Chef d’un gouvernement fragile, Sébastien Lecornu fixe pour «seule mission» à son gouvernement de «surpasser la crise politique»

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00:00Europe 1 Soir, 19h-21h, Pierre de Villeneuve.

00:04Toujours avec Ophélie Roque et Sébastien Ligné pour parler de l'actualité,

00:09puisqu'on était avec Louis Zolter et qu'on parlait de la politique intérieure.

00:14Je vous propose d'écouter Sébastien Lecornu,

00:16qui a entamé aujourd'hui une première semaine avec sa nouvelle équipe gouvernementale,

00:22avec quelques personnalités de la société civile,

00:25et puis quand même un train d'anciens ministres qu'on reconnaît bien.

00:28Sébastien Lecornu qui demain tiendra un discours de politique générale.

00:34Il y aura également un conseil des ministres avec le retour d'Emmanuel Macron,

00:39puisqu'il est parti d'Egypte, on vient de l'apprendre par Maël.

00:42Et puis il y aura bien sûr à affronter des motions de censure,

00:46deux sont déjà déposées au courant de la semaine.

00:48Écoutez Sébastien Lecornu qui a donc dit quelques mots avant sa réunion de travail avec ses ministres à Matignon.

00:53Merci d'avoir accepté de rentrer au gouvernement dans un moment qui on le sait est difficile,

00:57et au fond dans notre seule mission, évidemment, de surpasser, de dépasser cette crise politique.

01:03Je pense que le meilleur moyen d'y arriver, au fond, c'est d'avoir une éthique collective, personnelle,

01:08personnelle dans le collectif, qui soit parfaite.

01:11Et donc évidemment, moi je compte sur vous pour faire preuve de la plus grande des sobriétés,

01:15de la plus grande des humilités.

01:16Je souhaite un gouvernement à la tête de la République qui soit un gouvernement de personnalité libre.

01:20Liberté, humilité, et le dernier mot ça sera bien sûr exemplarité.

01:23Voilà, alors les mots, tout à l'heure Jules Torres disait, tous ces mots-là devraient être interdits.

01:29Nous on avait en première heure stabilité, force, apaisement, exigence, responsabilité, dignité.

01:34On vient d'en rajouter quelques-uns dans le dictionnaire, vous qui enseignez ça à vos élèves,

01:39Ophélie Roch, c'est des fourre-tous en fait.

01:42Oui, c'est des fourre-tous, et puis on voit bien d'ailleurs que les mots n'ont plus de sens,

01:45parce que ce sont des mots qui normalement devraient être forts,

01:48on ne devrait pas besoin d'en voir mettre autant, un ou deux suffiraient, honnêtement.

01:51Là, on en met une quinzaine, ça veut dire que ça n'a plus rien, les mots ont été vidés de sens.

01:56Ça devient des chips, quoi.

01:56Oui, c'est ça, on peut mettre la main directement dans le paquet et en prendre une grosse poignée,

02:01et puis c'est pas grave, si on a qui tombe par terre, quoi.

02:03Mais non, non, c'est bien triste.

02:04Mais d'ailleurs, ce qui est étonnant, c'est de voir en fait à quel point on a l'impression qu'en effet, le match se joue seul.

02:10Je crois que les Français, ça fait bien longtemps qu'ils ne regardent plus la télé.

02:1361% selon un sondage CNews, veulent la démission du président de la République, Sébastien.

02:20Seulement, c'est comme déjà pas mal, Sébastien Ligné.

02:22Les deux tiers, presque.

02:24Non mais moi, j'ai presque envie de défendre Sébastien Lecornu et ce gouvernement,

02:28c'est-à-dire qu'évidemment, ils naviguent à vue, évidemment qu'ils ne réfléchissent pas en mois ou en années,

02:33ils réfléchissent en heures et en jours.

02:35Bon, c'est comme ça.

02:36Ils savent très bien qu'il y a une chance assez importante que d'ici jeudi ou vendredi,

02:41ils doivent défaire les cartons qu'ils n'ont probablement pas déjà commencé à installer.

02:46Je pense qu'à mon avis, il vaut mieux y aller les mains vides.

02:49Ah, je pense.

02:49Les mains dans les poches, pratiquement.

02:51Je pense que certes.

02:52Et si vous voulez, quand le Premier ministre dit qu'il faut arriver avec humilité,

02:55enfin, je veux dire, mais heureusement qu'on arrive avec humilité,

02:57il ne manquerait plus que ça.

02:58Il ne manquerait plus que les ministres techno qui arrivent dans ce gouvernement

03:01débarquent en mettant les pieds sur la table et en disant

03:03« Bon, moi, je vais tout révolutionner. »

03:04Non, personne ne peut y croire une seule seconde.

03:06Le problème, c'est que celui qui n'est pas humble, c'est quand même Emmanuel Macron.

03:11C'est à lui d'être humble.

03:12Le jour où il sera humble, tout le reste pourra devenir humble.

03:14Mais là, on en est tellement loin.

03:18Mais moi, ça ne me dérange pas qu'un président de la République ne soit pas forcément humble.

03:20Mais pour le coup, qu'on fasse vœu d'humilité,

03:24alors qu'en fait, c'est évidemment essentiel.

03:27Je veux dire, personne ne croit une seule seconde

03:29qu'un ministre qui arrive cette semaine

03:31va pouvoir, en cinq plans quinquennal,

03:33reverser la table.

03:34Non, ils sont là pour gagner du temps.

03:36Ils sont là pour sauver la tête d'Emmanuel Macron et de ses députés.

03:39Et c'est tout.

03:40C'est leur seul but.

03:41Souhaitez-vous qu'Emmanuel Macron démissionne ?

03:4361% ?

03:44Oui.

03:4438% ?

03:45Non.

03:46Voilà ce dernier sondage CSA pour CNews.

03:50Je voyais un tweet d'Éric Ciotti de l'UDR

03:53à l'instant qui disait

03:55« Toutes ces femmes et ces hommes qui courent à la gamelle. »

03:58Il y a encore cette appétence

04:00pour la voiture avec chauffeur,

04:02pour le bureau dont vous parliez,

04:05où il vaut mieux y aller justement peut-être les mains vides.

04:07On a vu d'ailleurs les ministres aujourd'hui

04:09arriver à Matignon dans des grandes voitures

04:11de luxe qu'aucun Français moyen

04:13ne pourra jamais se payer.

04:14C'est là pour ressemble cette période ?

04:16Et avec des gros dossiers que portent les avocats

04:23pour arriver au procès,

04:24on a l'impression que ce dossier

04:26a été fait par le ministre précédent.

04:28Parce qu'en 24 heures,

04:30comment est-ce que vous auriez pu faire ?

04:31Ils n'ont pas d'équipe, etc.

04:32Ou alors ils ont acheté une ramette de papier

04:34à la papeterie du coin.

04:36Oui, pardon Sébastien.

04:37Qu'est-ce que vous voulez dire ?

04:38Tout ce sketch me fait penser

04:39à la fin de l'URSS en fait.

04:40C'est-à-dire que...

04:41Vous êtes dur là.

04:42Non, mais c'est-à-dire que...

04:43Non, mais je comprends ce que vous voulez dire.

04:44Tout le monde voit

04:45que le monde est en train de s'écrouler.

04:47En tout cas, notre monde est en train de s'écrouler.

04:49Et vous avez la dernière petite...

04:51Le dernier résiduel de bureaucratie à l'ancienne

04:54qui vit encore dans le palais,

04:56qui profite encore des grandes choses,

04:58qui a compris au fond que c'est terminé

04:59et qui a compris qu'il va falloir se tirer

05:01à un moment donné

05:02et que ça va sûrement se faire

05:03avec une grande violence.

05:04Et donc il y a une espèce de dystopie.

05:06C'est-à-dire que le monde entier

05:08va mal autour d'eux,

05:08mais eux, dans leur petite case,

05:10tout va bien.

05:10Et donc on fait la fête.

05:12On profite des dernières instants

05:13parce qu'on sait que c'est bientôt terminé.

05:15Et parfois on s'illusionne même.

05:16Quand j'entends certains ministres

05:18nous parler de l'état de la France,

05:20j'ai l'impression qu'ils vivent

05:21dans une illusion

05:22et qu'ils l'entretiennent eux-mêmes.

05:23Ils disent finalement...

05:24On a presque tendance à croire

05:25qu'ils y croient presque

05:26que la France peut se relever

05:27grâce à ce gouvernement,

05:29que le mandat d'Emmanuel Macron

05:31n'est pas terminé,

05:32que le Blanc central peut revivre, tout ça.

05:33Ils le disent et on a presque parfois

05:36l'impression qu'ils essayent

05:37d'entretenir cette illusion-là.

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