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  • il y a 2 mois
La Paris Art Week s’ouvre avec en son centre Art Basel Paris, la grande foire dédiée à l’art moderne et contemporain. Une édition qui se tient dans un contexte tendu pour le marché de l’art, entre fermetures de galeries et arrivée de nouveaux collectionneurs. Un véritable passage de témoin, selon Clément Delépine, directeur d’Art Basel Paris.

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Transcription
00:00C'est le début de la Paris Art Week, au cœur de laquelle se trouve la foire d'art moderne et contemporain Art Basel Paris.
00:10Je suis ravie d'être en compagnie de Clément Delépine. Bonjour, merci beaucoup d'être avec nous.
00:14Bonjour, merci pour votre invitation.
00:15Clément Delépine, vous êtes directeur d'Art Basel Paris. Est-ce que tout d'abord, vous pouvez nous raconter quels sont les marqueurs forts de cette édition 2025 ?
00:23Bien sûr. La foire se déroulera du 22 au 26 octobre au Grand Palais, ce qui est déjà une prouesse.
00:29Et on franchit cette année la barre symbolique des 200 exposants, puisqu'on aura 206 galeries qui proviennent de 41 pays et territoires.
00:35Et que les grands moments seront évidemment marqués par le secteur principal, qui compte à peu près 180 galeries,
00:42et les secteurs thématiques dédiés pour émergence aux jeunes galeries et à l'art émergent,
00:47et pour prémice aux présentations curatoriales singulières et présentations thématiques.
00:51Et en complément, un programme public qui sera ouvert à toutes et tous et accessible gratuitement,
00:57et qui se tiendra cette année dans neuf lieux de patrimoine à travers la ville.
01:01Est-ce qu'il y a quelque chose qui vous tient particulièrement à cœur ?
01:06C'est vrai que vous êtes le directeur, normalement vous accompagnez tous les participants.
01:09Est-ce qu'il y a quelque chose pour vous, il ne faut vraiment pas manquer ?
01:12Je pense qu'il y a des propositions contextuelles qui sont assez fortes.
01:17Il y a un certain nombre de présentations solos qui me ravissent,
01:21et je pense particulièrement à celle de Marta Minourine, l'artiste argentine de 80 ans,
01:26qui a vécu à Paris une partie de sa vie, qui a un lien fort, qui était contemporaine de Cristó,
01:33et qui est présentée par la galerie mexicaine Curie Manzuto,
01:37dans un stand dont l'architecture a été confiée à Efrida Escobedo,
01:41qui est une des artistes impliquées dans la rénovation du Centre Pompidou.
01:43Est-ce qu'on sait déjà quelles sont les tendances qui vont émaner de la foire ?
01:51Ça c'est quelque chose qu'on voit à postériori ?
01:53Je pense qu'en fait la foire elle est aussi le reflet des débats et des grands questionnements
01:57qui agitent la société et dont les artistes se saisissent souvent.
02:01Donc on a tendance quand même, en fonction des moments politiques qu'on traverse,
02:06à trouver des échos au sein de la foire,
02:09un retour par exemple du geste, avec une place plus importante accordée au craft,
02:15ou souvent des propositions qui ont été historiquement marginalisées,
02:18d'artistes femmes, d'artistes queer, d'artistes racisés,
02:22et qui s'inscrivent un petit peu à la suite des grands moments structurants du champ de l'art,
02:27que sont les Biennales de Venise ou la Documenta par exemple.
02:30Donc un art engagé, c'est vrai que c'est quelque chose qu'on voit depuis quelques années.
02:33Ce qu'on sait en fait des moments, des contextes chargés politiquement,
02:39c'est qu'ils ont tendance à produire un art qui se saisit du moment et un art militant.
02:45Du côté des galeries, on l'a vu, il y a quelques fermetures pendant l'été, etc.
02:52Est-ce que ça c'est quelque chose en tant que foire ?
02:55Vous écoutez, est-ce que vous avez des marges de manœuvre ?
02:58Est-ce qu'il y a des manières d'accompagner les galeries ?
03:01Parce que du coup, c'est une foire qui arrive à un moment où certaines galeries se posent des questions
03:05sur la manière, la structure de la galerie.
03:09Est-ce que ça, comment est-ce qu'on se positionne en tant que foire ?
03:13En tant que foire, on ne peut pas complètement ignorer en fait le marché de nos clients
03:17qui a un intervalle en fait et notre marché et tout ça est assujetti au réel.
03:23Et de fait, on ne peut pas négliger le moment de contraction que traversent les galeries.
03:32Donc la question se pose de comment est-ce qu'on peut être peut-être plus souple,
03:36que ce soit financièrement, que ce soit en étant moins intransigeant
03:42sur certaines typologies d'œuvres ou les différentes catégories d'art
03:48que les galeries ont parfois la volonté d'amener.
03:53Je pense qu'il faut simplement être à l'écoute des clientes, des clients.
03:55Cette année, on a choisi par exemple de créer en amont un moment
03:59qui est particulièrement dédié aux galeries,
04:03en faisant des galeries les puissances invitantes
04:05et de sorte à ce qu'elles puissent avoir un temps privilégié
04:09avec leurs collectionneuses et collectionneurs les plus importants
04:12en amont de l'ouverture au public.
04:14Il y a différentes séquences comme ça qui sont pensées
04:19et notamment des enjeux liés aux frais de participation pour le programme public.
04:23Par exemple, nous, on ne facture pas les galeries
04:26pour leur participation au programme public.
04:28Le programme se veut inclusif au possible,
04:31c'est-à-dire qu'on peut participer au programme public
04:33indépendamment de sa participation à la foire ou non,
04:35donc on bénéficie quand même d'une visibilité
04:37et l'événement qui reste un événement fort pour le marché
04:42bénéficie aussi aux galeries parisiennes
04:45qui ne participent pas à la foire
04:46puisque nombre d'antelles nous font part
04:49d'un grand nombre de visites et de bonnes affaires
04:53qui se font au moment de la foire.
04:55Donc il y a quelques marges de manœuvre en fait ?
04:57Il y a quelques marges de manœuvre, oui, bien sûr.
04:59Après, la marge de manœuvre, elle est ténue
05:00parce que l'événement a aussi une santé économique
05:06qu'il faut pouvoir soutenir.
05:11J'ai lu qu'il y avait aussi des exposants
05:13qui présentent dans des stands communs.
05:15Ça, c'est des choses aussi qui peuvent être bénéfiques
05:17pour les galeries.
05:19Ça, c'est un nombre de jeunes galeries
05:21qui se saisissent de cette opportunité
05:23de partager un stand.
05:25Après, c'est un risque
05:26parce qu'évidemment qu'il faut pouvoir convaincre
05:28le comité de sélection
05:29avec une présentation conjointe
05:32et il faut que la présentation soit plus
05:33que la somme des parties.
05:34Donc il y a un enjeu de ce point de vue-là.
05:37Mais effectivement, le comité de sélection,
05:40bien conscient qu'une foire comme Art Basel Paris
05:43peut peser plus lourd sur les économies
05:44les plus vulnérables,
05:45a eu la volonté de favoriser
05:50les présentations conjointes.
05:52Ça va être votre quatrième édition,
05:54si je ne me trompe pas.
05:56Comment est-ce que vous avez vu évoluer la foire ?
05:59D'autant plus qu'il y a aussi eu l'annonce
06:01d'une foire Art Basel au Qatar.
06:04Comment est-ce que vous positionnez
06:06en termes de régionalité ?
06:08Est-ce qu'on présente vraiment
06:09les galeries parisiennes à Art Basel Paris ?
06:14On veut aussi être international.
06:16Comment est-ce qu'on fait pour se présenter
06:20dans cette vaste proposition
06:23qui est internationale
06:24et qui maintenant est de plus en plus régionale,
06:26j'ai l'impression ?
06:27Où est-ce qu'on situe ?
06:28C'est tout l'enjeu, in fine,
06:29il faut savoir proposer des contextes
06:31qui sont complètement différents
06:32et identifiables.
06:33Donc à Paris, la volonté,
06:35c'est évidemment de faire une foire,
06:37si pas française,
06:40au moins au goût français,
06:43si je puis dire, French Flavor,
06:44comme on dirait en anglais.
06:46Mais ça signifie que nous,
06:49sur les 206 exposants,
06:51on compte déjà 61 galeries françaises,
06:54enfin avec un espace en France.
06:57Le curse qui détermine une galerie française
06:58de ce qui n'est pas une galerie française,
07:00c'est un petit peu plus subjectif
07:01et difficile à quantifier
07:05que ça peut paraître.
07:07Mais en tout cas, la volonté,
07:09c'est d'avoir un tiers d'exposants français
07:13et défendre, favoriser la scène française,
07:17les galeries françaises
07:18et par extension, les artistes français.
07:20Donc déjà, le parti pris, il est là.
07:22Et ensuite, l'espace du Grand Palais
07:24étant sublime, magnifique et monumental,
07:28il n'en est pas moins relativement ramassé
07:30par rapport au Convention Center
07:32des autres foires que sont Miami Beach,
07:35ou Hong Kong, ou même Bal.
07:37Et donc, comment est-ce qu'on peut jouer
07:40avec cette contrainte architecturale,
07:41entre guillemets ?
07:43Comment ce qu'on ne trouve pas
07:45à l'intérieur du Grand Palais,
07:46on peut le grignoter en dehors,
07:50au-delà de la verrière,
07:51en collaboration avec,
07:52que ce soit le Louvre, le Palais d'Iéna,
07:54la ville de Paris, pour la place Vendôme,
07:56les Beaux-Arts de Paris.
07:57Il y a tout un tas de collaborations
07:59que l'on met en place
08:00pour aussi proposer ce programme public
08:02hors les murs.
08:02Et depuis que vous êtes directeur
08:05d'Art Basel Paris,
08:06est-ce que vous avez l'impression
08:07que Paris a vraiment grandi
08:10dans son attractivité ?
08:12Et surtout, comment est-ce que ça peut
08:14se répercuter sur les galeries
08:17et la santé du secteur ?
08:18Oui.
08:19Je pense que c'est quelque chose
08:20qui prédate l'arrivée d'Art Basel à Paris.
08:23C'est une dynamique qu'on accompagne
08:24et qu'on a amplifiée à certains égards.
08:26Mais clairement, la ville,
08:28depuis une dizaine d'années,
08:29peut-être un peu plus,
08:29bénéficie d'un dynamisme retrouvé.
08:34Paris était la capitale des arts
08:35pendant la première moitié du XXe siècle.
08:37C'est un statut qu'elle a perdu
08:38au profit de Londres et de New York,
08:41qui sont des villes
08:41à l'ombre desquelles moi j'ai grandi
08:43enfant dans les années 80.
08:46Et donc, je me réjouis
08:48de voir Paris redevenir
08:49d'une certaine manière
08:50la capitale des arts,
08:52le centre d'un monde.
08:54Oui, je le ressens fort.
08:55Oui, je le ressens fort,
08:56puisque un grand nombre
08:58de galeries étrangères
08:59souhaitent s'installer ici.
09:01On compte quand même
09:02un nombre de fondations privées
09:03extrêmement puissantes
09:05et déterminées
09:06qui ont redessiné aussi
09:08d'une certaine manière
09:09le paysage institutionnel à Paris.
09:11La France reste un marché puissant.
09:13C'est le quatrième marché mondial.
09:15Et la moitié des transactions d'art
09:18qui se passent dans l'Union européenne
09:20se passent en France.
09:20Évidemment, je parle là
09:23d'un marché français,
09:25le cœur de l'activité
09:25malgré tout se fait à Paris.
09:27Il est vrai que la plupart
09:28des exposants français
09:30qui participent à Basel Paris
09:31sont parisiennes ou parisiens
09:33à l'exception de quelques-uns.
09:34Et je pense notamment
09:35à Pietro Sparta, à Chani
09:37ou à Sesson-Bentière, à Saint-Etienne.
09:40Oui.
09:40Et comment est-ce que vous avez vu
09:41le marché évoluer
09:42de ces dernières années ?
09:45Selon vous,
09:45quelles sont vos analyses
09:47des grandes tendances
09:49des dernières années ?
09:50On considère que le marché
09:52ralentit,
09:53que le marché se contracte.
09:55Certains parlent de crise.
09:58Malgré tout,
09:58c'est sans commune mesure
09:59avec ce qu'on a pu connaître
10:00en 2008
10:01ou dans les années 90
10:02quand le marché
10:03s'est contracté de 60%.
10:04Je pense qu'il y a effectivement
10:06un cycle
10:08un peu plus ralenti,
10:10mais qui correspond
10:11à un certain nombre
10:12de changements structurels
10:13à l'intérieur de l'industrie,
10:14si vous me permettez
10:15cet anglicisme,
10:16avec un certain nombre
10:17de galeries historiques
10:18qui ferment,
10:18avec une nouvelle génération
10:20de collectionneurs
10:21qui rentrent sur le marché.
10:23Et donc,
10:24il y a un passage de témoins
10:25finalement
10:25qui est en train
10:26de se faire.
10:28Mais sur les positions
10:29aux polarités
10:32du marché de l'art
10:34ou plutôt des marchés de l'art,
10:35parce qu'il y a plusieurs marchés
10:36qui se superposent,
10:37je pense que
10:38les très belles œuvres,
10:40les très grands chefs-d'œuvre
10:41ne sont pas impactés.
10:42les œuvres d'artistes
10:45émergents
10:46sont moins impactées.
10:47C'est plutôt effectivement
10:48sur le marché moyen.
10:50Il nous reste
10:51une petite minute.
10:52Vous avez annoncé
10:53que vous rejoindrez
10:54la direction
10:55de la faille d'anticipation.
10:56Est-ce que vous avez
10:57déjà pu faire un bilan
10:58de ces quatre dernières années
11:00à la tête
11:00de Art Basel Paris ?
11:02Écoutez, non.
11:03À la veille de la semaine
11:03qui s'annonce,
11:04avec la foire qui ouvre,
11:05je dois admettre
11:06que je suis pleinement mobilisé,
11:07si pas vampirisé
11:08sur cet événement.
11:10Je ne m'autorise pas
11:12le luxe d'un bilan
11:13à ce stade
11:14parce que je pense
11:14que c'est un exercice
11:15aussi émotionnellement chargé
11:16et que j'essaie d'éviter
11:17ou de repousser au plus tard.
11:20Ce que je peux vous dire,
11:21c'est que je me réjouis
11:22de prendre la direction
11:23de la faille d'anticipation
11:24mi-novembre,
11:25d'autant plus que
11:26j'inscrirai mon action
11:28à la suite de celle
11:29d'une amie
11:29qui m'est proche
11:31et qui m'est chère,
11:32la directrice actuelle,
11:33Rebecca Lamarche-Vadel,
11:34qui a choisi
11:35de quitter la fondation
11:36pour embrasser
11:37un projet de vie personnelle
11:38avec des projets solo
11:40et des projets freelance
11:41en Italie,
11:42des projets d'écriture
11:43et une biennale vidéo
11:44au début de l'année prochaine
11:45à Melbourne.
11:46Je lui souhaite
11:47énormément de succès
11:48et je lui envoie
11:49toute mon amitié.
11:50Merci beaucoup Clément Delépine.
11:51Je rappelle que vous êtes
11:52directeur d'Art Basel Paris
11:53et merci à vous toutes et tous
11:55de nous avoir suivis.
11:56C'était Arrêt Marché.
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