourd pour des chefs d'entreprise.
18:01Et entreprendre à coup de taxes, à coup de lois qui sortent,
18:06à coup de formulaires qu'il faut remplir, c'est compliqué.
18:09C'est plus décourageant déjà.
18:10C'est plus décourageant.
18:11Vous avez entrepris sur les trois pays.
18:14Vous avez échoué aussi.
18:15Vous avez réussi, mais vous avez aussi échoué.
18:17La culture de l'échec, elle est particulière chez nous en France,
18:20par rapport au Canada et au Canada ?
18:21C'est radicalement différent.
18:23C'est radicalement différent.
18:24Au Canada, l'échec fait partie aussi de la vie.
18:28Et c'est justement l'échec qui permet de construire,
18:30qui permet d'aller plus haut, qui permet d'aller plus vite.
18:32Parce que quand un banquier nous voit échouer au Canada,
18:35il nous dit « Qu'est-ce qui s'est passé ? Explique-moi.
18:39Qu'est-ce qu'on peut faire pour que tu n'échoues plus ? »
18:42Au Canada, on a la possibilité d'échouer une fois, deux fois, même trois fois.
18:47C'est une politique de rebond.
18:49On rebondit en permanence.
18:50En Israël, l'échec fait partie de la vie.
18:54L'innovation, la prise de risque des Israéliens, elle est quotidienne.
19:00Et si on échoue en Israël, l'État est là pour nous relever,
19:07pour nous tirer vers le haut et nous dire « Allez, on y va, on se relance. »
19:11Et en France ?
19:12En France, c'est un peu compliqué.
19:14Parce qu'en France, on a cette culture de l'échec où c'est impardonnable.
19:17On est étiqueté, on est marqué au fer rouge.
19:22On n'a pas le droit d'échouer.
19:24On n'a le droit de rien.
19:26Cyril, on parlait de l'hyperfiscalité et notamment de la taxe Zuckmann.
19:29Pour vous, c'est une solution à l'harmonie économique et sociale, cette taxe ?
19:33Sur le papier, la taxe Zuckmann est très bien.
19:35C'est formidable.
19:37Mais dans les faits, on innove, on développe, on crée, on crée de l'emploi et on est taxé.
19:43C'est de l'injustice.
19:44C'est être puni.
19:45Donc non, c'est ce qu'on venait de dire.
19:49C'est qu'en fin de compte, pour les entrepreneurs français, il n'y a pas la place à l'innovation, à la création.
19:56On a cette volonté, on a cette envie de pouvoir se développer.
20:00Mais on est complètement mis sous cloche par une politique fiscale qui alourdit et qui empêche le développement.
20:07Donc on a beaucoup de personnes qui partent ou qui n'innovent pas.
20:10Alors malgré tout, vous avez quand même choisi de lancer votre dernière aventure entrepreneuriale, Biblos AI, en France.
20:16En quoi ça consiste très rapidement, Biblos AI ? Et pourquoi vous l'avez fait en France plutôt qu'à l'étranger ?
20:21Alors, Biblos AI, c'est une plateforme basée sur plusieurs intelligences artificielles.
20:26On remet l'humain au centre de l'intelligence artificielle.
20:30Aujourd'hui, l'intelligence artificielle, on est tous en train de parler que ça va remplacer l'homme, ça supprime des emplois.
20:37Non, pas ici, on est positif.
20:38On est positif.
20:40Là, Biblos, justement, place l'humain au centre et se sert de l'intelligence artificielle comme assistant.
20:48Et on a développé une suite d'assistants ultra professionnels dans le droit, dans le commerce, dans l'RH, dans la QVCT, pour justement venir épauler le chef d'entreprise ou ceux qui utilisent l'application.
21:03Bien entendu, on est souverain, on est sécurisé.
21:06Il y a zéro hallucination parce qu'on a créé un univers complètement verrouillé et complètement sécurisé.
21:11Et donc, vous restez en France ?
21:13Et donc, on reste en France. Pourquoi ? D'abord, parce que j'ai la foi, parce que j'ai étudié en France, parce que j'ai eu mes diplômes en France et parce que je trouve que développer une intelligence artificielle comme ça en France permet de redonner des valeurs au pays et surtout d'être français et européen.
21:28Merci beaucoup, Cyril Darmont, fondateur de Biblos AI.
21:31Le numérique pour tous, c'est fini pour aujourd'hui.
21:34Et pour prolonger la discussion, on se retrouve sur vos réseaux sociaux préférés et ceux de nos invités.
21:38Il est temps pour moi de vous souhaiter une excellente fin de week-end et de vous dire à la semaine prochaine.
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