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  • il y a 3 mois

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00:00Europe 1 Soir, 19h, 21h, Pierre de Villeneuve.
00:04Avec Jean-Claude Dacier, bonsoir Jean-Claude.
00:06Bonsoir.
00:06Bonsoir Arnaud Bédédetti.
00:07Bonsoir.
00:08Et bonsoir à vous Jean-Marie Roy.
00:09Bonsoir.
00:10Merci d'être avec nous, académicien, romancier, essayiste, Drôle de Justice,
00:14qui a été publié en livre et maintenant sur scène à partir du 8 octobre prochain au théâtre de Passy.
00:21Alors comment est-ce qu'on adapte Drôle de Justice qui est une pensée sur la justice ?
00:27C'était, il y avait, disons, une longue préface dans laquelle je proposais un certain nombre de réformes de la justice
00:35et puis c'était la préface à la pièce de théâtre.
00:38Et on avait surtout parlé effectivement de la préface quand vous étiez venu.
00:41Mais ensuite, effectivement, il y a la pièce et ça va être joué au théâtre de Passy.
00:46Est-ce qu'on a les acteurs ?
00:47Bien sûr.
00:48Daniel Rousseau et Florence Darrel, plus cinq autres acteurs qui sont excellents.
00:52Ce sont des très grands acteurs et c'est mis en scène par un très grand maître en scène qui est Daniel Collas.
00:57Extraordinaire, et donc c'est à partir du 8 octobre.
01:01On a envie de dire, ou alors il y aura peut-être une suite, mais en pleine affaire Sarkozy,
01:08est-ce qu'on n'est pas dans une, je reprends le titre de votre livre, dans une drôle de justice ?
01:12Alors écoutez, je crois que la justice, la drôle de justice préexistait à l'affaire Sarkozy.
01:19L'affaire Sarkozy n'est que le prolongement d'un mal qui touche la justice depuis très longtemps.
01:27Et ça c'est Guillaume Perrault qui nous en parlait hier ici, Guillaume Perrault du Figaro,
01:30qui a écrit un long article sur la façon dont les juges ont toujours affronté le pouvoir,
01:38et surtout depuis 1789.
01:40Mais enfin je vous laisse continuer.
01:41Ah mais même avant, puisque c'est la fameuse phrase de Mitterrand,
01:46les magistrats ont eu la peau de la monarchie, ils auront la peau de la République.
01:50Et ce qui est très intéressant, c'est que moi j'ai assisté au début du syndicat de la magistrature,
01:54je les ai défendus au début.
01:56Parce que j'avais défendu, vous savez, le juge Sécaldi,
02:00qui a été asbroqué, vous savez, contre les compagnies pétrolières.
02:03Parce que le pouvoir politique avait la mainmise, la chancellerie, sur la justice.
02:07Et puis ensuite, ça a été l'inverse.
02:09L'inverse c'est que maintenant, les magistrats ont pris le pouvoir,
02:14c'est ce qu'on appelle la République des juges,
02:17et si vous voulez, on a abouti à une justice de droit divin.
02:22Et c'est extrêmement dangereux.
02:24C'est très très dangereux, parce que ces juges, plus personne ne les contrôle.
02:28Le Parlement ne les contrôle pas.
02:30Et vraiment, ils ont un sentiment de toute puissance,
02:35qui est très dangereux pour eux-mêmes.
02:38Et si je les attaque, c'est dans leur propre intérêt.
02:41J'essaie qu'ils comprennent.
02:42Donc vous êtes plein de bonne volonté,
02:44vous pensez que les juges vont vous écouter, échanger...
02:48Ils ont commencé par me condamner dans l'affaire Omar Haddad à 100 000 euros dommages d'intérêt.
02:51Mais je ne l'en veux pas, je ne l'en veux pas.
02:54Même si je pense que j'ai eu raison,
02:56qu'ils se sont complètement mis le doigt dans l'œil dans l'affaire Omar Haddad,
03:00d'une façon monstrueuse.
03:02Parce que l'affaire Omar Haddad, c'est un déni de justice effrayant.
03:06Mais dans quel état d'esprit vous étiez lorsque vous avez appris la condamnation de Nicolas Sarkozy ?
03:13Je vais vous dire, je trouve que c'est...
03:16Quand on trouve le nez de la sympathie pour Nicolas Sarkozy,
03:19c'est d'un point de vue...
03:21Je me place d'un point de vue légal.
03:23Tout est illégal.
03:24Tout est illégal, à commencer par l'association de malfaiteurs.
03:29Vous savez que l'association de malfaiteurs,
03:31Badinter, qu'on va mettre au Panthéon,
03:33eh bien Badinter considérait que c'est une atteinte...
03:36C'est une atteinte aux libertés.
03:39Donc on l'a supprimé pendant 4 ans,
03:41ça a été rétabli,
03:42mais c'est monstrueux,
03:44c'est fait en principe dans la lutte contre les grands fabricants de drogue.
03:50Pour un président de la République, c'est carrément ridicule.
03:52Ensuite, autre chose qui me choque énormément,
03:57c'est que Nicolas Sarkozy était mis de l'intérieur
04:00lorsqu'il était allé en Libye.
04:02Donc, en principe, il aurait dû dépendre
04:05de la haute courte de justice.
04:08Et enfin, disons,
04:10eh bien sûr, cette exécution provisoire,
04:14qui est complètement grotesque,
04:16et donc, si vous voulez...
04:17Qui a été demandé non pas par le parquet national financier,
04:19mais par le tribunal qui a rendu cette décision.
04:21Oui.
04:22Donc par les trois juges, dont la présidente qui est...
04:24Cet acharnement n'est pas d'aujourd'hui.
04:27C'est pour ça que c'est intéressant,
04:28parce que je crois que l'affaire Sarkozy
04:30va être, disons, la goutte d'eau
04:35qui fait déborder le vase.
04:36C'est-à-dire, il y avait comme l'affaire Fillon,
04:38qui est une monstruosité.
04:40Que les juges puissent s'interposer
04:43dans le processus démocratique,
04:45c'est un danger pour la démocratie.
04:47C'est-à-dire, maintenant,
04:49ils se prennent tellement,
04:50ils ont un tel pouvoir,
04:52qu'ils ont agi pour Marine Le Pen,
04:54ils ont agi pour Fillon.
04:55Avec toujours le même motif de l'exécution provisoire.
04:58Donc, je pense qu'il va y avoir un réveil de l'opinion,
05:01et qu'on va enfin faire un certain nombre de changements,
05:05intervention des députés,
05:06mais surtout,
05:07et puis il faut réformer l'école de la magistrature,
05:09ce que je propose de mon livre.
05:10Arnaud Bénézzi.
05:10Je suis d'accord avec vous sur les déséquilibres aujourd'hui,
05:12c'est-à-dire qu'en fait,
05:13on voit bien une autorité judiciaire
05:15qui a pris le pouvoir,
05:16et qui vraisemblablement veut l'imposer
05:19procès après procès vis-à-vis des politiques.
05:20Mais les politiques ont une part de responsabilité,
05:22ne le pensez-vous pas ?
05:23L'exécution provisoire,
05:24c'est une disposition législative
05:26qui a été votée par l'Assemblée nationale,
05:29en 2014 ou 2015, il me semble,
05:31après l'affaire Cahizac.
05:34Donc, ne pensez-vous pas quand même que quelque part,
05:37ce sont les politiques qui ont donné des armes aux juges ?
05:39Les politiques ont le trouillomètre à zéro.
05:42Et vous pouvez voir, par exemple,
05:44les sénateurs ont fait une commission d'enquête parlementaire
05:48pour Benalla.
05:49Franchement, est-ce que Benalla était vraiment un danger pour la République ?
05:53En revanche, sur un certain nombre d'affaires monstrueuses,
05:56que j'évoque dans ma pièce,
05:58les disparus de Lyon,
06:00les disparus de Lyon,
06:01il y a 15 filles qui ont disparu,
06:02pendant 20 ans,
06:03il n'y a eu aucune enquête qui a été faite,
06:06et la seule personne qui a fait une enquête,
06:08c'est le gendarme Jean-Bert,
06:09et il y a enfin eu le procès,
06:12et la veille du procès,
06:13qui était le procès sur l'apothéose,
06:15il s'est suicidé de deux balles dans la tête,
06:17avec des orifices différents.
06:19Et les juges ont trouvé que ce suicide était tout de fait normal.
06:21Alors, c'est là où il y a vraiment un problème,
06:25parce que le Parlement devrait,
06:28pour un certain nombre d'affaires,
06:29y compris l'affaire Sarkozy,
06:31pourquoi essayer ?
06:32Le Parlement, en l'état actuel des choses ?
06:34Sérieusement, Jean-Marie Avoir ?
06:35En ce moment, je crois que le Parlement n'a plus sa tête.
06:40Il n'a plus sa tête, il est complètement...
06:41Et il n'a plus sa colonne vertébrale non plus.
06:43Non, il n'a plus...
06:43Donc, mais quand même,
06:46et puis, regardez,
06:48pour l'exécution provisoire,
06:49ça prouve qu'ils n'ont pas fait quand même
06:51un minimum d'années de droit,
06:53puisque c'est contrevenir complètement
06:55au droit d'appel.
06:57Le droit d'appel est à ce moment-là...
06:58Vous donnez des armes à des juges,
07:01dont à une présidente
07:03qui a manifesté contre Nicolas Sarkozy en 2011.
07:07Jean-Claude Dacier.
07:08Je partage le point de vue
07:10de mes deux amis présents dans ce studio.
07:15À cette réserve près,
07:16c'est que l'opinion française
07:17me semble encore nourrir un grand respect
07:21pour l'institution judiciaire.
07:23J'ai regardé les sondages,
07:25je pensais qu'il y aurait une protestation plus large,
07:27il faut que je sois honnête,
07:28je me suis trompé.
07:30Je pensais que la protestation serait plus large
07:32pour s'interroger au moins
07:35sur la condamnation
07:36qui va mettre un président de la République
07:38en prison, dans quelques semaines,
07:42alors qu'il a été, je dirais,
07:45lavé de l'essentiel des accusations
07:47qui étaient formulées contre lui,
07:49notamment toutes les affaires financières.
07:51Le tribunal a dit,
07:53circuler, il n'y a rien à voir,
07:54c'est un non-lieu en fait.
07:55Et puis, ils sont allés rechercher
07:57cette association de malfaiteurs
07:59qui a amené tout de même,
08:01avec l'exécution provisoire,
08:04ce jugement qui,
08:06alors j'ai vu le sondage le moins défavorable,
08:10mais quand même 58% des Français
08:12en décision impartiale.
08:15Les Français considèrent au fond,
08:17c'est normal.
08:17Alors se mêle à cela, évidemment,
08:20le refus, le rejet
08:21d'un certain nombre de politiques,
08:23le rejet des élites,
08:24il y a actuellement un très mauvais climat
08:26qui règne dans ce pays,
08:28et c'est sans doute ça
08:29qui a influencé aussi ces chiffres-là.
08:32Mais néanmoins,
08:33qu'on mette,
08:34et quand on va voir l'image,
08:35si on la voit,
08:36d'un président de la République
08:37entrant à la prison de la santé,
08:41alors que l'essentiel des reproches
08:42qui pouvaient lui être faits,
08:43je n'en sais rien,
08:44je ne connais pas le dossier,
08:45ont été neutralisés,
08:47déclarés,
08:48il n'y avait rien à voir,
08:49par le tribunal,
08:50et on va rechercher une accusation
08:54qui permet tous les abus,
08:56et on l'a vu,
08:57et le résultat,
08:58c'est la prison.
08:59Franchement,
09:00ça peut nous arriver en sortant d'ici.
09:02Je le crains.
09:02Nous allons prendre un café,
09:03on boit un petit peu,
09:04coûte trop,
09:05et puis subitement on dit,
09:06tiens,
09:07si on faisait un coup d'État
09:08pour rigoler,
09:09eh bien,
09:09on peut tomber sous le coup
09:11de l'association de malfaiteurs.
09:12Ben oui, c'est comme ça.
09:13Merci beaucoup Jean-Marie Roire
09:14d'être passé par le studio d'Europe 1
09:16dès le 8 octobre
09:17au théâtre de Passy,
09:18c'est ça,
09:18au théâtre de Passy
09:20qui est juste à l'angle
09:20de Saint-Jean-de-Passy.
09:21Voilà,
09:22vous remontez la rue à Noir
09:23et puis tac,
09:24c'est juste là
09:25et ça sera donc drôle de justice
09:27adapté au théâtre.
09:28C'est une pièce drôle,
09:29c'est une pièce pas aussi sérieuse
09:30que ce que...
09:30Si c'est Daniel Russo,
09:31c'est que ça doit être très drôle,
09:32en effet.
09:33N'oubliez pas que demain,
09:36Culture Média vous attend
09:37de 10h à 11h30
09:39avec au programme
09:41Kenji Girak
09:42qui viendra,
09:43qui sortira son autobiographie
09:45Mi Vida.
09:46Mi Vida,
09:47aux éditions Flammarion
09:49et qui chantera en direct
09:50exclusivement
09:51pour les auditeurs
09:52d'Europe 1.
09:53Nous,
09:53on revient dans un instant
09:54avec les questions internationales.
09:55A tout de suite sur Europe 1.
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